Michel Mella
Genres:
Voix Adulte homme, Voix Senior homme
Tonalité:
Aiguë, Medium, Grave
Langues parlées:
Allemand, Anglais avec accent non déterminé, Anglais avec accent américain, Italien
Accents:
Allemand, Anglais, Arabe, Canadien, Espagnol, Europe centrale (polonais, tchèque, hongrois, etc.), Italien, Russe
Doublage
animation
2002
Le Bossu de Notre-Dame 2 : Le Secret de Quasimodo (Hugo, la Rocaille - voix parlée & chantée)
Voix
CD
Mushu (de Mulan)
Emission TV
Quoi de neuf Bunny (Speedy Gonzales & Porky Pig)
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20th Century Fox
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Citroën
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Crédit Mutuel
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Ecco
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Ford
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Mattel
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McDonald's
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Mir Laine
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Nesquik
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Peugeot
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Renault Kangoo
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Rires et Chansons
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Sécurité Routière
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Skyrock
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Speedy
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Tang
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Télé-Loisirs
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Vynilia
Adaptation
Direction artistique
Sous-titrage
Chant
1976 Première partie de Georges Brassens à Bobino
Septembre 2013/Janvier 2016 (6 soirées) "Mella-Pression" : Chansons écrites et composées par moi, chantées an compagnie de Barbara Tissier et Patrick Vilbert, à l'Auguste Théâtre
Septembre 2013/Janvier 2016 (6 soirées) "Mella-Pression" : Chansons écrites et composées par moi, chantées an compagnie de Barbara Tissier et Patrick Vilbert, à l'Auguste Théâtre
Cinéma
1983 "La fiancée qui venait du froid" réalisé par Charles Nemes, le chef-monteur
1974 "S*P*Y*S" réalisé par Irvin Kershner, photographe et le coach des acteurs français
1973 "Les aventures de Rabbi Jacob" réalisé par Gérard Oury, dans le rôle d'un des trois amis du marié
1974 "S*P*Y*S" réalisé par Irvin Kershner, photographe et le coach des acteurs français
1973 "Les aventures de Rabbi Jacob" réalisé par Gérard Oury, dans le rôle d'un des trois amis du marié
Comédies musicales
"Jésus-Christ Superstar" dans le rôle de Simon Zealotes
"Godspell" dans les deux rôles comiques
"Starmania" au Palais des Congrès
"S.O.S. tendresse" dans le rôle d'un souteneur corse et pied-noir. Théâtre Daunou
"Barnum" doublure de Tom Pouce. Cirque d'Hiver
"Télé-Follies" pour Antenne 2, nombreux rôles dont Fred Mella
"Pal Joey" Opéra de wallonie / Liège (Joey; création européenne)
"Et nos Amours" spectacle Apollinaire. Théâtre 14 (spectacle sur Apollinaire, notamment Picasso)
"Les surgelés" au Point-virgule (Jardinière de légumes)
"Dirty Dancing" Palais des Sports (Mr Shumaker)
"Singin'in the rain" Châtelet (doublure de Roscoe Dexter)
A part Jésus-Christ Superstar et Starmania, les rôles étaient joués, dansés et chantés
"Godspell" dans les deux rôles comiques
"Starmania" au Palais des Congrès
"S.O.S. tendresse" dans le rôle d'un souteneur corse et pied-noir. Théâtre Daunou
"Barnum" doublure de Tom Pouce. Cirque d'Hiver
"Télé-Follies" pour Antenne 2, nombreux rôles dont Fred Mella
"Pal Joey" Opéra de wallonie / Liège (Joey; création européenne)
"Et nos Amours" spectacle Apollinaire. Théâtre 14 (spectacle sur Apollinaire, notamment Picasso)
"Les surgelés" au Point-virgule (Jardinière de légumes)
"Dirty Dancing" Palais des Sports (Mr Shumaker)
"Singin'in the rain" Châtelet (doublure de Roscoe Dexter)
A part Jésus-Christ Superstar et Starmania, les rôles étaient joués, dansés et chantés
Institutionnel
"Le Défi EDF" soirée évènementielle aux Pyramides de Marly, co-présentée avec Isabelle Ganz - mise en scène de Jean-Loup Horwitz
"Théâtre à la Carte" Interventions lors de séminaires SNCF (Lille et Angers) - mise en scène de Jean-Loup Horwitz
"Film industriel" mise en scène de Jean-Loup Horwitz
"Théâtre à la Carte" Interventions lors de séminaires SNCF (Lille et Angers) - mise en scène de Jean-Loup Horwitz
"Film industriel" mise en scène de Jean-Loup Horwitz
Langues
Anglais courant (parfaitement bilingue)
Bon Italien
Allemand scolaire
Accents (Espagnol, Yiddish, Russe, etc.)
Bon Italien
Allemand scolaire
Accents (Espagnol, Yiddish, Russe, etc.)
Musique
Guitare (rythmique)
Piano (Accompagnement pas trop sophistiqués)
Bonnes notions d'harmonie
Piano (Accompagnement pas trop sophistiqués)
Bonnes notions d'harmonie
Radio
De nombreux rôles principaux sur France Inter et France Culture, avec, C. Mallarmé, C. Rolland-Manuel, A Dave, etc...
Sports
Equitation
Ski
Natation
Golf
Alpinisme (rouillé)
Ski
Natation
Golf
Alpinisme (rouillé)
Télévision
1999 "La Crim'" réalisé par Gérard Marx, dans le rôle d'un Italien délateur
1986 "Catherine" réalisé par Marion Sarraut, dans le rôle d'un ménestrel (rôle chanté)
1986 "Tous en boîte" réalisé par Charles Némes, dans le rôle d'un disk-jockey
1984 "La pendule" réalisé par Eric le Hung, dans le rôle de Giuseppe
1973 "Les écrivains" réalisé par Robert Guez, dans le rôle de Michel Marin
1972 "Les gens de Mogador" réalisé par Robert Mazoyer, dans le rôle d'un soldat de la guerre de 70
1986 "Catherine" réalisé par Marion Sarraut, dans le rôle d'un ménestrel (rôle chanté)
1986 "Tous en boîte" réalisé par Charles Némes, dans le rôle d'un disk-jockey
1984 "La pendule" réalisé par Eric le Hung, dans le rôle de Giuseppe
1973 "Les écrivains" réalisé par Robert Guez, dans le rôle de Michel Marin
1972 "Les gens de Mogador" réalisé par Robert Mazoyer, dans le rôle d'un soldat de la guerre de 70
Théâtre
"La mégère apprivoisée" Jardin Shakespeare (Tranio)
"Sallam Chalom" de Serge Misrai à l’Aire Falguière (Sylvain Chalom)
"L'homme en morceaux" d’Elie-Georges Berreby l’Aire Falguière (Jacques Hardy)
"Sallam Chalom" de Serge Misrai à l’Aire Falguière (Sylvain Chalom)
"L'homme en morceaux" d’Elie-Georges Berreby l’Aire Falguière (Jacques Hardy)
Interview
R.S : Michel bonjour !
M.M : Salut.
R.S : Tu es né dans le milieu artistique. Cela a-t-il eu une quelconque influence dans le fait de devenir toi-même artiste ?
M.M : C'est plus que probable. Quand tu vois des gens sourire à ton père et à ta mère à longueur de journée, tu te dis qu'ils sont tombés sur un filon. Lui, c'est parce qu'il était un chanteur populaire qui aimait aussi faire rire (il y avait de nombreux sketches dans les spectacles et pas seulement Les 3 cloches et La chanson de Lara) et l'autre parce qu'elle était très connue au Québec - où ils se sont rencontrés - et tournait des documentaires sur la France diffusés outre-Atlantique. Je suis un enfant-valise, un enfant-coulisse. On a même suivi le Radio Circus en caravane, alors que mon père chantait sous le chapiteau tous les soirs ! Puis, à la naissance de ma sœur, ma mère est restée plus sur Paris où elle s'est lancée dans le doublage en anglais, faisant "voix française" de Bardot, Deneuve, Girardot, etc. Je l'ai même entendue dernièrement dans un des rôles féminins d'Emmanuelle en anglais... Moi, je voulais faire le chanteur plus que l'acteur. Alors, à mon retour de Londres où j'avais vécu 6 mois, j'ai auditionné pour Double V, comédie musicale de Jean-Jacques Debout au Châtelet. Un bide noir ! Mais j'ai su que ce métier me plaisait, malgré les échecs, et j'ai auditionné pour Jésus-Christ Superstar, où j'ai fait la connaissance de Daniel Beretta et de Georges Caudron (qui ne traquait pas encore les petits hommes verts).
R.S : En tant que chanteur tu as même fait la première partie de Georges Brassens, j'imagine que c'est un bon souvenir !
M.M : C'est indélébile. Cela dit, tu chantes tes petites niaiseries que tu as le culot de trouver drôles et, quand tu te retournes, tu vois la silhouette difficile à manquer de Brassens qui te regarde et qui t'écoute. Imagine un peu l'impression que ça peut faire. Le Georges des coulisses devenait lui-même Brassens quand, chaque soir, de la salle je le voyais arriver sur scène, la guitare dans la paluche. C'est le charisme à l'état pur, ça ne s'explique pas.
R.S : Et ton entrée dans le milieu du doublage ?
M.M : Comme je te l'ai dit, ma mère faisait du doublage en anglais. A partir de 82, après en avoir fait un peu dans cette langue, dont des utilités dans le Molière d'Ariane Mnouchkine et dans Scum, en français, sous la direction d'Al Brave, j'ai eu le pied à l'étrier grâce à George Birt qui reprenait la direction des films russes dont les versions anglaises étaient destinées aux pays africains et anglophones en général. J'ai ainsi commencé au bas de l'échelle. Un jour, Jacqueline Porel m'a entendu sur des petits rôles dans La balance de Bob Swaim et elle m'a fait travailler. "Et nous voilà ce soir".
R.S : Ta voix très particulière, dans le bon sens du terme, a quand même eu un impact majeur non ?
M.M : Ça, n'est pas à moi de le dire. Je sais simplement que mon style un peu speed et le côté "ado qui n'a pas grandi" me permettent de faire des allumés et des excentriques. Pourquoi pas ? L'exception qui m'a ravi, ce fut sur Koundun, le film de Scorsese sur le Dalaï Lama où, grâce à la présence du perchman sur le plateau, j'ai pu jouer avec les fréquences graves de ma voix et exprimer la grande paix intérieure du précepteur que je doublais. Planant !
R.S : Le public aime avant tout retrouver ses "voix habituelles". D'ailleurs certaines chaînes le comprennent très bien, et savent que c'est primordial pour obtenir un succès. Qu'en penses-tu ?
M.M : Que l'on soit, comme toi, spécialiste du doublage ou spectateur de base, on a des voix dans l'oreille. La voix qui a le plus marqué le public est celle qui doit faire autorité. Souvent, c'est dû à la télé. Que l'on soit d'accord ou non avec le choix qui a été effectué la première fois, la moindre des politesses vis-à-vis du public, c'est de réutiliser la même voix. Hélas, grâce à ton site, et c’est tout à l’honneur du boulot titanesque que tu accomplis, certains D.A ont tendance à ne pas regarder ou chercher plus loin que tes pages. Ce n’est pas un reproche à ton égard, mais un fait. Conséquence : je ne double plus certains comédiens, dont Henry Winkler. Ma petite consolation sera qu’il est doublé par Nicolas Marié sur Barry, que Nicolas est un ami et un comédien exceptionnel.
R.S : L'adaptation a une grande place au milieu de toutes tes activités professionnelles. Quelle est l'origine de cette parfaite maîtrise de la langue anglaise ? Même si je me doute que ta maman y est pour beaucoup.
M.M : Oui, ma mère était bilingue et a joué d'ailleurs beaucoup plus souvent la comédie en anglais qu'en français. Elle a même joué Titania dans Le Songe d’une Nuit d’été à Montréal et Obéron était interprété par Christopher Plummer, vers la fin des années quarante. Je le parlais assez bien quand j'ai rencontré mon Anglaise de femme. Je le lisais beaucoup aussi. Je recommande Agatha Christie pour ceux qui veulent progresser, comme on recommande Simenon pour le français. Depuis, j'ai même attrapé un accent anglais qui amuse les copains américains quand je retourne sur les plateaux ou que je les croise dans les couloirs, lieu où je parle cent fois plus que le lignage des rôles dans lesquels on me distribue !
R.S : Pour t'avoir vu travailler, j'ai constaté que ça t'aidait beaucoup à trouver les mots justes lorsque tu enregistres et changer si besoin pour coller le plus possible à l'œuvre originale.
M.M : Il est évident que la connaissance approfondie d'une langue ne peut qu'aider à trouver une tournure qui corresponde en français. Je ne change pas pour faire mon intéressant, mais souvent parce qu'un adaptateur a mis une phrase vulgaire ou inexacte par facilité, par manque de vocabulaire ou par manque de recul et de temps pour écrire.
R.S : Ton sens artistique va même jusqu'à trouver des expressions hilarantes (non écrites sur la bande) qui seront forcément reprises par certains fans. En tant qu'observateur, j'ai vraiment eu l'impression que c'était un don, que tout venait à point en jouant, une sorte d'évidence !
M.M : Ce genre de gymnastique n'est envisageable qu'en présence d'une équipe prête à se poiler, quand on sait que les autres vont "acheter" ton idée et surtout que la direction artistique te laisse la bride sur le cou, quitte à te censurer si tu vas trop loin ou si tu te fourvoies. Je double actuellement deux séries sous la direction de William Coryn. La bande constituée comporte Barbara Beretta, Stéphanie Lafforgue, Christophe Lemoine, Michel Vigné, Pierre-François Pistorio, entre autres. Alors, imagine. La liberté qu'on s'accorde vient d'une aisance acquise soit par l'expérience, soit par le don manifeste. Et le plaisir de se lâcher et de surprendre les partenaires à la barre !
R.S : Tu as dirigé et écrit la version française de la série anglaise Gimme, Gimme, Gimme et tu es également à l'origine de ce génial casting. Comment te sont venus à l'esprit Hervé Rey et Isabelle Ganz ?
M.M : C'est le moment où on peut combiner amitié et admiration. Je connais Isabelle et Hervé depuis bientôt vingt ans. Isabelle et moi, on a bossé ensemble sur Superminds et Happy Days (où j’ai été soutenu à bout de bras par les directions et la patience d’Arlette Thomas). J'ai fait Animaniacs avec Hervé. Cette série, c'est moi qui en avais parlé à Vanessa Pétin, la responsable du doublage chez Comédie à l'époque. Elle me faisait confiance. J'ai donc fait venir aux essais le comédien qui avait doublé James Dreyfus sur Brigadier Fowler et Hervé Rey, une comédienne de talent pour Kathy Burke et Isabelle. Le choix de la cliente, à qui je n'avais rien dit, s'est posé sur ma distribution idéale.
R.S : L'adaptation française de ce genre de série était risquée non ?
M.M : La grande qualité de Vanessa, c'est qu'étant bilingue elle sait de quoi parle la série, ce qui n'est pas toujours le cas chez les clients. Ça paraît étrange, mais c'est un fait. Et la chaîne Comédie n'impose aucune censure, ce qui nous a permis de dire en français autant d'horreurs qu'en avaient dites les Anglais. Un pied rare ! Nous avons le même plaisir et la même liberté sur Désenchantée et Paradise Police, grâce à Tim Vitale, notre chargé de production et à un client à l’esprit ouvert.
R.S : Ce n'est pas un peu frustrant de se dire qu'une telle réussite a peu de chance de passer sur une chaîne hertzienne et ainsi obtenir le succès qu'elle mérite ?
M.M : Les chaînes hertziennes sont les garages du "politiquement correct". Je citerai Guy Bedos : "Certaines personnes disent "bite, couille, cul", sans que ça me dérange. Quand certaines personnes me disent bonjour, j'ai envie de vomir". La grande navrance de notre époque, c'est que les décideurs politiques ou audiovisuels sont régis par la peur et que les gens qu'ils mettent en place dans le petit monde de l'hertzien ont encore plus peur qu'eux. C'est plus facile d'avoir Star Ac, Popstar et compagnie, que Benabar, la Mano Negra, Dubillard ou Pasolini. Ils sont décalés, hors réalité, des espèces d'aristos brumeux à la veille de la Révolution.
R.S : Dans les castings de choc il y a eu aussi ta rencontre avec Dean Paul Martin dans Superminds. Le côté dynamique, leader de groupe de Billy Hayes, te ressemble beaucoup non ?
M.M : Je ne peux pas dire. Heureusement, je ne pilote pas, ce qui m'a permis de lui survire. On est surtout deux fils de chanteurs à moitié "ritals", ça doit jouer. Je ne suis pas leader de groupe. Trop anarchiste.
R.S : Tu as participé au doublage de plusieurs films de Terry Gilliam et je sais que tu l'as rencontré avec ses collègues des Monty Pythons. Peux-tu en parler ?
M.M : J'ai eu, grâce à Gérard Cohen, la joie d'adapter Las Vegas Parano et, grâce à Patrick Guillemin, d'adapter La Vie de Brian. Je l’ai réadapté et dirigé pour Dubbing, avec le même texte, au mot près, et j’y ai doublé Terry Jones (hélas disparu depuis). Petite anecdote : lors de la vérification de La vie de Brian, avec Pascal Renwick, nous avons tellement ri que nos larmes coulaient sur la bande rythmo. J'étais à Londres avec un copain, à une avant-première de Lenny, une reprise de la pièce dont fut tiré le film de Bob Fosse. Lenny était interprété par un grand comique anglais : Eddie Izzard. Ses amis, Michael Palin, Terry Jones et Terry Gilliam, étaient là. Je me suis présenté à eux et j'ai eu la joie de converser quelques instants avec ces grands bonshommes, qui furent charmants avec le "Froggy".
R.S : Tu as aussi doublé, en anglais, Marc de Jonge que tu connaissais. Ce doit être étrange non ?
M.M : J'ai signalé au chef de plateau que Marc était bilingue, au point d'ailleurs de jouer avec un parfait accent russe face à Stallone dans Rambo III. Mais l'urgence habituelle a fait que je me suis retrouvé "voix française" de mon pote, à qui j'avais d'ailleurs présenté Rebecca Pottock, qui a été sa femme. L'anecdote de cette scène de Tir Groupé, c'est que Gérard Lanvin lui a mis un vrai coup et que Marc arborait sa cicatrice comme un bel accident du travail.
R.S : Les fans de Disney, connaissent bien ta voix, c'est forcément un grand plaisir de doubler un personnage animé ? La liberté est incontestablement plus grande !
M.M : Etonnamment, non. Les Américains veulent quasiment un calque. Cela étant, si l'on se calque assez bien sur ce que le comédien original a fait, on donnera une impression de grande liberté. Après tout, notre métier consiste aussi à faire semblant.
R.S : Dans ces grands classiques tes talents de chanteurs sont mis à profit. Est-ce une grande contrainte de fredonner tout en respectant le mouvement de lèvres du personnage ?
M.M : Si l'adaptation des paroles vient de gens talentueux, tel Luc Aullivier (Disney), Claude Lombard (Warner) ou Nadine Delanoë (Animaniacs), la musique étant un carcan plus rigoureux que le texte "libre", il y a au contraire un certain confort à chanter. Souvent le chanteur est en play-back, donc en place et, dans le cas du dessin-animé, l'animation a été posée sur la chanson. Le problème c'est que, parfois, l'animation n'est pas synchrone et se caler sur l'image équivaudrait à se planter rythmiquement. Dans ces cas-là, on essaie de trouver un compromis qui satisfasse tant l'œil que l'oreille.
R.S : Et pour le plaisir, peux-tu nous parler de tes loisirs ?
M.M : Je golfe deux ou trois fois par semaine, ce qui me laisse sur le flanc, du fait de mon manque d'exercice ! Je lis, surtout des biographies ou des ouvrages historiques. Je regarde sur les chaînes anglaises que je reçois par satellite le plus de programmes historiques possible et Inside The Actor's Studio, l'émission de James Lipton, que je recommande à tous de trouver. Je compose des musiquettes sur lesquelles je colle des mots qui riment. Elles ont d’ailleurs été représentées, grâce à mon ami Rémi Carémel (créateur et admin du site Dans l’Ombre des Studios, que je recommande à tous) qui, avant de travailler chez Deluxe, était administrateur de l’Auguste Théâtre, dans le 11ème. J’y ai chanté mes chansons, en compagnie de Barbara Tissier, ma "petite sœur/nièce de cœur" et d’un ami avocat, Maître Patrick Vilbert. Une vingtaine de mes chansons et deux composées et écrites par lui, alternant les chansons à trois, ou les chansons en solo pour les trois Ca s’appelait Mella-Pression et ça a eu l’heur de plaire. Barbara, toujours active et positive, parle de recommencer. On verra. J’ai aussi écrit plusieurs pièces courtes, dont une Gott Mythe Uns, a été lue en public à l’Espace Falguière, en duo avec Barbara Tissier (décidément !). A l’Espace Falguière, j’ai aussi interprété deux pièces : Sallam-Shalom de Serge Misraï (la rencontre d’un Juif pied-noir, prof à la retraite, et d’un épicier algérien, tous deux natifs de Bab El Oued, tous deux exilés à paris), et L’homme en morceaux" d’Elie-Georges Berrebi (la solitude affollée d’un type qui arrive sur scène en portant un cercueil et raconte sa vie, par bribes délirantes.
Sinon, je dors énormément et, comme ça, je rêve beaucoup.
R.S : Merci beaucoup Michel.
M.M : C'est moi qui te remercie.
Interview de décembre 2020
M.M : Salut.
R.S : Tu es né dans le milieu artistique. Cela a-t-il eu une quelconque influence dans le fait de devenir toi-même artiste ?
M.M : C'est plus que probable. Quand tu vois des gens sourire à ton père et à ta mère à longueur de journée, tu te dis qu'ils sont tombés sur un filon. Lui, c'est parce qu'il était un chanteur populaire qui aimait aussi faire rire (il y avait de nombreux sketches dans les spectacles et pas seulement Les 3 cloches et La chanson de Lara) et l'autre parce qu'elle était très connue au Québec - où ils se sont rencontrés - et tournait des documentaires sur la France diffusés outre-Atlantique. Je suis un enfant-valise, un enfant-coulisse. On a même suivi le Radio Circus en caravane, alors que mon père chantait sous le chapiteau tous les soirs ! Puis, à la naissance de ma sœur, ma mère est restée plus sur Paris où elle s'est lancée dans le doublage en anglais, faisant "voix française" de Bardot, Deneuve, Girardot, etc. Je l'ai même entendue dernièrement dans un des rôles féminins d'Emmanuelle en anglais... Moi, je voulais faire le chanteur plus que l'acteur. Alors, à mon retour de Londres où j'avais vécu 6 mois, j'ai auditionné pour Double V, comédie musicale de Jean-Jacques Debout au Châtelet. Un bide noir ! Mais j'ai su que ce métier me plaisait, malgré les échecs, et j'ai auditionné pour Jésus-Christ Superstar, où j'ai fait la connaissance de Daniel Beretta et de Georges Caudron (qui ne traquait pas encore les petits hommes verts).
R.S : En tant que chanteur tu as même fait la première partie de Georges Brassens, j'imagine que c'est un bon souvenir !
M.M : C'est indélébile. Cela dit, tu chantes tes petites niaiseries que tu as le culot de trouver drôles et, quand tu te retournes, tu vois la silhouette difficile à manquer de Brassens qui te regarde et qui t'écoute. Imagine un peu l'impression que ça peut faire. Le Georges des coulisses devenait lui-même Brassens quand, chaque soir, de la salle je le voyais arriver sur scène, la guitare dans la paluche. C'est le charisme à l'état pur, ça ne s'explique pas.
R.S : Et ton entrée dans le milieu du doublage ?
M.M : Comme je te l'ai dit, ma mère faisait du doublage en anglais. A partir de 82, après en avoir fait un peu dans cette langue, dont des utilités dans le Molière d'Ariane Mnouchkine et dans Scum, en français, sous la direction d'Al Brave, j'ai eu le pied à l'étrier grâce à George Birt qui reprenait la direction des films russes dont les versions anglaises étaient destinées aux pays africains et anglophones en général. J'ai ainsi commencé au bas de l'échelle. Un jour, Jacqueline Porel m'a entendu sur des petits rôles dans La balance de Bob Swaim et elle m'a fait travailler. "Et nous voilà ce soir".
R.S : Ta voix très particulière, dans le bon sens du terme, a quand même eu un impact majeur non ?
M.M : Ça, n'est pas à moi de le dire. Je sais simplement que mon style un peu speed et le côté "ado qui n'a pas grandi" me permettent de faire des allumés et des excentriques. Pourquoi pas ? L'exception qui m'a ravi, ce fut sur Koundun, le film de Scorsese sur le Dalaï Lama où, grâce à la présence du perchman sur le plateau, j'ai pu jouer avec les fréquences graves de ma voix et exprimer la grande paix intérieure du précepteur que je doublais. Planant !
R.S : Le public aime avant tout retrouver ses "voix habituelles". D'ailleurs certaines chaînes le comprennent très bien, et savent que c'est primordial pour obtenir un succès. Qu'en penses-tu ?
M.M : Que l'on soit, comme toi, spécialiste du doublage ou spectateur de base, on a des voix dans l'oreille. La voix qui a le plus marqué le public est celle qui doit faire autorité. Souvent, c'est dû à la télé. Que l'on soit d'accord ou non avec le choix qui a été effectué la première fois, la moindre des politesses vis-à-vis du public, c'est de réutiliser la même voix. Hélas, grâce à ton site, et c’est tout à l’honneur du boulot titanesque que tu accomplis, certains D.A ont tendance à ne pas regarder ou chercher plus loin que tes pages. Ce n’est pas un reproche à ton égard, mais un fait. Conséquence : je ne double plus certains comédiens, dont Henry Winkler. Ma petite consolation sera qu’il est doublé par Nicolas Marié sur Barry, que Nicolas est un ami et un comédien exceptionnel.
R.S : L'adaptation a une grande place au milieu de toutes tes activités professionnelles. Quelle est l'origine de cette parfaite maîtrise de la langue anglaise ? Même si je me doute que ta maman y est pour beaucoup.
M.M : Oui, ma mère était bilingue et a joué d'ailleurs beaucoup plus souvent la comédie en anglais qu'en français. Elle a même joué Titania dans Le Songe d’une Nuit d’été à Montréal et Obéron était interprété par Christopher Plummer, vers la fin des années quarante. Je le parlais assez bien quand j'ai rencontré mon Anglaise de femme. Je le lisais beaucoup aussi. Je recommande Agatha Christie pour ceux qui veulent progresser, comme on recommande Simenon pour le français. Depuis, j'ai même attrapé un accent anglais qui amuse les copains américains quand je retourne sur les plateaux ou que je les croise dans les couloirs, lieu où je parle cent fois plus que le lignage des rôles dans lesquels on me distribue !
R.S : Pour t'avoir vu travailler, j'ai constaté que ça t'aidait beaucoup à trouver les mots justes lorsque tu enregistres et changer si besoin pour coller le plus possible à l'œuvre originale.
M.M : Il est évident que la connaissance approfondie d'une langue ne peut qu'aider à trouver une tournure qui corresponde en français. Je ne change pas pour faire mon intéressant, mais souvent parce qu'un adaptateur a mis une phrase vulgaire ou inexacte par facilité, par manque de vocabulaire ou par manque de recul et de temps pour écrire.
R.S : Ton sens artistique va même jusqu'à trouver des expressions hilarantes (non écrites sur la bande) qui seront forcément reprises par certains fans. En tant qu'observateur, j'ai vraiment eu l'impression que c'était un don, que tout venait à point en jouant, une sorte d'évidence !
M.M : Ce genre de gymnastique n'est envisageable qu'en présence d'une équipe prête à se poiler, quand on sait que les autres vont "acheter" ton idée et surtout que la direction artistique te laisse la bride sur le cou, quitte à te censurer si tu vas trop loin ou si tu te fourvoies. Je double actuellement deux séries sous la direction de William Coryn. La bande constituée comporte Barbara Beretta, Stéphanie Lafforgue, Christophe Lemoine, Michel Vigné, Pierre-François Pistorio, entre autres. Alors, imagine. La liberté qu'on s'accorde vient d'une aisance acquise soit par l'expérience, soit par le don manifeste. Et le plaisir de se lâcher et de surprendre les partenaires à la barre !
R.S : Tu as dirigé et écrit la version française de la série anglaise Gimme, Gimme, Gimme et tu es également à l'origine de ce génial casting. Comment te sont venus à l'esprit Hervé Rey et Isabelle Ganz ?
M.M : C'est le moment où on peut combiner amitié et admiration. Je connais Isabelle et Hervé depuis bientôt vingt ans. Isabelle et moi, on a bossé ensemble sur Superminds et Happy Days (où j’ai été soutenu à bout de bras par les directions et la patience d’Arlette Thomas). J'ai fait Animaniacs avec Hervé. Cette série, c'est moi qui en avais parlé à Vanessa Pétin, la responsable du doublage chez Comédie à l'époque. Elle me faisait confiance. J'ai donc fait venir aux essais le comédien qui avait doublé James Dreyfus sur Brigadier Fowler et Hervé Rey, une comédienne de talent pour Kathy Burke et Isabelle. Le choix de la cliente, à qui je n'avais rien dit, s'est posé sur ma distribution idéale.
R.S : L'adaptation française de ce genre de série était risquée non ?
M.M : La grande qualité de Vanessa, c'est qu'étant bilingue elle sait de quoi parle la série, ce qui n'est pas toujours le cas chez les clients. Ça paraît étrange, mais c'est un fait. Et la chaîne Comédie n'impose aucune censure, ce qui nous a permis de dire en français autant d'horreurs qu'en avaient dites les Anglais. Un pied rare ! Nous avons le même plaisir et la même liberté sur Désenchantée et Paradise Police, grâce à Tim Vitale, notre chargé de production et à un client à l’esprit ouvert.
R.S : Ce n'est pas un peu frustrant de se dire qu'une telle réussite a peu de chance de passer sur une chaîne hertzienne et ainsi obtenir le succès qu'elle mérite ?
M.M : Les chaînes hertziennes sont les garages du "politiquement correct". Je citerai Guy Bedos : "Certaines personnes disent "bite, couille, cul", sans que ça me dérange. Quand certaines personnes me disent bonjour, j'ai envie de vomir". La grande navrance de notre époque, c'est que les décideurs politiques ou audiovisuels sont régis par la peur et que les gens qu'ils mettent en place dans le petit monde de l'hertzien ont encore plus peur qu'eux. C'est plus facile d'avoir Star Ac, Popstar et compagnie, que Benabar, la Mano Negra, Dubillard ou Pasolini. Ils sont décalés, hors réalité, des espèces d'aristos brumeux à la veille de la Révolution.
R.S : Dans les castings de choc il y a eu aussi ta rencontre avec Dean Paul Martin dans Superminds. Le côté dynamique, leader de groupe de Billy Hayes, te ressemble beaucoup non ?
M.M : Je ne peux pas dire. Heureusement, je ne pilote pas, ce qui m'a permis de lui survire. On est surtout deux fils de chanteurs à moitié "ritals", ça doit jouer. Je ne suis pas leader de groupe. Trop anarchiste.
R.S : Tu as participé au doublage de plusieurs films de Terry Gilliam et je sais que tu l'as rencontré avec ses collègues des Monty Pythons. Peux-tu en parler ?
M.M : J'ai eu, grâce à Gérard Cohen, la joie d'adapter Las Vegas Parano et, grâce à Patrick Guillemin, d'adapter La Vie de Brian. Je l’ai réadapté et dirigé pour Dubbing, avec le même texte, au mot près, et j’y ai doublé Terry Jones (hélas disparu depuis). Petite anecdote : lors de la vérification de La vie de Brian, avec Pascal Renwick, nous avons tellement ri que nos larmes coulaient sur la bande rythmo. J'étais à Londres avec un copain, à une avant-première de Lenny, une reprise de la pièce dont fut tiré le film de Bob Fosse. Lenny était interprété par un grand comique anglais : Eddie Izzard. Ses amis, Michael Palin, Terry Jones et Terry Gilliam, étaient là. Je me suis présenté à eux et j'ai eu la joie de converser quelques instants avec ces grands bonshommes, qui furent charmants avec le "Froggy".
R.S : Tu as aussi doublé, en anglais, Marc de Jonge que tu connaissais. Ce doit être étrange non ?
M.M : J'ai signalé au chef de plateau que Marc était bilingue, au point d'ailleurs de jouer avec un parfait accent russe face à Stallone dans Rambo III. Mais l'urgence habituelle a fait que je me suis retrouvé "voix française" de mon pote, à qui j'avais d'ailleurs présenté Rebecca Pottock, qui a été sa femme. L'anecdote de cette scène de Tir Groupé, c'est que Gérard Lanvin lui a mis un vrai coup et que Marc arborait sa cicatrice comme un bel accident du travail.
R.S : Les fans de Disney, connaissent bien ta voix, c'est forcément un grand plaisir de doubler un personnage animé ? La liberté est incontestablement plus grande !
M.M : Etonnamment, non. Les Américains veulent quasiment un calque. Cela étant, si l'on se calque assez bien sur ce que le comédien original a fait, on donnera une impression de grande liberté. Après tout, notre métier consiste aussi à faire semblant.
R.S : Dans ces grands classiques tes talents de chanteurs sont mis à profit. Est-ce une grande contrainte de fredonner tout en respectant le mouvement de lèvres du personnage ?
M.M : Si l'adaptation des paroles vient de gens talentueux, tel Luc Aullivier (Disney), Claude Lombard (Warner) ou Nadine Delanoë (Animaniacs), la musique étant un carcan plus rigoureux que le texte "libre", il y a au contraire un certain confort à chanter. Souvent le chanteur est en play-back, donc en place et, dans le cas du dessin-animé, l'animation a été posée sur la chanson. Le problème c'est que, parfois, l'animation n'est pas synchrone et se caler sur l'image équivaudrait à se planter rythmiquement. Dans ces cas-là, on essaie de trouver un compromis qui satisfasse tant l'œil que l'oreille.
R.S : Et pour le plaisir, peux-tu nous parler de tes loisirs ?
M.M : Je golfe deux ou trois fois par semaine, ce qui me laisse sur le flanc, du fait de mon manque d'exercice ! Je lis, surtout des biographies ou des ouvrages historiques. Je regarde sur les chaînes anglaises que je reçois par satellite le plus de programmes historiques possible et Inside The Actor's Studio, l'émission de James Lipton, que je recommande à tous de trouver. Je compose des musiquettes sur lesquelles je colle des mots qui riment. Elles ont d’ailleurs été représentées, grâce à mon ami Rémi Carémel (créateur et admin du site Dans l’Ombre des Studios, que je recommande à tous) qui, avant de travailler chez Deluxe, était administrateur de l’Auguste Théâtre, dans le 11ème. J’y ai chanté mes chansons, en compagnie de Barbara Tissier, ma "petite sœur/nièce de cœur" et d’un ami avocat, Maître Patrick Vilbert. Une vingtaine de mes chansons et deux composées et écrites par lui, alternant les chansons à trois, ou les chansons en solo pour les trois Ca s’appelait Mella-Pression et ça a eu l’heur de plaire. Barbara, toujours active et positive, parle de recommencer. On verra. J’ai aussi écrit plusieurs pièces courtes, dont une Gott Mythe Uns, a été lue en public à l’Espace Falguière, en duo avec Barbara Tissier (décidément !). A l’Espace Falguière, j’ai aussi interprété deux pièces : Sallam-Shalom de Serge Misraï (la rencontre d’un Juif pied-noir, prof à la retraite, et d’un épicier algérien, tous deux natifs de Bab El Oued, tous deux exilés à paris), et L’homme en morceaux" d’Elie-Georges Berrebi (la solitude affollée d’un type qui arrive sur scène en portant un cercueil et raconte sa vie, par bribes délirantes.
Sinon, je dors énormément et, comme ça, je rêve beaucoup.
R.S : Merci beaucoup Michel.
M.M : C'est moi qui te remercie.
Interview de décembre 2020