R.S : Bonjour Léopoldine.

L.S : Bonjour Reynald.

R.S : Tu as commencé très jeune à jouer, avant même d'avoir passé ton Bac. Comment les choses se sont-elles faites ?

L.S : J’ai trois frères et sœurs (Alexandrine, Joséphine et Volodia) qui sont également comédiens et je suis la plus jeune de la fratrie. J’ai donc très jeune été assister à des plateaux de tournage, et ai eu très vite envie de m’y mettre aussi. A quatre ans et demi, j’ai insisté pour accompagner mes frères et sœurs au casting du film "Priez pour nous" dont la production cherchait une famille nombreuse avec des enfants de tous âges, et j’ai été choisie ! C’est comme ça que j’ai commencé à tourner.

R.S : Tu as été dans la classe libre de l’école Florent. Qu'est-ce qu'une "classe libre" et qu'as-tu tiré du passage dans cette classe ?

L.S : La classe libre est la classe concours du Cours Florent. Les cours étaient donc gratuits et le cursus un peu différent des classes normales où les élèves bossaient surtout des scènes. Nous avions des ateliers de plusieurs mois avec des intervenants, comédiens ou metteurs en scène, sur des textes complets. Mon meilleur souvenir est le travail approfondi que nous avons effectué avec J.P. Garnier sur l’œuvre de Koltès que j’ai découverte. J’avais beaucoup tourné de films, mais mon apprentissage de la scène s’est effectué au sein de ce cours. C’est un travail selon moi très différent. Ce n’est le même rapport au corps, au spectateur...

R.S : Comment as-tu fait tes premiers pas dans le doublage ?

L.S : J’ai fait mon premier doublage à 16 ans avec Christèle Wurmser dans la série "Regenesis" dans laquelle je doublais Ellen Page, alors quasiment inconnue.
J’ai été choisie grâce à des essais auxquels m’avait très gentiment emmenée mon amie Barbara Probst.

R.S : Etait-ce une discipline à laquelle tu pensais lorsque tu as décidé de devenir comédienne ?

L.S : Non, c’est une discipline que je connaissais très mal avant de la pratiquer. J’étais habituée à me post-synchroniser moi-même, mais c’est un exercice très différent.

R.S : L'acquisition de la technique particulière de cette discipline t'a-t-elle semblée difficile ?

L.S : Au début ce n’était pas évident. J’ai tendance à parler très vite et cela prend du temps d’arriver à comprendre comment se caler sur le rythme d’un acteur. C’est avec le temps que s’acquiert cette technique, et j’ai eu la chance que de nombreux directeurs de plateau le prennent avec moi pour me perfectionner.

R.S : Tu as déjà une expérience très riche dans tous les domaines (scène, caméra, micro). Si tu devais n'en choisir qu'un seul, lequel aurait ta préférence ?

L.S : C’est le cinéma qui aurait ma préférence car c’est là d’où je viens, là où c’est le plus naturel pour moi, où je me sens le plus à ma place. Mais heureusement que je n’ai pas à choisir. Ce qui est agréable dans notre métier, c’est aussi la diversité. Je pense qu’à ne faire qu’une seule chose, à la longue, je m’ennuierais.

R.S : Tu as été Cosette dans l'adaptation des "Misérables" de Victor Hugo que Josée Dayan a réalisée pour la télévision. Il y avait eu un nombre incalculable de Cosette avant toi. En avais-tu vu ? Et quels souvenirs gardes-tu de ce tournage ?

L.S : Non, j’avais lu le livre mais n’avais pas vu d’autres adaptations. J’avais conscience de jouer un grand personnage, et je me posais beaucoup de questions, ce qui m’a valu d’être taxée par G. Depardieu "d’actrice américaine". Il me faisait des grimaces pour me déconcentrer car il refusait que je me prenne trop au sérieux. Aujourd’hui j’en rigole mais à l’époque j’avais trouvé ça difficile à gérer. J’ai aussi fait de merveilleuses rencontres comme celle de John Malkovich. Je me souviens de lui sur le décor du bagne, poursuivant mon taxi pour l’aéroport juste pour me souhaiter un "joyeuse Noël". C’était un tournage très long et qui se passait à l’étranger (en Tchéquie). J’ai dû être très sérieuse avec les cours pour ne pas prendre de retard et continuer à avoir de bonnes notes, seule condition pour que je puisse continuer à tourner.

R.S : Quels sont tes hobbies ?

L.S : J’ai un groupe de pop Rock, The Small Ladies, que nous avons créé avec mon amie Lilly-Fleur Pointeaux et dans lequel je chante, écris et compose. Nous avons sorti un EP et un clip, The Owner, et nous commençons à touner pas mal en concert.

R.S : Merci beaucoup Léopoldine.

L.S : Merci Reynald :-)

Interview de février 2018