R.S : Bonjour Anne-Laure.

A.L.G : Bonjour Reynald.

R.S : Quel a été ton parcours de comédienne ?

A.L.G : J’ai découvert le théâtre au collège au Conservatoire National de Troyes et, en parallèle, avec la Compagnie Humbert. J’y ai joué aussi bien des classiques comme "Antigone" que du boulevard tel que "Les Brèves de comptoir". Je me suis alors rendu compte que j’aimais autant les grands sentiments que la comédie. Après un bac littéraire, j’ai fait une licence des Arts du Spectacle à la Sorbonne Nouvelle, où j’ai abordé les grands auteurs contemporains tels qu’Edouard Bond ou Sarah Kane, tout en continuant ma formation pratique au Studio Alain de Bock, puis au cours Florent et au Studio Pygmalion. J’y ai appris le travail du corps, du clown et du jeu masqué sans jamais cesser d’interpréter les classiques. En 2006 j’ai monté la Compagnie Sans Interdit car je souhaitais être dans la création de nouveaux textes aussi bien que présente à toutes les étapes de conception d’un spectacle. Nous avons joué 3 spectacles pour adultes et pour enfants à Paris et en tournée: "Amour, kidnapping et poisson rouge", "Le journal de Grosse Patate" et "Il était une fois Noël en péril". Depuis 2013, après plus de 15 ans sur les planches, je me suis un peu plus intéressée à l’écran. J’ai joué dans des séries télé comme Hard (Canal+), Falco (TF1), Commissaire Magellan (France 3). Parallèlement j’ai eu envie d’écrire et de réaliser mes propres scénarios. J’ai réalisé "Pépin" et "Bataille Intime". Je suis actuellement en préparation de mon 3ème court métrage "Un caillou dans ma chaussure" et en écriture de mon 1er long métrage.

R.S : Ta façon d’aborder les rôles est-elle différente selon que tu joues sur scène, devant une caméra... ?

A.L.G : Evidemment. Au théâtre, le temps est notre allié. Il y a d’abord le travail à la table puis les répétitions où l’on peut prendre le temps de créer avec le metteur en scène et ses partenaires. On cherche ensemble, on entrevoit tous les parcours possibles de son personnage à l’intérieur de l’histoire. La lumière, la scénographie et les costumes qui arrivent souvent en fin de répétitions, sont aussi de nouveaux partenaires de jeu grâce auxquels notre personnage prend une nouvelle dimension sur scène et avec lesquels nous composons aussi. Ce n’est que très rarement le cas avec la caméra. Il faut aborder les choses autrement et accepter que bien plus d’éléments nous échappent. Le temps fait souvent défaut au cinéma ou à la télévision. Il est rare que l’on puisse longuement préparer son personnage avec le réalisateur avant le tournage ni même avec ses partenaires. C’est pourquoi, en général, je travaille avec une coach en amont des tournages pour préparer mes rôles. Avec elle, je peux essayer plein de pistes différentes afin d’arriver avec une proposition forte lors du tournage, tout en étant très réactive sur le plateau pour modifier, ajuster selon la vision du réalisateur et le jeu de mes partenaires.

R.S : Tu es scénariste également, est-ce que la comédienne qui est en toi intervient dans cette activité ?

A.L.G : Complètement. C’est d’ailleurs pour m’écrire des rôles que j’ai commencé l’écriture de scénarios. Et même si je commence à écrire pour les autres, j’écris toujours des personnages, des situations que j’aimerais interpréter. Ce qui est drôle c’est que je me rends compte qu’au théâtre je n’ai écrit que des comédies alors que je n’écris que des drames pour l’écran. Sans doute parce que l’écran permet que le spectateur soit si proche du personnage. On est dans son regard, dans son souffle. Du coup j’ai envie qu’il vive de grandes émotions...

R.S : Comment as-tu pris le chemin du doublage ?

A.L.G : J’ai toujours aimé explorer de nouveaux terrains de jeu. Et le doublage me titillait depuis longtemps mais me semblait un peu un monde à part. En 2011 j’ai profité d’un stage Afdas pour me former à cette technique puis je suis allée assister à des plateaux. J’ai eu la chance de commencer assez rapidement après le stage. Avec Philippe Carbonnier notamment, qui m’a très vite confié de très beaux rôles.

R.S : La technique particulière de cette activité a-t-elle été quelque chose de difficile à maîtriser pour toi ?

A.L.G : Pas tant que ça. Mais c’est surtout parce que j’ai pris le temps de me former en faisant un stage avec Patrick Floersheim, Jean Barney, Vincent Violette et Céline Monsarrat. Il me semble indispensable de prendre ce temps-là avant de s’essayer en vrai à la barre. Appréhender la technique pour pouvoir ensuite s’en libérer et laisser place au jeu. Ce n’est pas si simple.

R.S : As-tu une préférence parmi les activités qu'une comédienne peut exercer ?

A.L.G : Non. C’est ce que j’aime dans notre métier. La multiplicité des supports de jeu. C’est une chance. Et chaque activité nourrit l’autre je trouve. Depuis que je fais du doublage, il me semble que je suis aussi plus réactive sur un plateau de tournage par exemple.

R.S : Quels sont tes hobbies ?

A.L.G : Tout ce qui me permet de me nourrir et de m’évader. Le sport en général et les sensations fortes en particulier : saut à l’élastique, en parachute, le parapente. J’ai aussi la chance de pas mal voyager.

R.S : Merci beaucoup Anne-Laure.

Interview d'août 2016