R.S : Bonjour Olivia.

O.D : Bonjour Reynald.

R.S : A partir de quel moment as-tu su que tu deviendrais comédienne ?

O.D : Pour ma part c'était un peu particulier. Mes parents sont comédiens, donc j'ai grandi parmi "les saltimbanques". C'est arrivé insidieusement, j'avais du plaisir à dire de beaux textes, à créer des personnages. En gros, j'ai toujours suivi des cours de théâtre, et au lycée j'ai fait un bac option théâtre. Et puis après j'ai suivi deux formations d'acteur très différentes l'une de l'autre, tout en jouant à côté afin de pouvoir accumuler ces fameux cachets.

R.S : Le théâtre a une grande place dans ta vie. Est-ce la première étape pour aborder les autres branches de la profession ?

O.D : Non je ne pense pas, il n'y a pas qu'une manière d'aborder la profession. Cela dit le théâtre est, je pense, le plus formateur et mérite la plus grande exigence quand il est bien enseigné et bien fait. Le théâtre n'est donc pas pour moi la première étape, mais permet en tout cas d'être plus caméléon.

R.S : Tu as commencé le doublage de quelle façon ?

O.D : J'ai eu la chance de rencontrer Jaqueline Cohen à 17 ans, qui m'a présentée à une de ses amies et directrice de plateau, Béatrice Delfe, que j'ai suivie pendant un an. C'est en fait ma maman de doublage. Elle m'a formée petit a petit, m'a fait confiance pour des rôles de plus en plus importants, et puis après c'est les démarches et l'effet boule de neige.

R.S : Quel a été ton sentiment, la première fois que tu as entendu ta voix sur une comédienne étrangère ?

O.D : Affreux !

R.S : Est-il facile d'oublier la technique ?

O.D : Au début non, après oui, et l'on se rend compte qu'on ne devrait peut-être pas. Mais en fait je pense que lorsqu'on est juste avec et l'acteur et le film, la technique suit. C'est une histoire de respiration.

R.S : Lorsqu'on double à plusieurs reprises une comédienne, comme c'est le cas pour toi avec Michelle Rodriguez par exemple, a-t-on plus de facilités à aborder le rôle, même s'il est forcément différent d'un film à l'autre ?

O.D : Sûrement sur certains plans, mais il est bon de toujours se laisser surprendre. Pénélope Cruz, que j'ai eu l'occasion de doubler dans trois de ses films, a été à chaque fois un vrai plaisir, car elle réussit à passer d'un style à l'autre avec une fantaisie bien à elle et une grande maîtrise. Et c'est absolument jouissif lorsqu'on est derrière la barre.

R.S : Le propre de l'acteur est de jouer et chaque branche de la profession apporte son lot de découvertes et d'expériences, n'est ce pas ?

O.D : Bien entendu. Je n'aime pas les tiroirs, les clichés. La preuve, je joue en ce moment le rôle de Géronte dans "Les Fourberies de Scapin" mis en scène par Omar Porras. Ce métier est fait pour moi de plusieurs branches, mais du même arbre, et chacune fait partie de l'acteur et apporte ses propres richesses. Malheureusement, aujourd'hui on a tendance à tout compartimenter. C'est très sclérosant, pour l'acteur, pour le public et pour l'art.

R.S : Quelles sont tes autres passions ?

O.D : Quand j'ai un peu de temps j'essaie de m'améliorer au violoncelle. Sinon je suis fana des chevaux. Et d'une extrême gourmandise.

R.S : Merci beaucoup Olivia.

O.D : Merci à toi.

Interview de janvier 2010