R.S : Bonjour Chloé.

C.B : Bonjour Reynald !

R.S : Quel a été ton parcours de comédienne ?

C.B : Depuis toute petite j'ai toujours rêvé d'être "théâtreuse". Mais quand mon frère m'a dit que ça signifiait mauvaise comédienne, je me suis dit que c'était plus prudent de suivre des cours de théâtre. ;-) Donc, outre le fait que j'ai commencé le doublage à 11 ans, au sortir du lycée, j'ai intégré le conservatoire du 7ème arrondissement chez Danielle Ajoret. Une de ses anciennes élèves cherchait une jeune première pour un Marivaux et me voilà en 1999 sur les planches du festival d'Avignon. Là-bas, un metteur en scène me repère et je pars jouer au Luxembourg "La Tempête" de Shakespeare aux côtés de Bruce Meyers. Dès lors, tout s'est assez bien enchaîné. J'ai presque joué tous les ans dans une nouvelle pièce. Toujours prudente, et ne voulant pas mettre ma formation théâtrale de côté, j'intégrais le Studio Théâtre d'Asnières chez Jean-Louis Martin-Barbaz pour 5 ans. En 2002 j'ai eu la chance de faire partie des talents Adami en tournant avec Pierre Pinaud. Cela m'a permis de vivoter dans le milieu du court métrage jusqu'à ce qu'en 2009 je décroche le prix de la meilleure comédienne au Festival de Clermont avec le film "La raison de l'autre" de Foued Mansour. Et, aujourd'hui, c'est dans le cinéma que je mets les pieds. J'ai eu 17 jours de tournage sur le film "L'Hermine" de Christian Vincent. Je joue la greffière de Fabrice Luchini. Le film vient d'avoir deux prix à la Mostra de Venise (meilleur scénario et meilleur comédien) donc on est plutôt très contents !

R.S : Tu as l'expérience de la scène, de la caméra, du micro... Y a-t-il une activité qui a ta préférence ?

C.B : Tout est complémentaire. Et je suis ravie de pouvoir être en studio un jour, le soir au théâtre et le lendemain sur un plateau de tournage. J'aime cette diversité et chaque discipline enrichit l'autre. C'est important, cette polyvalence. Bien que cela ne soit pas toujours facile, car en France on a tendance à cataloguer les comédiens par catégories. Le nombre de fois où j'entends : "Ben non, il n'acceptera jamais de partir en tournée, il fait trop de doublage", ou bien "Ben non, il tourne vachement en ce moment, il n'acceptera plus de faire du doublage". C'est très énervant. On sait tous que l'important c'est de bosser, c'est d'être là, et de continuer à faire son métier honnêtement et avec passion.

R.S : Comment as-tu débuté dans le doublage ?

C.B : C'est Perette Pradier qui m'a mis le pied à l'étrier. A force de me croiser sur les plateaux avec ma mère (Marie-Martine Bisson) et de voir à quel point  mon envie de faire ce métier était forte, elle m'a confié le rôle de Mary-Sue dans "La famille Torkelson". C'est Martine Meiraghe qui faisait ma mère, il y a pire comme début…

R.S : Le doublage est-il une activité que tu trouves enrichissante en tant que comédienne ?

C.B : Le doublage apporte une grande immédiateté. On arrive sur un plateau : il faut rire, il faut pleurer, se mettre en colère... Il n'y a pas de préparation. Ça demande à être très réactif. Je trouve que c'est un bon endroit pour travailler ses gammes, comme un musicien travaille son instrument. D'autant qu'on ne jouerait pas forcement la scène comme le comédien à l'image. Il faut s'adapter à son rythme, à sa façon de parler, faire que ses émotions deviennent les nôtres. Et surtout rester humble. C'est passionnant.

R.S : Regardes-tu toi-même les V.F. en tant que spectatrice ?

C.B : Je suis très curieuse. Donc j'aime bien voir le travail de mes camarades.

R.S : Quels sont tes hobbies ?

C.B : Dès que j'ai un moment de libre, je cours au théâtre ou au cinéma. On a la chance de vivre dans un environnement culturel formidable et j'en profite à fond. On ne se refait pas quand on est passionnée.

R.S : Merci beaucoup Chloé.

C.B : Merci à toi.

Interview de septembre 2015