Mathieu Richer
Direction artistique
In Ice Cold Blood
Documentaire
Une démocratie en danger
Documentaire
Let's Play (12 DVD Disney)
DVD
Magic English (32 DVD Disney)
DVD
Alaska la ruée vers l'or (Saison 2 - Discovery)
Voice-over
American Chopper (Saison 8 - Discovery)
Voice-over
Animal World (26 ép. Disney)
Voice-over
Bondi Board Riders (Trek)
Voice-over
Crimes of Fashion (Discovery)
Voice-over
Dogs with jobs (National Geographic)
Voice-over
Hollywood Stories (E! Entertainment)
Voice-over
I believe in miracles (Netflix)
Voice-over
Inside Westcoast Customs (Saison 2 - Discovery)
Voice-over
Invisible Killers (Discovery)
Voice-over
La loi de la jungle (Trek)
Voice-over
Paranormal Files (Saison 2 - Syfy)
Voice-over
Renovators (66 ép. Casa Channel Quebec)
Voice-over
Sexiest Celebrities (E! Entertainment)
Voice-over
Un monstre parmi nous (Discovery)
Voice-over
We are many (Netflix)
Voice-over
Direction du chant
Interview
R.S : Bonjour Mathieu.
M.R : Bonjour Reynald !
R.S : Tu es directeur artistique, comment as-tu commencé à exercer ce métier ?
M.R : En mars 1998, j’ai été embauché par Disney Publishing comme assistant de production. Nous avons créé des collections de CD, VHS, DVD. Nous avions un grand réalisateur (Renaud Le Van Kim) et la direction artistique des voix était assurée par la directrice éditoriale qui aimait que sa petite équipe assiste aux enregistrements et y soit associée. Puis la directrice a eu un arrêt maladie de longue durée et la chargée de prod un arrêt maternité. Au bout de 6 mois, je dirigeais seul ma première séance. Je me souviendrai toujours qu’il s’agissait de Gilbert Lévy. Une séance de voix et de chansons ! Mais avant même cette expérience Disney, j’avais fait 2 stages à New York et assisté à toutes les étapes de post-production de documentaires : le montage, les enregistrements de voix, de musique, le mixage. Assister à l’enregistrement d’un orchestre de 50 musiciens dirigé par Michael Bacon dans un studio à deux pas de Times Square à 22 ans, il y a pire comme stage. Je dois donc beaucoup à ma petite carrière américaine et à Disney.
R.S : Est-ce qu'établir un plan de travail n'est pas un exercice trop fastidieux ?
M.R : J’ai un master en réalisation audiovisuelle. Et un de mes premiers jobs fut de faire un plan technique de tournage pour un long métrage. Un gros boulot de plusieurs jours. Le plan de travail d’enregistrement en doublage est assez proche. On optimise le temps comédien, on doit tenir compte de leurs dispos communes, on détermine ainsi l’ordre d’enregistrement des boucles. Et j’ai eu la chance de rencontrer un assistant de plusieurs DA qui m’a formé.
R.S : Comment procèdes-tu pour faire ta distribution ?
M.R : C’est très simple, je prends les meilleurs comédiens ! Plus concrètement, j’ai dirigé 2 gros jeux vidéos pour Electronic Arts : 125 comédiens dans l’un, 150 comédiens dans l’autre. Comme c’était le même client, je me suis efforcé de prendre des comédiens différents et j’ai ainsi casté et dirigé plusieurs centaines de comédiens avec la volonté de faire un produit le plus réaliste possible et donc de prendre des comédiens qui font les premiers rôles en doublage de films.
Connaissant à présent tous ces comédiens, quand j’ai un produit à diriger j’associe assez naturellement un comédien français au comédien de la VO puisque je connais leur timbre et leur personnalité. Et évidemment, RS Doublage est l’outil unique et indispensable pour faire une distribution. Les chaînes sont généralement rassurées que l’on prenne un comédien qui a déjà doublé le comédien original, et les comédiens aiment retrouver un comédien qu’ils ont déjà doublé.
Je respecte aussi le travail des directeurs artistiques : si un DA a pensé à un comédien français pour doubler un rôle, il y a de bonnes chances que ce soit une bonne idée. Je recommande donc systématiquement aux comédiens de s’inscrire sur RS Doublage dès qu’ils ont travaillé sur plusieurs rôles majeurs.
R.S : Tu dois certainement être très sollicité par des comédiens qui démarrent dans cette discipline, souhaitent démarrer, ou y travaillent déjà mais que tu ne connais pas ou n'a jamais employés. Comment intègres-tu, justement, de "nouveaux" comédiens ?
M.R : J’ai la grande chance de former des comédiens au doublage chez Rhinocéros Formation. J’y vois environ 200 comédiens par an, qu’ils soient débutants ou très confirmés. Lorsque je n’y interviens pas comme DA, je fais les prises de son pour les DA qui interviennent dans ces masterclass et c’est un grand bonheur d’apprendre à leurs côtés. Une cinquantaine de DA sont déjà intervenus, merci à eux, et nous découvrons tous ainsi des comédiens que nous pouvons faire travailler sur nos produits.
R.S : De quelle langue préfères-tu avoir à faire la version française ?
M.R : Evidemment, la culture américaine me parle. Ma mère vit aux US depuis que j’ai 20 ans et souvent, dans les films ou séries américaines, je retrouve des situations ou des types de personnages que j’ai effectivement connus. Mais outre cette familiarité, je me sens à l’aise pour faire des VF depuis toute langue. Chez Disney, j’ai fait adapter des produits en 18 langues. Et donc écouté et validé des castings et des enregistrements dans des langues très différentes.
R.S : L'étape de la vérification avec l'auteur est-elle indispensable pour toi ? Je sais que certains directeurs artistiques ne la jugent pas forcément nécessaire dans la mesure où, si le texte est bon, elle est pour eux superfétatoire, et s'ils ne le trouvent pas bon, ils ne pourront de toute façon pas demander à l'auteur de toute refaire. De plus on n'a pas le temps, lors de la vérification, d'écouter l'original à chaque boucle avant d'écouter ce qu'a écrit l'auteur pour pouvoir comparer et voir s'il a été fidèle. Et enfin il y a toujours des petits ajustements qui sont fait lors de l'enregistrement, même si le texte est bon. Qu'en penses-tu, pour ta part ?
M.R : J’accorde une vraie importance au texte et à la synchro donc l’étape de vérif est essentielle. Je trouve souvent qu’il y a trop de mots et que l’on ne respecte pas assez le rythme de l’original. Je vois tout de suite si le nombre de battements de lèvres va coller ou pas. Je préfère accorder le temps qu’il faut en vérif et en prépa de mon côté pour avancer convenablement lors de l’enregistrement.
R.S : La version française de "Starsky et Hutch", par exemple, est considérée comme ayant eu une grande part dans le succès de la série. Et pourtant les comédiens français des deux rôles principaux, Jacques Balutin et Francis Lax, ont fait quelque chose d'assez éloigné de ce qu'avaient fait les comédiens américains. Cette "trahison", même si elle est pour le meilleur, en fin de compte, serait-elle possible aujourd'hui que tout le monde a facilement accès aux versions originales ? Et quel regard portes-tu sur cet aspect des choses ?
M.R : Il est vrai que durant la génération des Balutin, Lax, Djanik, les comédiens apportaient beaucoup de leur personnalité et fantaisie dans leur interprétation.
Comme on ne connaissait pas l’original, on se laissait porter par eux. Les distributeurs ne donnent plus carte blanche aujourd’hui.
R.S : Tu diriges aussi en voice over.
M.R : Oui, le hasard m’a conduit à être DA en fixe pendant quelques années dans des studios spécialisés en jeu vidéo puis en voice over et en pub. J’en fais donc encore mais j’ai une préférence pour le doublage de fiction et d’animation.
R.S : Tu es aussi comédien.
M.R : C’est un exercice qui n’est pas nouveau pour moi. Il y a 20 ans, je jouais déjà dans des courts métrages. Mais il m’a fallu du temps pour me consacrer davantage à la comédie. Là encore, c’est l’apprentissage auprès de nombreux DA et beaucoup de travail de mon côté qui me permettent de travailler comme comédien et j’y prends un grand plaisir.
R.S : Quels sont tes loisirs ?
M.R : J’aime la musique, suivre l’actualité, la politique, les documentaires, le sport et être dans la nature.
R.S : Merci beaucoup Mathieu.
M.R : Merci Reynald. Je navigue sur ton site depuis des années et te suis reconnaissant pour le travail passionné et sérieux que tu fais. Et, encore une fois, un grand merci à tous les DA qui font leur travail avec passion et qui osent donner leur chance aux comédiens. Ils sont bien sûr trop nombreux pour tous être cités.
Et pour finir, j’adresse un merci tout particulier à Catherine Le Lann.
Interview d'août 2018
M.R : Bonjour Reynald !
R.S : Tu es directeur artistique, comment as-tu commencé à exercer ce métier ?
M.R : En mars 1998, j’ai été embauché par Disney Publishing comme assistant de production. Nous avons créé des collections de CD, VHS, DVD. Nous avions un grand réalisateur (Renaud Le Van Kim) et la direction artistique des voix était assurée par la directrice éditoriale qui aimait que sa petite équipe assiste aux enregistrements et y soit associée. Puis la directrice a eu un arrêt maladie de longue durée et la chargée de prod un arrêt maternité. Au bout de 6 mois, je dirigeais seul ma première séance. Je me souviendrai toujours qu’il s’agissait de Gilbert Lévy. Une séance de voix et de chansons ! Mais avant même cette expérience Disney, j’avais fait 2 stages à New York et assisté à toutes les étapes de post-production de documentaires : le montage, les enregistrements de voix, de musique, le mixage. Assister à l’enregistrement d’un orchestre de 50 musiciens dirigé par Michael Bacon dans un studio à deux pas de Times Square à 22 ans, il y a pire comme stage. Je dois donc beaucoup à ma petite carrière américaine et à Disney.
R.S : Est-ce qu'établir un plan de travail n'est pas un exercice trop fastidieux ?
M.R : J’ai un master en réalisation audiovisuelle. Et un de mes premiers jobs fut de faire un plan technique de tournage pour un long métrage. Un gros boulot de plusieurs jours. Le plan de travail d’enregistrement en doublage est assez proche. On optimise le temps comédien, on doit tenir compte de leurs dispos communes, on détermine ainsi l’ordre d’enregistrement des boucles. Et j’ai eu la chance de rencontrer un assistant de plusieurs DA qui m’a formé.
R.S : Comment procèdes-tu pour faire ta distribution ?
M.R : C’est très simple, je prends les meilleurs comédiens ! Plus concrètement, j’ai dirigé 2 gros jeux vidéos pour Electronic Arts : 125 comédiens dans l’un, 150 comédiens dans l’autre. Comme c’était le même client, je me suis efforcé de prendre des comédiens différents et j’ai ainsi casté et dirigé plusieurs centaines de comédiens avec la volonté de faire un produit le plus réaliste possible et donc de prendre des comédiens qui font les premiers rôles en doublage de films.
Connaissant à présent tous ces comédiens, quand j’ai un produit à diriger j’associe assez naturellement un comédien français au comédien de la VO puisque je connais leur timbre et leur personnalité. Et évidemment, RS Doublage est l’outil unique et indispensable pour faire une distribution. Les chaînes sont généralement rassurées que l’on prenne un comédien qui a déjà doublé le comédien original, et les comédiens aiment retrouver un comédien qu’ils ont déjà doublé.
Je respecte aussi le travail des directeurs artistiques : si un DA a pensé à un comédien français pour doubler un rôle, il y a de bonnes chances que ce soit une bonne idée. Je recommande donc systématiquement aux comédiens de s’inscrire sur RS Doublage dès qu’ils ont travaillé sur plusieurs rôles majeurs.
R.S : Tu dois certainement être très sollicité par des comédiens qui démarrent dans cette discipline, souhaitent démarrer, ou y travaillent déjà mais que tu ne connais pas ou n'a jamais employés. Comment intègres-tu, justement, de "nouveaux" comédiens ?
M.R : J’ai la grande chance de former des comédiens au doublage chez Rhinocéros Formation. J’y vois environ 200 comédiens par an, qu’ils soient débutants ou très confirmés. Lorsque je n’y interviens pas comme DA, je fais les prises de son pour les DA qui interviennent dans ces masterclass et c’est un grand bonheur d’apprendre à leurs côtés. Une cinquantaine de DA sont déjà intervenus, merci à eux, et nous découvrons tous ainsi des comédiens que nous pouvons faire travailler sur nos produits.
R.S : De quelle langue préfères-tu avoir à faire la version française ?
M.R : Evidemment, la culture américaine me parle. Ma mère vit aux US depuis que j’ai 20 ans et souvent, dans les films ou séries américaines, je retrouve des situations ou des types de personnages que j’ai effectivement connus. Mais outre cette familiarité, je me sens à l’aise pour faire des VF depuis toute langue. Chez Disney, j’ai fait adapter des produits en 18 langues. Et donc écouté et validé des castings et des enregistrements dans des langues très différentes.
R.S : L'étape de la vérification avec l'auteur est-elle indispensable pour toi ? Je sais que certains directeurs artistiques ne la jugent pas forcément nécessaire dans la mesure où, si le texte est bon, elle est pour eux superfétatoire, et s'ils ne le trouvent pas bon, ils ne pourront de toute façon pas demander à l'auteur de toute refaire. De plus on n'a pas le temps, lors de la vérification, d'écouter l'original à chaque boucle avant d'écouter ce qu'a écrit l'auteur pour pouvoir comparer et voir s'il a été fidèle. Et enfin il y a toujours des petits ajustements qui sont fait lors de l'enregistrement, même si le texte est bon. Qu'en penses-tu, pour ta part ?
M.R : J’accorde une vraie importance au texte et à la synchro donc l’étape de vérif est essentielle. Je trouve souvent qu’il y a trop de mots et que l’on ne respecte pas assez le rythme de l’original. Je vois tout de suite si le nombre de battements de lèvres va coller ou pas. Je préfère accorder le temps qu’il faut en vérif et en prépa de mon côté pour avancer convenablement lors de l’enregistrement.
R.S : La version française de "Starsky et Hutch", par exemple, est considérée comme ayant eu une grande part dans le succès de la série. Et pourtant les comédiens français des deux rôles principaux, Jacques Balutin et Francis Lax, ont fait quelque chose d'assez éloigné de ce qu'avaient fait les comédiens américains. Cette "trahison", même si elle est pour le meilleur, en fin de compte, serait-elle possible aujourd'hui que tout le monde a facilement accès aux versions originales ? Et quel regard portes-tu sur cet aspect des choses ?
M.R : Il est vrai que durant la génération des Balutin, Lax, Djanik, les comédiens apportaient beaucoup de leur personnalité et fantaisie dans leur interprétation.
Comme on ne connaissait pas l’original, on se laissait porter par eux. Les distributeurs ne donnent plus carte blanche aujourd’hui.
R.S : Tu diriges aussi en voice over.
M.R : Oui, le hasard m’a conduit à être DA en fixe pendant quelques années dans des studios spécialisés en jeu vidéo puis en voice over et en pub. J’en fais donc encore mais j’ai une préférence pour le doublage de fiction et d’animation.
R.S : Tu es aussi comédien.
M.R : C’est un exercice qui n’est pas nouveau pour moi. Il y a 20 ans, je jouais déjà dans des courts métrages. Mais il m’a fallu du temps pour me consacrer davantage à la comédie. Là encore, c’est l’apprentissage auprès de nombreux DA et beaucoup de travail de mon côté qui me permettent de travailler comme comédien et j’y prends un grand plaisir.
R.S : Quels sont tes loisirs ?
M.R : J’aime la musique, suivre l’actualité, la politique, les documentaires, le sport et être dans la nature.
R.S : Merci beaucoup Mathieu.
M.R : Merci Reynald. Je navigue sur ton site depuis des années et te suis reconnaissant pour le travail passionné et sérieux que tu fais. Et, encore une fois, un grand merci à tous les DA qui font leur travail avec passion et qui osent donner leur chance aux comédiens. Ils sont bien sûr trop nombreux pour tous être cités.
Et pour finir, j’adresse un merci tout particulier à Catherine Le Lann.
Interview d'août 2018