Elisabeth Fargeot
Doublage
Direction artistique
Formation
Licence Arts et Lettres- spécialité Arts Plastiques- à Paris 1 Sorbonne
Cours d'art dramatique René Simon (classe Laurence Constant)
Master class : Jean-Pierre Dougnac
Cours d'art dramatique René Simon (classe Laurence Constant)
Master class : Jean-Pierre Dougnac
Cinéma
"Par amour pour toi" réalisé par G. Rombi. Prod. Aquilae
"Zagreb, ville ouverte" réalisé par Davor Smezac. Prod Icav-Canal + -tourné en serbo-croate-
"Zagreb, ville ouverte" réalisé par Davor Smezac. Prod Icav-Canal + -tourné en serbo-croate-
Comédies musicales
En tant que comédienne et co-conceptrice des spectacles musicaux de la Cie "Les Lutins de la Rue Orange" de Saint-Denis, depuis 1988
Dernières créations -Tournées France :
"Le Music-hall fait son cinéma"
"De l'an 20 aux années 20"
"L'Euro-voyage de Félicie"
"Rétrospect à la Trompette Gauloise"
"Carnaval – Soleil"
"La mémoire de Mamie F."
Etc...
Spectacles- jeune public :
"Charivari"
"La beloboidormant"
"Arlequin a perdu ses couleurs"
"3 - 4 tu claques des doigts"
"Cacaouète au pays du spectacle" Etc...
Dernières créations -Tournées France :
"Le Music-hall fait son cinéma"
"De l'an 20 aux années 20"
"L'Euro-voyage de Félicie"
"Rétrospect à la Trompette Gauloise"
"Carnaval – Soleil"
"La mémoire de Mamie F."
Etc...
Spectacles- jeune public :
"Charivari"
"La beloboidormant"
"Arlequin a perdu ses couleurs"
"3 - 4 tu claques des doigts"
"Cacaouète au pays du spectacle" Etc...
Publicités
"Carte Aurore" réalisé par J. Sacuto
"Monoprix" réalisé par E. Sautai
"Singer" réalisé par J.Cotrell
"Monoprix" réalisé par E. Sautai
"Singer" réalisé par J.Cotrell
Télévision
"Docteur Martine Verdier" réalisé par B. Toublanc Michel – TF1
"J’ai tout mon temps..." réalisé par Serge Leroy – Prod. Son & Lumière
"Pause – Café" Série de 8 épisodes réalisé par Serge Leroy – TF1
"Tribunal" réalisé par J.P. Prévot – TF1
"Lune de Miel" réalisé par A. Lombardi – La 5
"J’ai tout mon temps..." réalisé par Serge Leroy – Prod. Son & Lumière
"Pause – Café" Série de 8 épisodes réalisé par Serge Leroy – TF1
"Tribunal" réalisé par J.P. Prévot – TF1
"Lune de Miel" réalisé par A. Lombardi – La 5
Théâtre
"La Folie des années folles" de P.Padovani. Palais des Congrès d'Antibes
"J'ai tout mon temps, où êtes-vous ?" de Florence Michel. Festival d'Avignon. Théâtre du Renard, Paris. Théâtre du Sentier des Halles, Paris
"Contes et Lettres d'Alphonse Daudet" d'Y. Carlevaris. Théâtre Fontaine, Paris
"Les Copines Sauvages" de Christian Dob. Théâtre Mélo d'Amélie, Montpellier
"La Ruée vers l'Ordre" de Loïc Pichon. Festival d'Avignon
"Un Milieu sous la Mère" de Loïc Pichon. Théâtre de Dix Heures, Paris
"Fais voir ton Cupidon" de Patrick Pessis. Théâtre d'Edgar, Paris
"La Maison de l'Estuaire" de Jacques Ardouin, TF1
"La Cuisine des Anges" de Francis Joffo. Tournées France Etranger
"Les Dégourdis de la 11e" de Francis Joffo. Tournées Baret
"La Robe Blanche" de Ch. Oulmont & R.Diet. Théâtre de Pontoise & Puteaux
"J'ai tout mon temps, où êtes-vous ?" de Florence Michel. Festival d'Avignon. Théâtre du Renard, Paris. Théâtre du Sentier des Halles, Paris
"Contes et Lettres d'Alphonse Daudet" d'Y. Carlevaris. Théâtre Fontaine, Paris
"Les Copines Sauvages" de Christian Dob. Théâtre Mélo d'Amélie, Montpellier
"La Ruée vers l'Ordre" de Loïc Pichon. Festival d'Avignon
"Un Milieu sous la Mère" de Loïc Pichon. Théâtre de Dix Heures, Paris
"Fais voir ton Cupidon" de Patrick Pessis. Théâtre d'Edgar, Paris
"La Maison de l'Estuaire" de Jacques Ardouin, TF1
"La Cuisine des Anges" de Francis Joffo. Tournées France Etranger
"Les Dégourdis de la 11e" de Francis Joffo. Tournées Baret
"La Robe Blanche" de Ch. Oulmont & R.Diet. Théâtre de Pontoise & Puteaux
Interview
R.S : Bonjour Elisabeth...
E.F : Bonjour Reynald.
R.S : Votre passion pour la comédie était certainement en vous depuis toujours mais comment en avez-vous pris conscience ?
E.F : A 4 ans je savais lire. Par désir d'autonomie, je pense. L'évasion à la carte ! J'aimais lire à voix haute. Je m'identifiais aux personnages de mes livres. Certainement le premier indicateur de mon penchant. Au conservatoire municipal où je prenais des cours, j'ai compris que la scène représentait le seul espace d'expérimentation et de liberté dans lequel je me découvrais et m'épanouissais alors que dans ma vie sociale j'étais très réservée. Ma peau pouvait s'étirer presque à l'infini... A 17 ans, j'ai envisagé une formation professionnelle. D'abord pour me tester... Tout en poursuivant mes études, j'ai suivi pendant trois ans les cours de Laurence Constant au Cours Simon. Puis, j'ai passé ma première audition professionnelle... et je suis partie en tournée.
R.S : Lorsque l'on décide de faire d'une passion un métier le chemin ne doit pas être si facile ?
E.F : Il faut relativiser. Il me semble que c'est le contraire qui est difficile à vivre. On ne fait rien plus facilement que ce que l'on aime ! Si on ne répond pas à sa passion, on s'étiole. Alors on lui fait confiance ! C'est une chance et un privilège quand on arrive à en vivre. Et vous avez raison, c'est minant quand ce n'est pas le cas. Il faut trouver comment compenser ou transformer son mode d'expression. Souplesse, souplesse... Comme la feuille dans le vent, je me suis laissée aller aux rencontres qui font des petits parfois ! Mais parfois pas... On garde le cap et on navigue à vue.
R.S : Jouer pour un public se fait de différentes façons : théâtre, cinéma, télévision... Le ressenti, en tant que comédienne, est-il également différent ?
E.F : Effectivement, le ressenti peut être exacerbé ou inhibé par le contexte. C'est très personnel. L'enjeu est immédiat au théâtre ou différé en enregistrement. La présence du public dans le spectacle vivant exerce une pression très physique sur l'acteur, et est l'indicateur immédiat de sa justesse ou de ses tâtonnements. Dans l'intimité d'un plateau, le ressenti est plus subtil, l'exercice est plus cérébral. On est plus détendu mais en ce qui concerne la synchro par exemple, c'est comme sur un stand de tir, il faut faire mouche ! Il n'y a pas de temps de préparation. Dans tous les cas, il faut se laisser porter ! Je ne crois pas qu'il y ait de différence fondamentale dans le ressenti d'un acteur au cinéma, au théâtre ou en synchro. On est à l'aise ou on ne l'est pas. Cela dépend de la familiarité qu'on entretient avec ces différentes techniques.
R.S : Les comédies musicales font également partie de votre univers, vous êtes d'ailleurs co-conceptrice des spectacles musicaux de la Compagnie "Les Lutins de la Rue Orange". Pouvez-vous en parler ?
E.F : J'ai toujours aimé les films de comédies musicales américaines. J'ai vu et revu les films de Jacques Demy. Il y a des productions Bollywood qui me ravissent. C'est au-delà du réel. C'est une forme de poésie. C'est incroyable d'avoir pensé à faire des trucs pareils ! En ce qui concerne Les Lutins de la rue Orange, c'est une compagnie dont la caractéristique est la pluridisciplinarité. Des fantaisistes, des chanteurs lyriques, des circassiens rejoignent ponctuellement les chanteurs et les danseurs d'origines très diverses qui constituent la base. J'ai rencontré sa directrice Janina Madeddu il y a 20 ans, par une amie commune. Peu à peu, j'y ai pris une part plus active, principalement dans l'écriture et l'assistanat à la mise en scène. Mais on fait tout ou presque dans une petite compagnie ! On n'y compte surtout pas son temps... C'est avant tout un groupe qui travaille dans un esprit communautaire et familial. Ca fait du bien, c'est à échelle humaine. Il y a des moments très enrichissants et réjouissants.
R.S : Comment avez-vous commencé le doublage ?
E.F : Encore une rencontre... En 1987 avec Jacques Duval, patron d'une société de doublage. Il était venu voir une pièce dans laquelle je jouais. Cette pièce comprenait des citations. Sans en avoir conscience, je modulais ma voix. Il m'a demandé si je faisais du doublage. La réponse était non mais la technique ne m'était pas inconnue car je m'étais post-synchronisée plusieurs fois pour des courts-métrages. Il m'a proposé un essai puis m'a engagée aussitôt dans un rôle secondaire sur le soap "General Hospital". Un mois après, il me confiait le doublage des rôles féminins de sketchs comiques produits par la BBC, "Nine o'clock news" et "Three of a kind", diffusés en France dans une émission de Stéphane Collaro. Très audacieux de sa part ! En dehors des scènes dialoguées, il y avait des pavés à lire à toute allure dans des parodies de journaux télévisés. Parfois, c'était dans une langue inconnue qui comprenait plus de consonnes que de voyelles ! Mais la confiance qu'il me faisait, la jubilation qu'il exprimait pendant les enregistrements m'ont permis de ne jamais douter que je pouvais le faire. Une formation accélérée, du concentré ! C'est extrêmement rare !
R.S : Est-ce difficile d'habiter une autre personne pour quelques instants ?
E.F : Non, peut-être parce que je ne me pose pas cette question. Il faut se placer en empathie. C'est comme si on était cette personne à l'écran. On entre dans le rythme de sa respiration. Et le fil se déroule... L'osmose peut aussi ne pas se faire ! Une nature trop éloignée de soi, peut-être. Alors il n'y a plus qu'à compter sur la maîtrise technique. Dans ces cas-là, on ne fait pas de merveilles mais on accomplit au mieux sa tâche.
R.S : Vous êtes, entre autre, la voix habituelle de Kristin Davis, vous avez pu suivre son évolution de "Melrose Place" à "Sex and the City"... Avez-vous adapté votre jeu naturellement grâce au fait que vous suivez cette comédienne sur la durée ?
E.F : Oui, ça compte. J'aime bien ce mot : suivre. Ça caractérise assez bien l'activité de doublage. Car on suit certains acteurs dans la durée mais également à l'intérieur de chaque film. Le travail de suivi est plus immédiat, plus rapide avec un acteur qui nous est familier. On arrive même à prévoir ses réactions parfois ! C'est très curieux. Cela dit, Kristin Davis me surprend toujours et heureusement pour elle ! Elle a beaucoup de fantaisie. C'est une actrice très personnelle, très fluide, d'une énergie toute légère. Et elle est excellente. Les bons acteurs sont toujours plus faciles à doubler. Parce que l'essentiel du boulot est fait. Il n'y a plus qu'à se fondre !
R.S : Depuis la série "Voilà !" Laura San Giacomo fait également partie des comédiennes que vous suivez régulièrement. On ressent une très grande complicité entre vous, une grande osmose se dégage et fait oublier qu'on regarde une version doublée. Avez-vous un plaisir particulier à prêter votre voix à cette comédienne ?
E.F : Enormément ! Merci pour le compliment, au passage, même si tout est relatif… Laura San Giacomo est une actrice de grand talent, sobre, authentique. Je viens de la doubler dans une série intitulée "Saving Grace" avec Holly Hunter en rôle-titre. Elle est en plus très attachante parce qu'elle est d'une sensibilité profonde. Nous n'avons pas du tout la même voix. La sienne est plus grave comme la qualité d'énergie qu'elle dégage. Mais c'est une énergie qui fait partie de moi. Alors j'essaie de me stabiliser à ce niveau-là et j'oublie nos différences. Ce sont des énergies de la terre à l'opposé de Kristin Davis plus aérienne. En tous cas, c'est ce que je ressens. Ce n'est pas limitatif. Généralement, dans l'exercice du doublage, à moins que ce ne soit un dessin animé, ou qu'on ne sache le faire et bien le faire, on ne change pas sa voix mais sa qualité d'énergie.
R.S : Vous êtes également directrice artistique. Est-ce complètement différent de votre métier de comédienne ?
E.F : C'est assez récent et j'y prends beaucoup de plaisir. Cela dit, c'est une fonction que je connais un peu dans le domaine du spectacle vivant. On n'a pas que soi et qu'un rôle à gérer. C'est une concentration permanente qui doit tenir compte d'un grand nombre de paramètres : artistiques, techniques, humains, dans un temps limité. C'est un poste d'observation privilégié. J'y apprends aussi des choses sur moi, sur ma façon d'aborder le travail en tant qu'actrice. Finalement ces deux exercices sont très complémentaires.
R.S : Quels sont vos hobbies ?
E.F : Lire, lire, lire et... jardiner !
R.S : Merci beaucoup Elisabeth.
E.F : Merci surtout à vous, Reynald !
Interview de juillet 2008
E.F : Bonjour Reynald.
R.S : Votre passion pour la comédie était certainement en vous depuis toujours mais comment en avez-vous pris conscience ?
E.F : A 4 ans je savais lire. Par désir d'autonomie, je pense. L'évasion à la carte ! J'aimais lire à voix haute. Je m'identifiais aux personnages de mes livres. Certainement le premier indicateur de mon penchant. Au conservatoire municipal où je prenais des cours, j'ai compris que la scène représentait le seul espace d'expérimentation et de liberté dans lequel je me découvrais et m'épanouissais alors que dans ma vie sociale j'étais très réservée. Ma peau pouvait s'étirer presque à l'infini... A 17 ans, j'ai envisagé une formation professionnelle. D'abord pour me tester... Tout en poursuivant mes études, j'ai suivi pendant trois ans les cours de Laurence Constant au Cours Simon. Puis, j'ai passé ma première audition professionnelle... et je suis partie en tournée.
R.S : Lorsque l'on décide de faire d'une passion un métier le chemin ne doit pas être si facile ?
E.F : Il faut relativiser. Il me semble que c'est le contraire qui est difficile à vivre. On ne fait rien plus facilement que ce que l'on aime ! Si on ne répond pas à sa passion, on s'étiole. Alors on lui fait confiance ! C'est une chance et un privilège quand on arrive à en vivre. Et vous avez raison, c'est minant quand ce n'est pas le cas. Il faut trouver comment compenser ou transformer son mode d'expression. Souplesse, souplesse... Comme la feuille dans le vent, je me suis laissée aller aux rencontres qui font des petits parfois ! Mais parfois pas... On garde le cap et on navigue à vue.
R.S : Jouer pour un public se fait de différentes façons : théâtre, cinéma, télévision... Le ressenti, en tant que comédienne, est-il également différent ?
E.F : Effectivement, le ressenti peut être exacerbé ou inhibé par le contexte. C'est très personnel. L'enjeu est immédiat au théâtre ou différé en enregistrement. La présence du public dans le spectacle vivant exerce une pression très physique sur l'acteur, et est l'indicateur immédiat de sa justesse ou de ses tâtonnements. Dans l'intimité d'un plateau, le ressenti est plus subtil, l'exercice est plus cérébral. On est plus détendu mais en ce qui concerne la synchro par exemple, c'est comme sur un stand de tir, il faut faire mouche ! Il n'y a pas de temps de préparation. Dans tous les cas, il faut se laisser porter ! Je ne crois pas qu'il y ait de différence fondamentale dans le ressenti d'un acteur au cinéma, au théâtre ou en synchro. On est à l'aise ou on ne l'est pas. Cela dépend de la familiarité qu'on entretient avec ces différentes techniques.
R.S : Les comédies musicales font également partie de votre univers, vous êtes d'ailleurs co-conceptrice des spectacles musicaux de la Compagnie "Les Lutins de la Rue Orange". Pouvez-vous en parler ?
E.F : J'ai toujours aimé les films de comédies musicales américaines. J'ai vu et revu les films de Jacques Demy. Il y a des productions Bollywood qui me ravissent. C'est au-delà du réel. C'est une forme de poésie. C'est incroyable d'avoir pensé à faire des trucs pareils ! En ce qui concerne Les Lutins de la rue Orange, c'est une compagnie dont la caractéristique est la pluridisciplinarité. Des fantaisistes, des chanteurs lyriques, des circassiens rejoignent ponctuellement les chanteurs et les danseurs d'origines très diverses qui constituent la base. J'ai rencontré sa directrice Janina Madeddu il y a 20 ans, par une amie commune. Peu à peu, j'y ai pris une part plus active, principalement dans l'écriture et l'assistanat à la mise en scène. Mais on fait tout ou presque dans une petite compagnie ! On n'y compte surtout pas son temps... C'est avant tout un groupe qui travaille dans un esprit communautaire et familial. Ca fait du bien, c'est à échelle humaine. Il y a des moments très enrichissants et réjouissants.
R.S : Comment avez-vous commencé le doublage ?
E.F : Encore une rencontre... En 1987 avec Jacques Duval, patron d'une société de doublage. Il était venu voir une pièce dans laquelle je jouais. Cette pièce comprenait des citations. Sans en avoir conscience, je modulais ma voix. Il m'a demandé si je faisais du doublage. La réponse était non mais la technique ne m'était pas inconnue car je m'étais post-synchronisée plusieurs fois pour des courts-métrages. Il m'a proposé un essai puis m'a engagée aussitôt dans un rôle secondaire sur le soap "General Hospital". Un mois après, il me confiait le doublage des rôles féminins de sketchs comiques produits par la BBC, "Nine o'clock news" et "Three of a kind", diffusés en France dans une émission de Stéphane Collaro. Très audacieux de sa part ! En dehors des scènes dialoguées, il y avait des pavés à lire à toute allure dans des parodies de journaux télévisés. Parfois, c'était dans une langue inconnue qui comprenait plus de consonnes que de voyelles ! Mais la confiance qu'il me faisait, la jubilation qu'il exprimait pendant les enregistrements m'ont permis de ne jamais douter que je pouvais le faire. Une formation accélérée, du concentré ! C'est extrêmement rare !
R.S : Est-ce difficile d'habiter une autre personne pour quelques instants ?
E.F : Non, peut-être parce que je ne me pose pas cette question. Il faut se placer en empathie. C'est comme si on était cette personne à l'écran. On entre dans le rythme de sa respiration. Et le fil se déroule... L'osmose peut aussi ne pas se faire ! Une nature trop éloignée de soi, peut-être. Alors il n'y a plus qu'à compter sur la maîtrise technique. Dans ces cas-là, on ne fait pas de merveilles mais on accomplit au mieux sa tâche.
R.S : Vous êtes, entre autre, la voix habituelle de Kristin Davis, vous avez pu suivre son évolution de "Melrose Place" à "Sex and the City"... Avez-vous adapté votre jeu naturellement grâce au fait que vous suivez cette comédienne sur la durée ?
E.F : Oui, ça compte. J'aime bien ce mot : suivre. Ça caractérise assez bien l'activité de doublage. Car on suit certains acteurs dans la durée mais également à l'intérieur de chaque film. Le travail de suivi est plus immédiat, plus rapide avec un acteur qui nous est familier. On arrive même à prévoir ses réactions parfois ! C'est très curieux. Cela dit, Kristin Davis me surprend toujours et heureusement pour elle ! Elle a beaucoup de fantaisie. C'est une actrice très personnelle, très fluide, d'une énergie toute légère. Et elle est excellente. Les bons acteurs sont toujours plus faciles à doubler. Parce que l'essentiel du boulot est fait. Il n'y a plus qu'à se fondre !
R.S : Depuis la série "Voilà !" Laura San Giacomo fait également partie des comédiennes que vous suivez régulièrement. On ressent une très grande complicité entre vous, une grande osmose se dégage et fait oublier qu'on regarde une version doublée. Avez-vous un plaisir particulier à prêter votre voix à cette comédienne ?
E.F : Enormément ! Merci pour le compliment, au passage, même si tout est relatif… Laura San Giacomo est une actrice de grand talent, sobre, authentique. Je viens de la doubler dans une série intitulée "Saving Grace" avec Holly Hunter en rôle-titre. Elle est en plus très attachante parce qu'elle est d'une sensibilité profonde. Nous n'avons pas du tout la même voix. La sienne est plus grave comme la qualité d'énergie qu'elle dégage. Mais c'est une énergie qui fait partie de moi. Alors j'essaie de me stabiliser à ce niveau-là et j'oublie nos différences. Ce sont des énergies de la terre à l'opposé de Kristin Davis plus aérienne. En tous cas, c'est ce que je ressens. Ce n'est pas limitatif. Généralement, dans l'exercice du doublage, à moins que ce ne soit un dessin animé, ou qu'on ne sache le faire et bien le faire, on ne change pas sa voix mais sa qualité d'énergie.
R.S : Vous êtes également directrice artistique. Est-ce complètement différent de votre métier de comédienne ?
E.F : C'est assez récent et j'y prends beaucoup de plaisir. Cela dit, c'est une fonction que je connais un peu dans le domaine du spectacle vivant. On n'a pas que soi et qu'un rôle à gérer. C'est une concentration permanente qui doit tenir compte d'un grand nombre de paramètres : artistiques, techniques, humains, dans un temps limité. C'est un poste d'observation privilégié. J'y apprends aussi des choses sur moi, sur ma façon d'aborder le travail en tant qu'actrice. Finalement ces deux exercices sont très complémentaires.
R.S : Quels sont vos hobbies ?
E.F : Lire, lire, lire et... jardiner !
R.S : Merci beaucoup Elisabeth.
E.F : Merci surtout à vous, Reynald !
Interview de juillet 2008