R.S : Bonjour Laura.

L.A : Bonjour Reynald.

R.S : Avez-vous commencé votre formation en art dramatique conjointement à vos études de Lettres ou après celles-ci ?

L.A : J’ai passé un bac L option théâtre et c’est au lycée que je suis montée pour la première fois sur les planches. Pendant l’année du bac, ma prof de lettres m’encourageait à déposer mon dossier en Lettres Sup et mon prof de théâtre m’incitait à passer les concours d’art dramatique. J’étais un peu perdue, mais la vie a décidé pour moi ; j’étais prise en hypokhâgne, j’y suis allée, en laissant tomber finalement l’idée des concours. Ça devait m’arranger au fond. Je ne viens pas d’une famille d’artistes et je pense aujourd’hui que la vie de comédien me semblait inaccessible. J’ai toujours fait des blocages comme ça, idem plus tard pour le doublage. Mais j’ai continué conjointement à suivre des cours de théâtre pendant mes études. Je suis partie pour la première fois en tournée à l’international avec une compagnie de danse-théâtre-cirque, c’était pendant mon année de maîtrise. Je rédigeais mon mémoire de Lettres en même temps que je participais au montage du chapiteau ! Je commençais doucement à glisser un orteil dans la compagnie Materia Prima Art Factory.

R.S : Cette question découle en somme de la précédente : quand, dans votre parcours de vie, avez-vous pris la décision d'embrasser une vie professionnelle artistique ?

L.A : J’étais à Nancy, j’avais terminé mes études. Je continuais à me former auprès de Materia Prima et de son metteur en scène Otomo De Manuel, et il y avait une startup de journalisme en ligne qui ouvrait ses portes. C’était un truc tout nouveau. J’ai postulé, j’ai été prise et je me suis retrouvée à éplucher les dépêches de l’AFP à 6h du matin, à rédiger des articles à envergure locale. Je n’étais pas complètement en phase avec mon rédacteur en chef, alors quand Otomo m’a appelée pour me demander si j’étais prête à remplacer au pied levé une comédienne sur la grosse tournée estivale, je n’ai pas hésité une seconde ! Une semaine plus tard, je jouais au festival de Gdansk et devenais une comédienne de la compagnie à part entière, j’étais aux anges !

R.S : Vous avez joué en France et à l’international. Sentez-vous des différences dans la réception du théâtre selon les pays ?

L.A : Pas vraiment. On jouait des spectacles de danse-théâtre, il n’y avait pas de textes, donc on touchait directement par l’émotion, par la création d’images fortes, de tableaux visuels puissants et par la composition musicale. On rencontre partout des gens qui ont besoin de tout analyser et de tout comprendre, d’autres se laissent toucher puis analysent.

R.S : Je suis très intrigué par votre "formation de chef de chœur". En quoi cela consiste-t-il ?

L.A : On m’a demandé de diriger une chorale d’école, j’ai fait une année en pilotage à vue, c’est-à-dire que je montais des chansons de façon hyper conventionnelle. Je n’étais pas satisfaite de moi, pas satisfaite de l’approche et de ce que j’apportais aux enfants. Alors je suis allée me former en pédagogie vocale au Centre de Formation du Musicien Intervenant. L’objectif est de pratiquer une démarche de créations vocales collectives basées sur l’invention et l’improvisation vocale et corporelle, et de pouvoir ainsi diriger un chœur avec des outils artistiques et pédagogiques créatifs, ludiques et innovants. A partir de ce jour, mes ateliers se sont transformés en ateliers de création et d’exploration de la voix et c’est devenu nettement plus intéressant pour tout le monde !

R.S : Envisagiez-vous déjà le doublage, lorsque vous avez commencé votre parcours ?

L.A : Oui. Le doublage m’a toujours fascinée et j’étais impressionnée par les comédiens de doublage. Dans les années 2000, j’ai eu l’opportunité d’assister aux plateaux de Bernard Jung. J’ai assisté pendant plus d’un an de façon très assidue. Mais j’étais en observation, je n’approchais pas la barre ! J’étais hyper discrète, il devait oublier ma présence ! Heureusement aujourd’hui les formations existent.

R.S : Est-ce une discipline qui vous apporte les mêmes satisfactions artistiques que les autres ?

L.A : Oui, complètement !

R.S : Quels sont vos loisirs ?

L.A : Mon métier est mon passe-temps préféré, donc plus je travaille, plus ma vie est une récréation. Pour le reste, j’ai trois enfants et ça, c’est un sport assez sympa à pratiquer quotidiennement !

R.S : Merci beaucoup Laura.

L.A : Merci Reynald !

Interview de mars 2025