R.S : Bonjour Jean.

J.V : Bonjour Reynald.

R.S : Quel a été votre parcours ? Il semblerait que le passage à la comédie ne soit pas venu immédiatement ?

J.V : Au contraire, j’ai commencé très jeune, peut-être trop. J’avais 16 ans. Mais au fond de ma province natale, je suis né à Wasquehal près de Tourcoing, il n’était pas envisageable, surtout pour ma mère, que cela puisse être un métier. J’ai perdu mon père à 13 ans et dès mes 18 ans j’ai dû tout arrêter pour aller à l’armée qui était obligatoire à l’époque. J’ai donc devancé l’appel pour pouvoir être libre afin de trouver un boulot rémunérateur au plus vite. Mais la vie en a décidé autrement. Nous étions en 1981 et la radio FM était devenue libre. J’ai donc été embarqué dans cette aventure et ça a duré 33 ans ! j’y suis entré comme animateur bénévole et j’en suis sorti PDG. J’ai quitté définitivement la radio en 2015.

R.S : Avez-vous une expérience de la scène et ou de la caméra ? Cela vous tente-t-il ou bien le travail au micro vous épanouit-il suffisamment ?

J.V : J’ai une petite expérience de la scène, à l’époque où je faisais du théâtre. La radio m’a fait découvrir le micro et redonner la possibilité d’interpréter. J’avoue que j’apprécie beaucoup l’expérience micro, quelle qu’elle soit. Je n’ai en revanche qu’une très légère expérience caméra, essentiellement pour des publicités. L’ironie de l’histoire est que c’est la pub qui m’a permis d’être rémunéré pour jouer la comédie et ainsi pouvoir boucler mes fins de mois. Faire de la radio FM à l’époque ne rapportait pas beaucoup. D’autant que la pub était interdite sur les radios libres. Je savais qu’à un moment elle serait autorisée et j’ai pris les devants en formant mes amis comédiens au micro, afin d’être prêt le moment venu. Et ça a cartonné.

R.S : Faites-vous toujours de la formation de comédiens de théâtre au micro ?

J.V : Non, je faisais cela dans les années 80. Puis, à partir des années 90, j’ai ensuite formé de jeunes animateurs radio au micro, en leur donnant l’envie de faire passer des émotions.

R.S : Comment êtes-vous arrivé au doublage ?

J.V : J’ai toujours fait des voix, pour des pubs mais aussi pour des documentaires. Avec d’autres comédiens dans ce domaine, on formait une petite bande. Un jour l’un d’eux nous a proposé de faire une formation de doublage. J’ai dit oui tout de suite. C’était en 1993. Cela m’a beaucoup plu et j’ai commencé à faire quelques dessins animés. Puis la grande grève des comédiens de doublage a commencé et on nous a demandé de ne pas donner suite aux propositions de doublage. J’avoue que je n’étais pas très au courant de ce qui se pratiquait ni des enjeux. Mais on a suivi le mouvement par solidarité et j’ai refusé 2 ou 3 fois. Il n’y pas eu de quatrième fois… Alors je suis passé à autre chose et j’ai continué dans le voice-over et les documentaires en parallèle de la radio. J’y suis revenu en 2018 en recommençant tout à zéro. La suite vous la connaissez.

R.S : Etait-ce une discipline qui vous parlait, si j'ose dire, avant que vous la pratiquiez vous-même ?

J.V : J’ai toujours été sensible aux voix. Quand j’étais jeune, je trouvais que les acteurs américains avaient tous une belle voix. Je ne m’imaginais pas que ce n’était pas eux qui parlaient. Quand j’ai compris que c’était des comédiens français qui les doublaient, cela a déclenché quelque chose chez moi qui ne s’est jamais éteint. Je suis fan des grandes voix de l’époque, de Jacques Thébault à Michel Gatineau et de Benoit Allemane à Dominique Paturel...

R.S : Regardez-vous les VF vous-même en tant que spectateur ?

J.V : Je ne regarde que ça. Tout d’abord pour la raison que je viens d’expliquer plus haut et aussi parce que je ne parle pas très bien l’anglais, c’est un euphémisme, et surtout je le comprends difficilement quand ça parle trop vite.

R.S : Quels sont vos loisirs ?

J.V : Je n’ai jamais considéré mon métier comme un travail au sens commun, donc mon principal loisir est de pratiquer mon métier autant que possible avec toujours la même passion. Sinon, en dehors de certaines lectures, je m’intéresse aux gens. J’aime les écouter, apprendre d’eux et m’enrichir de leurs forces et de leurs faiblesses. Observer les gens, c’est pour moi le début du travail d’acteur. Je suis un éternel apprenant.

R.S : Merci beaucoup Jean.

J.V : Merci Reynald et bravo pour ce que vous faites.

Interview d'août 2022