R.S : Bonjour Marc,

M.W : Bonjour Reynald.

R.S : Quand as-tu pris la décision de devenir comédien ?

M.W : C’est peut-être un peu cliché mais c’est un rêve de môme, que je pensais inaccessible. Après des études scientifiques j’ai eu du mal à trouver ma voie. Mon père, qui était prof et conseiller d’orientation, m’a fait passer des tests et au final il est ressorti 2 métiers : comédien ou réalisateur. Je suis alors parti en BTS audiovisuel, en option son. Et après 2 ans de travail en tant que technicien, j’ai décidé de démissionner pour tenter l’ENSATT et le TNS en accord avec ce que je ressentais profondément. Ça n’a pas marché mais ça n’a pas empêché que le chemin se fasse.

R.S : Quels ont été tes premiers pas de comédien ?

M.W : Sur scène avec la troupe de mon lycée. Puis j’ai fait mon stage de premier année de BTS à la régie publicitaire de NRJ où j’ai rencontré Laurent Pasquier, à qui je faisais répéter son texte entre midi et deux ; il était au théâtre les soirs. Il a trouvé qu’il y avait quelque chose ; il m’a proposé de passer au micro pendant mon stage et ça a été le premier aiguillage. C’est lui qui m’a emmené en studio quelques années plus tard quand j’ai décidé de me lancer comme comédien.
J’ai aussi travaillé à l’administration d’un théâtre où je prenais des cours et, de fil en aiguille, j’ai travaillé avec des compagnies que j’ai rencontrées là-bas. Notamment une pour laquelle le "rapport concret à la parole" était primordial, ce qui m’a beaucoup apporté quand j’ai démarré en pub radio.

R.S : Comment as-tu débuté dans le doublage ?

M.W : Un été mon beau-père a invité une amie de longue date un peu perdue de vue. Il s’avère que son compagnon était dans le métier ; il s’agit de Roland Timsit, qui m’a invité dans la foulée à venir observer sur une série qu’il dirigeait quelques semaines plus tard. Et puis, encore un peu plus tard, un studio m’a appelé pour savoir si j’avais déjà fait de la synchro ; j’y suis allé au culot, j’ai dit que oui. J’ai auditionné et ça a marché.

R.S : Etait-ce une discipline que tu envisageais lorsque tu as débuté ton parcours professionnel ?

M.W : Je me souviens avoir eu cette vague idée enfant. Et comme j’ai débuté en tant que comédien par la voix, c’est une envie qui s’est très vite invitée.

R.S : Est-ce une discipline qui t'apporte les mêmes satisfactions que les autres ?

M.W : C’est peut-être l’endroit qui m’en apporte le plus. Ma culture est une culture audiovisuelle, pas littéraire ou théâtrale. Je n’ai pas une appétence irrépressible pour la scène même si j’aime ça. Par contre j’adore le jeu audiovisuel, j’adore la précision et la finesse qu’il permet. J’adore notamment le studio qui permet de mesurer immédiatement le jeu que l’on propose ; je trouve qu’en cela le travail de comédien en studio est un magnifique laboratoire. Et le doublage, de par son exigence technique et le lâcher prise que le jeu impose, est une réunion de paradoxes hautement alchimique. Et puis c’est un endroit où je peux incarner des rôles auxquels je n’aurais pas accès ailleurs, ce qui est une grande chance.

R.S : La direction artistique en doublage t'apporte-t-elle autant de satisfactions que le fait de faire toi-même le comédien devant une bande rythmo ?

M.W : Ce n’est pas la même et c’est parfois frustrant de ne pas pouvoir « entrer sur le terrain » pour me joindre à mes camarades, mais c’est un expérience collective que j’adore. Je suis très touché de pouvoir inscrire mon travail dans la continuité des équipes qui ont élaboré la série ou le film qu’on a à doubler. Je tâche de produire des VF que j’aurais plaisir à écouter et j’aborde la direction artistique comme de la mise en scène : c’est excitant de penser au meilleur casting possible ; le travail au plateau est d’une grande richesse, tant sur les interactions humaines que sur les exigences artistiques et techniques ; et, au delà de la réplique ou de la scène, c’est un plaisir de servir une narration et une écriture sur la longueur d’un film ou d’un série, avec ses rythmes, ses motifs récurrents, ses ressorts... Au bout de 20 et quelques années de travail en studio, c’est une activité qui donne beaucoup de cohérence à mon parcours.

R.S : Quels sont tes loisirs ?

M.W : Profiter de ma famille, jouer de la guitare, écouter de la musique, lire, nager, surfer, aller au stade, cuisiner, manger et boire avec les gens que j’aime.

R.S : Merci beaucoup Marc.

M.W : Merci Reynald, et comme je le dis dans mon petit audio, merci pour le bel outil de travail que tu mets à notre disposition.

Interview de mars 2024