R.S : Bonjour Béatrice.

B.M : Bonjour Reynald.

R.S : Quel a été votre parcours de comédienne ?

B.M : A 9 ans, après mon cours de piano au conservatoire de St-Quentin (02), je filais dans la classe d'art dramatique de Madame Micheline Sénéchal-Macabies pour attendre mes sœurs ainées inscrites au cours. C'est ainsi que pendant 2 ans je passais mes samedis entiers à observer ces apprentis comédiens. Une troupe de Paris venant jouer dans la ville n'avait pas leur petite Louison dans "Le malade imaginaire". Madame Macabies m'a présentée... C'était parti ! Succès, virus, je n'ai plus jamais lâché l'affaire. Je décroche mon 1er  prix de comédie classique et mon 1er prix de comédie moderne ainsi qu'un 1er prix de piano à 17 ans. Ma chance est d'avoir joué au théâtre de St-Quentin, magnifique théâtre à l'italienne durant toutes ces années ! Puis je vais à Paris, je joue tout de suite avec une compagnie, en même temps je rencontre d'abord Yves Pignot (L'EDA) puis Antoine Vitez (Chaillot) rien à voir ! C'est vrai et finalement je crois que j'ai pigé tout quand j'étais à mon poste d'observatrice du haut de mes 10 ans. Ce que je retiens est là et ce qui se passe après...

R.S : Aller vers la capitale est un passage obligé, j'imagine ?

B.M : Forcément je voulais manger du théâtre.

R.S : Comment avez-vous pris le chemin du doublage ?

B.M : Grâce à Daniel Brémond avec qui je jouais au théâtre dans les années 86-87. Comme il était également directeur de plateau, il m'a proposé d'assister aux séances de doublage. Je me suis retrouvée de nouveau en position d'observatrice. J'allais avec lui sur tous ses plateaux (je me souviens qu'il dirigeait surtout du dessin animé) et quelqu'un, sur un de ces plateaux, m'a parlé d'un stage avec Béatrice Delfe. Je l'ai fait et je m'en souviendrai longtemps car j'ai ADORÉ. Béatrice était épatante, elle nous mettait derrière des comédiens américains prestigieux, les plus grands, et nous livrait les "trucs" du métier. Le stage terminé, Béatrice m'a engagée dans une série (Guiding light) où j'ai appris énormément...

R.S : Est-ce que l'idée que vous vous faisiez de cette branche de la profession était conforme à la réalité ?

B.M : Je ne sais pas, ce que je sais c'est que quand ce magnifique personnage récurrent a disparu, j'ai cru que les directeurs de plateau allaient m'appeler bien sûr. Je continuais mon métier de comédienne mais le téléphone ne sonnait pas beaucoup pour le doublage (en tout cas pour moi) et c'est bien plus tard que j'ai appris qu'il fallait se rappeler au bon souvenir des directeurs. Je le comprends d'ailleurs très bien maintenant et c'est naturellement pareil partout. Et surtout dans notre métier.

R.S : Avez-vous une préférence parmi toutes vos activités de comédienne ?

B.M : J'aime les répétitions, chercher, trouver le personnage et puis le perdre et le retrouver. Au théâtre, ça me passionne parce que cela "dure plus longtemps". Mais c'est la même préférence quand on double un personnage et qu'on respire comme lui parce qu'on l'a compris à la lecture même, sauf qu'ici l'urgence étant de rigueur on n'a pas tellement intérêt à le louper sinon on est triste comme une actrice qui a manqué son rôle.

R.S : Professionnellement, avez-vous un désir particulier que vous aimeriez concrétiser ?

B.M : C'est bien difficile de répondre à cette question parce que je me sens plus "interprète" et je suis donc bien heureuse à chaque fois que je joue. Alors mon désir particulier devient celui-là.

R.S : Quels sont vos hobbies ?

B.M : Le bonheur de chaque jour d’élever mes 3 filles 11, 13 et 15 ans et le plaisir que j'ai de partager avec elles les joies de la musique. J'adore dessiner, peindre, coudre, tricoter  hélas le temps... avec sa besace sur le dos... recueille des aumônes pour l'oubli, bien souvent !

R.S : Merci beaucoup Béatrice.

B.M : Merci Reynald.

Interview d'avril 2015