R.S : Bonjour Philippe.

P.C : Bonjour Reynald.

R.S : Quelle a été votre formation, si toutefois vous en avez suivi une ?

P.C : J’ai fait le cours Florent. En ce qui concerne le doublage je n’ai pas fait de formation j’ai commencé en assistant sur les plateaux.

R.S : Comment avez-vous débuté dans ce métier ?

P.C : J’étais aux cours Florent. Ma professeure, Joëlle Seranne, m’a sélectionné avec deux autres camarades afin de faire une tournée avec des comédiens et comédiennes de la Comédie-Française pour jouer deux pièces de Molière : La comtesse d’Escarbagnas et Le Mariage forcé. Ça a commencé comme ça.

R.S : Parmi tous les films dans lesquels vous avez joué, y a-t-il un rôle qui vous a particulièrement marqué ou qui a été un défi particulier pour vous en tant que comédien ?

P.C : Real Movie de Stéphane Robelin en 2004. J’avais six semaines de tournage entre Paris et la Corse. C’était la première (et unique fois, en tout cas pour le moment) où j’ai tourné aussi longtemps. C’était plutôt chouette. Malheureusement peu de gens ont vu le film mais l’expérience a été formidable. Ma première fois sur scène aussi. J’étais en sixième, je jouais un roi qui se sacrifie pour sa fille. J’avais un pantalon de survêtement vert pomme, un sous pull blanc et une couronne de galette des rois sur la tête ! Ça ne s’oublie pas.

R.S : Y a-t-il un genre de film ou de théâtre que vous préférez ou que vous aimeriez jouer ?

P.C : Je n’ai jamais eu de chapelle. Jamais. J’aime autant les drames que les comédies, les films fantastiques ou les huis-clos, tant que c’est bien écrit et bien fait. J’aime juste être touché par ce que je vois et ce que je ressens, peu importe d’où cela vient. Pour le théâtre c’est pareil. En revanche je suis sensible à la narration scénaristique. Un personnage que j’aimerais jouer au théâtre ? J’adorerais jouer le romantique Dracula de Bram Stoker. Un personnage qui décide de damner son âme pour retrouver celle qu’il a perdu. C’est beau non ? En tout cas ça m’intéresserait de l’explorer.

R.S : Comment avez-vous débuté dans le doublage ?

P.C : Grâce à Claire Guyot que j’ai rencontrée alors qu’elle préparait un clip pour son album en 2009. J’étais déjà comédien. Le monde du doublage m’était alors inconnu mais exerçait déjà une fascination récurrente depuis l’enfance puis l’adolescence lorsque je dévorais au ciné ou en VHS les films et les dessins animés en VF. Claire m’a gentiment autorisé à venir assister pendant quelques semaines sur ses plateaux. Puis elle m’a proposé d’essayer et j’ai adoré. Par la suite j’ai pu rencontrer d’autres DA. Ça a commencé comme ça. Je ne remercierai jamais assez Claire et par la suite ceux et celles qui m’ont ouvert leurs portes.

R.S : Que pensez-vous de son avenir, avec l’émergence de l’IA, en particulier ?

P.C : Evidemment l’arrivée de l’IA peut à juste titre faire peur. Celle-ci représente des enjeux économiques importants et forcément les principaux décideurs, en partenariat avec ceux qui développent cette technologie, seront toujours prêts à tout pour réduire leurs coûts et leurs temps de production sans se préoccuper des impacts humains. Même si pour le moment nous sommes plus ou moins épargnés, les progrès rapides de l’IA sont assez significatifs et peuvent être à terme une menace pour certains métiers dont le doublage peut faire partie. C’est donc à nous d’être vigilants, de se battre à tous les niveaux en communiquant et en alertant le plus possible sur les dangers que peut générer cette technologie (certains le font déjà). Il faut absolument convaincre les instances de faire réguler et réglementer l’IA à partir du moment où l’on ne peut pas l’arrêter. Maintenant, concernant notre métier et en tant qu’artiste, je suis de ceux qui pensent viscéralement qu’on ne pourra jamais, même avec la plus grande des technologies, remplacer le panel d’émotions profondes que seul un être vivant peut avoir. Le doublage ça n’est pas que la voix, c’est aussi le corps et l’esprit. Je pense également que culturellement les Français sont beaucoup attachés au doublage. Et puis il y a les allergiques à la VO. Tout le monde doit pouvoir découvrir les œuvres comme il l’entend ! De toute façon L’IA reste et restera de la reproduction jamais de l’incarnation.

R.S : Quels sont vos loisirs ?

P.C : Je ne vais pas être très original : j’aime regarder des films, des séries, des docus. Aller au théâtre, lire, marcher, voir mes amis, partir à la campagne avec mes enfants, notamment en Touraine d’où je viens, faire des grandes balades en forêt. J’adore cultiver les plantes, j’ai la main verte. En sport je pratique intensivement le jogging, ça me vide la tête.

R.S : Merci beaucoup Philippe.

P.C : Merci Reynald.

Interview de décembre 2023