R.S : Bonjour Xavier.

X.T : Salut Reynald.

R.S : Quel a été ton parcours de comédien ?

X.T : A 14 ans, j'ai créé une compagnie de théâtre avec des amis et pu monter 2 pièces dans un des chapiteaux d'Annie Fratellini (merci à elle pour l'éternité !). Ensuite, à 16 ans, trois années au Conservatoire du XVIème arrondissement, sous la férule d'une femme extraordinaire (Annie Lavedan). A 19 ans, je passe le concours du Conservatoire Supérieur de Paris. Là, j'y obtiens le 1er prix Classique et intègre l'école dirigée par Jean-Laurent Cochet. Mais, en parallèle, je tente la classe libre chez Florent et y suis admis. Deux ans plus tard, je suis pris au CNSAD pour 3 ans avec comme professeurs : Pierre Vial, Daniel Mesguish et Jean-Pierre Vincent. Voilà pour la formation. Ensuite, et jusqu'à aujourd'hui, j'alterne entre théâtre (avec Gabriel Garran, Jean-Pierre Vincent, Jérôme Savary, Jacques Nichet, Jacques Weber, Jean-René Lemoine, Alain Ollivier, Bob Wilson et d'autres), cinéma (sous la direction de Peter Brook, Claude Zidi, Benoît Jacquot, Jacques Weber, Pascal Thomas, notamment) télévision (Hervé Baslé, Marc Rivière, Marion Sarrault, Jacques Weber, Denis Malleval, Denis Amar, Williams Crespin, Jacques Malaterre, Nicolas Herdt, Hakim Isker, etc.) et doublage (avec Hervé Icovic, Perrette Pradier, Jenny Gérard, Christèle Wurmser, Béatrice Delfe, Vanina Pradier, Marjorie Frantz, François Dunoyer, Marie Donnio, Annelise Fromont, Isabelle Brannens, Michel Derain, Frédérique Liebault, Anne Giraud, Julien Sibre, Nathalie Regnier, Jean-Marc Pannetier, Anne Massoteau, Cyrille Artaux, Annabelle Roux, Hervé Bellon, Guillaume Orsat, Marie-Christine Chevallier, Jean-Pascal Quilichini...).

R.S : Comment as-tu débuté dans le doublage ?

X.T : Par accident. A la sortie du CNSAD, Eric Deschaux (un peu nouveau dans le métier) bossait pour Dovidis et s'était retrouvé en charge de caster un unitaire TV sur l'aventure des Beach Boys (Summer dreams). Je n'avais jamais fait de doublage. En arrivant dans l'auditorium, j'ai compris que j'allais interpréter un des frères Williams avec plus de 150 lignes et quelques passages chantés. Tout ça en une journée. Un énorme stress. Une folie pour un premier RDV mais qui s'est révélé particulièrement formateur.

R.S : Quel regard portait sur cette activité le jeune apprenti comédien que tu étais au Conservatoire ?

X.T : Au Conservatoire, j'avais très peu de connaissance de ce métier et aucun lien avec ce milieu. Donc, par la force des choses, un regard distant, surtout béotien.

R.S : Est-ce une discipline dont il était question d'une façon ou d'une autre dans cette école ?

X.T : A l'époque il n'existait pas de cours de doublage. Je ne sais d'ailleurs pas s'il en existe aujourd'hui. Ce qui en soit est une hérésie quand on sait l'importance de cette activité pour tous les comédiens et notamment pour les anciens élèves du "Cons".

R.S : Tu as l'expérience de la scène, de la caméra, du micro... As-tu une préférence parmi toutes ces activités ?

X.T : Absolument pas. Chaque domaine a sa spécificité et son intérêt. Et pour le doublage, on est au plus proche de l'observation d'un autre acteur. Puis il s'agit d'interpréter en utilisant sa voix au maximum de ses possibilités, voire au delà de ses limites. Une journée de doublage est pour moi fréquemment une nouvelle aventure mentale et vocale.

R.S : Le doublage t'apporte-t-il des satisfactions artistiques similaires à celles que peuvent te procurer tes autres activités de comédien ?

X.T : Les satisfactions en doublage sont différentes des autres activités. Comme je le disais, elles me poussent à explorer ma voix dans des contrées différentes. Le doublage me permet aussi "d'incarner" des personnages loin de mon apparence. Je suis métis franco-guinéen. Mais ce métier me donne accès à des rôles interprétés par des Blancs, des Noirs, des Asiatiques, des Arabes, des Indiens, des gros, des maigres. Ca fait voyager hors de soi. Ensuite, à un autre niveau, je reste toujours fasciné, au delà de moi, par l'impact et l'influence d'une voix française sur un film étranger.

R.S : Quels sont tes hobbies ?

X.T : Je suis un dingue de sport. Plus jeune, je jouais au foot à haut niveau. Aujourd'hui, je pratique régulièrement le tennis. Sinon, même si cela peut paraître désuet, j'apprécie particulièrement me promener en forêt, dans tous les types de forêts. C'est un lieu qui m'apporte une certaine paix mais qui en même temps m'intrique, m'inquiète. Il faudrait que j'en parle à un psy.

R.S : Merci beaucoup Xavier.

X.T : Moi de même.

Interview de septembre 2016