Emmanuel Lemire
Doublage
télévision, VOD & DVD
2022
télévision, VOD & DVD
2016
Petits meurtres et chrysanthèmes : Mystère et chrysanthèmes (Officier Dunn)
Voix
Disques
Disques promotionnels Gallimard Jeunesse 2006 et 2007 (extraits des śuvres)
Disques
Ecouter/Lire (Gallimard) : Artémis Fowl (Eoin Golfer) : Foaly
Publicité
Caisse d’Epargne
Publicité
iPhone 3G
Publicité
La Banque Postale
Publicité
Maggi
Publicité
SNCF
Publicité
Voyage d’Hermčs
Formation
2014/2016 Blanche Salant (Master Class avec Blanche Salant)
2013/2014 Cours Blanche Salant (troisième année)
2012-2013 Cours Blanche Salant et Paul Weaver (première année)
2010 Stage de poésie, André Markowicz, Jean-Yves Ruf (TNS)
2009 Stage Philippe Adrien et Dominique Boissel (la Tempête)
2005 Stage Olivier Nolin et Catherine Hubeau : L'Acteur et la Caméra
1992 Cours Sybil Maas et Olivier Lebeaut
1990/1991 Cours Jean Périmony
1989 Cours Yves Pignot ("LEDA")
Chant : Travail avec Michel Frantz, Jean-Marie Sénia, Muriel Sreissfeld (Meredith)
Danse : Travail avec Sylvie Vaudano
2013/2014 Cours Blanche Salant (troisième année)
2012-2013 Cours Blanche Salant et Paul Weaver (première année)
2010 Stage de poésie, André Markowicz, Jean-Yves Ruf (TNS)
2009 Stage Philippe Adrien et Dominique Boissel (la Tempête)
2005 Stage Olivier Nolin et Catherine Hubeau : L'Acteur et la Caméra
1992 Cours Sybil Maas et Olivier Lebeaut
1990/1991 Cours Jean Périmony
1989 Cours Yves Pignot ("LEDA")
Chant : Travail avec Michel Frantz, Jean-Marie Sénia, Muriel Sreissfeld (Meredith)
Danse : Travail avec Sylvie Vaudano
Cinéma
2016 "Cigarettes et chocolat chaud" réalisé par Sophie Reine
2010 "L'âge de raison" réalisé par Yann Samuell, dans le rôle du papa de Marguerite (Sophie Marceau)
2003 "Jeux d'enfants" réalisé par Yann Samuell, dans le rôle du médecin #1
2010 "L'âge de raison" réalisé par Yann Samuell, dans le rôle du papa de Marguerite (Sophie Marceau)
2003 "Jeux d'enfants" réalisé par Yann Samuell, dans le rôle du médecin #1
Courts métrages
2013 "Tom" réalisé par Andrea Cohen-B, dans le rôle de Tom ; avec Lola Creton & Arthur Dupont
2006 "La salle de bain d'Albert" réalisé par Marie-Laure Dougnac, dans le rôle d'Albert
1997 "Cata-Clysm" réalisé par Yann Samuell
1997 "Teddy" réalisé par Yann Samuell
1997 "Ah ! Que la France est belle" réalisé par Pascal Boulanger
1993 "Poursuite mortelle" réalisé par Maxime Jouy
1992 "L'Absent" réalisé par Didier Blasco
2006 "La salle de bain d'Albert" réalisé par Marie-Laure Dougnac, dans le rôle d'Albert
1997 "Cata-Clysm" réalisé par Yann Samuell
1997 "Teddy" réalisé par Yann Samuell
1997 "Ah ! Que la France est belle" réalisé par Pascal Boulanger
1993 "Poursuite mortelle" réalisé par Maxime Jouy
1992 "L'Absent" réalisé par Didier Blasco
Langues
Anglais (bon) – italien – bonnes notions de prononciation allemande
Musique
Piano
Publicités
1998 "Norauto : la Poubelle & Le Dîner" 2 films publicitaires par Rémy Belvaux pour Quad Productions
1997 "Alcatel"
1990 "Les Scouts de France" film promotionnel
1997 "Alcatel"
1990 "Les Scouts de France" film promotionnel
Radio
De très nombreuses fictions pour France Culture et France Inter, et en particulier :
"La Reine Didon" d'Anne Sibran (Christine Bernard-Sugy) : le narrateur
"Les Biens Immobiles" de Samuel Gallet (Christine Bernard-Sugy) : Clément
"Rendez-moi ma colère" de Nathalie Kuperman (Jean Couturier) : le narrateur
"Le Viêt-Nam du soldat Golt" (Christine Bernard-Sugy) : Lewis
"Les mers Rouges" de Lilian Atlan (Christine Bernard-Sugy) : David
"Sam Shepard, l'homme né de ses œuvres" de Robert Cordier (Myron Meerson) : l'ange
De très nombreuses émissions pour France Culture et France Inter, et en particulier :
"Poésie sur parole" (France Culture) : Pessoa, Cendrars, Apollinaire, Ovide, Villon, Chorée, Soupault, Lian, Barnes, Pasolini, Dotremont, Le Sidan, Eluard, de Roux, Pétrarque, Dib, Moreau...
"Les chemins de la connaissance" (France Culture)
"Science Culture" (France Culture)
"Le livre du jour" (France Culture)
"Texte intégral" (France Culture), émissions en direct
"Tire ta langue" (France Culture), émissions en direct
"Questions pour l'histoire / Au Fil de l'Histoire" (France Inter)
"Nuit blanche, Nuit noire" (France Inter)
"La Marche des Sciences" (France Culture), émissions en direct
"La Reine Didon" d'Anne Sibran (Christine Bernard-Sugy) : le narrateur
"Les Biens Immobiles" de Samuel Gallet (Christine Bernard-Sugy) : Clément
"Rendez-moi ma colère" de Nathalie Kuperman (Jean Couturier) : le narrateur
"Le Viêt-Nam du soldat Golt" (Christine Bernard-Sugy) : Lewis
"Les mers Rouges" de Lilian Atlan (Christine Bernard-Sugy) : David
"Sam Shepard, l'homme né de ses œuvres" de Robert Cordier (Myron Meerson) : l'ange
De très nombreuses émissions pour France Culture et France Inter, et en particulier :
"Poésie sur parole" (France Culture) : Pessoa, Cendrars, Apollinaire, Ovide, Villon, Chorée, Soupault, Lian, Barnes, Pasolini, Dotremont, Le Sidan, Eluard, de Roux, Pétrarque, Dib, Moreau...
"Les chemins de la connaissance" (France Culture)
"Science Culture" (France Culture)
"Le livre du jour" (France Culture)
"Texte intégral" (France Culture), émissions en direct
"Tire ta langue" (France Culture), émissions en direct
"Questions pour l'histoire / Au Fil de l'Histoire" (France Inter)
"Nuit blanche, Nuit noire" (France Inter)
"La Marche des Sciences" (France Culture), émissions en direct
Sports
Echasses et, il y a longtemps maintenant : judo, jiu-jitsu, karaté, équitation
Télévision
2016 "Le bureau des légendes : Marion, 13 ans pour toujours" réalisé par Bourlem Guerdjou
2006 "Chat Bleu, Chat Noir" réalisé par Jean-Louis Lorenzi, dans le rôle d'un photographe. France 2
2006 "Préjudice" réalisé par Frédéric Berthe, dans le rôle de Nicolas Bergerac, chef de la police municipale. France 2
2005 "Histoires Extraordinaires de Pierre Bellemare" réalisé par Anne Bernard. France 3
2002 "Marc Eliott" réalisé par Patrick Jamain, dans le rôle d'un infirmier. TF1
1990 "Navarro : La Mort d'une Fourmi" réalisé par Patrick Jamain, dans le rôle du jeune homme BCBG. TF1
2006 "Chat Bleu, Chat Noir" réalisé par Jean-Louis Lorenzi, dans le rôle d'un photographe. France 2
2006 "Préjudice" réalisé par Frédéric Berthe, dans le rôle de Nicolas Bergerac, chef de la police municipale. France 2
2005 "Histoires Extraordinaires de Pierre Bellemare" réalisé par Anne Bernard. France 3
2002 "Marc Eliott" réalisé par Patrick Jamain, dans le rôle d'un infirmier. TF1
1990 "Navarro : La Mort d'une Fourmi" réalisé par Patrick Jamain, dans le rôle du jeune homme BCBG. TF1
Théâtre
2023 "Un certain penchant pour la cruauté" de Muriel Gaudin - mise en scène de Pierre Notte. Reine Blanche
2023 "Mademoiselle Chanel en hiver" Thierry Lassalle - mise en scène d'Anne Bourgeois Théâtre de Passy
2016 "Le Misanthrope vs politique" mise en scène et adaptation de Claire Guyot, assistante à la mise en scène Anne Rondeleux. Vingtième Théâtre
2015 "Des Souris et des Hommes" de John Steinbeck, adaptation Marcel Duhamel - mise en scène de Jean-Philippe Evariste & Philippe Ivancic. Théâtre du Palais Royal
2013 "L'importance d'être sérieux" d'Oscar Wilde - mise en scène de Gilbert Desveaux : Lane / Scudder. Théâtre Montparnasse
2011 "Gare de l'Est" spectacle déambulatoire, à la Cite de l'Immigration - mise en scène de Sophie Akrich : rôles multiples et poésie
2007 "Erotokritos" de Vitzentzos Cornaros. A la Maison des Cultures du Monde : Erotokritos. France Culture, enregistrement public ; avec Christiane Cohendy, André Marcon
2002 "Othello" de W. Shakespeare - mise en scène de Robert Bensimon : Cassio. En tournée à l'Opéra de Saint-Étienne, théâtre de l'Impossible
2002 "Dom Juan" de Molière - mise en scène de Jean Martinez : Dom Carlos. En tournée
2001 "La Vénitienne" anonyme italien du XVIème siècle - mise en scène : Maurizio Scaparro (avec Claudia Cardinale) : le Prologue. Rond-Point des Champs-Élysées et tournée
2000 "Le Bourgeois Gentilhomme" de Molière - mise en scène de Jean Danet : le Maître de Musique. Les Tréteaux de France, en tournée
1997 "Electre" de Jean-Pierre Giraudoux - mise en scène d'Odile Mallet : Pylade. Festival de Bellac
1996 "L'Avare" de Molière - mise en scène de Christophe Corréia (avec Daniel Prévost : Harpagon) : Cléante. Théâtre de Boulogne-Billancourt, et tournée
1995 "Deux sur la Balançoire" de W. Gibson - mise en scène de Marie-France Gauron : Jerry. Compagnie du Préambule
1995 "Mille Francs de Récompense" de V. Hugo - mise en scène de Jean-Paul Roussillon : une mulâtresse, un marlou, un déménageur. Comédie Française
1995 "Dom Juan" de Molière - mise en scène de Christophe Corréia : Pierrot. A Sarlat, au Manoir d'Aillac
1995 "On va voir c'qu'on peut faire... mais c’est pas gagné" de Soren Prévost - mise en scène de Soren Prévost. A Sarlat, au Manoir d'Aillac
1994 "Le Prince de Hombourg" de H. von Kleist - mise en scène d'Alexander Lang : un chanteur. Théâtre Mogador, puis Comédie Française
1994 "Un Amour" d'après D. Buzzati - mise en scène de Martine de Breteuil : Dorigo II. La Mare au Diable
1994 "Lucrèce Borgia" de V. Hugo - mise en scène de Jean-Luc Boutte : un chanteur (moine). Opéra Comique, puis Comédie Française
1993 "Les Folies Amoureuses" de J.-F. Régnard - mise en scène d'Emmanuel Vacca & Luca Franceschi : Eraste. Le Berry-Zèbre
1993 "Les Précieuses Ridicules" de Molière - mise en scène de Jean-Luc Boutté : un danseur. Comédie Française
1991 "L'Amant" de H. Pinter - mise en scène de Marie-France Gauron : John / Max. Compagnie du Préambule
1990 "L'Aigle à Deux Têtes de J. Cocteau - mise en scène de Marie-France Gauron : Stanislas. Compagnie du Préambule
1989 "L'Avare" de Molière - mise en scène : Jean-Paul Roussillon : un porte-flambeau (un vrai...!). Comédie Française
2023 "Mademoiselle Chanel en hiver" Thierry Lassalle - mise en scène d'Anne Bourgeois Théâtre de Passy
2016 "Le Misanthrope vs politique" mise en scène et adaptation de Claire Guyot, assistante à la mise en scène Anne Rondeleux. Vingtième Théâtre
2015 "Des Souris et des Hommes" de John Steinbeck, adaptation Marcel Duhamel - mise en scène de Jean-Philippe Evariste & Philippe Ivancic. Théâtre du Palais Royal
2013 "L'importance d'être sérieux" d'Oscar Wilde - mise en scène de Gilbert Desveaux : Lane / Scudder. Théâtre Montparnasse
2011 "Gare de l'Est" spectacle déambulatoire, à la Cite de l'Immigration - mise en scène de Sophie Akrich : rôles multiples et poésie
2007 "Erotokritos" de Vitzentzos Cornaros. A la Maison des Cultures du Monde : Erotokritos. France Culture, enregistrement public ; avec Christiane Cohendy, André Marcon
2002 "Othello" de W. Shakespeare - mise en scène de Robert Bensimon : Cassio. En tournée à l'Opéra de Saint-Étienne, théâtre de l'Impossible
2002 "Dom Juan" de Molière - mise en scène de Jean Martinez : Dom Carlos. En tournée
2001 "La Vénitienne" anonyme italien du XVIème siècle - mise en scène : Maurizio Scaparro (avec Claudia Cardinale) : le Prologue. Rond-Point des Champs-Élysées et tournée
2000 "Le Bourgeois Gentilhomme" de Molière - mise en scène de Jean Danet : le Maître de Musique. Les Tréteaux de France, en tournée
1997 "Electre" de Jean-Pierre Giraudoux - mise en scène d'Odile Mallet : Pylade. Festival de Bellac
1996 "L'Avare" de Molière - mise en scène de Christophe Corréia (avec Daniel Prévost : Harpagon) : Cléante. Théâtre de Boulogne-Billancourt, et tournée
1995 "Deux sur la Balançoire" de W. Gibson - mise en scène de Marie-France Gauron : Jerry. Compagnie du Préambule
1995 "Mille Francs de Récompense" de V. Hugo - mise en scène de Jean-Paul Roussillon : une mulâtresse, un marlou, un déménageur. Comédie Française
1995 "Dom Juan" de Molière - mise en scène de Christophe Corréia : Pierrot. A Sarlat, au Manoir d'Aillac
1995 "On va voir c'qu'on peut faire... mais c’est pas gagné" de Soren Prévost - mise en scène de Soren Prévost. A Sarlat, au Manoir d'Aillac
1994 "Le Prince de Hombourg" de H. von Kleist - mise en scène d'Alexander Lang : un chanteur. Théâtre Mogador, puis Comédie Française
1994 "Un Amour" d'après D. Buzzati - mise en scène de Martine de Breteuil : Dorigo II. La Mare au Diable
1994 "Lucrèce Borgia" de V. Hugo - mise en scène de Jean-Luc Boutte : un chanteur (moine). Opéra Comique, puis Comédie Française
1993 "Les Folies Amoureuses" de J.-F. Régnard - mise en scène d'Emmanuel Vacca & Luca Franceschi : Eraste. Le Berry-Zèbre
1993 "Les Précieuses Ridicules" de Molière - mise en scène de Jean-Luc Boutté : un danseur. Comédie Française
1991 "L'Amant" de H. Pinter - mise en scène de Marie-France Gauron : John / Max. Compagnie du Préambule
1990 "L'Aigle à Deux Têtes de J. Cocteau - mise en scène de Marie-France Gauron : Stanislas. Compagnie du Préambule
1989 "L'Avare" de Molière - mise en scène : Jean-Paul Roussillon : un porte-flambeau (un vrai...!). Comédie Française
Interview
R.S : Bonjour Emmanuel.
E.L : Bonjour Reynald.
R.S : Quel a été ton parcours de comédien ?
E.L : J'ai commencé par le theatre amateur. Le jardinier, dans le "Mariage de Figaro", j'avais 12 ans. Notre metteur en scène, une femme merveilleuse d'intelligence et de sensibilité, Marie-France Gauron, dont je salue la mémoire, avait pris des cours chez Dullin. Autant dire qu'elle ne nous transmettait pas n'importe quoi - même s'il s'agissait de théâtre amateur. Chaque année on montait une pièce. Je me souviens encore de "L'aigle à deux têtes", de Cocteau, j'avais 19 ans... J'allais énormément à la Comédie Française, tout seul, dès l'âge de dix ans. Je voyais certaines pièces quinze fois, vingt fois ("La Locandiera", de Lassale, "Esther", de Françoise Seigner, et tant, tant d'autres...). La place coûtait 15 francs, dans mon souvenir. Je passais ma vie dans la loge d'Yvonne Gaudeau. À 19 ans, J'ai laissé tomber les maths - je passais en maths spé - pour m'inscrire à LEDA, chez Yves Pignot. Il a fermé l'année suivante. Je suis allé chez Périmony, j'y suis resté deux ans. C'est aussi à 20 ans que j'ai commencé à faire de la figuration à la Comédie Française, à faire de la radio - un long feuilleton pour France Culture, réalisé par Christine Bernard-Sugy, qui m'a tout de suite fait confiance. Je ne l'en remercierai jamais assez. J'ai fait beaucoup d'autres pièces au Français, et beaucoup d'autres dramatiques à la radio. À un moment j'ai voulu arrêter la figuration, même si ça pouvait être passionnant (on chantait à trois voix a capella en allemand dans "Le Prince de Hombourg", d'Alexander Lang, par exemple). Et j'ai eu la grande chance de jouer Cléante, le fils de "l'Avare", avec Daniel Prévost, mis en scène par Christophe Corréia ; et puis le Prologue de "La Vénitienne", avec Claudia Cardinale, mis en scène par Maurizio Scaparro - l'assistant de Streller... A chaque fois, des souvenirs merveilleux.
R.S : Avais-tu des préférences à tes débuts parmi toutes les branches de la profession ?
E.L : Au tout début je ne connaissais que le théâtre classique. Je n'avais pas du tout l'idée de tourner au cinéma. On n'avait pas la télévision... J'adorais les textes - c'est toujours le cas - et je me passionnais pour la "diction", sans savoir que ça me servirait un jour pour la voix de micro ! Mais le théâtre et ses tournées était peut-être un peu compliqué à vivre avec une vie de famille nombreuse - j'ai quatre enfants. Quoi qu'il en soit la préférence des débuts (c'est-à-dire avant de commencer, et quand finalement on ne connaît pas le métier) est transposable aux autres branches. Tout dépend de la façon dont on les aborde. Mais partout on peut jouer, s'amuser, se sentir à sa place. Et partout on peut s'étioler, s'aigrir, s'ennuyer. J'avoue me reconnaître dans la première série !
R.S : Abordes-tu les rôles différemment selon que tu es sur scène, devant un micro ou une caméra ?
E.L : Oui et non... Toute la partie "rêvée" du travail est la même. Qui est-il ? Pourquoi dit-il ça ? Comment aime-t-il ? Tout ce qui fait qu'un robot ne remplacera jamais un comédien. Mais bien sûr le travail est très différent entre le théâtre (on répète plusieurs semaines, donc les choses se sédimentent, évoluent, il y a un groupe ; et puis on joue des semaines, voire des mois), le micro (au doublage on ne prépare que très peu, pour les rôles importants on voit la série ou le film avant, mais guère plus d'une fois, et pas toujours ; c'est l'immédiateté qui compte, être juste, répondre à qui vous parle, être "dans l'œil" du comédien original ; il y a énormément de contraintes, et paradoxalement ces contraintes donnent une liberté de créer, d'inventer la vérité), et la caméra c'est encore autre chose (mais j'ai peu tourné jusqu'à l'année dernière, je commence seulement à adorer ça, après en avoir eu une peur bleue pendant des années). Même pour une voix de pub, on peut considérer qu'on est un personnage, et ce texte de quelques secondes, pour lequel on peut travailler des heures, avec énormément de personnes qui émettent un avis, et la bouche souvent au plus près du micro, finalement demande une extrême précision dans l'adresse, l'esprit, l'articulation, le mouvement, la pensée, le rythme, le grain de voix...
R.S : Comment cela se passe-t-il pour les fictions radiophoniques ?
E.L : Les fictions à la radio c'est passionnant. D'abord parce que le texte est très souvent bon, et parfois même excellent. C'est déjà énorme. Il y a beaucoup de grands comédiens qui font de la radio. Dialoguer avec Anne Alvaro, Jean-Michel Dupuis, André Dussollier, Michael Lonsdale, Jean Lescot, Laurence Bourdil, c'est extraordinaire. Il est très rare de repartir le soir sans avoir sympathisé avec quelqu'un. Les réalisateurs sont extrêmement précis, pour la plupart. Comparativement au doublage, on a beaucoup de temps. On cherche, on recommence, faire une dizaine de prises n'est pas anormal. Et puis il y a la magie de la stéréo, des studios, des extérieurs, des bruiteurs...
R.S : Comment as-tu débuté dans le doublage ?
E.L : Je suis venu doucement au doublage et aux voix de publicité par la radio. Dans le doublage, ça se passe vraiment "de fil en aiguille". On travaille avec untel, qui parle de vous à unetelle, etc. J'ai la chance de travailler, après six ou sept ans, avec beaucoup de gens, très différents. Les directeurs/trices de plateau, les DA, sont très différents les uns des autres, et c'est passionnant de passer des uns aux autres. Enfin, au doublage, presque tout le temps, on s'amuse. C'est une chance incroyable d'exercer un métier sérieux (une séance de doublage commence à la minute prévue), mais amusant. Dans une journée d'ambiance, même si c'est fatigant, on rit beaucoup. Il ne faut pas se prendre au sérieux. Prendre au sérieux le métier, oui, mais jamais soi.
R.S : Qu'est-ce qui te plaît le plus lorsque tu doubles un comédien étranger ?
E.L : Pas évident de répondre à ça... Je crois que ce qui me plaît le plus, c'est que ce comédien est bon - c'est presque toujours le cas. Et ce talent nous aide à rejoindre l'objet à doubler. Un quelques heures, les voix d'un film seront autres, c'est incroyable quand on y pense. Il y a un aspect magique, au doublage - même si c'est beaucoup de travail et de pratique, mais après tout comme la "vraie" magie... Au doublage, on a la chance d'accéder, et de participer, à tout un univers. Celui d'une série, avec l'esprit de la série, les fameux "récurrents", qui forment comme une famille ; ou celui d'un long-métrage de cinéma, qui a demandé des années de travail à tout une équipe pour voir le jour. Enfin, il y a le phénomène dessin animé. Inventer un personnage avec peut-être un peu plus de liberté encore... Et savoir qu'on va faire rêver ou frémir des milliers d'enfants...
R.S : As-tu une expérience marquante en doublage ?
E.L : Oui, je viens de finir de doubler le rôle de David Grant, dans Nebraska. Il est dans presque toutes les boucles. C'est incroyable, car pendant quelques jours, après avoir regardé le film en VO plusieurs fois, au casque, être rentré dans cet univers, cette famille - le film est magnifique - il y a une densité de travail phénoménale à faire. Une concentration énorme, pour entrer dans les scènes, être avec le personnage au plus près, réagir aux situations que le film propose, et pouvoir pendant plusieurs heures de suite être en place, penser aux situations, améliorer, accepter l'imperfection inhérente à ce travail, cet art qui se superpose à un art prééminent - celui du comédien original. Il y a ce phénomène - que je n'avais encore jamais rencontré, sur des rôles plus modestes - qui est de penser au film tout le temps, d'incuber les situations, de rêver du film ; c'est très fort. Ça ressemble beaucoup, finalement, au travail qui se fait au théâtre - pendant les répétitions - ou pendant un tournage. On est ailleurs, transporté, transposé. Et tout cela ne serait rien sans le DA, qui va à tout instant choisir, décider, ressentir, orienter, aider. Ni sans l'ingé-son, dont l'attitude est très importante : en général, une immense patience, beaucoup de bienveillance, et énormément de métier et de savoir-faire. Grâce à ce creuset, cette équipe, on peut se lâcher, se laisser être un autre, essayer, buter, rater, parfois s'étonner soi-même... Il y a bien une magie du doublage...
R.S : Professionnellement parlant, y a-t-il des domaines que tu n'as pas encore explorés et que tu aimerais découvrir ?
E.L : Oh oui ! Je commence à avoir des rôles importants au doublage, c'est une vraie responsabilité. C'est drôle parce que j'ai joué des choses importantes et difficiles au théâtre, à la radio, mais c'est un autre domaine et tout recommence toujours. Aller plus loin au théâtre, dans cette maturité qui est maintenant la mienne (les jeunes premiers, c'est fini !). Découvrir le cinéma, si ça advient, faire un travail de longue haleine. Je viens de passer deux ans à L'atelier International de Théâtre, le cours de Blanche Salant. À 44 ans, je me suis inscrit en première année ! Et j'ai enchaîné avec la troisième (celle-ci, en 2014), avec cinq semaines de master class de Blanche Salant. C'est un cours extraordinaire. En première année, on ne fait QUE des improvisations. En troisième année, en gros, on passe l'année sur UNE scène... C'est incroyable comme on va en profondeur, on passe l'année avec ce personnage, ce partenaire, en allant de plus en plus loin, vers la liberté. Donc, oui, l'exploration (re)commence...
R.S : Quels sont tes hobbies ?
E.L : J'ai un peu de mal à parler de moi plus personnellement. La lecture, le grand théâtre de la politique, le vrai théâtre bien sûr. J'essaie de rester en forme physiquement (ça va, ça vient !). L'amitié. Mais ça devient déjà intime...
R.S : Merci beaucoup Emmanuel.
E.L : Merci à toi, Reynald !
Interview de juillet 2014
E.L : Bonjour Reynald.
R.S : Quel a été ton parcours de comédien ?
E.L : J'ai commencé par le theatre amateur. Le jardinier, dans le "Mariage de Figaro", j'avais 12 ans. Notre metteur en scène, une femme merveilleuse d'intelligence et de sensibilité, Marie-France Gauron, dont je salue la mémoire, avait pris des cours chez Dullin. Autant dire qu'elle ne nous transmettait pas n'importe quoi - même s'il s'agissait de théâtre amateur. Chaque année on montait une pièce. Je me souviens encore de "L'aigle à deux têtes", de Cocteau, j'avais 19 ans... J'allais énormément à la Comédie Française, tout seul, dès l'âge de dix ans. Je voyais certaines pièces quinze fois, vingt fois ("La Locandiera", de Lassale, "Esther", de Françoise Seigner, et tant, tant d'autres...). La place coûtait 15 francs, dans mon souvenir. Je passais ma vie dans la loge d'Yvonne Gaudeau. À 19 ans, J'ai laissé tomber les maths - je passais en maths spé - pour m'inscrire à LEDA, chez Yves Pignot. Il a fermé l'année suivante. Je suis allé chez Périmony, j'y suis resté deux ans. C'est aussi à 20 ans que j'ai commencé à faire de la figuration à la Comédie Française, à faire de la radio - un long feuilleton pour France Culture, réalisé par Christine Bernard-Sugy, qui m'a tout de suite fait confiance. Je ne l'en remercierai jamais assez. J'ai fait beaucoup d'autres pièces au Français, et beaucoup d'autres dramatiques à la radio. À un moment j'ai voulu arrêter la figuration, même si ça pouvait être passionnant (on chantait à trois voix a capella en allemand dans "Le Prince de Hombourg", d'Alexander Lang, par exemple). Et j'ai eu la grande chance de jouer Cléante, le fils de "l'Avare", avec Daniel Prévost, mis en scène par Christophe Corréia ; et puis le Prologue de "La Vénitienne", avec Claudia Cardinale, mis en scène par Maurizio Scaparro - l'assistant de Streller... A chaque fois, des souvenirs merveilleux.
R.S : Avais-tu des préférences à tes débuts parmi toutes les branches de la profession ?
E.L : Au tout début je ne connaissais que le théâtre classique. Je n'avais pas du tout l'idée de tourner au cinéma. On n'avait pas la télévision... J'adorais les textes - c'est toujours le cas - et je me passionnais pour la "diction", sans savoir que ça me servirait un jour pour la voix de micro ! Mais le théâtre et ses tournées était peut-être un peu compliqué à vivre avec une vie de famille nombreuse - j'ai quatre enfants. Quoi qu'il en soit la préférence des débuts (c'est-à-dire avant de commencer, et quand finalement on ne connaît pas le métier) est transposable aux autres branches. Tout dépend de la façon dont on les aborde. Mais partout on peut jouer, s'amuser, se sentir à sa place. Et partout on peut s'étioler, s'aigrir, s'ennuyer. J'avoue me reconnaître dans la première série !
R.S : Abordes-tu les rôles différemment selon que tu es sur scène, devant un micro ou une caméra ?
E.L : Oui et non... Toute la partie "rêvée" du travail est la même. Qui est-il ? Pourquoi dit-il ça ? Comment aime-t-il ? Tout ce qui fait qu'un robot ne remplacera jamais un comédien. Mais bien sûr le travail est très différent entre le théâtre (on répète plusieurs semaines, donc les choses se sédimentent, évoluent, il y a un groupe ; et puis on joue des semaines, voire des mois), le micro (au doublage on ne prépare que très peu, pour les rôles importants on voit la série ou le film avant, mais guère plus d'une fois, et pas toujours ; c'est l'immédiateté qui compte, être juste, répondre à qui vous parle, être "dans l'œil" du comédien original ; il y a énormément de contraintes, et paradoxalement ces contraintes donnent une liberté de créer, d'inventer la vérité), et la caméra c'est encore autre chose (mais j'ai peu tourné jusqu'à l'année dernière, je commence seulement à adorer ça, après en avoir eu une peur bleue pendant des années). Même pour une voix de pub, on peut considérer qu'on est un personnage, et ce texte de quelques secondes, pour lequel on peut travailler des heures, avec énormément de personnes qui émettent un avis, et la bouche souvent au plus près du micro, finalement demande une extrême précision dans l'adresse, l'esprit, l'articulation, le mouvement, la pensée, le rythme, le grain de voix...
R.S : Comment cela se passe-t-il pour les fictions radiophoniques ?
E.L : Les fictions à la radio c'est passionnant. D'abord parce que le texte est très souvent bon, et parfois même excellent. C'est déjà énorme. Il y a beaucoup de grands comédiens qui font de la radio. Dialoguer avec Anne Alvaro, Jean-Michel Dupuis, André Dussollier, Michael Lonsdale, Jean Lescot, Laurence Bourdil, c'est extraordinaire. Il est très rare de repartir le soir sans avoir sympathisé avec quelqu'un. Les réalisateurs sont extrêmement précis, pour la plupart. Comparativement au doublage, on a beaucoup de temps. On cherche, on recommence, faire une dizaine de prises n'est pas anormal. Et puis il y a la magie de la stéréo, des studios, des extérieurs, des bruiteurs...
R.S : Comment as-tu débuté dans le doublage ?
E.L : Je suis venu doucement au doublage et aux voix de publicité par la radio. Dans le doublage, ça se passe vraiment "de fil en aiguille". On travaille avec untel, qui parle de vous à unetelle, etc. J'ai la chance de travailler, après six ou sept ans, avec beaucoup de gens, très différents. Les directeurs/trices de plateau, les DA, sont très différents les uns des autres, et c'est passionnant de passer des uns aux autres. Enfin, au doublage, presque tout le temps, on s'amuse. C'est une chance incroyable d'exercer un métier sérieux (une séance de doublage commence à la minute prévue), mais amusant. Dans une journée d'ambiance, même si c'est fatigant, on rit beaucoup. Il ne faut pas se prendre au sérieux. Prendre au sérieux le métier, oui, mais jamais soi.
R.S : Qu'est-ce qui te plaît le plus lorsque tu doubles un comédien étranger ?
E.L : Pas évident de répondre à ça... Je crois que ce qui me plaît le plus, c'est que ce comédien est bon - c'est presque toujours le cas. Et ce talent nous aide à rejoindre l'objet à doubler. Un quelques heures, les voix d'un film seront autres, c'est incroyable quand on y pense. Il y a un aspect magique, au doublage - même si c'est beaucoup de travail et de pratique, mais après tout comme la "vraie" magie... Au doublage, on a la chance d'accéder, et de participer, à tout un univers. Celui d'une série, avec l'esprit de la série, les fameux "récurrents", qui forment comme une famille ; ou celui d'un long-métrage de cinéma, qui a demandé des années de travail à tout une équipe pour voir le jour. Enfin, il y a le phénomène dessin animé. Inventer un personnage avec peut-être un peu plus de liberté encore... Et savoir qu'on va faire rêver ou frémir des milliers d'enfants...
R.S : As-tu une expérience marquante en doublage ?
E.L : Oui, je viens de finir de doubler le rôle de David Grant, dans Nebraska. Il est dans presque toutes les boucles. C'est incroyable, car pendant quelques jours, après avoir regardé le film en VO plusieurs fois, au casque, être rentré dans cet univers, cette famille - le film est magnifique - il y a une densité de travail phénoménale à faire. Une concentration énorme, pour entrer dans les scènes, être avec le personnage au plus près, réagir aux situations que le film propose, et pouvoir pendant plusieurs heures de suite être en place, penser aux situations, améliorer, accepter l'imperfection inhérente à ce travail, cet art qui se superpose à un art prééminent - celui du comédien original. Il y a ce phénomène - que je n'avais encore jamais rencontré, sur des rôles plus modestes - qui est de penser au film tout le temps, d'incuber les situations, de rêver du film ; c'est très fort. Ça ressemble beaucoup, finalement, au travail qui se fait au théâtre - pendant les répétitions - ou pendant un tournage. On est ailleurs, transporté, transposé. Et tout cela ne serait rien sans le DA, qui va à tout instant choisir, décider, ressentir, orienter, aider. Ni sans l'ingé-son, dont l'attitude est très importante : en général, une immense patience, beaucoup de bienveillance, et énormément de métier et de savoir-faire. Grâce à ce creuset, cette équipe, on peut se lâcher, se laisser être un autre, essayer, buter, rater, parfois s'étonner soi-même... Il y a bien une magie du doublage...
R.S : Professionnellement parlant, y a-t-il des domaines que tu n'as pas encore explorés et que tu aimerais découvrir ?
E.L : Oh oui ! Je commence à avoir des rôles importants au doublage, c'est une vraie responsabilité. C'est drôle parce que j'ai joué des choses importantes et difficiles au théâtre, à la radio, mais c'est un autre domaine et tout recommence toujours. Aller plus loin au théâtre, dans cette maturité qui est maintenant la mienne (les jeunes premiers, c'est fini !). Découvrir le cinéma, si ça advient, faire un travail de longue haleine. Je viens de passer deux ans à L'atelier International de Théâtre, le cours de Blanche Salant. À 44 ans, je me suis inscrit en première année ! Et j'ai enchaîné avec la troisième (celle-ci, en 2014), avec cinq semaines de master class de Blanche Salant. C'est un cours extraordinaire. En première année, on ne fait QUE des improvisations. En troisième année, en gros, on passe l'année sur UNE scène... C'est incroyable comme on va en profondeur, on passe l'année avec ce personnage, ce partenaire, en allant de plus en plus loin, vers la liberté. Donc, oui, l'exploration (re)commence...
R.S : Quels sont tes hobbies ?
E.L : J'ai un peu de mal à parler de moi plus personnellement. La lecture, le grand théâtre de la politique, le vrai théâtre bien sûr. J'essaie de rester en forme physiquement (ça va, ça vient !). L'amitié. Mais ça devient déjà intime...
R.S : Merci beaucoup Emmanuel.
E.L : Merci à toi, Reynald !
Interview de juillet 2014