Véronique Rivière
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Un coupable idéal (film de Xavier de Lestrade, dans le rôle du procureur)
Interview
R.S : Bonjour Véronique.
V.R : Bonjour Reynald
R.S : L'envie de devenir comédienne a-t-elle toujours été en vous ?
V.R : Je crois que j'ai toujours été fascinée par les mots, les vers en particulier. Quand nous partions en vacances, le voyage en voiture me paraissait comme à tous les enfants épouvantablement long, et pour me distraire ma mère me récitait ce qu'elle avait retenu de ses études chez les religieuses : Pauline de Polyeucte et Camille de Horace. Je la faisais répéter inlassablement jusqu'à les savoir moi même par coeur. Evidemment je ne comprenais pas tout aux dilemmes cornéliens mais ce n'en était que plus beau. A l'école mon moment préféré était la récréation après la cantine où nous avions une heure pour mettre nos rêves en scène : Thierry la Fronde, Zorro, j'ai joué tous les héros des séries des années soixante (il faut dire qu'il n'y avait pas beaucoup d'héroïnes à cette époque). Imaginez ma déception à mon entrée en 6ème en constatant que chez les grands plus personne ne se livrait à ces jeux pendant les récréations. Heureusement mon plaisir de lire des textes a très vite été repéré par mon professeur de français qui a conseillé à mes parents de m'inscrire au conservatoire de Rennes : pendant deux ans je n'ai eu droit qu'aux fables de La Fontaine et aux Lettres de mon moulin avant de pouvoir enfin travailler la première scène du Médecin malgré lui !
RS : Pouvez-vous parler de vos débuts ?
V.R : Si on oublie les premiers succès faciles à Rennes (pas dur quand on a 14 ans de faire rire dans une farce de Molière) tout est devenu plus compliqué quand j'ai avoué à mes parents que je voulais en faire un métier. Ce n'était pas "passe ton bac d'abord" mais "jamais sans une licence". Ce n'est donc qu'à vingt ans que j'ai pu monter à Paris et m'inscrire au Studio 34. En plus des cours de Béatrice Lord, Claude Matthieu et Philippe Brigaud, nous avions la chance de bénéficier de stages avec de grands professionnels comme Sacha Pitoeff ou Georges Werler. Je me souviens de la pièce La noce chez les petits bourgeois de Bertold Brecht que nous avions montée en fin de cours et que nous avons eu l'occasion de jouer à plusieurs reprises dans une salle parisienne : j'y tenais le rôle de la mariée et je jubilais - intérieurement - tout en pleurant en scène quand mon mari totalement ivre m'emportait en coulisses sous les applaudissements du public hilare (très bon le public, ce soir-là).
R.S : On dit que jouer devient vite un besoin, qu'en pensez-vous ?
V.R : On dit aussi qu'un comédien qui ne joue pas n'est plus un comédien mais je ne suis pas tout à fait d'accord. Je pense que le jeu se nourrit des expériences de chaque jour et qu'en phase de latence on engrange. Néanmoins je reconnais volontiers que quand le téléphone reste trop longtemps sans sonner on commence un peu à déprimer. J'aime profiter de mon temps libre à Paris mais j'ai aussi besoin de me sentir à ma place sur un plateau, de faire partie d'une équipe et d'être dans cette dynamique très particulière qui est celle du jeu.
R.S : Comment avez-vous commencé dans le doublage ?
V.R : De façon très banale, en téléphonant régulièrement aux trois sociétés dont j'avais les numéros. A force de m'entendre dire : "vous n'en n'avez jamais fait ? Exercez-vous ailleurs et revenez nous voir après", je me suis énervée ; j'ai répliqué à la secrétaire : "si vous n'essayez jamais personne de nouveau, vous allez vous retrouver avec des jeunes premières de 80 ans" ; elle a ri et m'a passé Jacques Ebner le directeur artistique qui m'a permis de débuter. Sur ses plateaux j'ai croisé Béatrice Delfe, Perrette Pradier et Arlette Thomas, qui m'ont ensuite fait travailler. Parallèlement j'ai eu le bonheur de rencontrer un très grand monsieur, Richard Heinz, qui m'a recommandé à Gérard Cohen, autre grand doubleur, spécialiste des films italiens, avec lequel j'ai doublé mes premiers 35 mm. Comme quoi il suffit de tirer le bon fil ou plutôt de passer le bon coup de fil...
R.S : Quelles aptitudes particulières faut-il posséder pour se glisser dans la peau d'un personnage interprété par une comédienne étrangère ?
V.R : D'abord l'humilité. Ce n'est pas pour rien qu'on nous appelle les comédiens de l'ombre. Ne jamais oublier qu'on est au service non pas du personnage mais de l'interprétation qu'en a donnée l'acteur en V.O. Ça bride la créativité mais ça la canalise aussi. Ensuite la concentration. Il faut être très rapide en synchro : lire vite la bande rythmo pour pouvoir monter à l'image et observer le jeu de la comédienne, s'imprégner de son rythme, noter ses appuis, ses respirations, ses ruptures, et ce après une ou deux lectures tout au plus. Contrairement au théâtre la performance ne se crée pas au fil des répétitions mais s'inscrit dans l'immédiateté, ce qui en fait tout le charme.
R.S : Artistiquement parlant que vous apporte le doublage ?
V.R : Le plaisir de doubler des rôles que je n'aurais pas la chance d'incarner à l'écran. Même s'il est vrai que souvent on nous engage parce qu'il y a en nous quelque chose de la comédienne qu'on va doubler, il faut bien reconnaître que la voix est essentielle. Si ma voix n'avait pas gardé un caractère enfantin je n'aurais pas été choisie pour doubler une sirène de 18 ans dans H2o ou un petit hamster dans Hamtaro !
R.S : Que représente pour vous le mot comédienne ?
V.R : Même si l'on doit traverser pas mal de galères pour survivre dans ce métier, il n'en demeure pas moins qu'être comédienne c'est avoir la chance d'incarner d'autres vies tout en restant soi même, ce qui me paraît quand même moins aléatoire que d'avoir à miser sur la réincarnation.
R.S : Quels sont vos hobbies ?
V.R : La lecture, les voyages lointains, tout ce qui me permet de m'évader du quotidien mais aussi tout ce qui me fait l'apprécier : marcher dans Paris, découvrir de nouveaux lieux et refaire le monde autour d'une bonne table avec mes amis, car je ne suis pas seulement bavarde comme vous avez pu le constater mais également curieuse et gourmande.
R.S : Merci beaucoup Véronique.
V.R : Merci à vous Reynald pour votre écoute et votre patience.
Interview de janvier 2011
V.R : Bonjour Reynald
R.S : L'envie de devenir comédienne a-t-elle toujours été en vous ?
V.R : Je crois que j'ai toujours été fascinée par les mots, les vers en particulier. Quand nous partions en vacances, le voyage en voiture me paraissait comme à tous les enfants épouvantablement long, et pour me distraire ma mère me récitait ce qu'elle avait retenu de ses études chez les religieuses : Pauline de Polyeucte et Camille de Horace. Je la faisais répéter inlassablement jusqu'à les savoir moi même par coeur. Evidemment je ne comprenais pas tout aux dilemmes cornéliens mais ce n'en était que plus beau. A l'école mon moment préféré était la récréation après la cantine où nous avions une heure pour mettre nos rêves en scène : Thierry la Fronde, Zorro, j'ai joué tous les héros des séries des années soixante (il faut dire qu'il n'y avait pas beaucoup d'héroïnes à cette époque). Imaginez ma déception à mon entrée en 6ème en constatant que chez les grands plus personne ne se livrait à ces jeux pendant les récréations. Heureusement mon plaisir de lire des textes a très vite été repéré par mon professeur de français qui a conseillé à mes parents de m'inscrire au conservatoire de Rennes : pendant deux ans je n'ai eu droit qu'aux fables de La Fontaine et aux Lettres de mon moulin avant de pouvoir enfin travailler la première scène du Médecin malgré lui !
RS : Pouvez-vous parler de vos débuts ?
V.R : Si on oublie les premiers succès faciles à Rennes (pas dur quand on a 14 ans de faire rire dans une farce de Molière) tout est devenu plus compliqué quand j'ai avoué à mes parents que je voulais en faire un métier. Ce n'était pas "passe ton bac d'abord" mais "jamais sans une licence". Ce n'est donc qu'à vingt ans que j'ai pu monter à Paris et m'inscrire au Studio 34. En plus des cours de Béatrice Lord, Claude Matthieu et Philippe Brigaud, nous avions la chance de bénéficier de stages avec de grands professionnels comme Sacha Pitoeff ou Georges Werler. Je me souviens de la pièce La noce chez les petits bourgeois de Bertold Brecht que nous avions montée en fin de cours et que nous avons eu l'occasion de jouer à plusieurs reprises dans une salle parisienne : j'y tenais le rôle de la mariée et je jubilais - intérieurement - tout en pleurant en scène quand mon mari totalement ivre m'emportait en coulisses sous les applaudissements du public hilare (très bon le public, ce soir-là).
R.S : On dit que jouer devient vite un besoin, qu'en pensez-vous ?
V.R : On dit aussi qu'un comédien qui ne joue pas n'est plus un comédien mais je ne suis pas tout à fait d'accord. Je pense que le jeu se nourrit des expériences de chaque jour et qu'en phase de latence on engrange. Néanmoins je reconnais volontiers que quand le téléphone reste trop longtemps sans sonner on commence un peu à déprimer. J'aime profiter de mon temps libre à Paris mais j'ai aussi besoin de me sentir à ma place sur un plateau, de faire partie d'une équipe et d'être dans cette dynamique très particulière qui est celle du jeu.
R.S : Comment avez-vous commencé dans le doublage ?
V.R : De façon très banale, en téléphonant régulièrement aux trois sociétés dont j'avais les numéros. A force de m'entendre dire : "vous n'en n'avez jamais fait ? Exercez-vous ailleurs et revenez nous voir après", je me suis énervée ; j'ai répliqué à la secrétaire : "si vous n'essayez jamais personne de nouveau, vous allez vous retrouver avec des jeunes premières de 80 ans" ; elle a ri et m'a passé Jacques Ebner le directeur artistique qui m'a permis de débuter. Sur ses plateaux j'ai croisé Béatrice Delfe, Perrette Pradier et Arlette Thomas, qui m'ont ensuite fait travailler. Parallèlement j'ai eu le bonheur de rencontrer un très grand monsieur, Richard Heinz, qui m'a recommandé à Gérard Cohen, autre grand doubleur, spécialiste des films italiens, avec lequel j'ai doublé mes premiers 35 mm. Comme quoi il suffit de tirer le bon fil ou plutôt de passer le bon coup de fil...
R.S : Quelles aptitudes particulières faut-il posséder pour se glisser dans la peau d'un personnage interprété par une comédienne étrangère ?
V.R : D'abord l'humilité. Ce n'est pas pour rien qu'on nous appelle les comédiens de l'ombre. Ne jamais oublier qu'on est au service non pas du personnage mais de l'interprétation qu'en a donnée l'acteur en V.O. Ça bride la créativité mais ça la canalise aussi. Ensuite la concentration. Il faut être très rapide en synchro : lire vite la bande rythmo pour pouvoir monter à l'image et observer le jeu de la comédienne, s'imprégner de son rythme, noter ses appuis, ses respirations, ses ruptures, et ce après une ou deux lectures tout au plus. Contrairement au théâtre la performance ne se crée pas au fil des répétitions mais s'inscrit dans l'immédiateté, ce qui en fait tout le charme.
R.S : Artistiquement parlant que vous apporte le doublage ?
V.R : Le plaisir de doubler des rôles que je n'aurais pas la chance d'incarner à l'écran. Même s'il est vrai que souvent on nous engage parce qu'il y a en nous quelque chose de la comédienne qu'on va doubler, il faut bien reconnaître que la voix est essentielle. Si ma voix n'avait pas gardé un caractère enfantin je n'aurais pas été choisie pour doubler une sirène de 18 ans dans H2o ou un petit hamster dans Hamtaro !
R.S : Que représente pour vous le mot comédienne ?
V.R : Même si l'on doit traverser pas mal de galères pour survivre dans ce métier, il n'en demeure pas moins qu'être comédienne c'est avoir la chance d'incarner d'autres vies tout en restant soi même, ce qui me paraît quand même moins aléatoire que d'avoir à miser sur la réincarnation.
R.S : Quels sont vos hobbies ?
V.R : La lecture, les voyages lointains, tout ce qui me permet de m'évader du quotidien mais aussi tout ce qui me fait l'apprécier : marcher dans Paris, découvrir de nouveaux lieux et refaire le monde autour d'une bonne table avec mes amis, car je ne suis pas seulement bavarde comme vous avez pu le constater mais également curieuse et gourmande.
R.S : Merci beaucoup Véronique.
V.R : Merci à vous Reynald pour votre écoute et votre patience.
Interview de janvier 2011