R.S : Bonjour Delphine...

D.A : Coucou Reynald,

R.S : Peux-tu parler de tes débuts de comédiennes ?

D.A : J'ai un souvenir très joyeux, une impression d'être sur un nuage de comédie, de drame, de rires, de pleurs. En fait la découverte d'un panel d'émotions mises en forme par la rencontre de metteurs en scène aux univers variés, assez décalés les uns des autres dans leur conception du théâtre... L'idée de ne surtout pas m'enfermer dans une forme mais découvrir l'infinie possibilité de faire exister une pièce, un roman, un scénario. Explorer comme une voyageuse...

R.S : Comment c'est passé ta première rencontre avec un public ?

D.A : Mon premier public, c'est ma tante que j'ai vue "pleurer de rire", qui n'est plus de ce monde depuis longtemps et à qui je rends ce sourire gravé.

R.S : Devant une caméra, joue-t-on de la même façon ?

D.A : C'est vraiment différent... Je pense qu'au cinéma il est important de bien rassembler ses émotions afin de les distiller avec une certaine précision, que l'œil du réalisateur captera par rapport à sa vision personnelle de l'œuvre. Au théâtre, c'est au contraire une forme beaucoup plus en ouverture due à l'espace créé entre le public et les acteurs, quelque chose en expansion. Voilà l'image que je ressens pour aujourd'hui, à suivre...

R.S : Comment as-tu fait tes premiers pas dans le monde du doublage ?

D.A : Mes premiers pas, c'est une jolie expression Reynald. Elle reflète bien l'état d'esprit qui m'a guidée vers le doublage. L'envie sûrement, et une succession de rencontres qui ont fait boule-de-neige pour me conduire à mon premier essai à la barre ! Et là, plus rien à voir comparé au temps passé à assister dans les studios d'enregistrements, en articulant silencieusement le texte, en jonglant de la bande rythmo à l'image tout en écoutant minutieusement les conseils du directeur de plateau... Et j'ai su alors que cette branche là me plaisait aussi !

R.S : Est-ce facile de suivre les pas d'une autre comédienne ?

D.A : Je ne dirais pas que ce soit facile ! Bien sûr c'est un métier avec sa technique à acquérir puis à dépasser. Ensuite il y a des rencontres de personnages joués par des comédiennes qui correspondent bien à notre voix et à notre émotivité, et en ce cas il "suffit" de se mettre à "son diapason" pour lui rendre au mieux son expression...

R.S : Certaines fois c'est un peu difficile de comprendre un rôle, parce que les scènes sont jouées dans le désordre, parce qu'on arrive en guest sur une série... Dans ce genre de cas comment fait-on pour être le plus juste possible ?

D.A : J'ai envie de parler de l'intuition qui peut déterminer ma façon spontanée de m'exprimer à travers un rôle. Sachant qu'auparavant j'ai déjà un peu cogité en fonction des indications reçues par la personne qui dirige la séance. Essayer de me mettre en état de présence immédiate afin d'être au plus juste de mon ressenti face à une action définie.

R.S : Qu'est-ce "être comédienne" pour toi ?

D.A : Etre en état de créativité. Percevoir, recevoir, aiguiser mon attention, contempler, expérimenter, faire, défaire mes habitudes, m'amuser, entretenir une curiosité joyeuse autant sur scène que dans la vie ! Et redonner... Tout un programme, n'est-ce pas !

R.S : Quels sont tes hobbies ?

D.A : Je pratique le NIA, une danse qui réunit les arts martiaux, le yoga, le jazz, la méthode Feldenkreiss, la danse d'Isadora Duncan, sur un mix de musique unique et original qui invite à la créativité par la joie du mouvement. Avec une belle et sereine ouverture d'esprit par ceux et celles qui la pratiquent. I love it **

R.S : Merci beaucoup Delphine.

D.A : Et tout réciproquement. Je te remercie Reynald.

Interview de décembre 2009