R.S : Bonjour Céline.

C.M : Hello sir,

R.S : Commençons par parler de la révélation, comme on dit !

C.M : La révélation... mmh... Je n'en ai pas de souvenir conscient. C'était assez évident très tôt. J'ai parfois l'impression que c'est venu avec la vie, il fallait s'extraire, se distancier, mettre en abîme pour ne pas plonger dedans ! Si, si ! Et puis surtout, ne pas être sérieux, jouer, jouer, le plus longtemps possible, du mal à accepter de grandir, de vieillir, peut-être, le temps qui passe, impartial mais terrifiant... Sur scène, en jeu, le présent permanant rassure... S'absenter de soi (sans être absent à soi !) soulage, distrait, aussi.

R.S : J'imagine que tu n'as pas pensé tout de suite à faire du doublage, alors comment est-il arrivé à toi ?

C.M : C'était en 1997, je n'y avais jamais pensé ! Je ne m'étais même jamais dit "Tiens c'est vrai, il y a bien des comédiens qui doublent ces films, ces séries, ces dessins animés, c'est un créneau !". Je jouais "L'école des femmes" avec Gabriel Le Doze qui en faisait déjà depuis un bout de temps, il m'en a parlé, m'a donné des tuyaux, et m'a encouragée... Il disait qu'en allant assister, j'apprendrais la technique, je rencontrerais des gens dans la partie et, certainement, il y avait une place pour moi ! Alors j'ai pris mon courage à deux mains. J'ai assisté longtemps, péniblement, pendant une bonne année, j'y allais plusieurs fois par semaine. C'était dur d'être un cheveu sur la soupe qui débarque sur un plateau, qui "quémande" un essai. Je continuais le théâtre, les spectacles pour enfant, les goûters d'anniversaire, les événementiels. Un jour je me suis dis que ça ne marcherait jamais, que j'allais arrêter de perdre mon temps. Et la vie est bien faite, parfois... On a commencé à m'appeler à ce moment là ! De fil en aiguille, les rencontres, les gens qui parlent, se recommandent des comédiens...

R.S : Quel est pour toi le plus difficile dans cette discipline ?

C.M : Le plus difficile, pour moi, c'est jouer un mauvais texte, une adaptation mal faite, des mots qui ne se parlent pas, des répliques qui ne se répondent pas, et ne pas avoir le temps de trouver mieux ! Je sais que les personnes en amont sont parfois mal payées et ont des délais ridicules, voilà, on ne peut pas demander l'impossible. En fait si le temps n'était pas autant et de plus en plus de l'argent, tout irait tellement mieux !

R.S : Certains comédiens ne veulent pas rencontrer les personnes qu'ils doublent et toi aimerais-tu ?

C.M : Carrément ! Tu parles, un café-croissant avec Natalie Portman ou Maggie Gyllenhaal...

R.S : Tu chantes également, as-tu des projets particuliers ?

C.M : Après avoir appris la guitare depuis quelques années, et largement amélioré mon niveau de chant, j'écris, je compose, et enregistre mon premier album. J'ai fait depuis deux-trois ans quelques cabarets. C'est merveilleux, très flippant, bien sûr... guitare-voix, face public, plus de personnage ni de 4ème mur pour te protéger... mais je kiffe.

R.S : Finalement, tu aimes être sur tous les fronts ! C'est forcément très important de ne pas se cantonner à un seul secteur ?

C.M : Forcément, pour moi en tout cas ! C'est aussi un accès à une forme de liberté. De ne pas avoir qu'un employeur, évidemment, permet de ne pas être "assujetti" en quelque sorte. Mais surtout ne pas mettre ses œufs dans le même panier, ça limite les frustrations lorsqu'une des activités est en berne, qu'on ne te propose pas de rôle. La musique, tu peux continuer même tout seul dans ton coin par exemple. Par ailleurs, les différentes disciplines se complètent, s'"enrichissent" mutuellement. Mais il faut se méfier des envies multiples, qui dispersent. Plus jeune je voulais faire et m'intéressais à tellement de choses ! Un comédien m'a dit un jour "Il faut tuer les petits chiens". Pas facile... Avec le temps, ça se fait naturellement, et ce qui doit revenir, même si on l'avait abandonné, sera le fruit d'une autre portée.

R.S : Quelles sont tes hobbies ?

C.M : J'adore lire, de tout, j'aime le cinéma, les voyages, rien de très original...

R.S : Merci beaucoup Céline.

C.M : Mais de rien Reynald, merci à toi et ton super site et merci de m'y accueillir !

Interview de mars 2005