R.S : Bonjour Christophe, votre formation couvre une grande diversité d'approches théâtrales. Avez-vous trouvé quelque chose de spécifique à chaque fois ?

C.J : Mes choix ont souvent été le fruit de rencontres fortuites. Ce sont elles, et ma curiosité de grand gamin, qui m’ont conduit vers cette diversité. Et pour répondre à votre question, la seule spécificité que j’en ai retenue, et la plus importante à mes yeux, c’est l’expérience humaine. C’est parfois enivrant, parfois exaltant mais aussi parfois gerbant et affligeant.

R.S : Vous avez également fait un stage d'acrobatie. C'était simplement pour le plaisir ou cela avait-il un but professionnel ?

C.J : C’était surtout dans le cadre de mon enseignement théâtral que j’ai suivi à "L'Ecole du Passage" dirigée par le regretté Niels Arestrup. C’était sans doute à l’époque la seule école pluridisciplinaire. On y apprenait l’anglais, le chant, l’escrime, l’acrobatie et les intervenants étaient d’une grande qualité.

R.S : Vous avez tourné un court métrage avec Jérôme Deschamps. C'était dans l'esprit des "Deschiens" ?

C.J : Absolument pas ! Et on en est même très très loin. :-)

R.S : Comment avez-vous débuté professionnellement ?

C.J : J’aurai adoré dire : "on est venu m’chercher dans la rue". Mais non. J’ai débuté de la façon la plus banale qui soit. Je suis allé bosser dans un fast food pour me payer mes cours de théatre et ensuite j’ai commencé à monter des pièces avec les copains et puis le pro est enfin arrivé. Les rencontres, toujours les rencontres. Des hauts et des bas. C’est un métier éreintant héhéhé.

R.S : Comment êtes-vous arrivé dans le doublage ?

C.J : Il y a eu deux étapes. La première fut un raté total. A l’époque, en 2005, mes camarades de jeux, Armelle Gallaud et Fabrice Lelyon entre autres, tentaient leur chance dans la synchro. Il était encore permis d’assister à de nombreux plateaux. Grâce à Fabrice et Armelle j’ai pu donc assister à quelques séances. Mais je dois bien l’avouer, je finissais toujours par m’endormir et... me mettre à ronfler ! On me demandait donc gentiment de quitter les lieux. N’arrivant donc pas à suivre une séance de 4h sans piquer un bon roupillon, je me suis donc rendu à l’evidence et j’ai laissé tomber.
Beaucoup plus tard, en 2019, l’envie dêtre devant la caméra s’étant largement estompée, je me suis dit pourquoi ne pas faire un stage. Mon choix s’est alors tourné vers Les Séraphins. Stage de haut vol, dispensé par Véronique Picciotto, avec des intervenants comme Marc Saez et Anne Massoteau. Mais deux semaines après la fin du stage : confinement. À la suite de cela tous les 3 m’ont fait travailler et quasiment que sur des rôles. Mais, post covid, les règles se sont durcies pour assister aux plateaux et je n’ai dons pas rencontré beaucoup de monde... J’éspère que RS Doublage m’ouvrira quelques portes !

R.S : Vous précisez d'ailleurs sur votre CV que vous ne faites quasiment plus que du doublage depuis 10 ans puisque vous avez développé votre activité de photographe. Vous le faites professionnellement ?

C.J : Tout à fait. Et j’adore ça. J’ai commencé par photographier mes amis comédiens en leur faisant leur book. Et puis, devant le succès, j’ai développé cette activité sous le nom de Cris Noe. Aujourd’hui je travaille aussi bien pour les particuliers que pour les entreprises.

R.S : La scène et la caméra ne vous manquent pas ?

C.J : Pas du tout. Etrange non ? Pas tant que ça en fait. Depuis que j’ai développé une activité de photographe, j’ai appris à etre derrière la caméra. Ça a grandement aidé à faire taire mon ego qui devenait très encombrant. Tant et si bien qu’aujourd’hui ce qui m’intéresse le plus c’est de réaliser des films. Je me sens de moins en moins légitime devant une caméra. J’ai juste envie de travailler avec des gens que j’apprécie et qui ont de réelles qualités humaines. Je n’ai plus de plan de carrière depuis longtemps et croyez-moi, ça fait un bien fou !

R.S : Quels sont vos loisirs ?

C.J : C’est assez varié mais de façon générale, je transforme toujours mes passions en travail. Aussi suis-je devenu photographe pro depuis 2011. Je construis également des simulateurs de vols echelle 1/1. Une passion que j’ai pour l’aviation depuis très très longtemps. Et depuis peu je passe beaucoup de temps à me former à la réalisation, au montage et à l’étalonnage. Je pars toujours du principe que l’on n'est jamais mieux servi que par soi-même.

R.S : Merci beaucoup Christophe.

C.J : Merci pour ton travail Reynald.

Interview de décembre 2024