R.S : Bonjour Charles.

C.G : Salut Reynald  ^_^

R.S : Tu es un artiste dans l'âme : la musique, la comédie... Ton milieu familial est-il à l'origine de ces passions ?

C.G : Oui, je me suis choisi une vie d'artiste. Je m'accomplis dans plusieurs de ces domaines artistiques que tu cites. Il est certain que les chiens ne font pas des chats. Grandir dans une famille comme la mienne où l'on baigne dans la sensibilité artistique ça éveille les sens et l'âme d'un jeune homme. De ma grand-mère à ma petite sœur nous sommes tous artistes dans cette famille. Je me plais à croire que, comme pour les bons artisans, le métier et les savoirs se transmettent.

R.S : Lorsque tu es sur scène, quelle influence le public a-t-il sur toi ?

C.G : Il y a une multitude de sensations sur scène. Quand je joue avec Florent Pagny ou Nolwenn Leroy c'est bien souvent dans des salles immenses et impersonnelles. Je suis là pour faire le métier, c'est à l'artiste que j'accompagne de ressentir. Mais, quand je suis sur une scène de Fest-Noz, au Festival Interceltique de Lorient, où je tiens toute une salle de danseurs accrochée au bout de mon instrument et que chaque inflexion de ma musique provoque des réactions de joie, des cris, des pas qui frappent le sol, là je suis le maître du monde et je ne fais plus qu'un avec l'auditoire. C'est pareil quand je conte en spectacle vivant dans une fête médiévale. Tu requiers l'attention du public de manière approfondie. C'est toi qui provoques les images qu'ils s'imaginent, tout repose sur toi et ta créativité.

R.S : Comment as-tu débuté dans le doublage ?

C.G : Hahaha... Cette question m'amuse, car je me revois venir avec mes parents sur les plateaux quand j'étais petit et dormir dans mon duvet au pied de la console de mixage. Et j'aime à penser que, comme quand on veut apprendre un texte, tu sais, on le lit le soir avant de s'endormir (on dit que cela aide à la mémorisation), eh bien c'est finalement peut-être là que j'ai commencé. Sinon, aussi loin que je me souvienne, je crois que c'est Luc Bernard qui m'a fait faire mon premier doublage dans une société qu’on appelait la Prodac pour ceux à qui cela évoque quelque chose... Et plus récemment j’ai re-travaillé avec Luc Hamet qui me disait qu’il m’avait fait avec Calumet Production mon premier cachet d’artiste... C’est pour dire... Les choses s’entremêlent... Mais quelle joie de toute façon de faire ce métier ^_^.!

R.S : Derrière la barre, ta voix permet de transmettre une palette d'émotions au travers d'une autre personne, ce doit être un gros défi ?

C.G : Je ne me pose pas tant de questions, je ne fais qu'essayer d'être juste avec ce qui a été fait par le comédien en original, de servir le personnage, d'écouter le directeur artistique qui me dirige et mes petits camarades avec qui j'ai le plaisir de travailler ce jour-là. Pour la création de voix, là, oui, il y a une petite dimension de défi supplémentaire, car là tout vient de nous.

R.S : Les conditions de travail, qu'il s'agisse d'une série, d'un 35mm, d'un téléfilm, ne sont pas les mêmes, n'est-ce pas ?

C.G : Oui, en effet. Mais ça n'empêche pas d'essayer d'être le plus sincère à chaque fois. Les rythmes de travail s'accélèrent dans notre métier, on est pressés par la technique, qui nous aide bien parfois, par les budgets, et tout simplement par l'époque sûrement... Donc, à nous comédiens et comédiennes de rester vigilants pour que le travail de création n'en pâtisse pas...

R.S : Qu'est-ce qui te plaît le plus dans le doublage ?

C.G : La créativité instantanée, la spontanéité de jeux, l'interaction avec les autres comédiens et comédiennes à la barre, la diversité des rôles que l'on nous propose. Dans la même semaine je peux combattre un fantôme maléfique et avoir une histoire d'amour romantique. Ce que j'aime c'est avoir le privilège de travailler sur des films que j'irai voir en salle, ça me fait rêver tout simplement, comme un gosse en fait ...^_^... Puis ce que j'aime dans le doublage c'est les gens, ce sont pour beaucoup mes amis et pour d'autres un p'tit bout de ma famille...

R.S : Que signifie être artiste pour toi ?

C.G : Un jour Malvina ou Mark, je ne sais plus qui de mes parents, me disait : "Etre artiste: c'est faire un choix personnel de passer de l'autre coté du gué...". Y a un coté "que la force soit avec toi". :-) Mais je ne sais que dire. Je suis un artiste, c'est un tout. Je l'ai décidé, j'ai fondé toute ma vie autour de cela, je le vis au jour le jour. Les artistes sont des êtres sensibles, d'émotion, de savoir, de méditation. Et pourtant nous ne sommes bien souvent que des saltimbanques avec tout le panache que cela suppose...

R.S : Quels sont tes hobbies ?

C.G : Je suis un monomaniaque touche à tout... J'aime pratiquer des instruments de musique du bout du monde, en saisir tous les fondements, m'imprégner de l'univers qui va avec, toucher du bout des doigts la maitrise du sujet, puis passer au suivant...

R.S : Merci beaucoup Charles.

C.G : Merci à toi Reynald !

Interview d'octobre 2011