R.S : Bonjour Zina.

Z.K : Bien le Bonjour Reynald.

R.S : Quand as-tu décidé que tu serais un jour comédienne ?

Z.K : La "révélation" m'est venue au collège, lorsque j'étais dans le club théâtre. On devait monter un Molière, et le gars qui devait jouer le rôle principal a tout laissé tomber 3 jours avant. Comme j'avais le plus petit rôle, je me suis proposée, très intéressée par le challenge. Et finalement tout s'est bien passé, et je me suis mise à "surkiffer grave" ! Après je me suis de plus en plus intéressée à la scène, aux spectacles et, depuis, cette passion est toujours là.

R.S : La formation est-elle un point de départ important ?

Z.K : Un point de départ, certes. Il est évidemment très important d'avoir les bases (respiration, articulation...), et aussi la culture, que ce soit théâtrale ou cinématographique, car l'un découle de l'autre. Ça aide énormément pour comprendre l'intention de l'auteur, et la couleur qu'il a voulu donner à son personnage. Il est aussi très important d'apprendre la technique, en doublage, théâtre et cinéma. Ensuite, il faut sortir de la formation avant le formatage. Il faut arriver à suivre ses intuitions, ses ressentis par rapport à la situation, de sorte que ton personnage prenne vie. Pour conclure, je dirais que la formation est le sel, et que la sensibilité est le poivre : l'un ne va pas sans l'autre.

R.S : Quels souvenirs gardes-tu de tes premiers pas sur scène ?

Z.K : Une trouille incroyable ! J'avais dans les 5 ans, et ma mère m'a proposé d'aller voir un groupe d'adulte à un atelier autour du clown, avec le théâtre de l'Unité de Montbéliard, ma ville natale. J'étais tout impressionnée de voir ces grands ! L'intervenante adorable m'a demandé si ça m'intéressait de faire partie du stage, j'ai dit oui, et ma maman est restée avec moi, pensant que j'allais tenir une heure et ensuite me lasser. Que nenni ! J'ai tenu tout l'après-midi, et les deux jours qui ont suivi ! On devait préparer des petits jingles sur nos personnages de clown qu'on s'était créés, et les montrer à un public le dernier jour. Je me rappelle surtout que j'étais hyper excitée à l'idée de me montrer aux autres ! Je commençais tout juste à aller aux spectacles, donc je n'étais pas habituée à être de l'autre côté... sur les planches !

R.S : Comment as-tu pris le chemin du doublage ?

Z.K : Je ne connaissais pas du tout du tout ce milieu, on m'a emmenée sur un plateau un jour... Et j'ai halluciné. J'ai trouvé ça tellement complexe au début, je me suis dit "oh lala je ne vais pas y arriver" et puis au fur et à mesure des plateaux, des belles rencontres que j'y ai faites, la fascination a repris le dessus sur la peur, et c'est devenu une réelle passion.

R.S : La technique est-elle effrayante au départ ?

Z.K : Ah oui, essayer de suivre la bande rythmo, au début, c'est difficile, car il faut suivre l'image, l'intention, le texte, le rythme, la VO... tout à la fois ! Mais à force de persévérance, d'habitude, et avec une bonne direction d'acteur, ça commence à être plus intéressant, moins difficile, il devient du coup plus facile de s'amuser.

R.S : Sur le plateau, la direction est très importante, n'est-ce pas ?

Z.K : Complètement. Avoir une direction d'acteur c'est avoir un oeil extérieur concernant tout le travail que l'on fait, et ça nous aide à explorer des idées et intentions auxquelles nous n'aurions pas forcément pensé. De plus, le DA est celui qui voit le produit dans son intégralité, et celui qui répartit le texte. C'est extrêmement important d'avoir une vision objective du produit, et qui nous aide à nous dépasser en tant que comédien. C'est comme un metteur en scène en quelque sorte.

R.S : On dit que les hasards tiennent une grande place dans la carrière d'un artiste, es-tu d'accord ?

Z.K : Bien sûr, il est vrai que des situations s'offrent à nous en fonction de l'heure du jour. Oui, ça tient une grande part. Mais il ne faut pas s'arrêter au hasard sinon on n'avance pas. Il faut provoquer ce "hasard". Notre avenir nous appartient, c'est donc à nous de faire en sorte que les choses marchent. Depuis mon arrivée à Paris j'essaie d'aller au-devant des choses, car ce métier est impitoyable et ne t'attend pas. Et ça marche, j'ai fait de super rencontres, et je m'éclate dans ce que je fais. Donc le hasard oui, mais aussi la détermination, la motivation, la passion et le fait de rester toujours fidèle à soi même, tiennent une grande place dans la carrière d'un artiste.

R.S : Quelles sont tes autres passions ?

Z.K : Je joue du piano depuis longtemps, j'adore ça, ça m'aide à créer ; je chante aussi, la musique a toujours eu une place primordiale dans la famille ; je suis accro aux comédies musicales. J'aime nager, j'aime danser, j'aime voyager, découvrir de nouveaux endroits, en retrouver d'anciens... J'aime voir mes amis, ma famille. J'aime l'aventure, qu'elle soit à 10.000 km ou bien au sortir de ma rue.

R.S : Merci beaucoup Zina.

Z.K : Merci à toi Reynald !

Interview de juillet 2013