R.S : Bonjour Michel...

M.L : Bonjour Reynald.

R.S : As-tu ressenti très tôt l'envie de devenir comédien ?

M.L : Est-ce que 20 ans c'est tôt ? Je venais de finir mon service militaire et une amie m'a fait entrer dans une MJC où il y avait une troupe de théâtre, et là ça a été le coup de foudre.

R.S : Entrer au Conservatoire de Lyon a-t-il été le premier pas vers la concrétisation ?

M.L : Absolument. Il y avait un concours et le réussir c'était pour moi fabuleux. Ça ne m'a pas empêché par la suite de rater le Conservatoire de Paris.

R.S : Tes premiers pas dans ce métier t'ont-ils paru difficiles ?

M.L : Non, j'y croyais beaucoup et le moindre rôle que j'obtenais au théâtre, à la télé ou au cinéma, me laissait penser que c'était parti. Mais la réalité est toute autre et rien n'est jamais acquis.

R.S : Tu m'as confié que tu avais arrêté pendant une période avant de reprendre ensuite, peux-tu en parler ?

M.L : Oui, c'est vrai. Des copains me chambraient en me disant "qu'est-ce que tu seras à 40 ans ?". Je me suis un peu trop posé de questions à ce moment-là et, suite à une proposition, je suis devenu stagiaire régie et j'ai gravi les échelons jusqu'à la régie générale (et même la direction de production sur un film). Ça m'a permis de voyager un peu partout, et à cette époque je travaillais 10 mois sur 12. Je n'avais pas l'impression d'être intermittent.

R.S : Comment as-tu commencé le doublage ?

M.L : De deux manières. Un jour je cherchais un décor de studio et j'ai rencontré Jenny Gérard. J'ai assisté à un enregistrement avec Jean Droze et ça a été la révélation. J'ai voulu redevenir comédien à part entière. Jenny m'a fait travailler un an plus tard. La deuxième c'est que j'étais régisseur sur un certain nombre de "Commissaire Moulin" et là j'ai parlé avec Francis Lax, Daniel Russo, Gérard Hernandez, qui m'ont invité sur les plateaux. Mais c'est surtout Patrick Poivey qui m'a fait commencer à la SOFI.

R.S : C'est assez particulier de prêter sa voix à un acteur étranger. Comment fait-on pour ne pas trahir l'œuvre originale ?

M.L : Je fais confiance au directeur artistique qui m'engage et je sais écouter une version originale.

R.S : La rapidité est importante dans le doublage. Ça ne doit pas toujours être facile de suivre le rythme, surtout au début, n'est-ce pas ?

M.L : Et même maintenant. Il y a des comédiens qui sont plus doués que d'autres. Moi j'aime quand le texte est posé, et qu'on peut prendre son temps. Je ne suis pas fait, je pense, pour les séries à 100 à l'heure sur un écran de télévision. Un DA m'a dit un jour que lorsqu'on a 2 jours et demi pour doubler un film, à qualité égale et pour un résultat final égal, il choisira le comédien qui sera capable de faire ses 200 lignes par jour. De cette manière il pourra finir son programme. Je voudrais ajouter ceci : quand il y a des essais pour un nouveau personnage, pourquoi ne pas proposer de nouvelles voix ? Il ya tellement de bons comédiens qui n'attendent que ça.

R.S : Que représente pour toi l'expression "avoir une âme de comédien" ?

M.L : Anticonformisme.

R.S : Quels sont tes hobbies ?

M.L : Le bricolage, je fais tout chez moi. Et l'automobile, les voiture anciennes.

R.S : Merci beaucoup, Michel.

M.L : Non, c'est moi qui te remercie.

Interview de janvier 2010