R.S : Bonjour Cédric...

C.I : Bonjour Reynald !

R.S : Avais-tu déjà une âme de comédien avant de passer ta licence de sciences humaines ?

C.I : Oui, à vrai dire, je pense que je me suis dirigé vers les sciences humaines parce que je cherchais. J'avais une soif de comprendre l'humain, les émotions, ce qui se jouait. Très vite, j'ai trouvé qu'on était amené vers des réponses fermées, comme des œillères. Et puis cette manière de toujours séparer la tête du corps... (sourire). En parallèle, je prenais des cours au conservatoire d'Amiens, j'allais au théâtre plusieurs fois par semaine, je jouais déjà avec la Compagnie du Sagittaire. Le jour de mon examen de licence, j'ai rendu copie blanche. J'ai fait le choix ce jour-là.

R.S : Lorsque tu as décidé d'en faire ton métier, le chemin t'a-t-il semblé difficile ?

C.I : Oh oui ! Sûrement parce que je m'y prenais mal : je passais mon temps sur le plateau à répéter et j'oubliais que le comédien est une éponge à émotions, et qu'il doit vivre pour pouvoir faire vivre son personnage. Le jour où j'en ai pris conscience, tout a été plus facile : je suis monté sur Paris, j'ai été reçu à l'école d'Asnières pour compléter une formation classique. Puis j'ai intégré l'école de Jacques Lecocq, que je tenais absolument à rencontrer avant sa disparition, et je n'ai pas regretté !

R.S : Le théâtre donne un contact immédiat avec le public, est-ce important ?

C.I : C'est même indispensable ! Le théâtre n'existe que dans ce va-et-vient entre le public et les acteurs. Le comédien propose un rythme, une respiration, une image, une poétique, le public donne l'émotion... C'est une communion.

R.S : Comment as-tu commencé le doublage ?

C.I : Grâce à Boris Relhinger avec qui je joue depuis des années. Il travaillait à l'époque avec Nathalie Raimbault. Ce sont eux qui m'ont donné les premières émotions au micro. Ensuite le théâtre m'a appelé sur des tournées nationales et internationales. Quand je suis revenu sur Paris, j'ai fait le stage avec Laura Koffler. Après le stage, j'ai rencontré Patricia Angot, qui m'a confié le premier récurrent. Et maintenant Jean-Philippe Puymartin qui m'a offert un fort joli rôle dans la série "Pacifique"...

R.S : Il faut comprendre le rôle en peu de temps et jouer presque immédiatement, comment vis-tu cette difficulté ?

C.I : Ce n'est pas du tout comme au théâtre où on a le temps de construire un parcours émotionnel. Il faut servir son personnage avec une émotion instantanée et sans tricher... Comment je le vis ? Ravi quand c'est bon, humble quand c'est correct et fou de rage lorsque je ne donne pas toute l'ampleur du jeu de l'autre. Le doublage est un métier : on apprend en le faisant.

R.S : Lorsqu'on double un comédien étranger, peut-on dire qu'il y a tout de même une part de création ?

C.I : Oh oui ! C'est un moment fascinant : creuser en soi pour retrouver l'émotion de l'acteur dans l'original. Si on n'est pas dans cet état de don et de création, la voix ne colle pas à l'image et on se sent ridicule !

R.S : Si tu devais définir ton métier en quelques mots, que dirais-tu ?

C.I : Donner, faire rêver, raconter et partager des histoires, vivre, se faire confiance et douter toujours de soi pour ne pas s'enraciner, et rester dans les étoiles !

R.S : Quelles sont tes autres passions ?

C.I : Le sport, les échecs, l'écriture, ma femme et les gens généreux...

R.S : Merci beaucoup Cédric.

C.I : Merci à toi Reynald !

Interview de novembre 2009