Isabelle Volpe
Genres :
Voix Bambin garçon, Voix Bambin fille, Voix Enfant garçon, Voix Enfant fille, Voix Adolescent garçon, Voix Adolescent fille, Voix Jeune adulte femme, Voix Adulte femme, Voix Senior femme
Doublage
Série
Salade grecque (Wendy - 2023)
Tiny Tina
jeu vidéo
2021
Voix
Documentaire
Zero Percent (Natalie Jimenez)
Interview
R.S : Bonjour Isabelle.
I.V : Bonjour Reynald.
R.S : Avez-vous suivi une formation en art dramatique ?
I.V : Oui, bien sûr ! Au collège, j’ai commencé à lire toutes les œuvres de Molière grâce à mon professeur de français. En plus d’étudier les pièces, on regardait le Molière de Mnouchkine en classe. J’ai été fascinée par Caubère. Dans la foulée, je me suis attaquée à Corneille et Racine. Au lycée, j’ai voulu participer à un atelier théâtre, mais ce n’était pas encore ça... je préférais regarder les apprentis acteurs sur les planches plutôt que de monter sur scène, même si l’idée du passage à l’acte me faisait rêver. Plus tard, en fac de philosophie, j’étais entourée d’amis qui faisaient du théâtre et montaient des spectacles. J’étais de mon côté de plus en plus attirée par la scène. Finalement j’ai sauté le pas. Je me suis inscrite à un premier cours d’art dramatique, puis un deuxième. J’ai continué ma formation à Paris dans un conservatoire d’arrondissement ainsi qu’au cours Florent.
R.S : Comment avez-vous commencé votre carrière de comédienne ?
I.V : Assez rapidement après avoir commencé mes premier cours ! Mon premier professeur, Jean Corso, un artiste passionné et passionnant, donnait ses cours dans un très joli théâtre, un lieu magique. On répétait donc sur une vraie scène et, tous les 3 mois, il nous faisait jouer, advienne que pourra, prêts ou pas, devant une salle de cent personnes pleine à craquer. Quand on débute, ça met un sacré coup de pression, mais il avait tellement d’énergie et d’enthousiasme qu’il embarquait tout le monde avec lui, ses élèves comme le public. Un réalisateur m’a vue sur scène et m’a proposé de jouer dans un court-métrage. Ensuite, au gré de mon parcours et de mes rencontres, j’ai intégré différentes compagnies et expérimenté le café-théâtre, la figuration, la scène chantée, les courts-métrages, les enregistrements...
R.S : Comment avez-vous fait vos premiers pas dans le doublage ?
I.V : Toujours dans une sorte de continuité artistique, on va dire. Enfant, j’étais déjà passionnée par les enregistrements en tout genre. Un Noël du début des années 80, j’ai eu un super tourne disque-magnétophone avec micro à mousse orange. Le plus beau cadeau de toute ma vie. A l’époque, on avait des cassettes audio. 60 ou 90 minutes de bande à remplir. L’extase ! Je passais des heures et des heures à faire mes enregistrements. J’enregistrais mes œuvres préférées en les lisant à voix haute : Molière toujours, la comtesse de Ségur, pour ne citer qu’eux, mais aussi de la variété et les pubs tv que j’adorais. Les genres étaient très éclectiques. Je m’amusais à reproduire tous les dialogues et, lorsque je voulais davantage de voix pour mes création, j’allais chercher mon frère, ma cousine et même mon chat, un gros chat grincheux, qui miaulait facilement au micro. Il y a un passage dans le film L’Homme orchestre avec Louis de Funès que j’adore (j’adore tout le film d’ailleurs), c’est quand il fait un montage de la voix de Françoise à partir de bandes, en les coupant et en les recollant, comme s'il pouvait repérer ce que dit Françoise sur la bande pour créer un nouveau dialogue. Je ne sais pas si ce que je raconte est clair, pour qui n’a pas vu le film, mais bref… c’est un peu ce que je faisais, des enregistrements, des pistes, des montages, avec mes 10 ans, une paire de ciseaux et les moyens de l’époque. Si la bande se déchirait, on mettait du Scotch, ça faisait un trou de son, mais on pouvait continuer à écouter et enregistrer. Des années plus tard, j’allais emprunter à la médiathèque des CD de pistes d’ambiances que j’écoutais également pendant des heures. En y repensant, je me demande bien qui pouvait emprunter ces CD à part moi et de probables ingénieurs du son. Plus tard, quand j’ai emménagé à Paris, j’ai découvert qu’il y avait un studio de doublage dans mon immeuble. Quand les fenêtres sur cour étaient ouvertes, j’entendais le travail des ingés son, le mixage, le nettoyage... Les enregistrements passaient et repassaient en boucle... ça avait quelque chose d’entêtant, ces extraits de vie, de voix qui montaient du rez de chaussée et se répétaient, en avant, en arrière. Ça m’a toujours fascinée que l’on puisse mettre des bouts de voix, de son, d’êtres, sur des supports matériels, capturer l’instant sonore présent pour toujours. Parfois, j’ai croisé dans le tout petit couloir de grands acteurs. A l’époque, l’ingénieur du son m’avait proposé d’assister à des enregistrements, mais pourtant je n’y suis pas allée, j’étais trop focalisée sur le théâtre avec des journées de travail bien remplies. Vendeuse de vêtements la journée, théâtre, café-théâtre-chant soirs et week-ends. Quand j’y repense, c’est fou d’avoir raté une occasion pareille à l’époque. Quelques mois plus tard, un ami acteur m’a proposé de le suivre sur un plateau de doublage. Cette fois-ci, j’y suis allée. Et j’y suis restée.
R.S : Etait-ce une discipline à laquelle vous pensiez lorsque vous avez décidé de devenir comédienne ?
I.V : Non, même si la voix et l’enregistrement ont toujours fait partie de mes centres d’intérêt, je n’avais pas envisagé que cela puisse être mon métier. Les choses se sont faites spontanément au gré de mes rencontres. Quand j’étais en fac de philo, j’aimais écouter les dessins animés, leur panel de petites voix rigolotes. Je me disais quand même que ceux qui faisaient ça étaient de sacrés veinards comparés à moi qui devais plancher sur La critique de la raison pure, mais je ne pensais pas du tout que c’était réalisable comme métier. J’aimais lire et écouter toutes sortes de choses : la télé les yeux fermés, les conversations des inconnus aux terrasses, les blablas des grands-mères sur un banc, les bruits de la nature et des animaux... Je n’avais pas de plan de carrière, mais déjà un pied dans le théâtre quand j’ai commencé le doublage et j’y ai retrouvé ce que j’aimais sur scène et en coulisse. Sur un plateau de doublage, même si le public est moins nombreux, on retrouve beaucoup d’éléments propres au théâtre : le texte, le jeu, l’écoute, la direction artistique, les partenaires, les ambiances feutrées, la cacophonie, le silence, la concentration, le trac, le bruissement des vêtements des acteurs, à la barre comme sur scène, les respirations, les rideaux de velours lourd qui se déplacent, les éclairages... C’est très particulier un plateau de doublage, on y vit des émotions fortes.
R.S : Avez-vous facilement apprivoisé cette technique très particulière ?
I.V : Bon, a priori, le principe s’avère plutôt simple. Vous avez une bande rythmo qui défile, une phrase que vous devez dire qui se rapproche d’un trait et que vous devez commencer quand le premier mot de ladite phrase que vous devez dire touchera le trait. Si on est un bon lecteur et un bon comédien, en tenant compte qu’il y a eu en amont un énorme travail de détection, d’adaptation et d’écriture, ça doit normalement pas trop mal se passer. Et, oui, j’espère avoir apprivoisé correctement cette technique. Mais la 2ème question qui en découle est : est-ce qu’apprivoiser cette technique suffit ? C’est plus complexe car il y a tout un tas de paramètres qui viennent se rajouter au fait d’avoir apprivoisé la technique : l’adéquation avec l’actrice/l’acteur que vous devez doubler, la compréhension de l’enjeu de la scène, la compréhension des indications données par votre directeur ou directrice artistique, devoir privilégier parfois le jeu ou le synchronisme, respecter l’original en étant vous-même la voix d’un autre qui parle une autre langue que la vôtre, qui n’a pas votre âge, pas votre culture et parfois pas votre sexe, être dans son œil, dans ses dents, le tout servi par votre articulation qui ne doit pas être en reste... Il y a de quoi devenir dingue ou schizophrène, non, quand on y réfléchit ? A chaque fois que j’y pense, je me dis qu’on est complètement extravagants, nous les Français, de faire de façon aussi sérieuse et investie tout ce travail en doublage. Il faut avoir un sacré amour de l’art, un sacré amour du cinéma, un sacré amour pour le divertissement et la culture.
R.S : Y a-t-il des "voix" françaises qui vous ont marquée alors que vous ne pratiquiez pas encore cette activité vous-même ?
I.V : Toutes les voix qui ont bercé mon enfance... Je pense que c’est pareil pour tous les Français…Une voix, c’est une vraie madeleine de Proust. Entre autres : Roger Carel pour sa tendresse, Francis Lax et Jacques Ballutin pour leur drôlerie, Claude Bertrand, Serge Sauvion, Jean Topart, Michel Roux, Michel Gatineau pour son ton rassurant, Claude Chantal pour sa fraicheur, Martine Sarcey, Perrette Pradier, Céline Monsarrat, Dominique Paturel, Evelyn Selena, Maïk Darah, Thierry Bourdon, Jackie Berger... je ne peux pas faire une liste exhaustive... Il n’y a rien de rationnel là dedans. Que de l’émotionnel… A partir du moment où vous grandissez avec une télé plus ou moins allumée dans le salon, les comédiens qui font du doublage entrent dans votre espace privé et deviennent de véritables membres de votre famille qui vous accompagnent pendant de longues années, et vous développez un réel attachement. Si l’on change une des voix dans une série que vous aimez, vous pouvez vous mettre en rage, éprouver une vraie frustration, vous vous sentez même trahi ; la voix se met à vous manquer comme un être cher. C’est drôle l’impact émotionnel qu’une voix peut avoir et le plaisir qu’elle génère tant on l’associe à un visage d’acteur, à un rôle ou un personnage et tant on s’y attache !
R.S : Quels sont vos loisirs ?
I.V : En ce moment, je m’intéresse à la déco, l’architecture, la construction... J’ai également une vraie passion pour les tissus. Je peux passer des heures à contempler et toucher du lin, du velours, du satin... La personne étrange capable de passer trois heures chez Leroy-Merlin à caresser tous les rideaux et s’enrouler dedans, c’est moi ! Et sinon, depuis toujours, j’adore danser, mais surtout, le luxe suprême : la glandouille seule à une terrasse, avec un petit verre et les oreilles grandes ouvertes. :-)
R.S : Merci beaucoup Isabelle.
I.V : Merci Reynald, avec plaisir !
Interview de juin 2021
I.V : Bonjour Reynald.
R.S : Avez-vous suivi une formation en art dramatique ?
I.V : Oui, bien sûr ! Au collège, j’ai commencé à lire toutes les œuvres de Molière grâce à mon professeur de français. En plus d’étudier les pièces, on regardait le Molière de Mnouchkine en classe. J’ai été fascinée par Caubère. Dans la foulée, je me suis attaquée à Corneille et Racine. Au lycée, j’ai voulu participer à un atelier théâtre, mais ce n’était pas encore ça... je préférais regarder les apprentis acteurs sur les planches plutôt que de monter sur scène, même si l’idée du passage à l’acte me faisait rêver. Plus tard, en fac de philosophie, j’étais entourée d’amis qui faisaient du théâtre et montaient des spectacles. J’étais de mon côté de plus en plus attirée par la scène. Finalement j’ai sauté le pas. Je me suis inscrite à un premier cours d’art dramatique, puis un deuxième. J’ai continué ma formation à Paris dans un conservatoire d’arrondissement ainsi qu’au cours Florent.
R.S : Comment avez-vous commencé votre carrière de comédienne ?
I.V : Assez rapidement après avoir commencé mes premier cours ! Mon premier professeur, Jean Corso, un artiste passionné et passionnant, donnait ses cours dans un très joli théâtre, un lieu magique. On répétait donc sur une vraie scène et, tous les 3 mois, il nous faisait jouer, advienne que pourra, prêts ou pas, devant une salle de cent personnes pleine à craquer. Quand on débute, ça met un sacré coup de pression, mais il avait tellement d’énergie et d’enthousiasme qu’il embarquait tout le monde avec lui, ses élèves comme le public. Un réalisateur m’a vue sur scène et m’a proposé de jouer dans un court-métrage. Ensuite, au gré de mon parcours et de mes rencontres, j’ai intégré différentes compagnies et expérimenté le café-théâtre, la figuration, la scène chantée, les courts-métrages, les enregistrements...
R.S : Comment avez-vous fait vos premiers pas dans le doublage ?
I.V : Toujours dans une sorte de continuité artistique, on va dire. Enfant, j’étais déjà passionnée par les enregistrements en tout genre. Un Noël du début des années 80, j’ai eu un super tourne disque-magnétophone avec micro à mousse orange. Le plus beau cadeau de toute ma vie. A l’époque, on avait des cassettes audio. 60 ou 90 minutes de bande à remplir. L’extase ! Je passais des heures et des heures à faire mes enregistrements. J’enregistrais mes œuvres préférées en les lisant à voix haute : Molière toujours, la comtesse de Ségur, pour ne citer qu’eux, mais aussi de la variété et les pubs tv que j’adorais. Les genres étaient très éclectiques. Je m’amusais à reproduire tous les dialogues et, lorsque je voulais davantage de voix pour mes création, j’allais chercher mon frère, ma cousine et même mon chat, un gros chat grincheux, qui miaulait facilement au micro. Il y a un passage dans le film L’Homme orchestre avec Louis de Funès que j’adore (j’adore tout le film d’ailleurs), c’est quand il fait un montage de la voix de Françoise à partir de bandes, en les coupant et en les recollant, comme s'il pouvait repérer ce que dit Françoise sur la bande pour créer un nouveau dialogue. Je ne sais pas si ce que je raconte est clair, pour qui n’a pas vu le film, mais bref… c’est un peu ce que je faisais, des enregistrements, des pistes, des montages, avec mes 10 ans, une paire de ciseaux et les moyens de l’époque. Si la bande se déchirait, on mettait du Scotch, ça faisait un trou de son, mais on pouvait continuer à écouter et enregistrer. Des années plus tard, j’allais emprunter à la médiathèque des CD de pistes d’ambiances que j’écoutais également pendant des heures. En y repensant, je me demande bien qui pouvait emprunter ces CD à part moi et de probables ingénieurs du son. Plus tard, quand j’ai emménagé à Paris, j’ai découvert qu’il y avait un studio de doublage dans mon immeuble. Quand les fenêtres sur cour étaient ouvertes, j’entendais le travail des ingés son, le mixage, le nettoyage... Les enregistrements passaient et repassaient en boucle... ça avait quelque chose d’entêtant, ces extraits de vie, de voix qui montaient du rez de chaussée et se répétaient, en avant, en arrière. Ça m’a toujours fascinée que l’on puisse mettre des bouts de voix, de son, d’êtres, sur des supports matériels, capturer l’instant sonore présent pour toujours. Parfois, j’ai croisé dans le tout petit couloir de grands acteurs. A l’époque, l’ingénieur du son m’avait proposé d’assister à des enregistrements, mais pourtant je n’y suis pas allée, j’étais trop focalisée sur le théâtre avec des journées de travail bien remplies. Vendeuse de vêtements la journée, théâtre, café-théâtre-chant soirs et week-ends. Quand j’y repense, c’est fou d’avoir raté une occasion pareille à l’époque. Quelques mois plus tard, un ami acteur m’a proposé de le suivre sur un plateau de doublage. Cette fois-ci, j’y suis allée. Et j’y suis restée.
R.S : Etait-ce une discipline à laquelle vous pensiez lorsque vous avez décidé de devenir comédienne ?
I.V : Non, même si la voix et l’enregistrement ont toujours fait partie de mes centres d’intérêt, je n’avais pas envisagé que cela puisse être mon métier. Les choses se sont faites spontanément au gré de mes rencontres. Quand j’étais en fac de philo, j’aimais écouter les dessins animés, leur panel de petites voix rigolotes. Je me disais quand même que ceux qui faisaient ça étaient de sacrés veinards comparés à moi qui devais plancher sur La critique de la raison pure, mais je ne pensais pas du tout que c’était réalisable comme métier. J’aimais lire et écouter toutes sortes de choses : la télé les yeux fermés, les conversations des inconnus aux terrasses, les blablas des grands-mères sur un banc, les bruits de la nature et des animaux... Je n’avais pas de plan de carrière, mais déjà un pied dans le théâtre quand j’ai commencé le doublage et j’y ai retrouvé ce que j’aimais sur scène et en coulisse. Sur un plateau de doublage, même si le public est moins nombreux, on retrouve beaucoup d’éléments propres au théâtre : le texte, le jeu, l’écoute, la direction artistique, les partenaires, les ambiances feutrées, la cacophonie, le silence, la concentration, le trac, le bruissement des vêtements des acteurs, à la barre comme sur scène, les respirations, les rideaux de velours lourd qui se déplacent, les éclairages... C’est très particulier un plateau de doublage, on y vit des émotions fortes.
R.S : Avez-vous facilement apprivoisé cette technique très particulière ?
I.V : Bon, a priori, le principe s’avère plutôt simple. Vous avez une bande rythmo qui défile, une phrase que vous devez dire qui se rapproche d’un trait et que vous devez commencer quand le premier mot de ladite phrase que vous devez dire touchera le trait. Si on est un bon lecteur et un bon comédien, en tenant compte qu’il y a eu en amont un énorme travail de détection, d’adaptation et d’écriture, ça doit normalement pas trop mal se passer. Et, oui, j’espère avoir apprivoisé correctement cette technique. Mais la 2ème question qui en découle est : est-ce qu’apprivoiser cette technique suffit ? C’est plus complexe car il y a tout un tas de paramètres qui viennent se rajouter au fait d’avoir apprivoisé la technique : l’adéquation avec l’actrice/l’acteur que vous devez doubler, la compréhension de l’enjeu de la scène, la compréhension des indications données par votre directeur ou directrice artistique, devoir privilégier parfois le jeu ou le synchronisme, respecter l’original en étant vous-même la voix d’un autre qui parle une autre langue que la vôtre, qui n’a pas votre âge, pas votre culture et parfois pas votre sexe, être dans son œil, dans ses dents, le tout servi par votre articulation qui ne doit pas être en reste... Il y a de quoi devenir dingue ou schizophrène, non, quand on y réfléchit ? A chaque fois que j’y pense, je me dis qu’on est complètement extravagants, nous les Français, de faire de façon aussi sérieuse et investie tout ce travail en doublage. Il faut avoir un sacré amour de l’art, un sacré amour du cinéma, un sacré amour pour le divertissement et la culture.
R.S : Y a-t-il des "voix" françaises qui vous ont marquée alors que vous ne pratiquiez pas encore cette activité vous-même ?
I.V : Toutes les voix qui ont bercé mon enfance... Je pense que c’est pareil pour tous les Français…Une voix, c’est une vraie madeleine de Proust. Entre autres : Roger Carel pour sa tendresse, Francis Lax et Jacques Ballutin pour leur drôlerie, Claude Bertrand, Serge Sauvion, Jean Topart, Michel Roux, Michel Gatineau pour son ton rassurant, Claude Chantal pour sa fraicheur, Martine Sarcey, Perrette Pradier, Céline Monsarrat, Dominique Paturel, Evelyn Selena, Maïk Darah, Thierry Bourdon, Jackie Berger... je ne peux pas faire une liste exhaustive... Il n’y a rien de rationnel là dedans. Que de l’émotionnel… A partir du moment où vous grandissez avec une télé plus ou moins allumée dans le salon, les comédiens qui font du doublage entrent dans votre espace privé et deviennent de véritables membres de votre famille qui vous accompagnent pendant de longues années, et vous développez un réel attachement. Si l’on change une des voix dans une série que vous aimez, vous pouvez vous mettre en rage, éprouver une vraie frustration, vous vous sentez même trahi ; la voix se met à vous manquer comme un être cher. C’est drôle l’impact émotionnel qu’une voix peut avoir et le plaisir qu’elle génère tant on l’associe à un visage d’acteur, à un rôle ou un personnage et tant on s’y attache !
R.S : Quels sont vos loisirs ?
I.V : En ce moment, je m’intéresse à la déco, l’architecture, la construction... J’ai également une vraie passion pour les tissus. Je peux passer des heures à contempler et toucher du lin, du velours, du satin... La personne étrange capable de passer trois heures chez Leroy-Merlin à caresser tous les rideaux et s’enrouler dedans, c’est moi ! Et sinon, depuis toujours, j’adore danser, mais surtout, le luxe suprême : la glandouille seule à une terrasse, avec un petit verre et les oreilles grandes ouvertes. :-)
R.S : Merci beaucoup Isabelle.
I.V : Merci Reynald, avec plaisir !
Interview de juin 2021