Marie-Laure Dougnac
Doublage
Documentaire
Sid & Judy (Judy Garland)
Voice-over
The Making of Incredible
Voix
Audiodescription
Le Dernier Refuge (Green Land)
Livre audio
Cadeaux Inestimables (de Danielle Steel)
Livre audio
Hello (de laura Trompette)
Livre audio
Il était une fois dans le métro (de Karen Merran)
Livre audio
La Belle de Jérusalem (de Sarit Yishai-Levi)
Voice-over
Floripa House (Mac Carol)
Formation
2004/2005 Femis Ateliers scenario. Classe libre de l'école Florent Promotion 1986
2011 Waide Somme Cinéma d'animation sur logiciel MAY
2011 Waide Somme Cinéma d'animation sur logiciel MAY
Cinéma
2020 "Alice" réalisé par Joséphine Mackerras, dans le rôle de Vera
1995 "Mo" réalisé par Yves-Noel François
1994 "Le petit Marguery" réalisé par Laurent Bénégui
1994 "Mireille et Barnabé aimeraient bien en avoir un"
1990 "Delicatessen" réalisé par Jean Jeunet et Caro César de la première oeuvre 1991
1986 "On a volé Charlie Spencer" réalisé par Francis Huster
1995 "Mo" réalisé par Yves-Noel François
1994 "Le petit Marguery" réalisé par Laurent Bénégui
1994 "Mireille et Barnabé aimeraient bien en avoir un"
1990 "Delicatessen" réalisé par Jean Jeunet et Caro César de la première oeuvre 1991
1986 "On a volé Charlie Spencer" réalisé par Francis Huster
Courts-métrages
1997 "Un ange passe" réalisé par Lionel Pouchard
1995 "Les lacets" réalisé par Stéphane Lelay
1990 "25 décembre 1958" réalisé par Diane Bertrand. César du court-métrage 1991
1989 "Foutaises" réalisé par Jean-Pierre Jeunet. César du court-métrage 1990
1995 "Les lacets" réalisé par Stéphane Lelay
1990 "25 décembre 1958" réalisé par Diane Bertrand. César du court-métrage 1991
1989 "Foutaises" réalisé par Jean-Pierre Jeunet. César du court-métrage 1990
Enseignement
2011/2012 Centre Factory Lyon Intervenante en Analyse Filmique
1993/1994 Ecole de l'acteur Florent professeur d'art dramatique
1993/1994 Ecole de l'acteur Florent professeur d'art dramatique
Télévision
1999 "Un bon fils" réalisé par Irène Jouannet. Prix du Festival de Luchon
1997 "La disgrâce" d'après Nicole Avril et réalisé par Dominique Baron
1996 "La Longue Marche de Bébé" réalisé par Christiane Spiero
1993 "Grossesse Nerveuse" réalisé par Denis Rabaglia
1992 "Mission d'Amour" réalisé par Dino Risi
1986 "Julien Fontanes : Un dossier facile" réalisé par Patty Villiers
1997 "La disgrâce" d'après Nicole Avril et réalisé par Dominique Baron
1996 "La Longue Marche de Bébé" réalisé par Christiane Spiero
1993 "Grossesse Nerveuse" réalisé par Denis Rabaglia
1992 "Mission d'Amour" réalisé par Dino Risi
1986 "Julien Fontanes : Un dossier facile" réalisé par Patty Villiers
Théâtre
2001 "La Vénitienne" mise en scène de Maurizio Scaparro
1999 "La Main Passe" de Feydeau - mise en scène de Gildas Bourdet. CADO, Théâtre National de Chaillot, Théâtre de la Criée. Tournée nationaleen 2000
1996 "Bonbon Acidulé" de Ricardo Sued - mise en scène de Ricardo Sued. Théâtre de la Colline. Texte aux Editions Actes Sud
1992 "Les Romantiques" de Catherine Lara - mise en scène d'Alfredo Arias. Théâtre du Chatelet. Reprise au Théâtre du Gymnase en 1993 et mise en scène de Lydie Callier
1992 "La Nuit des Rois" de Shakespeare - mise en scène de Jérôme Savary. Théâtre National de Chaillot
1989 "La Station Champbaudet" de Labiche - mise en scène de Jean Bouchaud. CADO d'Orléans, Théâtre de Boulogne-Billancourt
1988 "Le Menteur" mise en scène de Renaud Mouillac. Théâtre du Merlan, Marseille
1987 "Les Souffrances du Jeune Werther" d'après Werther - mise en scène de Filip Forgeau. Théâtre Gérard Philipe. Texte aux Editions Actes Sud
1999 "La Main Passe" de Feydeau - mise en scène de Gildas Bourdet. CADO, Théâtre National de Chaillot, Théâtre de la Criée. Tournée nationaleen 2000
1996 "Bonbon Acidulé" de Ricardo Sued - mise en scène de Ricardo Sued. Théâtre de la Colline. Texte aux Editions Actes Sud
1992 "Les Romantiques" de Catherine Lara - mise en scène d'Alfredo Arias. Théâtre du Chatelet. Reprise au Théâtre du Gymnase en 1993 et mise en scène de Lydie Callier
1992 "La Nuit des Rois" de Shakespeare - mise en scène de Jérôme Savary. Théâtre National de Chaillot
1989 "La Station Champbaudet" de Labiche - mise en scène de Jean Bouchaud. CADO d'Orléans, Théâtre de Boulogne-Billancourt
1988 "Le Menteur" mise en scène de Renaud Mouillac. Théâtre du Merlan, Marseille
1987 "Les Souffrances du Jeune Werther" d'après Werther - mise en scène de Filip Forgeau. Théâtre Gérard Philipe. Texte aux Editions Actes Sud
Interview
R.S : Bonjour Marie-Laure.
M.L.D : Bonjour Reynald.
R.S : Avant de devenir comédienne, vous avez entrepris des études qui vous ont dirigée vers une carrière de relation publique. Je crois savoir que, parallèlement, vous faisiez déjà du théâtre en amateur ?
M.L.D : Oui, bien que je vienne d'une "famille d'artistes" amateurs, passionnés de musique, théâtre, peinture, embrasser une carrière de comédien, c'était une autre histoire, et était-ce bien sérieux ? Aussi j'ai commencé par faire trois ans d'étude après le bac. Marketing, publicité, relations publiques ; des études avec stages en entreprise, qui m'ont conduite - il n'y a pas de hasard - dans un théâtre lyonnais qui ouvrait ses portes. Ce fut une approche différente du métier : j'ai vu d'abord l'envers du décor, les montagnes d'efforts qu'il faut fournir pour monter un spectacle, le promouvoir, faire bouger toute la "machine" administrative... Et puis j'ai vu aussi les comédiens aller et venir, répéter, jouer. Finalement, ce que j'ai cru longtemps comme une perte de temps fut une chance : celle d'acquérir une autonomie par rapport à mes parents, et de mettre à l'épreuve mes vraies envies. La synchronicité de la vie a fait le reste : en très peu de temps j'ai rencontré les personnes avec qui monter un premier spectacle, trouver une salle pour le produire, suivre un cours du soir... et partir à Paris.
R.S : C'est à Lyon que vous avez monté vos premiers spectacles avant de rejoindre la capitale et entrer au cours Florent. On dit que vos talents de comédienne étaient si exceptionnels que vous êtes passée directement en troisième année. Pouvez-vous en parler ?
M.L.D : Alors là, on vous a mal renseigné, ou vous exagérez ! Je fais partie de tous les provinciaux qui échouent tous à un moment ou à un autre sur les bancs de cette école. A l'époque, là encore j'ai eu de la chance : le cours était encore une toute petite structure, Florent était encore professeur - d'une culture inouïe et d'une pédagogie très mesurée - il avait le temps de rencontrer tous ses nouveaux élèves. Mon visage baroque, mon parcours déjà éclectique et ma détermination ont dû l'interpeller. Il est vrai que ma bonne volonté à être tout le temps sur scène et à donner le plus de répliques possible à tous mes camarades devaient être assez touchante. En tout cas la maladresse et le ridicule ne m'étouffaient pas ! Mais avec beaucoup de travail, on fait vite quelques progrès. Je ne crois pas au comédien "génial" naturellement. Faire le clown dans les couloirs pour faire rire la galerie ne signifie pas forcément que vous êtes en voie de faire une grande carrière de comique (ce que j'admire particulièrement). Il y a une disposition au départ, la joie de découvrir le texte théâtral avec tous les miroirs qu'il nous tend, le défi qu'on se lance à se montrer sur une scène ou un écran, l'envie de se projeter dans un personnage, mais surtout beaucoup de travail... Après, il ne s'agit que de rencontres plus ou moins réussies avec un rôle et une mise en scène.
R.S : C'est d'ailleurs pendant ces mêmes cours que votre carrière dans le doublage a commencé puisqu'on est venu vous chercher pour passer des essais.
M.L.D : Là encore, j'ai eu de la chance : j'avais déjà acquis une certaine autonomie, et je travaillais à mi-temps comme secrétaire de l'école. Mais "vivre de ce métier" était une sorte de spectre que tous les aînés nous agitaient comme une marotte chimérique. Un directeur de plateau est venu un jour à l'école et cherchait des voix jeunes pour doubler un film. J'ai fait des essais qui se sont avérés prometteurs. Il a fallu ensuite quelques temps pour que je sois "fidélisée" dans cette branche du métier.
R.S : Avez-vous de suite apprivoisé cette technique ?
M.L.D : Oui, il faut croire que j'aime la difficulté, car j'ai assez rapidement intégré la technique. Et cette discipline est devenue plutôt ludique pour moi. La vraie difficulté est de continuer à être bon comédien !
R.S : Vous êtes la "voix habituelle" d'Ally Walker et en suivant la série "Profiler" on oublie complètement l'existence du doublage tellement vous vous fondez dans le personnage et pourtant vos timbres de voix à toutes deux sont complètement différent ! Cela vous a-t-il dérouté au début ?
M.L.D : Le directeur de plateau de cette série m'a d'emblée demandé de placer ma voix dans les graves, ce qui n'est pas mon naturel de voix, même si j'ai une tessiture assez étendue paraît-il.
R.S : Ce genre de prestation ne passe pas inaperçu et je sais que moi-même j'ai beaucoup parlé de votre travail sur cette série. Avez-vous eu autant de plaisir que les téléspectateurs en prêtant votre voix à Ally Walker ?
M.L.D : Oui, comme toutes les actrices que j'ai pu doubler. D'abord parce que je suis toujours admirative de leur travail. Je me dis que je n'aurais jamais réussi à faire aussi bien qu'elles, donc je me laisse porter par le "modèle" que l'on me propose et je tente de rester le plus fidèle possible à l'original. Il est clair que le doublage me fait explorer des possibilités dans lesquelles je n'irais jamais de moi-même, fainéante besogneuse que je suis. Et comme tous mes camarades, je crois, j'éprouve une réelle satisfaction à sortir d'une journée de doublage, vidée, abrutie par des images répétitives et l'obscurité du studio, mais heureuse de m'être dépassée. Récemment, j'ai doublé le personnage de Sole dans "Volver". Je suis très fière de cette prestation, d'abord parce que c'est un film magistral et ensuite parce que toute ma famille est allé voir le film en V.F., et qu'ils ne m'ont pas reconnue. Pour "Le Seigneur des Anneaux", l'exercice consistait à retrouver une sorte d'inspiration lyrique un peu shakespearienne pour ces personnages à demi-humain. Il faut s'adapter à chaque nouveau film que vous doublez.
R.S : Si vous deviez définir le doublage, par rapport à votre expérience, que diriez-vous ?
M.L.D : Un point d'ancrage dans ce métier, et la conscience renouvelée que rien n'est jamais acquis.
R.S : En plus de votre carrière de comédienne, vous êtes également auteur et réalisatrice. Ce sont des activités qui ont pas mal de points communs en définitive ?
M.L.D : Le point commun c'est l'imaginaire. J'écris depuis longtemps. J'ai commencé par des petites bribes de scènes, de situations, de réflexions. Puis quelques nouvelles, puis des scénarios plus construits, courts d'abord, longs maintenant. Il est vrai que le métier de comédien vous place très souvent en situation d'attente, de frustration par rapport à votre "emploi" (quel mot horrible), de limitation par rapport aux résultats que vous pensez pouvoir atteindre. Outre le plaisir pur et simple d'écrire, d'ouvrir l'imaginaire, de suivre ses méandres, de le façonner comme un artiste peintre avec son sujet ou un sculpteur avec sa matière, l'écriture procure un sentiment de liberté. Mais là encore, attention aux illusions ! Les limites existent aussi (sinon ce ne serait pas drôle), et les contraintes qui viennent se placer ensuite pour que votre écriture "produise" quelque chose de partageable, c'est encore une autre étape. Ce qui me plaît dans la réalisation, c'est bien évidemment la direction des comédiens - ou des graphistes comme j'en ai eu l'occasion dans un film d'animation - mais aussi la direction artistique : harmoniser tous les ingrédients d'une recette.
R.S : Que ce soit au théâtre, au cinéma, à la télévision, en doublage, je pense que chacune de ces branches de la profession est un enrichissement perpétuel qui influe forcément sur l'évolution de votre carrière ?
M.L.D : Tous les modes d'expression se complètent. Il y a toujours matière à découvrir et à expérimenter.
R.S : Quand vos activités professionnelles vous en laissent le temps, quelles sont vos passions ?
M.L.D : En mode contemplatif et solitaire, j'aime regarder et écouter la nature, les livres, les beaux-arts, la photo, l'architecture. Découvrir et apprendre. Faire ma valise, partir loin ou traverser Paris à pieds, en musique ou en rêvant. En mode plus convivial, j'aime me retrouver en famille, m'occuper des enfants, revoir les amis, les aider à régler leurs problèmes, faire les fous et faire la fête. J'aime aussi prendre le temps de ne rien faire.
R.S : Merci beaucoup Marie-Laure.
M.L.D : You're welcome ! Le plaisir est pour moi ! Je vous en prie ! (Qu'est-ce qui est le plus synchrone sur la bande rythmo ?)
Interview d'avril 2007
M.L.D : Bonjour Reynald.
R.S : Avant de devenir comédienne, vous avez entrepris des études qui vous ont dirigée vers une carrière de relation publique. Je crois savoir que, parallèlement, vous faisiez déjà du théâtre en amateur ?
M.L.D : Oui, bien que je vienne d'une "famille d'artistes" amateurs, passionnés de musique, théâtre, peinture, embrasser une carrière de comédien, c'était une autre histoire, et était-ce bien sérieux ? Aussi j'ai commencé par faire trois ans d'étude après le bac. Marketing, publicité, relations publiques ; des études avec stages en entreprise, qui m'ont conduite - il n'y a pas de hasard - dans un théâtre lyonnais qui ouvrait ses portes. Ce fut une approche différente du métier : j'ai vu d'abord l'envers du décor, les montagnes d'efforts qu'il faut fournir pour monter un spectacle, le promouvoir, faire bouger toute la "machine" administrative... Et puis j'ai vu aussi les comédiens aller et venir, répéter, jouer. Finalement, ce que j'ai cru longtemps comme une perte de temps fut une chance : celle d'acquérir une autonomie par rapport à mes parents, et de mettre à l'épreuve mes vraies envies. La synchronicité de la vie a fait le reste : en très peu de temps j'ai rencontré les personnes avec qui monter un premier spectacle, trouver une salle pour le produire, suivre un cours du soir... et partir à Paris.
R.S : C'est à Lyon que vous avez monté vos premiers spectacles avant de rejoindre la capitale et entrer au cours Florent. On dit que vos talents de comédienne étaient si exceptionnels que vous êtes passée directement en troisième année. Pouvez-vous en parler ?
M.L.D : Alors là, on vous a mal renseigné, ou vous exagérez ! Je fais partie de tous les provinciaux qui échouent tous à un moment ou à un autre sur les bancs de cette école. A l'époque, là encore j'ai eu de la chance : le cours était encore une toute petite structure, Florent était encore professeur - d'une culture inouïe et d'une pédagogie très mesurée - il avait le temps de rencontrer tous ses nouveaux élèves. Mon visage baroque, mon parcours déjà éclectique et ma détermination ont dû l'interpeller. Il est vrai que ma bonne volonté à être tout le temps sur scène et à donner le plus de répliques possible à tous mes camarades devaient être assez touchante. En tout cas la maladresse et le ridicule ne m'étouffaient pas ! Mais avec beaucoup de travail, on fait vite quelques progrès. Je ne crois pas au comédien "génial" naturellement. Faire le clown dans les couloirs pour faire rire la galerie ne signifie pas forcément que vous êtes en voie de faire une grande carrière de comique (ce que j'admire particulièrement). Il y a une disposition au départ, la joie de découvrir le texte théâtral avec tous les miroirs qu'il nous tend, le défi qu'on se lance à se montrer sur une scène ou un écran, l'envie de se projeter dans un personnage, mais surtout beaucoup de travail... Après, il ne s'agit que de rencontres plus ou moins réussies avec un rôle et une mise en scène.
R.S : C'est d'ailleurs pendant ces mêmes cours que votre carrière dans le doublage a commencé puisqu'on est venu vous chercher pour passer des essais.
M.L.D : Là encore, j'ai eu de la chance : j'avais déjà acquis une certaine autonomie, et je travaillais à mi-temps comme secrétaire de l'école. Mais "vivre de ce métier" était une sorte de spectre que tous les aînés nous agitaient comme une marotte chimérique. Un directeur de plateau est venu un jour à l'école et cherchait des voix jeunes pour doubler un film. J'ai fait des essais qui se sont avérés prometteurs. Il a fallu ensuite quelques temps pour que je sois "fidélisée" dans cette branche du métier.
R.S : Avez-vous de suite apprivoisé cette technique ?
M.L.D : Oui, il faut croire que j'aime la difficulté, car j'ai assez rapidement intégré la technique. Et cette discipline est devenue plutôt ludique pour moi. La vraie difficulté est de continuer à être bon comédien !
R.S : Vous êtes la "voix habituelle" d'Ally Walker et en suivant la série "Profiler" on oublie complètement l'existence du doublage tellement vous vous fondez dans le personnage et pourtant vos timbres de voix à toutes deux sont complètement différent ! Cela vous a-t-il dérouté au début ?
M.L.D : Le directeur de plateau de cette série m'a d'emblée demandé de placer ma voix dans les graves, ce qui n'est pas mon naturel de voix, même si j'ai une tessiture assez étendue paraît-il.
R.S : Ce genre de prestation ne passe pas inaperçu et je sais que moi-même j'ai beaucoup parlé de votre travail sur cette série. Avez-vous eu autant de plaisir que les téléspectateurs en prêtant votre voix à Ally Walker ?
M.L.D : Oui, comme toutes les actrices que j'ai pu doubler. D'abord parce que je suis toujours admirative de leur travail. Je me dis que je n'aurais jamais réussi à faire aussi bien qu'elles, donc je me laisse porter par le "modèle" que l'on me propose et je tente de rester le plus fidèle possible à l'original. Il est clair que le doublage me fait explorer des possibilités dans lesquelles je n'irais jamais de moi-même, fainéante besogneuse que je suis. Et comme tous mes camarades, je crois, j'éprouve une réelle satisfaction à sortir d'une journée de doublage, vidée, abrutie par des images répétitives et l'obscurité du studio, mais heureuse de m'être dépassée. Récemment, j'ai doublé le personnage de Sole dans "Volver". Je suis très fière de cette prestation, d'abord parce que c'est un film magistral et ensuite parce que toute ma famille est allé voir le film en V.F., et qu'ils ne m'ont pas reconnue. Pour "Le Seigneur des Anneaux", l'exercice consistait à retrouver une sorte d'inspiration lyrique un peu shakespearienne pour ces personnages à demi-humain. Il faut s'adapter à chaque nouveau film que vous doublez.
R.S : Si vous deviez définir le doublage, par rapport à votre expérience, que diriez-vous ?
M.L.D : Un point d'ancrage dans ce métier, et la conscience renouvelée que rien n'est jamais acquis.
R.S : En plus de votre carrière de comédienne, vous êtes également auteur et réalisatrice. Ce sont des activités qui ont pas mal de points communs en définitive ?
M.L.D : Le point commun c'est l'imaginaire. J'écris depuis longtemps. J'ai commencé par des petites bribes de scènes, de situations, de réflexions. Puis quelques nouvelles, puis des scénarios plus construits, courts d'abord, longs maintenant. Il est vrai que le métier de comédien vous place très souvent en situation d'attente, de frustration par rapport à votre "emploi" (quel mot horrible), de limitation par rapport aux résultats que vous pensez pouvoir atteindre. Outre le plaisir pur et simple d'écrire, d'ouvrir l'imaginaire, de suivre ses méandres, de le façonner comme un artiste peintre avec son sujet ou un sculpteur avec sa matière, l'écriture procure un sentiment de liberté. Mais là encore, attention aux illusions ! Les limites existent aussi (sinon ce ne serait pas drôle), et les contraintes qui viennent se placer ensuite pour que votre écriture "produise" quelque chose de partageable, c'est encore une autre étape. Ce qui me plaît dans la réalisation, c'est bien évidemment la direction des comédiens - ou des graphistes comme j'en ai eu l'occasion dans un film d'animation - mais aussi la direction artistique : harmoniser tous les ingrédients d'une recette.
R.S : Que ce soit au théâtre, au cinéma, à la télévision, en doublage, je pense que chacune de ces branches de la profession est un enrichissement perpétuel qui influe forcément sur l'évolution de votre carrière ?
M.L.D : Tous les modes d'expression se complètent. Il y a toujours matière à découvrir et à expérimenter.
R.S : Quand vos activités professionnelles vous en laissent le temps, quelles sont vos passions ?
M.L.D : En mode contemplatif et solitaire, j'aime regarder et écouter la nature, les livres, les beaux-arts, la photo, l'architecture. Découvrir et apprendre. Faire ma valise, partir loin ou traverser Paris à pieds, en musique ou en rêvant. En mode plus convivial, j'aime me retrouver en famille, m'occuper des enfants, revoir les amis, les aider à régler leurs problèmes, faire les fous et faire la fête. J'aime aussi prendre le temps de ne rien faire.
R.S : Merci beaucoup Marie-Laure.
M.L.D : You're welcome ! Le plaisir est pour moi ! Je vous en prie ! (Qu'est-ce qui est le plus synchrone sur la bande rythmo ?)
Interview d'avril 2007