R.S : Bonjour Olivier.

O.P : Bonjour Reynald !

R.S : Vous êtes né au Mexique, et vous avez d'ailleurs la double nationalité française-mexicaine. Mais votre chemin s'est fait en France. Comment les choses se sont-elles passées, quel a été votre parcours ?

O.P : J’ai commencé par une licence Théâtre et Cinéma à Nanterre en même temps que différents cours et ateliers de théâtre et ensuite une école supérieure d’Art Dramatique, Le Grenier Maurice Sarrazin. Belle rencontre et grand pédagogue. J’ai joué au théâtre et à la télévision dans les deux langues mais effectivement j’ai appris à aimer le théâtre en France. Au départ je voulais faire de la mise en scène... apprendre à mettre en forme dans l’espace un texte, aller jusqu’au bout d’une idée. Travailler avec ma voix est venu plus tard. J’ai mis du temps à l’apprivoiser et ensuite que du plaisir... Une chance de faire ce métier !

R.S : Quels rapports entretenez-vous aujourd'hui avec votre pays de naissance ?

O.P : J’adore le Mexique et j’y retourne quand je peux mais c’est surtout la langue que je parle qui me lie avec cet immense pays et l’Espagne, terres de lumière et de souvenirs d’enfance.

R.S : Il n'y a aucune différence pour vous entre jouer en espagnol et en français ?

O.P : Si, étonnamment ! Jouer en espagnol c’est plus plaisant pour moi, comme une chanson dont les paroles vous viennent comme ça… inconsciemment (alors que je suis un piètre chanteur !). Les mots coulent et résonnent de façon plus marquantes, avec une évidence naturelle alors qu’en français je dois d’abord déconnecter mon cerveau pour surtout ne pas penser. La pensée est la bête noire de l’acteur. Jouer c’est être modifié par un sentiment. Pour ça il faut lâcher prise et en français je dois parfois rester vigilant pour me libérer du sens et me laisser envahir par les émotions. C’est la même danse mais suivant dans quelle langue je l’interprète, je la démarre de l’autre pied.

R.S : Comment avez-vous débuté dans le doublage ?

O.P : Par une belle rencontre en 1996 qui m’a mis le pied à l’étrier.

R.S : Votre bilinguisme vous sert-il beaucoup dans cette discipline ?

O.P : Tout le temps en fait. Je travaille dans les deux langues et en France j’ai souvent l’occasion aussi de faire des accents mexicains ou latinos.

R.S : Vous avez fait de la "formation coaching pour PSA Peugeot Citroën". De quoi s'agissait-il exactement ?

O.P : Ah, le métier d’acteur ! Oui. Une expérience bilingue justement où il fallait réapprendre les bons gestes vis-à-vis des clients à des équipes de concessionnaires automobiles en Espagne et en France. Le coaching est notamment l’occasion d’en apprendre un peu plus sur ce de quoi nous sommes faits : l’humain. Expérience très enrichissante où le jeu théâtral était utilisé pour sensibiliser les participants et parfois leur rappeler les défis demandés par le groupe PSA, en sous-texte... tout un art !

R.S : Quels sont vos loisirs ?

O.P : L’architecture, la photo, le cinéma, la peinture, de Schiele à Rothko en passant par le Siècle d’Or espagnol sans oublier Kandinsky, Picasso, Bacon ou Miró et le bleu profond de la mer.

R.S : Merci beaucoup Olivier.

O.P : Muchas gracias a tí Reynald.

Interview de janvier 2019