R.S : Bonjour Daniel.

D.G : Bonjour Reynald.

R.S : Comment avez-vous compris que vous seriez artiste ?

D.G : Je ne l'ai jamais compris : je préparais une licence de lettres à la Fac de Bordeaux et déjà je faisais partie de trois compagnies théâtrales. Une fois ma licence en poche, je me suis inscrit à la Sorbonne en Philologie grecque (!) et le jour de mes vingt ans, je "montais" à Paris.

R.S : Le moment où tout s'est concrétisé doit être gravé dans votre mémoire ?

D.G : Je me demande ce qui fut le plus concret : mes premiers pas au Cours Dullin, mes premiers pas sur le plateau du TNP, mon admission au centre de la rue Blanche ou tout simplement mon premier cachet !

R.S : Etre devant un public ne donne pas le droit à l'erreur ! Impossible de refaire la prise ! Pour vous, est-ce une pression ou un moteur formidable ?

D.G : Pour moi, indubitablement, c'est un moteur, c'est le trac, l'adrénaline, l'exaltation, le vrai risque, mais aussi le vrai plaisir, la vraie respiration.

R.S : Le doublage est entré dans votre vie de quelle façon ?

D.G : Par chance et par hasard : un très bon copain, Jacques Ruisseau, était assistant de Serge Luguenne, au Poste Parisien. Il m'a convoqué un samedi matin pour faire un essai sur "Les Incorruptibles" et, le même jour, un comédien s'est désisté ! Je l'ai donc remplacé au pied levé et peu de temps après, j'ai fait des essais sur "La Grande Vallée", puis sur "L'homme de fer", etc.

R.S : Evidemment, je ne peux m'empêcher de vous parler de "Goldorak" dont la sortie DVD en 2005 fut un événement très attendu pour toute une génération. Quel regard portez-vous sur ce phénomène auquel vous avez participé en prêtant votre voix à Actarus ?

D.G : Quant à "Goldorak", ce fut une aventure amusante : nous avons commencé les enregistrements sans savoir si la série serait diffusée, Madame Joubert la trouvant trop violente ! On connaît la suite. Mais je reste étonné du succès encore vivace pour une certaine génération ; en témoignent les manifestations, comme Japan Expo, les courriers de fans, j'en passe...

R.S : Vous avez également doublé Gary Cooper pour la sortie DVD de certains films. Ce ne doit pas être facile de garder l'ambiance de l'époque, la façon de jouer était totalement différente !

D.G : J'ignorais la sortie DVD de "L'homme de l'Ouest" ou de "L'extravagant Mr.Deeds", j'ai enregistré ces deux films dans les années 76. Je vais m'empresser de vérifier, mais peut-être y a-t-il eu un doublage plus récent, sinon bonjour les droits !

R.S : Depuis le 12 mars 2005, un accord prévoit une rémunération obligatoire pour l'exploitation du travail des acteurs dans le doublage. Ceci doit être une grande satisfaction, d'autant que vous en êtes à l'origine !

D.G : L'accord (Convention DAD.R) signé le 6 janvier 2005 et étendu par le Ministre le 12 mars 2005 ne prévoit pas, il est obligatoire pour toutes les entreprises sur tout le territoire national. Un nouveau contrat, de travail et de propriété intellectuelle, protège maintenant les artistes-interprètes, avec des périodes d'achat de droits de 10 à 50 ans. L'accord précise aussi des indemnités compensatoires pour tous les doublages effectués avant fin 2003 (gérés pour une part par Audiens et pour l'autre part par l'Adami ) et le rattrapage des droits non payés entre le 01/01/2004 et le 12/03/2005. Difficile d'être bref sur un tel sujet qui, effectivement, m'a mobilisé depuis plus de douze ans, chaque mois, chaque semaine, pour une négociation qui a duré réellement 57 mois. La loi est enfin inscrite dans notre secteur d'activité, aux comédiens de la faire respecter !

R.S : Le métier de comédiens est très diversifié, si vous deviez donner une définition qui engloberait toutes ces facettes, que diriez-vous ?

D.G : J'ai pratiqué presque toutes les disciplines de ce métier : théâtre, cinéma (très peu), télévision, doublage, publicité, commentaires, voix off et je crois que le plus important est la disponibilité du comédien, quel que soit le mode d'expression.

R.S : En dehors de votre métier, quelles sont vos passions ?

D.G : J'en ai beaucoup : les voyages, le sport, le bricolage, mes enfants et petits enfants, et mon chien qui, lui, a une passion pour les studios de doublage.

R.S : Merci beaucoup Daniel.

D.G : Ce fut un plaisir, merci Reynald et au revoir.

Interview de février 2006