R.S : Bonjour Jérémy.

J.B : Bonjour Reynald et merci pour ton accueil.

R.S : Peux-tu parler de tes débuts de comédien ?

J.B : Mes tout débuts de comédien, c'était dans le film "La Baule Les Pins" de Diane Kurys, avec Nathalie Baye, Jean-Pierre Bacri. Je crois qu'on me voit avec mon frère marcher de dos au fond d'une rue dans une scène ! Le film se tournait tout près de chez nous et j'avais adoré l'ambiance vieilles voitures et costumes année 50. Après j'ai fait du théâtre au lycée et ça a été l'occasion de découvrir un espace de liberté que je ne soupçonnais pas ! Une formidable découverte pour moi. J'ai monté des spectacles sur Nantes et ensuite j'ai voulu en faire mon métier. J'ai quitté La Baule et ses pins pour venir étudier à Paris chez Jean Périmony où j'ai rencontré des gens formidables qui m'ont énormément appris humainement et professionnellement. J'ai monté des spectacles avec des amis et des moyens de fortune. Il fallait jouer à tout prix ! Je travaillais la journée pour gagner de quoi vivre et j'allais jouer le soir.

R.S : La scène est un des moments importants dans une vie d'artiste, n'est-ce pas ?

J.B : Pour moi rien ne remplace les sensations que procure le spectacle vivant. C'est un mélange de trouille et de plaisir unique, une manière de se ressourcer, de repartir à zéro... Peut-être aussi une manière d'arrêter le temps.

R.S : Est-ce différent de jouer devant une caméra par rapport à la scène ?

J.B : Je crois qu'au départ que ce soit au théâtre ou à la caméra, le travail du comédien est le même. On cherche, on essaie, on propose... En tournage, on essaie plein de choses, on se plante, on recommence et puis à la fin, ce qu'on a fait ne nous appartient plus. C'est le réalisateur qui décide. Au théâtre, on reste plus maître de ce qu'on fait puisqu'on décide ou pas de le faire chaque soir... On essaie tout le temps, à chaque fois c'est différent en fonction de l'état dans lequel on est, de l'accueil du public. Et puis si on se plante et il faut attendre le lendemain pour recommencer et si on est satisfait de quelque chose... il faudra être capable de le refaire le lendemain ! Est-ce qu'on pourrait dire que le théâtre c'est l'art de laisser du temps au temps et le cinéma, l'art de capturer l'instant ?

R.S : Comment as-tu pris le chemin du doublage ?

J.B : Par curiosité. Je terminais des tournées de théâtre et j'avais envie de découvrir une autre facette du métier. Je suis allé assister au hasard sur un plateau et j'ai eu la chance de rencontrer Hervé Rey qui dirigeait une série. J'ai adoré ! C'est lui qui m'a fait découvrir ce métier, qui m'a fait passer mes premiers essais, qui m'a présenté des personnes formidables et je l'en remercie !

R.S : Suivre des comédiens sur la durée, comme c'est le cas pour toi avec Matt Bomer, c'est important pour le public et pour toi, qu'en est-il ?

J.B : Oui en ce qui me concerne c'est le cas avec Matt Bomer que je suis depuis longtemps ainsi qu'avec Erik Balfour. C'est important pour le public comme tu le dis et pour moi c'est une chance et un privilège ! Ce sont deux comédiens très différents que j'ai plaisir à retrouver. On dit souvent que les comédiens qu'on double ne nous appartiennent pas, et c'est vrai, mais qu'est-ce que c'est bon de suivre un comédien en doublage dans la durée. On a l'impression de retrouver un ami ! Et le connaître, savoir comment il joue, comment il respire, ça aide aussi beaucoup dans le travail.

R.S : Le doublage demande une certaine rapidité, beaucoup d'observation. J'imagine que ce ne sont pas les seules aptitudes qu'il faut posséder ?

J.B : Le fait de suivre des comédiens dans des séries sur la durée m'a permis de rencontrer beaucoup de gens de talent. Il faut beaucoup de qualités réunies pour qu'un doublage soit réussi ! C'est un travail d'équipe avec le directeur de plateau et les autres partenaires... Il faut (et c'est une des choses qui m'impressionnent beaucoup chez certains) savoir recréer sans trahir... Et là, chacun fait avec ses atouts, ses faiblesses, sa personnalité ! Chacun a sa petite recette bien à lui...

R.S : Qu'évoque pour toi l'expression "donner la réplique" ?

J.B : Donner la réplique... Ce serait peut-être avant tout écouter ses partenaires. Je crois qu'il faut recevoir avant de pouvoir donner. Oui, c'est peut-être un peu cliché, mais pour moi donner la réplique c'est ça, c'est s'accorder avec les autres.

R.S : Quels sont tes hobbies ?

J.B : Là en ce moment mes hobbies ce sont mes deux enfants ! Ce n'est même pas un passe temps c'est un dévore temps ! Mais dès que j'ai un peu de temps, j'aime aller au cinéma, au théâtre, voir des concerts, je ne peux pas me passer de musique et depuis que j'ai un ami qui a ouvert une cave à vin, je me suis mis un peu à la dégustation. Du coup je crois que mon hobby préféré ça reste quand même un bon repas bien arrosé entre amis !

R.S : Merci beaucoup Jérémy.

J.B : Merci à toi Reynald et plein de bonnes choses !

Interview de janvier 2013