Michčle Buzynski
Doublage
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Collants Golden Lady
télévision, VOD & DVD
1992
Voix
DocumentaireArte, France 3
Arte, France 3, France 5, Discovery
Habillage
Nova émission d'Edouard Baer et Ariel Wizman (festival de Cannes)
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106 Kid
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Télérama
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Trottine
Formation
Cours Janey Frantz, Studio 34
Préparation Comédie musicale Victor Upshow
Atelier Niels Arestrup et Yves Le Moign
Atelier Blanche Sallant
Atelier VO-VF
Conservatoire de musique de Lille, piano et chant
Préparation Comédie musicale Victor Upshow
Atelier Niels Arestrup et Yves Le Moign
Atelier Blanche Sallant
Atelier VO-VF
Conservatoire de musique de Lille, piano et chant
Cinéma
"Guy de Maupassant" réalisé par Michel Drach
"Coup de foudre" réalisé par Diane Kurys
"On a volé Charlie Spencer" réalisé par Francis Huster
"Twist Again à Moscou" réalisé par Jean-Marie Poiré
"Tchin tchin" réalisé par Gene Sacks
"Don Juan Zéro" réalisé par Denis Bernier
"La fête à l'envers" réalisé par Charles Dubois
"Coup de foudre" réalisé par Diane Kurys
"On a volé Charlie Spencer" réalisé par Francis Huster
"Twist Again à Moscou" réalisé par Jean-Marie Poiré
"Tchin tchin" réalisé par Gene Sacks
"Don Juan Zéro" réalisé par Denis Bernier
"La fête à l'envers" réalisé par Charles Dubois
Danse
Classique, modern, jazz
Opéra du Nord, Peter Goss, Milton Mayer, Miguel Lopez, Molly Molloy, Redha...
Opéra du Nord, Peter Goss, Milton Mayer, Miguel Lopez, Molly Molloy, Redha...
Films institutionnels & Publicités
IBM, Rivesaltes, Sodexo, Schweppes, Bonnet, Bull, BNP, Sécurité routière
Langues
Anglais
Espagnol
Espagnol
Music-hall
Arthur Plasschaert (Palais des congrés et tournées)
Richard Gotainer (Olympia et tournées)
Larry Vickers (Comédie des Champs-Elysées)
Richard Gotainer (Olympia et tournées)
Larry Vickers (Comédie des Champs-Elysées)
Opérettes
Répertoire classique, opéra du nord et tournées : Phi-Phi, H. Christiné. Rôle / Modèle
Radio
Lectures France Culture & France Inter
Animatrice à Fip Journées et Jazz à fip
Dramatiques feuilletons Radio France. Réalisateurs : J.J. Viernes, E. Fremy, C. Mallarmé, G. Gravier...
"La femme aux semelles de vent" création radiophonique inspirée du livre d’Alexandra David-Neel "Voyage d’une Parisienne à Lhassa"
Cette diffusion est dans le cadre de l’Atelier de la création animé par par Irène Omélianenko sur France Culture
Création radiophonique de Anthony Carcone avec Lionel Quantin et nuit blanche à St Mandé 2011
Animatrice à Fip Journées et Jazz à fip
Dramatiques feuilletons Radio France. Réalisateurs : J.J. Viernes, E. Fremy, C. Mallarmé, G. Gravier...
"La femme aux semelles de vent" création radiophonique inspirée du livre d’Alexandra David-Neel "Voyage d’une Parisienne à Lhassa"
Cette diffusion est dans le cadre de l’Atelier de la création animé par par Irène Omélianenko sur France Culture
Création radiophonique de Anthony Carcone avec Lionel Quantin et nuit blanche à St Mandé 2011
Télévision
Présentation des programmes de France 3
Théâtre
"Le mariage de Figaro" de Beaumarchais - mise en scène de Michel Boutier, dans le rôle de Suzanne. Espace Marais
"Ce soir on improvise" de Pirandello - mise en scène de Lucian Pintille. Théâtre de la ville
"Janine Truchot a disparu" de B. Druard - mise en scène de Cathy Vagnon, dans le rôle de Julie. Café d'Edgar
"Ce soir on improvise" de Pirandello - mise en scène de Lucian Pintille. Théâtre de la ville
"Janine Truchot a disparu" de B. Druard - mise en scène de Cathy Vagnon, dans le rôle de Julie. Café d'Edgar
Interview
R.S : Bonjour Michèle.
M.B : Bonjour Reynald, enfin parmi vous, grâce à votre persévérance !
R.S : Pouvez-vous parler de vos débuts de comédienne ?
M.B : J'ai d'abord débuté comme danseuse à l'Opéra, petit rat. Je voulais rentrer à l'Opéra dès 4 ans, mais c'était trop jeune. Il a fallu que je patiente jusqu'à 7 ans. Sacrée école de rigueur ! Et c'est à 8 ans que j'ai fait ma première apparition importante sur scène, dans "Carmen". J'étais la plus jeune des petits soldats, et c'était féerique. Je connaissais par cœur cet opéra que j'adorais. Pour moi, l'interprète de Carmen était une comédienne qui chantait, et c'était fascinant ! Ensuite, avec le corps de ballet, j'ai participé entre autres à des opérettes, "comédies musicales" françaises. Je jouais, dansais, chantais, et tout naturellement je me suis ensuite orientée vers la comédie musicale. J'avais ajouté à ma palette les claquettes et la danse moderne. Cela me semblait évident, pour moi, de pratiquer toutes ces disciplines à la fois, même si les Assedic étaient perturbés, et me demandaient : "Alors que faites-vous exactement ? Vous êtes danseuse ou chanteuse ? A moins que ce ne soit comédienne ?". J'ai aussi tourné des pubs, et c'est comme ça que j'ai commencé.
R.S : A quoi rêve-t-on lorsqu'on débute dans ce métier ?
M.B : On rêve de rencontrer un metteur en scène, de beaux textes, de beaux personnages, de bons partenaires et, surtout, le public !
R.S : Avant d'interpréter un rôle, il y a tout un travail en amont. En quoi cela consiste-t-il ?
M.B : Vivre ! Sinon, malaxer et remâcher le texte. L'intégrer profondément pour en extraire l'essentiel, c'est le plus important. Presque tout est dans le texte. Sentir le rythme et l'énergie de la situation, et autour des mots, et sous les mots. Ecouter et regarder son partenaire est tout aussi important, bien sûr. Et lire, pour comprendre la source du contexte. Inventer, rêver la vie du personnage, et pourquoi ne pas lui inventer quelques petits secrets.
R.S : Comment avez-vous pris le chemin du doublage ?
M.B : C'est un ami comédien qui m'a présenté à Didier Breitburd qui, le premier, m'a mis le pied à l'étrier. J'ai commencé sur un de ses plateaux, sur un western. Je retournais en enfance, avec dans la distribution tous les ténors du doublage. Impressionnant ! Patrick Poivey, Gérard Hernandez, Marion Game, Stiti, entre autres... C'était tellement drôle, et en même temps un baptême. Il fallait être à la hauteur. Un sacré challenge. J'ai tout de suite adoré. Quelle ambiance géniale sur ces plateaux ! Toutes ces trouvailles spontanées ! Ensuite j'ai passé des essais pour Béatrice Delfe, qui a pensé à moi pour un joli personnage, pétillant et très marrant, dans la série : "Haine et Passion". Je me suis régalée, avec là aussi une joyeuse équipe. Et tout s'est enchainé.
R.S : Vous avez doublé à de nombreuses reprises certaines comédiennes, dont Robin Wright et Kim Basinger. Cela a-t-il créé une sorte de lien entre vous ?
M.B : Oui bien sûr, elles me sont familières, je connais leurs petits "tics", malgré les différents personnages, aussi fabuleux soient-ils, qu'elles incarnent, comme une empreinte digitale, un je ne sais quoi, qui leur est particulier, un certain rythme. C'est un vrai bonheur, et un réel plaisir renouvelé, car ce sont toujours des personnages si différents, chaque fois, et des comédiennes tellement extraordinaires. Disons qu'en essayant de ne pas les trahir, je me fonds avec elles dans la situation, je regarde l'œil, et c'est presque plus simple quand les comédiennes sont de cette envergure. Je les accompagne. Et même si je suis un caméléon, il y a comme ça des rencontres, qui garantissent l'étonnement et le respect.
R.S : Vous avez doublé Tonya Lee Williams dans "Les feux de l'amour". Pouvez-vous partager ce souvenir avec les personnes qui vont lire cette interview ?
M.B : Tout d'abord, je veux dire que Tonya me déçoit beaucoup en ce moment. Il semblerait qu'elle s'intéresse davantage au festival du cinéma de Toronto qu'aux "Feux de l'amour", qui s'étiolent si elle n'entretient pas la flamme. Je peux comprendre qu'elle veuille visiter d'autres univers, mais pendant ce temps elle est moins présente sur la série et moi qui suis très attachée à elle depuis toutes ces années, je suis sentimentale, je me sens délaissée. Tonya Lee Williams a voulu me rencontrer, j'en étais assez touchée, car normalement c'est plutôt l'inverse qui se produit, c'est nous qui voulons rencontrer les comédiennes que nous doublons, bien que ce soit intimidant. Elle est venue une première fois à l'improviste à Dubbing Brothers, mais je n'étais pas convoquée ce jour-là, et elle est repartie bredouille. L'année suivante, en présentant un film de son festival canadien à Cannes, elle a cherché là-bas à me joindre, puis nous avons réussi à nous voir à Paris. Ce qui était troublant c'est qu'elle ne me connaissait pas, mais moi, évidemment, je la connaissais par cœur, et nous avons eu spontanément une relation très amicale. Elle était comme une sœur, très proche, grignotant dans mon assiette, pleine d'humour, nous racontant nos vies, un très joli moment. Sur la longueur, partager l'évolution du personnage, en même temps que son évolution dans la vie, c'est plutôt rigolo ! Sans oublier l'oreille fine et exigeante de Gérald Guetton (le superviseur du doublage de la série) qui m'a refait faire des scènes, une fois, pensant qu'Olivia avait été doublée par une autre comédienne. Et pour cause ! J'avais une crève carabinée que j'essayais de camoufler !
R.S : Qu'est-ce qui vous plaît particulièrement dans le doublage ?
M.B : La possibilité de jouer des personnages qui ne nous seraient pas forcément attribués au cinéma ou au théâtre, mais pour lesquels nous avons un tiroir personnel similaire, une nature proche, une même énergie. Partager mes journées avec des comédiens fabuleux, comme Jacques Mauclair, Pierre Arditi, Lambert Wilson, Vincent Perez, et toutes et tous mes camarades, non moins prestigieux. Sans oublier les DA : Didier Breitburd, Jean Marc Pannetier, Catherine Le Lann, Valérie Siclay, et sa "sœur" Barbara Tissier, et Thierry Wermuth, et Nathalie Régnier, et Jean Pierre Dorat, et Michel Derain, bref, la liste est trop longue. Et les ingés son, très importants. Rencontrer Marco Ferreri, qui vous envoie chercher par son assistant que j'entends me dire : "Marco aime vraiment beaucoup votre travail !". Je me pinçais pour être certaine de ne pas rêver. Rencontrer Costa Gavras avec lequel j'ai d'abord eu un sacré trac, qui s'est évanoui immédiatement, tant ce Monsieur est charmant et respectueux et, par dessus tout, parce que j'étais face à un modèle de grâce artistique. Quant à ses indications (à la manière de François Truffaut, quand Jean-Pierre Léaud lui demandait : "Comment dois-je traverser ?", la réponse était : "Fais attention à ne pas te faire écraser !"), il indiquait que certains journalistes, ne sachant pas de quoi ils parlent, meublent à l'antenne pour masquer leur ignorance. Et J.P. Jeunet, dans "Alien"... Etre choisie par Almodovar, que j'adore, sur Carme Elias, dans "La fleur de mon secret", sachant quelle importance il attribue aux voix et qu'il connaît parfaitement le monde du doublage. C'est une vraie chance. Participer modestement au scénario d'un réalisateur que j'aime particulièrement, comme Cassavetes, dans "She's so Lovely", et interpréter ce rôle majestueux de Robin Wright, pour laquelle j'ai une sensibilité toute particulière. Et tant d'autres comédiennes fabuleuses. Me retrouver au coté de notre Jean-Claude Michel doublant Clint Eastwood et moi Bernadette Peters (excellente comédienne). J'en avais des frissons, non seulement parce que je suis une midinette, mais entendre tout près cette voix si suave que j'ai écoutée au moins une quinzaine de fois dans: "Le bon, la brute et le truand" (" Et toi tu n'as pas la tête de celui qui l'encaissera !"). Quelle émotion ! Quand mon moral est en baisse et que j'entends : "Cours Forrest, cours", de Forrest Gump, comme une expression consacrée, dans des situations diverses, en toute modestie ça me fait du bien ! Et puis c'est toujours amusant de coller à la perception d'un directeur artistique, ou d'un metteur en scène d'ailleurs. Voilà, pour tout ça, entre autres.
R.S : Quels sont vos hobbies ?
M.B : Tenter d'être ce que je suis, de la manière la plus heureuse possible, c'est meilleur pour ma santé, et ça peut enrichir aussi mes personnages, et si je peux m'améliorer ! M'émerveiller, contempler, tout. Love, comme dirait Ferré, et pouvoir rire de tout, si c'est drôle, pour prendre un peu de recul.
R.S : Merci beaucoup Michèle.
M.B : Merci à vous Reynald.
Interview de novembre 2013
M.B : Bonjour Reynald, enfin parmi vous, grâce à votre persévérance !
R.S : Pouvez-vous parler de vos débuts de comédienne ?
M.B : J'ai d'abord débuté comme danseuse à l'Opéra, petit rat. Je voulais rentrer à l'Opéra dès 4 ans, mais c'était trop jeune. Il a fallu que je patiente jusqu'à 7 ans. Sacrée école de rigueur ! Et c'est à 8 ans que j'ai fait ma première apparition importante sur scène, dans "Carmen". J'étais la plus jeune des petits soldats, et c'était féerique. Je connaissais par cœur cet opéra que j'adorais. Pour moi, l'interprète de Carmen était une comédienne qui chantait, et c'était fascinant ! Ensuite, avec le corps de ballet, j'ai participé entre autres à des opérettes, "comédies musicales" françaises. Je jouais, dansais, chantais, et tout naturellement je me suis ensuite orientée vers la comédie musicale. J'avais ajouté à ma palette les claquettes et la danse moderne. Cela me semblait évident, pour moi, de pratiquer toutes ces disciplines à la fois, même si les Assedic étaient perturbés, et me demandaient : "Alors que faites-vous exactement ? Vous êtes danseuse ou chanteuse ? A moins que ce ne soit comédienne ?". J'ai aussi tourné des pubs, et c'est comme ça que j'ai commencé.
R.S : A quoi rêve-t-on lorsqu'on débute dans ce métier ?
M.B : On rêve de rencontrer un metteur en scène, de beaux textes, de beaux personnages, de bons partenaires et, surtout, le public !
R.S : Avant d'interpréter un rôle, il y a tout un travail en amont. En quoi cela consiste-t-il ?
M.B : Vivre ! Sinon, malaxer et remâcher le texte. L'intégrer profondément pour en extraire l'essentiel, c'est le plus important. Presque tout est dans le texte. Sentir le rythme et l'énergie de la situation, et autour des mots, et sous les mots. Ecouter et regarder son partenaire est tout aussi important, bien sûr. Et lire, pour comprendre la source du contexte. Inventer, rêver la vie du personnage, et pourquoi ne pas lui inventer quelques petits secrets.
R.S : Comment avez-vous pris le chemin du doublage ?
M.B : C'est un ami comédien qui m'a présenté à Didier Breitburd qui, le premier, m'a mis le pied à l'étrier. J'ai commencé sur un de ses plateaux, sur un western. Je retournais en enfance, avec dans la distribution tous les ténors du doublage. Impressionnant ! Patrick Poivey, Gérard Hernandez, Marion Game, Stiti, entre autres... C'était tellement drôle, et en même temps un baptême. Il fallait être à la hauteur. Un sacré challenge. J'ai tout de suite adoré. Quelle ambiance géniale sur ces plateaux ! Toutes ces trouvailles spontanées ! Ensuite j'ai passé des essais pour Béatrice Delfe, qui a pensé à moi pour un joli personnage, pétillant et très marrant, dans la série : "Haine et Passion". Je me suis régalée, avec là aussi une joyeuse équipe. Et tout s'est enchainé.
R.S : Vous avez doublé à de nombreuses reprises certaines comédiennes, dont Robin Wright et Kim Basinger. Cela a-t-il créé une sorte de lien entre vous ?
M.B : Oui bien sûr, elles me sont familières, je connais leurs petits "tics", malgré les différents personnages, aussi fabuleux soient-ils, qu'elles incarnent, comme une empreinte digitale, un je ne sais quoi, qui leur est particulier, un certain rythme. C'est un vrai bonheur, et un réel plaisir renouvelé, car ce sont toujours des personnages si différents, chaque fois, et des comédiennes tellement extraordinaires. Disons qu'en essayant de ne pas les trahir, je me fonds avec elles dans la situation, je regarde l'œil, et c'est presque plus simple quand les comédiennes sont de cette envergure. Je les accompagne. Et même si je suis un caméléon, il y a comme ça des rencontres, qui garantissent l'étonnement et le respect.
R.S : Vous avez doublé Tonya Lee Williams dans "Les feux de l'amour". Pouvez-vous partager ce souvenir avec les personnes qui vont lire cette interview ?
M.B : Tout d'abord, je veux dire que Tonya me déçoit beaucoup en ce moment. Il semblerait qu'elle s'intéresse davantage au festival du cinéma de Toronto qu'aux "Feux de l'amour", qui s'étiolent si elle n'entretient pas la flamme. Je peux comprendre qu'elle veuille visiter d'autres univers, mais pendant ce temps elle est moins présente sur la série et moi qui suis très attachée à elle depuis toutes ces années, je suis sentimentale, je me sens délaissée. Tonya Lee Williams a voulu me rencontrer, j'en étais assez touchée, car normalement c'est plutôt l'inverse qui se produit, c'est nous qui voulons rencontrer les comédiennes que nous doublons, bien que ce soit intimidant. Elle est venue une première fois à l'improviste à Dubbing Brothers, mais je n'étais pas convoquée ce jour-là, et elle est repartie bredouille. L'année suivante, en présentant un film de son festival canadien à Cannes, elle a cherché là-bas à me joindre, puis nous avons réussi à nous voir à Paris. Ce qui était troublant c'est qu'elle ne me connaissait pas, mais moi, évidemment, je la connaissais par cœur, et nous avons eu spontanément une relation très amicale. Elle était comme une sœur, très proche, grignotant dans mon assiette, pleine d'humour, nous racontant nos vies, un très joli moment. Sur la longueur, partager l'évolution du personnage, en même temps que son évolution dans la vie, c'est plutôt rigolo ! Sans oublier l'oreille fine et exigeante de Gérald Guetton (le superviseur du doublage de la série) qui m'a refait faire des scènes, une fois, pensant qu'Olivia avait été doublée par une autre comédienne. Et pour cause ! J'avais une crève carabinée que j'essayais de camoufler !
R.S : Qu'est-ce qui vous plaît particulièrement dans le doublage ?
M.B : La possibilité de jouer des personnages qui ne nous seraient pas forcément attribués au cinéma ou au théâtre, mais pour lesquels nous avons un tiroir personnel similaire, une nature proche, une même énergie. Partager mes journées avec des comédiens fabuleux, comme Jacques Mauclair, Pierre Arditi, Lambert Wilson, Vincent Perez, et toutes et tous mes camarades, non moins prestigieux. Sans oublier les DA : Didier Breitburd, Jean Marc Pannetier, Catherine Le Lann, Valérie Siclay, et sa "sœur" Barbara Tissier, et Thierry Wermuth, et Nathalie Régnier, et Jean Pierre Dorat, et Michel Derain, bref, la liste est trop longue. Et les ingés son, très importants. Rencontrer Marco Ferreri, qui vous envoie chercher par son assistant que j'entends me dire : "Marco aime vraiment beaucoup votre travail !". Je me pinçais pour être certaine de ne pas rêver. Rencontrer Costa Gavras avec lequel j'ai d'abord eu un sacré trac, qui s'est évanoui immédiatement, tant ce Monsieur est charmant et respectueux et, par dessus tout, parce que j'étais face à un modèle de grâce artistique. Quant à ses indications (à la manière de François Truffaut, quand Jean-Pierre Léaud lui demandait : "Comment dois-je traverser ?", la réponse était : "Fais attention à ne pas te faire écraser !"), il indiquait que certains journalistes, ne sachant pas de quoi ils parlent, meublent à l'antenne pour masquer leur ignorance. Et J.P. Jeunet, dans "Alien"... Etre choisie par Almodovar, que j'adore, sur Carme Elias, dans "La fleur de mon secret", sachant quelle importance il attribue aux voix et qu'il connaît parfaitement le monde du doublage. C'est une vraie chance. Participer modestement au scénario d'un réalisateur que j'aime particulièrement, comme Cassavetes, dans "She's so Lovely", et interpréter ce rôle majestueux de Robin Wright, pour laquelle j'ai une sensibilité toute particulière. Et tant d'autres comédiennes fabuleuses. Me retrouver au coté de notre Jean-Claude Michel doublant Clint Eastwood et moi Bernadette Peters (excellente comédienne). J'en avais des frissons, non seulement parce que je suis une midinette, mais entendre tout près cette voix si suave que j'ai écoutée au moins une quinzaine de fois dans: "Le bon, la brute et le truand" (" Et toi tu n'as pas la tête de celui qui l'encaissera !"). Quelle émotion ! Quand mon moral est en baisse et que j'entends : "Cours Forrest, cours", de Forrest Gump, comme une expression consacrée, dans des situations diverses, en toute modestie ça me fait du bien ! Et puis c'est toujours amusant de coller à la perception d'un directeur artistique, ou d'un metteur en scène d'ailleurs. Voilà, pour tout ça, entre autres.
R.S : Quels sont vos hobbies ?
M.B : Tenter d'être ce que je suis, de la manière la plus heureuse possible, c'est meilleur pour ma santé, et ça peut enrichir aussi mes personnages, et si je peux m'améliorer ! M'émerveiller, contempler, tout. Love, comme dirait Ferré, et pouvoir rire de tout, si c'est drôle, pour prendre un peu de recul.
R.S : Merci beaucoup Michèle.
M.B : Merci à vous Reynald.
Interview de novembre 2013