R.S : Bonjour François.

F.D : Salut Reynald, et merci de m'accueillir sur ton site. Je vais essayer de répondre à tes questions en n'étant pas trop long.

R.S : Quel a été ton parcours de comédien ?

F.D : Mon C.V. en dira plus long que moi mais, en gros, j'ai commencé le théâtre au lycée puis ai très vite été en cours du soir, et ai intégré une troupe à l'âge de 16 ans. Après mon bac, j'ai été admis à la Rue Blanche puis au Conservatoire National d'Art Dramatique. Ensuite j'ai volé de mes propres ailes. J'ai eu un parcours riche et divers, beaucoup de théâtre, pas mal de télé et un peu de cinéma... J'ai été très marqué par le travail avec Gilles Zaepfell, Gilles Dao et plus récemment Godefroy Segal, trois metteurs en scènes de théâtre qui m'ont été très fidèles...

R.S : As-tu le sentiment que ton passage au Conservatoire a été déterminant pour toi, à quelque égard que ce soit ?

F.D : Déterminant, je ne sais pas... Ce qui est certain c'est que l'outil extraordinaire qui nous est proposé dans cette école, avec le luxe de l'approche pluridisciplinaire, la qualité des enseignants et la vitrine que sont les "journées du Conservatoire" ( les représentations de fin d'année) permet de travailler son instrument et d'avoir la possibilité d'être vu par de nombreux professionnels qui comptent... J'ai pu aussi côtoyer plein de camarades, dont certains comptent dans le théâtre aujourd'hui : Py, Nordey, Fisbach, une grosse partie de la troupe du Français d'aujourd'hui, etc. mais aussi plein d'autres moins connus, artisans, talentueux et généreux. Enfin j'ai eu la chance de recevoir l'enseignement de la regrettée Madeleine Marion qui m'a beaucoup appris. Je dirais que mon passage de 2 ans à l'école de la Rue Blanche avant le Conservatoire a été, lui, déterminant. Nous montions des ateliers tous les trois mois, dans un joli guignol, le 347 Chaptal. Nous étions tous étudiants, dans tous les corps de métier du théâtre, comédiens, déco, costumiers, régisseurs, administrateurs... on avait tous le même âge ou à peu près et l'énergie qui résultait de nos ateliers est un souvenir... déterminant.

R.S : Tu as l'expérience de la scène, de la caméra, du micro... Y a-t-il un "lieu" de jeu dans lequel tu te sens le plus "chez toi" ?

F.D : Clairement le théâtre, la scène, avec ou sans micro. Mais je me soigne.

R.S : Comment es-tu arrivé dans le doublage ?

F.D : Frédérique Liébeaux, une excellente directrice artistique, est venue me voir au théâtre en 2001. Elle m'a demandé de venir le lendemain sur un plateau d'Hervé Icovic... Ça a été une catastrophe... J'ai compris que c'était tout un pan de ma formation que je n'avais pas accompli. J'ai donc suivi des stages puis Isabelle Brannens, dont j'admire l'écoute bienveillante, m'a fait passer début 2002 un essai pour doubler Alessio Boni, rôle principal d'un 35 pour lequel j'ai été choisi. Ensuite, la fidèle et talentueuse Laura Préjean m'a convoqué pour travailler sous sa direction à plusieurs reprises, pour de petits rôles d'abord puis elle m'a confié mes premiers rôles récurrents dans des séries, avec plusieurs saisons à la clé. Je voudrais aussi citer mon ami Boris Rehlinger, un sacré comédien avec lequel j'ai joué trois spectacles et qui est une de nos grandes voix françaises du doublage. Il a été pour moi un parrain, un frère dans le milieu du doublage et il continue de l'être, il a du talent sans doute mais aussi un coeur énorme. Difficile de citer d'autres directeurs artistiques sans en oublier, mais Nathalie Raimbault, Laurent Dattas et Jérôme Pauwels font partie des plus fidèles D.A. avec lesquels je bosse. Mais il y en a beaucoup d'autres.

R.S : Comment voyais-tu le doublage avant d’en faire toi aussi et écoutais-tu les versions françaises ?

F.D : Comme le fait souvent l'ignorant avec ce qu'il ne connaît pas, j'avais un point de vue sur le doublage et il était complètement faux. Quand j'ai commencé à doubler des acteurs mais aussi à faire de la post-synchro ou de la voice-over, j'ai énormément appris. C'est une partie importante de notre métier de comédien qui requiert des qualités d'écoute, de rapidité, de sensibilité et une concentration extrême. En effet, le côté "industriel" du doublage, la nécessité de rendre les produits en temps et heure de plus en plus rapidement malheureusement, obligent à être très affuté et toujours à l'écoute de son D.A. et de l'acteur auquel on prête sa voix en français. Il y a beaucoup de directeurs artistiques qui ont compris que cette atmosphère de respect mutuel et de concentration est la base d'un travail bien mené. Et il y a beaucoup de comédiens dont le talent en doublage m'a fasciné.

R.S : Quels sont tes hobbies ?

F.D : Je fais du foot, très amateur, le dimanche matin, de la course à pied (tranquillement), je lis beaucoup et adore le jardinage...

R.S : Merci beaucoup François.

F.D : Merci à toi, Reynald

Interview d'avril 2016