R.S : Bonjour Patrick...

P.M : Bonjour.

R.S : Quel est le cheminement qui t'a conduit vers ce métier ?

P.M : J'ai fait du théâtre à l'école primaire, comme beaucoup de monde, et puis j'ai complètement oublié cette expérience... Et un jour, plusieurs années après, alors que j'étais étudiant (en "Carrières Sociales"... pas grand-chose à voir avec le spectacle...), j'ai eu envie de participer à la création d'une pièce à la Cité Universitaire. C'était du théâtre amateur, mais on s'amusait "sérieusement". Pour moi, ça a été le coup de foudre. J'ai eu envie de continuer, de prendre des cours d'art dramatique, en espérant un jour pouvoir en faire mon métier.

R.S : Lorsqu'on veut être comédien, au début, pense-t-on obligatoirement à faire du théâtre ?

P.M : Oui. En tout cas, pour moi, c'était le cas ! J'avais une réelle envie d'être sur scène, c'était même un besoin physique très fort... Et, en même temps, je me disais que pour aborder la télévision ou le cinéma le théâtre était la meilleure école.

R.S : Le doublage est venu dans ta vie de quelle façon ?

P.M : Je pense que le doublage fait partie du métier de comédien. Après quelques années, j'ai eu envie de tenter l'expérience, en allant dans les studios pour observer et apprendre la technique, en essayant de passer des essais... Le parcours habituel de beaucoup de comédiens qui travaillent aujourd'hui régulièrement dans ce secteur.

R.S : En somme, tu voulais découvrir une nouvelle expérience !

P.M : Exactement. En allant assister à des séances d'enregistrement dans les studios, j'ai pris conscience de la difficulté de cet exercice, et de tout ce que cela pouvait m'apporter en tant que comédien. Il s'agit en fait de trouver sa propre liberté à l'intérieur des contraintes très importantes que sont le temps (on doit toujours travailler très vite), la bande rythmo, le jeu de l'acteur qu'on double (et qu'il ne faut pas trahir), le rythme, le débit, etc. Jouer une situation, debout, dans le noir, devant un micro, c'est à chaque fois un véritable défi, et un vrai plaisir d'acteur.

R.S : Tu suis certains comédiens. Cette fidélité doit avoir pas mal d'avantages ?

P.M : J'ai doublé Ben Stiller dans plusieurs de ses films, mais pas dans tous. C'est le cas aussi pour John Cusack ou Adrien Brody. Effectivement, c'est toujours excitant de pouvoir doubler le même acteur plusieurs fois, parce qu'une certaine familiarité, ou proximité, s'installe. Mieux connaître sa façon de bouger, de parler, de réagir, apporte forcément un plus dans le travail.

R.S : Même si, de film en film, tu commences à le connaître, c'est probablement un nouveau challenge à chaque fois ?

P.M : C'est vrai que c'est très intéressant de suivre la carrière d'un acteur de cette façon. Je pense au dernier film de Ben Stiller que j'ai doublé, "Dodge Ball", une comédie, où il compose un personnage complètement déjanté, un super macho, boby buildé, prétentieux, qui pense que toutes les femmes sont à ses pieds. Une voix beaucoup plus grave que dans ses autres films. Effectivement, c'est à la fois un vrai challenge et un vrai régal !

R.S : As-tu déjà rencontré un comédien que tu doubles régulièrement ? Et que penses-tu de cette démarche ?

P.M : Ça ne m'est jamais arrivé, mais j'ai eu envie de le faire il y a quelque temps pour la sortie du film "Le jour d'après" (à Paris, en présence de l'équipe de tournage) dans lequel j'ai doublé Jake Gyllenhaal. Je crois que ça m'aurait beaucoup amusé de parler avec lui.

R.S : En dehors de ton métier, quelles sont tes grandes passions ?

P.M : L'amour !

R.S : Merci beaucoup Patrick.

P.M : Merci beaucoup à toi, et à ton enthousiasme !

Interview de mars 2005