R.S : Bonjour Loïc.

L.G : Bonjour Reynald.

R.S : Quel a été ton parcours de comédien ?

L.G : J'ai commencé la comédie très tôt, tout en suivant parallèlement des études artistiques, une maîtrise en Art et Multimédia. Je n'ai pas suivi une formation de comédien au sein d'une école particulière, mais j'ai eu besoin de vivre des expériences très diverses, ce qui tient de mon caractère insatiable et passionné. Du coup, j'ai très vite intégré des compagnies et appris le métier sur le tas, par osmose et en situation. J'ai aussi bien travaillé avec des troupes de café théâtre, d'improvisation, que des compagnies de théâtre plus classiques, ce qui m'a permis de jouer aussi bien des pièces de Molière, Shakespeare, Hugo que des auteurs comme Gombrowicz ou Marcel Aymé... J'ai eu l'opportunité d'être formé par des personnes bien singulières comme Philippe Hottier (du Théâtre du Soleil) ou encore le réalisateur René Ferré au cinéma... J'ai également écrit et tourné pendant plusieurs années deux solos, ainsi que deux pièces de théâtre qui m'ont conduit sur diverses scènes, ainsi qu'au Festival d'Avignon. Toutes ces expériences et ces rencontres humaines m'ont permis d'acquérir une large palette de jeu et, au final, j'ai fini par toucher à tous les domaines propres au métier de comédien : théâtre, cinéma, télévision, radio, auteur, doublage, voix-off...

R.S : Scène, caméra, micro, tu as l'expérience de tous ces supports de jeu. As-tu une préférence ?

L.G : Non, et c'est justement ce qui me plaît ! Cela doit tenir encore de mon caractère insatiable... Pouvoir passer d'un univers à un autre, s'adapter aux situations, aux contraintes. Car, bien évidemment, on ne joue et on ne s'exprime pas de la même manière sur une scène ou devant une caméra et un micro... Du coup, on se doit de posséder une sorte de "boîte à outils" dans laquelle on peut puiser en fonction de la demande. J'aime beaucoup lorsque, dans une même journée, on a la chance de pouvoir passer d'un plateau de studio à un plateau de cinéma ou à une scène de théâtre.

R.S : Tu as tourné un grand nombre de courts métrages, comment cela c'est-il fait ?

L.G : Le plaisir du jeu ! Comme on a moins souvent l'occasion de tourner au cinéma, les courts métrages permettent un accès plus réguliers au plateaux de tournages. D'autant qu'avec les années, j'ai acquis une fidélité de travail avec certains réalisateurs. Et puis je trouve que dans les courts métrages l'exigence du temps, du format et des moyens imposent des scénarios et des scènes qui se doivent d'être plus concis, efficaces, avec un jeu souvent plus direct, spontané et sans détours.

R.S : Comment as-tu débuté dans le doublage ? Indépendamment de la nécessité de gagner sa vie en diversifiant ses activités, était-ce quelque chose qui te tentait en tant que comédien et te faisais-tu une idée de ce secteur professionnel ?

L.G : Début 2000, j'ai débuté par la voix off, principalement sur des documentaires pour la chaîne Arte. Et, comme j'étais beaucoup sur Strasbourg à l'époque et que les comédiens de synchro étaient peu nombreux, le doublage s'est enchaîné dans la foulée. Du coup, j'ai rapidement eu l'opportunité de doubler des beaux rôles. Mais, même si cela m'a beaucoup plu d'emblée, et que j'y ai tout de suite vu un "nouveau terrain de jeu" passionnant, cela ne fait que 5 ans que je m'y suis vraiment engagé de manière régulière et que j'ai compris l'importance de ce travail de comédien : jeu, technicité, rigueur, rapidité, immédiateté... et plaisir surtout. Je me souviens qu'un de mes premiers grands doublages, et c'est pas banal, c'était pour doubler Adolf Hitler, lorsqu'il était étudiant aux Beaux Arts de Vienne, dans le film "Mein Kampf", l'adaptation de la pièce de théâtre de George Tabori. Un doublage très fort en émotion et en énergie, j'y ai laissé 2/3 kilos tant c'était intense. Le genre de doublage qu'on n'oublie pas !

R.S : Ecoutes-tu toi-même les V.F. en tant que spectateur ?

L.G : Même si j'aime bien regarder des films en VO pour les subtilités de la langue et des jeux de mots, je regarde aussi très souvent les films en VF... car je trouve que le doublage français est très efficace et exigeant... beaucoup d’acteurs de doublages ont su vraiment remplir leurs personnages tout en leur apportant une touche bien singulière, au point d'en être déstabilisé quand on les entend en VO pour la première fois. D'ailleurs, comme beaucoup de jeunes, j'étais fan de la série Starsky & Hutch... et plus tard, lorsque je suis tombé sur un épisode en VO, je l’ai trouvé beaucoup moins efficace que le jeu du duo de Jacques Balutin et Francis Lax… Même s'il y a une grosse part "de nostalgie partiale", là-derrière !

R.S : Que penses-tu lorsque tu entends ton travail ?

L.G : Au début ça peut paraître un peu déstabilisant d'entendre sa voix sur une autre personne, puis par la force des choses ça devient normal. C'est toujours amusant de tomber par hasard sur un personnage que l'on a doublé et d'entendre sa voix dessus. Mais en règle général j'ai du mal à être totalement objectif sur mon travail. Le fameux "j'aurais dû..."... Mais, en tout cas, ce que je trouve passionnant et magique, c'est que le doublage permet de servir des personnages que l'on ne pourrait jamais faire dans la vraie vie, voire même au cinéma. Un dictateur, un neurochirurgien, un tueur asiatique ou encore un toon déjanté... C'est sans limite, pourvu que ta voix remplisse le personnage.

R.S : Quels sont tes hobbies ?

L.G : Prendre du temps en famille... la peinture, le jogging, lire, la musique, les films, les voyages... les amis, les bonnes bouffes et le bon vin... la vie !

R.S : Merci beaucoup Loïc.

L.G : Merci pour ton accueil sur ton site Reynald.

Interview de juin 2015