R.S : Bonjour Marion,

M.T : Bonjour Reynald.

R.S : Quelle a été votre formation ?

M.T : J’ai passé mon bac option théâtre et je me suis retrouvée pour mon premier rôle (le coryphée dans Electre de Sophocle) sur une scène nationale, devant 600 personnes et un jury. Je pense que c’était ma 1ère "formation". En réalité, je me suis formée sur le terrain, même si j’ai pris des cours de théâtre et d’improvisation théâtrale. J’ai appris à travers le travail de comédiens et comédiennes. Je les observais répéter, tourner. Je prenais des notes, j’écoutais.  Je les accompagnais en faisant la caisse à l’entrée du théâtre, les photos de scène, de tournage, le chauffeur, tout était prétexte pour apprendre, jusqu’à ce que je puisse tester en vrai.

R.S : Comment avez-vous commencé professionnellement ?

M.T : Je me suis lancée à 23 ans. J’ai intégré deux compagnies de théâtre où j’ai d'abord fait des remplacements avant que je fasse partie de leurs créations. J’ai ensuite commencé les castings et enchaîné les rôles à la télévision. Une des compagnies est devenue "ma compagnie" puisque je suis très active dans son fonctionnement. Je me suis retrouvée à créer le pôle jeune public en écrivant mes propres spectacles. Ça fait 20 ans maintenant que j’écris et joue avec eux.

R.S : Comme vous l'écrivez sur votre site, aujourd’hui votre métier de comédienne s’étend sur plein de domaines que ce soit la scène, les studios d'enregistrement, les tournages. Y a-t-il un "lieu" de comédie qui a votre préférence ?

M.T : C’est difficile car ils sont intimement liés mais aujourd’hui le doublage a ma préférence. Je vais aller puiser dans mes personnages de scène pour créer ceux derrière un micro. Ce n’est pas mon visage qui est à l’écran mais ma voix va appartenir à cette personne. Et puis il y a cette possibilité de pouvoir jouer n’importe qui à n’importe quel moment, sans contrainte physique. La fusion est magique. Mais je ne voudrais pas lâcher la scène pour autant, le plaisir de jouer devant un public reste un exercice terrible et génial à la fois.

R.S : Que retirez-vous de votre expérience dans l'improvisation ?

M.T : C’est une source incroyable et je continue d’ailleurs à faire des stages. C’est pour moi une réelle formation car, là où on me l’enseigne, nous travaillons l’improvisation comme un outil pour le métier de comédien/ne dans tous ses domaines. Sans support texte, on va bosser sur la construction d’un personnage dans son univers, avec sa façon de jouer, sa posture. On travaille la voix, bien sûr, toutes ses subtilités de jeu, comment la moduler, s’en servir. Il y a une énergie de partage, d’engagement, d’attention sur notre rapport avec les autres et avec soi, "de lâcher". On mélange beaucoup d’autres arts comme la danse, le chant, la poésie. C’est une formation très complète.

R.S : Y a-t-il un réalisateur ou un metteur en scène avec qui vous aimeriez particulièrement travailler ?

M.T : Cédric Klapisch. J’aime son univers, sa façon de nous emmener dans une réalité un peu folle, décalée, romantique. Ses personnages sont très humains, drôles voire insupportables. On a envie d’être avec eux, dans leur histoire.

R.S : Comment êtes-vous arrivée au doublage ?

M.T : À l’époque nous faisions un festival d’improvisation où nous avions une soirée doublage. On devait improviser les dialogues sans connaître l’extrait, sans bande rythmo bien sûr. Je me souviens que j’étais hyper appliquée pour coller autant au personnage qu’à ses labiales et son regard. Ça me "parlait". Ça a été mon 1er contact avec le doublage mais "improvisé". Il y a 6 ans, je me suis mise au livre audio, ce qui m’a permis de démarcher les studios. J’ai pu prendre contact avec l’un d’eux. Ils venaient de se lancer dans le doublage (en plus de leurs spécialités) et cherchaient des comédiens professionnels qui débutaient dans ce domaine. L’aventure est partie de là. Ils ont récupéré de très beaux projets et ils m’ont fait confiance à chaque fois sur des rôles importants. Parallèlement j’ai enchaîné les formations où j’ai rencontré des directeurs artistiques passionnés, bienveillants, qui, eux aussi, m’ont fait confiance. Aujourd’hui je travaille régulièrement dans différents studios.

R.S : Quels sont vos loisirs ?

M.T : Mes loisirs sont en lien avec mon métier puisque tout ce que je fais pour le plaisir se retrouve dans mon travail. Il y a la danse, l’écriture et beaucoup d’activités manuels. Et puis la marche et le cross training aussi.

R.S : Merci beaucoup Marion.

M.T : Merci à vous pour cet interview.

Interview d'août 2024