R.S : Bonjour Pauline.

P.V.M : Bonjour Reynald et enchantée !

R.S : Comment avez-vous su que vous seriez comédienne ?

P.V.M : Eh bien, j'ai commencé le théâtre à l'âge de huit ans. Mon premier rôle était Alice dans une adaptation d'Alice au Pays des Merveilles. Quelques-uns de mes amis me surnomment toujours comme ça car c'est un peu le pays dans lequel je vis encore (il est purement mental bien entendu) ! Cela va de pair avec les films qui nous ont fait rêver enfant : Une histoire sans fin, E.T., Star wars, Indiana Jones, les Goonies... Je me souviens que j'enviais les acteurs de pouvoir vivre ces aventures. Je voulais être à leur place. Ça ne me lâchait pas. J'ai grandi avec cette passion, ce besoin de jouer, de faire rêver, d'être pour l'autre. C'est une façon de répondre à votre question. C'est une chose qu'on ne mesure pas, on ne conçoit tout simplement pas vivre sans notre art. Une passion au sens classique, la volonté passive, plus forte que la réflexion. Et avec le temps c'est aussi le retour du public et la certitude de plaire qui font qu'on y croit toujours.

R.S : Dans quelle mesure votre formation vous a-t-elle aidée ?

P.V.M : J'ai eu des professeurs passionnants, déroutants aussi. A l'école, je reconnais avoir eu des "Maîtres" au sens jediiste du terme j'entends (de jedi) ! Et tous n'ont fait que renforcer ma passion et ma conviction que ce métier était fait pour moi. Aujourd'hui, je continue à me former et découvrir différentes techniques de l'acteur afin de ne jamais tomber dans une routine. Ce qui est génial c'est de vivre pleinement l'instant présent en situation de jeu autant que dans la vie. On ne pense pas à ce qu'on est en train de faire, mais on le vit dans sa chair. Cependant, il est des jours où lâcher prise est un vrai combat, c'est pour ça qu'il est bon de se sentir armé techniquement !

R.S : Jouer sur scène ou devant une caméra, est-ce différent ?

P.V.M : Non, il faut jouer vrai et jouer les émotions dans l'instant présent dans les deux cas, avoir tout son corps à l'écoute et tous les muscles en alerte. Après, bien sûr, si on est amené à jouer dans une grande salle de spectacle, une certaine technique vocale est nécessaire. De la même façon, on n'enchaîne pas 5 actes d'alexandrins raciniens sans avoir acquis les techniques respiratoires et les règles du théâtre classique. Je dirais que le théâtre est une merveilleuse école pour l'acteur quoi qu'il fasse par la suite.

R.S : Comment avez-vous commencé le doublage ?

P.V.M : Une chance énorme pour moi d'avoir découvert le doublage, car j'adore ça ! J'ai été choisie pour faire des épisodes dans la saison 2 de la série Lascars. A l'époque nous étions en impro à partir de textes écrits et non pas en synchro, les dessins ont été faits après nos enregistrements. Je peux vous dire qu'on a bien rigolé ! Mais pour faire du doublage, là aussi il faut se frotter à la technique. Alors j'ai fait un stage, puis j'ai parcouru les plateaux à la rencontre des plus grands !

R.S : Comment fait-on pour oublier complètement la technique et se concentrer uniquement sur le jeu ?

P.V.M : On regarde l'image d'abord et les émotions de l'acteur que l'on double, la situation, ce qu'il joue, ses yeux. Etrangement quand on double les yeux, on est synchrone dans la bouche ! C'est extra de se libérer de la technique, car c'est une vraie liberté d'acteur. Mais il faut du temps pour l'ingérer et le digérer, car au départ on est accaparé par la bande rythmo !

R.S : Lorsque vous travaillez sur un documentaire, une publicité... tout repose sur votre voix pour mettre en valeur l'intensité des images. Est-ce radicalement différent par rapport au doublage ?

P.V.M : C'est une autre façon de faire, il s'agit d'un témoignage. Cependant, une fois encore, il faut ressentir la véracité des propos, sinon ça ne fonctionne pas.

R.S : Que représente pour vous le mot création ?

P.V.M : Un acteur peut créer si on le lui demande, mais je dirais que le créateur est plus initiateur et donc peut être l'écrivain, le metteur en scène, le réalisateur. L'acteur est un exécuteur. Personnellement, il me faut une certaine liberté dans mon jeu, mais j'aime qu'on ait posé le cadre autour. Etre dirigée par un bon directeur d'acteurs, c'est le pied absolu ! Mais je m'égare. Pour moi une création c'est une œuvre qui naît à partir de rien. J'ai fait quelques créations, que j'appellerais volontiers performances. C'est-à-dire que j'ai inventé des formes scéniques. J'ai travaillé avec quelques chorégraphes qui m'ont ouverte à de nombreuses formes de créations.

R.S : Quels sont vos hobbies ?

P.V.M : Dans la vie active et le stress quotidien, mon plus grand plaisir c'est le sport. J'aime aller nager, courir, danser, boxer (oui, mon frère est entraîneur de boxe anglaise !) ou tout simplement faire du vélo, marcher, me balader. Marcher dans Paris, c'est un pur bonheur ! Si j'avais le temps, je rentrerais du boulot à pieds ! J'adore aussi m'installer confortablement et bouquiner un bon roman, écrire, regarder un bon film, voir un spectacle et faire la fête (de la bonne musique sur laquelle on peut danser peut me faire oublier d'aller me coucher) !

R.S : Merci beaucoup Pauline.

P.V.M : C'était très sympa, merci beaucoup Reynald !

Interview de juillet 2011