Solange Boulanger
Doublage
Voix
CD-ROM
Jeux éducatifs VTECH
Narration & Voice-over
Arte, Canal+, France 5, Planète...
Publicité
DVD Barbie (Mattel)
Formation
Cours Charpentier (comédie et mime)
Stages de perfectionnement auprès de Sylvain Cortay, Anna Prucnal, Jeanne Labrune, et avec les formateurs du Théatre Gitis de Moscou
Stages de perfectionnement auprès de Sylvain Cortay, Anna Prucnal, Jeanne Labrune, et avec les formateurs du Théatre Gitis de Moscou
Cinéma et Télévision
Elle tourne sous la direction d'Eric Rohmer, Jeanne Labrune, Jean-Paul Sassy, Guy Jorré, Claude Couderc, Laurent Heynemann... et réalise la musique du film "La chambre Obscure", de Marie-Christine Questerbert
Concerts lectures
2010/2011 "Trois enfants du siècle"
Concerts spectacles
2010 "Florimène and the Seasons". L'Archipel
Radio
Pour France Culture elle produit, réalise et interprète avec le musicien Henri Agnel, deux séries de contes musicaux : Les Lais de Marie De France et Magies et Diableries. Elle participe également à différentes dramatiques et lectures, sous la direction de Claude Roland-Manuel, Arlette Dave, Jacques Taroni, Georges Peyrou, Christine Bernard-Sugy, Isabelle Yhuel
Théâtre
Dans plusieurs théâtres parisiens (Renaud-Barrault, Lucernaire, Comédie de Paris, Théâtre de la Cité internationale...), au Festival d'Avignon et en tournée, elle joue entre autres Marlowe, Molière, Kleist, Boulgakov, Goethe, Oscar Wilde, Supervielle, sous la direction d'Alain Sachs, Michel Hermon, Daniel Girard, Nicole André, Pierre Spadoni, Jean Lescouarnec...
Elle organise également, en compagnie d'autres artistes, des lectures-concerts autour de différents thèmes ou auteurs (la Princesse Palatine, Colette, Eloge de la Féminité, Eloge du verbe et de la musique, Littérature sud-africaine...) présentés en festivals, en médiathèques et centres culturels
Elle organise également, en compagnie d'autres artistes, des lectures-concerts autour de différents thèmes ou auteurs (la Princesse Palatine, Colette, Eloge de la Féminité, Eloge du verbe et de la musique, Littérature sud-africaine...) présentés en festivals, en médiathèques et centres culturels
Théâtre musical
A Paris (festival du Marais, de la Conciergerie), au festival d'Avignon et en tournée internationale, elle participe à des spectacles sur le Moyen Age avec les ensembles Perceval, Guillaume de Machaut, Concert dans l'oeuf, à de grands récits musicaux (le conte du Graal, les mille et une nuits, le cycle du roi Arthur diffusés sur France Culture) et autres contes traditionnels, sous la direction de Bruno De La Salle et Abbi Patrix
Interview
R.S : Bonjour Solange...
S.B : Bonjour Reynald.
R.S : Quand avez-vous senti pour la première fois votre don pour la comédie ?
S.B : J'avais 13 ans, je me suis battue pour monter "Le Barbier de Séville" dans mon collège ; j'ai organisé le casting, composé des musiques, signé la mise en scène, prévu les décors et me suis tout simplement attribué le rôle de Figaro. Ce fut un grand moment pour le collège, et aussi pour moi. Quand j'y pense, ce spectacle devait être une vraie catastrophe, mais mon inconscience et ma passion ont dû me sauver du ridicule. Je revois le réfectoire qui fut ma première scène, et je me souviens des émotions que j'y ai ressenties. J'ai eu le sentiment d'être juste au bon endroit, au bon moment.
R.S : Pendant votre formation, il n'y a pas eu seulement la comédie mais aussi le mime. J'imagine que cela aide énormément au niveau du corps lorsqu'on est sur scène, devant une caméra ?
S.B : Avec le mime, on acquiert la conscience de notre propre schéma corporel, on apprend à observer la morphologie d'une personne, sa gestuelle, ses rythmes, ses déplacements, ses tics, ses fragilités et ses points forts. Le corps est parlant, on peut tous percevoir un être avant qu'il ait prononcé un seul mot. C'est cette forme de curiosité que j'ai appris à développer et qui m'a toujours passionnée. Je m'en sers constamment dans la vie courante, et lorsque j'interprète un personnage. L'un de mes plus beaux rôles au théâtre fut celui d'une muette...
R.S : Comment avez-vous pris le chemin du doublage ?
S.B : Josiane Pinson m'a un jour proposé de l'accompagner sur un plateau. J'ai découvert une technique qui m'était totalement étrangère, je trouvais cela fascinant. Je me souviens de mon premier essai : lorsque je me suis lancée, ce fut tellement vertigineux pour moi que j'ai eu la sensation de faire un saut dans le vide ! Après, je me suis assise durant des dizaines d'heures dans des studios, à observer mes camarades et à engloutir des kilomètres de bandes rythmo. Pierre Trabaud et Bernard Tiphaine m'ont fait faire mes premiers enregistrements, je leur en suis très reconnaissante. C'est très enrichissant. L'objectif final est le suivant : faire oublier au spectateur que la voix qu'il entend n'est pas celle de l'acteur qu'il voit à l'image. C'est une exigence énorme. Pour réussir à être en harmonie avec une autre énergie, un autre rythme, une autre respiration que la nôtre, il faut une certaine humilité, un respect du jeu de celui ou celle que vous doublez, il faut pouvoir intégrer rapidement plusieurs paramètres à la fois. La palette de personnages qu'on peut interpréter est beaucoup plus importante qu'au théâtre ou au cinéma puisqu'on n'est pas visible. Nos caractéristiques physiques (blond, brun, grand, petit etc.) ne sont donc pas déterminantes pour rendre un personnage crédible, mais l'investissement personnel reste entier ; il faut faire preuve d'intuition, de spontanéité, de réactivité, de créativité aussi, car il reste toujours une part d'interprétation personnelle dans ce travail de restitution.
R.S : Lorsqu'on double une comédienne étrangère pendant 18 ans, comme ce fût le cas pour vous avec Shae Harrison de la série "Amour, gloire et beauté", est-ce un plaisir ?
S.B : J'ai eu beaucoup de plaisir à doubler cette comédienne. C'était un rôle secondaire dans la série, mais elle avait beaucoup de présence et elle était très attachante. Ces rendez-vous réguliers avec votre personnage sont assez troublants, c'est une forme de relation très intime qui se met en place, un véritable jeu de miroir. Un trio s'est créé et a évolué ensemble sur 18 années : le personnage, la comédienne qui joue, et celle qui la double. Je sais comment elle rit, comment elle pleure, comment elle bégaie, je connais sa façon de bouger. Je peux même anticiper ses réactions, à force de la fréquenter j'ai intégré son rythme. Ce rôle est terminé hélas, puisque le personnage est mort. Après ces années de compagnonnage, j'aimerais beaucoup rencontrer Shae Harrison, j'ai tellement l'impression de la connaître !
R.S : Prêter sa voix à un personnage animé cela apporte peut-être un peu plus de liberté dans le jeu ?
S.B : Comme toujours la liberté naît de contraintes. Doubler un personnage de dessin animé demande une technique particulière, une bonne connaissance de nos possibilités vocales, car les voix sont rarement naturelles, les situations et les personnages sont parfois outrés. Il faut faire confiance à notre part d'enfance, à notre intuition, être extrêmement disponible à ce qui nous est proposé. Il faut être capable d'être en empathie avec le crocodile, le moustique et la fée, etc. que vous avez à doubler, être "juste" par rapport à l'image, en faire ni trop ni trop peu. Mais une fois que vous avez cerné vos personnages, trouvé leur voix et leur style, c'est un grand plaisir, vous pouvez vraiment vous amuser et trouver votre espace de liberté.
R.S : En tant que comédienne, comment met-on une part de créativité lorsqu'on interprète un rôle qu'une autre personne a écrit ?
S.B : L'auteur c'est l'inventeur, celui qui imagine une histoire, des personnages, au même titre que le compositeur propose une partition pour un ou plusieurs instruments, avec une construction, des directives, des nuances, un univers. Cette partition c'est le point de départ sans lequel l'œuvre ne peut exister. L'instrumentiste tient compte dans son interprétation de tous les paramètres proposés par le compositeur et éventuellement le chef d'orchestre. Mais il va aussi mettre sa technique, sa sensibilité, son inspiration au service de l'œuvre, et c'est là qu'il pourra donner libre cours à toute sa créativité. Je pense que c'est pareil pour un comédien. La lecture et le respect du texte proposé, les indications d'un metteur en scène, la prise en compte de toutes les règles du jeu, toutes ces informations vont lui tracer la voie, le canaliser, et lui permettre de s'exprimer, de s'engager sincèrement, de donner vie à son personnage en lui insufflant une part de son propre imaginaire, et la marge est énorme !
R.S : Quels sont vos hobbies ?
S.B : J'ai besoin du sport pour assouplir et muscler mon corps et mon mental, j'adore cultiver mon jardin (j'y apprends énormément de choses), me plonger dans un bon livre, aller au cinéma, au concert ; vivre sans musique me serait impossible...
R.S : Merci beaucoup Solange.
S.B : Merci à toi Reynald pour tes questions, elles m'ont permis de me livrer à de nouvelles réflexions sur ce métier, c'est toujours enrichissant de réfléchir à ce qu'on fait...
Interview de mars 2008
S.B : Bonjour Reynald.
R.S : Quand avez-vous senti pour la première fois votre don pour la comédie ?
S.B : J'avais 13 ans, je me suis battue pour monter "Le Barbier de Séville" dans mon collège ; j'ai organisé le casting, composé des musiques, signé la mise en scène, prévu les décors et me suis tout simplement attribué le rôle de Figaro. Ce fut un grand moment pour le collège, et aussi pour moi. Quand j'y pense, ce spectacle devait être une vraie catastrophe, mais mon inconscience et ma passion ont dû me sauver du ridicule. Je revois le réfectoire qui fut ma première scène, et je me souviens des émotions que j'y ai ressenties. J'ai eu le sentiment d'être juste au bon endroit, au bon moment.
R.S : Pendant votre formation, il n'y a pas eu seulement la comédie mais aussi le mime. J'imagine que cela aide énormément au niveau du corps lorsqu'on est sur scène, devant une caméra ?
S.B : Avec le mime, on acquiert la conscience de notre propre schéma corporel, on apprend à observer la morphologie d'une personne, sa gestuelle, ses rythmes, ses déplacements, ses tics, ses fragilités et ses points forts. Le corps est parlant, on peut tous percevoir un être avant qu'il ait prononcé un seul mot. C'est cette forme de curiosité que j'ai appris à développer et qui m'a toujours passionnée. Je m'en sers constamment dans la vie courante, et lorsque j'interprète un personnage. L'un de mes plus beaux rôles au théâtre fut celui d'une muette...
R.S : Comment avez-vous pris le chemin du doublage ?
S.B : Josiane Pinson m'a un jour proposé de l'accompagner sur un plateau. J'ai découvert une technique qui m'était totalement étrangère, je trouvais cela fascinant. Je me souviens de mon premier essai : lorsque je me suis lancée, ce fut tellement vertigineux pour moi que j'ai eu la sensation de faire un saut dans le vide ! Après, je me suis assise durant des dizaines d'heures dans des studios, à observer mes camarades et à engloutir des kilomètres de bandes rythmo. Pierre Trabaud et Bernard Tiphaine m'ont fait faire mes premiers enregistrements, je leur en suis très reconnaissante. C'est très enrichissant. L'objectif final est le suivant : faire oublier au spectateur que la voix qu'il entend n'est pas celle de l'acteur qu'il voit à l'image. C'est une exigence énorme. Pour réussir à être en harmonie avec une autre énergie, un autre rythme, une autre respiration que la nôtre, il faut une certaine humilité, un respect du jeu de celui ou celle que vous doublez, il faut pouvoir intégrer rapidement plusieurs paramètres à la fois. La palette de personnages qu'on peut interpréter est beaucoup plus importante qu'au théâtre ou au cinéma puisqu'on n'est pas visible. Nos caractéristiques physiques (blond, brun, grand, petit etc.) ne sont donc pas déterminantes pour rendre un personnage crédible, mais l'investissement personnel reste entier ; il faut faire preuve d'intuition, de spontanéité, de réactivité, de créativité aussi, car il reste toujours une part d'interprétation personnelle dans ce travail de restitution.
R.S : Lorsqu'on double une comédienne étrangère pendant 18 ans, comme ce fût le cas pour vous avec Shae Harrison de la série "Amour, gloire et beauté", est-ce un plaisir ?
S.B : J'ai eu beaucoup de plaisir à doubler cette comédienne. C'était un rôle secondaire dans la série, mais elle avait beaucoup de présence et elle était très attachante. Ces rendez-vous réguliers avec votre personnage sont assez troublants, c'est une forme de relation très intime qui se met en place, un véritable jeu de miroir. Un trio s'est créé et a évolué ensemble sur 18 années : le personnage, la comédienne qui joue, et celle qui la double. Je sais comment elle rit, comment elle pleure, comment elle bégaie, je connais sa façon de bouger. Je peux même anticiper ses réactions, à force de la fréquenter j'ai intégré son rythme. Ce rôle est terminé hélas, puisque le personnage est mort. Après ces années de compagnonnage, j'aimerais beaucoup rencontrer Shae Harrison, j'ai tellement l'impression de la connaître !
R.S : Prêter sa voix à un personnage animé cela apporte peut-être un peu plus de liberté dans le jeu ?
S.B : Comme toujours la liberté naît de contraintes. Doubler un personnage de dessin animé demande une technique particulière, une bonne connaissance de nos possibilités vocales, car les voix sont rarement naturelles, les situations et les personnages sont parfois outrés. Il faut faire confiance à notre part d'enfance, à notre intuition, être extrêmement disponible à ce qui nous est proposé. Il faut être capable d'être en empathie avec le crocodile, le moustique et la fée, etc. que vous avez à doubler, être "juste" par rapport à l'image, en faire ni trop ni trop peu. Mais une fois que vous avez cerné vos personnages, trouvé leur voix et leur style, c'est un grand plaisir, vous pouvez vraiment vous amuser et trouver votre espace de liberté.
R.S : En tant que comédienne, comment met-on une part de créativité lorsqu'on interprète un rôle qu'une autre personne a écrit ?
S.B : L'auteur c'est l'inventeur, celui qui imagine une histoire, des personnages, au même titre que le compositeur propose une partition pour un ou plusieurs instruments, avec une construction, des directives, des nuances, un univers. Cette partition c'est le point de départ sans lequel l'œuvre ne peut exister. L'instrumentiste tient compte dans son interprétation de tous les paramètres proposés par le compositeur et éventuellement le chef d'orchestre. Mais il va aussi mettre sa technique, sa sensibilité, son inspiration au service de l'œuvre, et c'est là qu'il pourra donner libre cours à toute sa créativité. Je pense que c'est pareil pour un comédien. La lecture et le respect du texte proposé, les indications d'un metteur en scène, la prise en compte de toutes les règles du jeu, toutes ces informations vont lui tracer la voie, le canaliser, et lui permettre de s'exprimer, de s'engager sincèrement, de donner vie à son personnage en lui insufflant une part de son propre imaginaire, et la marge est énorme !
R.S : Quels sont vos hobbies ?
S.B : J'ai besoin du sport pour assouplir et muscler mon corps et mon mental, j'adore cultiver mon jardin (j'y apprends énormément de choses), me plonger dans un bon livre, aller au cinéma, au concert ; vivre sans musique me serait impossible...
R.S : Merci beaucoup Solange.
S.B : Merci à toi Reynald pour tes questions, elles m'ont permis de me livrer à de nouvelles réflexions sur ce métier, c'est toujours enrichissant de réfléchir à ce qu'on fait...
Interview de mars 2008