R.S : Bonjour Angèle.

A.H : Bonjour Reynald.

R.S : Tu as fait une formation à New York ? Pourquoi ce choix ?

A.H : J’ai eu la chance de rencontrer Suzan Batson qui officie à New York mais j’ai pour ma part travaillé avec elle lors d’un de ses passages à Paris. C’est une coach qui travaille avec beaucoup d’acteurs américains et qui se déplace partout dans le monde pour transmettre son enseignement. Elle coachait ma soeur pour un rôle et j’ai pu me glisser pendant 15 jours de travail aux cotés d’elles pour éprouver ses méthodes liées à celles de l’Actor studio. Des parcours et exercices à traverser profondément enrichissants.

R.S : Tu as fait un stage "sur Shakespeare" et un stage "autour de Ingmar Bergman". Pratiquement, en quoi cela consiste-t-il ?

A.H : Ces deux stages étaient dirigés par deux metteurs en scène différents. Celui sur Shakespeare par Nicolas Briançon. L’association de cette rencontre simultanée me plaisait, et plus particulièrement la perpective de se délecter de la plume de Shakespeare. Il s’agissait simplement de s’approprier au mieux la langue et les situations des scènes choisies, et ce fut un réel plaisir. Pour Ingmar Bergman, c’est le réalisateur Saffy Nebbou qui proposait à chaque acteur de travailler exactement la même scène. Nous étions donc une quinzaine d’acteurs à observer le travail de chacun sur exactement le même parcours et tout ceci dans un registre beaucoup plus intimiste que celui de Skaspeare. Une direction d’acteur d’une infinie délicatesse et d’un grand respect. Passionnant.

R.S : Comment as-tu commencé ton chemin professionnel ?

A.H : Mon chemin professionnel s’est forgé assez tôt. Ayant grandi avec un père chanteur lyrique et une mère attachée de presse et auteur, j’ai évolué au sein d’une compagnie lyrique qui me faisait passer plus de temps dans les théâtres et les fosses d’orchestres qu’ailleurs. Un grand oncle, Jean-Marie Rivière, qui oeuvra dans le cabaret, et une autre partie de la famille dans le théâtre et le cinéma, ma formation artistique a débuté dès le berceau. Le démarrage concret s’est opéré lors de mon entrée à l’école Claude Mathieu à 17 ans.

R.S : Tu chantes également et tu indiques avoir "collaboré" avec Socalled et Magyd Cherfi. Précisément, de quoi s'est-il agi ?

A.H : Ma rencontre avec le rappeur Socalled s’est opérée par l’intermédiaire du clarinettiste Klezmer David Krakauer de New York. Socalled, lors de la tournée promotionnelle française de son album Ghetto Blaster en 2007 se retrouvait sans sa chanteuse attitrée et m’a alorsproposé d’assurer avec lui les plateaux radio et télé. Ce fut du pied levé assez sport sur le titre You are never alone fort fucky et agréable ! Ma rencontre avec Magyd Cherfi s’est faite par le biais de mes origines gasconnes. Il m’a proposé de me confier ses textes pour la réalisation d’un album. Nous avons travaillé à élaborer ce projet en parallèle d’un projet de reprises de chansons françaises et de jazz des années 40 qu’il produisait. Ces collaborations n’ont finalement pu voir le jour mais le partage fut bon. Demeure cependant ce duo Les chaises qui volent que nous avons enregistré pour son album Pas en vivant avec son chien.

R.S : Comment as-tu fait tes premiers pas dans le doublage ?

A.H : Mes premiers pas dans le doublage ont été insufflés par mon agent de l’époque Rosalie Cimino qui m’avait mise en contact avec Danielle Perret. Danielle m’a gentiment donné quelques noms de personnes à aller voir, à cette époque où nous pouvions encore assister aux plateaux sans trop trop de difficultés. Le chemin a cependant pris son temps. J’ai, par chance, petit à petit appris à prendre confiance grâce à certains directeurs artistiques plus pédagogues que d’autres...

R.S : Etait-ce une discipline à laquelle tu pensais lorsque tu as décidé de devenir comédienne ?

A.H : Venant du spectacle vivant il ne m’étais jamais venu à l’esprit que cette discipline existait vraiment. Le milieu de la voix était un domaine qui m’était totalement étranger. J’ai d’ailleurs mis beaucoup de temps à me sentir légitime, de ce fait. C’est quand le bonheur de se voir confier de jolis rôles se profile de plus en plus que les sensations se font plus fortes et plus belles. Alors la véritable découverte de ce qu’est cette discipline devient magique quand tous les postes sont talentueusement menés.

R.S : Quels sont tes loisirs ?

A.H : Mes loisirs sont aussi multiples que l’est la vie ! La boxe anglaise depuis 18 ans, la musique, l’opéra, observer des gens, partager de bonnes recettes de cuisine, respirer en pleine nature, la peinture, la couture, s’occuper des fleurs, parler avec les arbres, bricoler, dialoguer avec un cheval, un mouton ou des poules.

R.S : Merci beaucoup Angèle.

A.H : Merci à vous.

Interview de décembre 2022