R.S : Bonjour Mathias...

M.C : Salut !

R.S : Comment un diplômé en biochimie a-t-il changé de voie pour devenir comédien ?

M.C : En fait, ça ne c'est pas passé comme ça. Je n'ai jamais changé de voie. J'ai toujours mené ces deux chemins parallèlement. J'ai commencé le théâtre à l'adolescence et je n'ai jamais arrêté depuis. J'étais intermittent 6 mois après l'obtention de ma maîtrise de biochimie. Le parcours scientifique s'est arrêté à cette étape tout naturellement, mon activité artistique prenant tout mon temps.

R.S : Tu as fait tes premiers pas sur les planches, le trac a dû être immense ?

M.C : Pas vraiment, non. Au début, on répétait tout au long de l'année, et les deux ou trois représentations concrétisaient l'aboutissement d'une grosse envie de jouer devant un public. Pour moi, c'était un défouloir, je lâchais toute mon énergie pour avoir la sensation d'y être allé à fond, quitte à me casser la voix. Peut-être une façon de cacher le trac ?

R.S : Comment as-tu commencé le doublage ?

M.C : J'ai commencé le doublage en me présentant sur les plateaux. Là, j'ai tout de suite été séduit par le coté rigoureux du travail, le résultat immédiat et la virtuosité des acteurs que je voyais travailler. La première personne à me faire confiance a été Magali Barney qui m'a mis le pied à l'étrier et m'a accueilli dans sa "famille doublage". Mon premier récurrent je le dois à Barbara Tissier. D'autres personnes m'ont ouvert les bras et soutenu, je pense à Perrette Pradier et Arlette Thomas...

R.S : Depuis tes débuts, j'imagine que tu as croisé pas mal de personne que tu admirais avant de t'adonner à cette discipline ? As-tu un moment particulier à raconter ?

M.C : Au début, c'était très particulier, je ne connaissais que très peu de noms d'acteurs qui faisaient du doublage et encore moins leurs visages. Alors, sur les plateaux, quand quelqu'un parlait, certaines fois sa voix me paraissait tellement familière que je devais fermer les yeux pour trouver sur quel personnage je l'avais entendu plus jeune, car la physionomie très éloignée du comédien français brouillait trop les pistes.

R.S : Que penses-tu de la fidélité entre un comédien étranger et un comédien français ? Est-elle primordiale comme le dit souvent le public ?

M.C : Ta question donne la réponse. Je pense que la fidélité entre un comédien étranger et un comédien français est surtout bien reçue par le public qui associe très vite une voix à un acteur. Le changement perturbe les spectateurs.

R.S : Est-ce que la rapidité avec laquelle il faut travailler n'altère pas le jeu du comédien ? Voire même le plaisir en tant qu'acteur ?

M.C : Absolument ! La pression sur la rapidité du travail se retrouve à tous les niveaux : détection, adaptation, calligraphie, vérifications, enregistrement et mixage. C'est pour toutes ces raisons que la qualité finale se trouve amoindrie. Travailler vite sur une partition mal écrite altère forcément le jeu de l'acteur.

R.S : La diversité de ce métier doit être enrichissante pour un comédien ?

M.C : Je pratique le théâtre en salle, le théâtre de rue, quelquefois la télé, le ciné, la pub, souvent le doublage, ponctuellement la narration et l'évènementiel... En ce qui me concerne, je tiens à profiter de cette diversité, ça permet de rester neuf, d'avoir toujours envie.

R.S : Quels sont tes passe-temps en dehors de ton métier ?

M.C : Je fais du Wing Chun, c'est un art martial chinois, je retape une fermette dans le Beaujolais depuis 1998, je suis des cours de chant...

R.S : Merci beaucoup Mathias.

M.C : Merci à toi et bravo pour ton site !

Interview de mars 2005