Taric Mehani
Genres :
Voix Jeune adulte homme, Voix Adulte homme
Tonalité :
Medium
Accents :
Allemand, Anglais, Arabe, Indien, Russe
Doublage
Voice-over
L'Atelier de Justin
Direction artistique
Interview
R.S : Bonjour Taric…
T.M : Salut Reynald !
R.S : Comment est survenue ton envie d'être comédien ?
T.M : Cette envie ne s'est pas manifestée durant mon enfance, ni dans ma prime jeunesse. Bien sûr j'étais toujours partant pour faire le mariolle, monter des spectacles en centre de loisirs, participer à des délires vidéo dès qu'un événement s'y prêtait… Mais de là à en faire un métier ! J'ai donc poursuivi des études scientifiques et c'est à la fac que le déclic s'est produit. Une amie étudiante, avec qui je bossais l'été (nous étions animateurs dans une colonie de vacances), m'a fortement incité à intégrer l'atelier de théâtre de l'université... Quelques mois plus tard nous jouions un spectacle devant plus de 300 personnes à la Maison des Arts de Créteil. L'année suivante, j'ai passé plus de temps au théâtre que dans les amphithéâtres : devenir comédien était désormais une évidence. Donc, parallèlement à mes études universitaires, je suis entré au cours Simon puis à l'Atelier de Théâtre de Blanche Salant et Paul Weaver. Une fois ma licence de maths en poche et le service militaire effectué, je me suis lancé !
R.S : Tes premiers pas dans ce métier ont certainement été marquants ?
T.M : Tu m'étonnes ! Ce n'était pas facile mais je savourais chaque instant, animé d'un intense sentiment de liberté. Avec des copains de cours on a monté des pièces avec plus ou moins de bonheur : "Quai Ouest" de Koltes, "La Ronde" de Schnitzler, "Deburau" de Guitry, "Equus" de Peter Shaffer… On ne gagnait pas un rond mais on a bien rigolé. Je me suis également retrouvé seul sur scène, dans une adaptation du "Journal d'un Fou" de Gogol. J'ai participé à des spectacles d'impro dans des bars. J'ai travaillé au sein d'une compagnie de théâtre pour enfants, avec laquelle j'ai parcouru une partie de la France, ce qui m'a enfin permis d'avoir mes heures et mon statut d'intermittent. L'expérience a été très intéressante et riche en événements improbables : décor qui se casse la gueule, coupure de courant pendant le spectacle, enfants qui grimpent sur scène… Maintenant il peut arriver n'importe quoi sur un plateau, je suis paré !
R.S : Comment es-tu entré dans le monde du doublage ?
T.M : Ça ne se fait plus maintenant mais à l'époque certaines boîtes organisaient des auditions pour entendre de nouvelles voix. C'est comme ça que j'ai rencontré François Dunoyer qui m'a fait débuter. Il a été formidable, il m'a enseigné les bases et ça m'a donné envie de persévérer. Les mois suivants, j'ai passé mon temps à arpenter les studios pour voir les anciens travailler et continuer d'apprendre. Puis on m'a donné ma chance. J'en profite pour remercier Marie-Christine Chevalier et Karine Krettly qui ont été les premières à le faire, après François. Ensuite le bouche à oreille a fonctionné. J'ai également eu l'occasion de travailler avec des comédiens qui étaient aussi chefs de plateau et qui m'ont employé par la suite. Certains m'ont vraiment marqué. Je pense en particulier à Emmanuel Jacomy, un "monstre" dans le milieu, un grand professionnel à qui je dois beaucoup et qui m'a énormément appris.
R.S : Quel était ton regard sur cette branche de la profession avant de t'y adonner toi même ?
T.M : Quand j'étais enfant, je ne me posais pas de question en regardant une série télévisée ou un film doublé. Je trouvais ça "naturel" d'entendre tous ces acteurs américains, italiens ou autres parler français (preuve que pour le spectateur lambda le boulot est bien fait !). C'est en devenant moi-même comédien que j'ai pris conscience de la difficulté de ce travail. Depuis que j'évolue parmi eux, le respect que j'ai pour les comédiens pratiquant le doublage n'en est que plus grand.
R.S : Qu'est-ce qui est le plus difficile dans cet exercice ?
T.M : S'adapter au rythme de l'acteur que l'on double (qui n'est pas nécessairement le nôtre) et résister à l'envie d'en faire trop ! Jouer la situation sans sur-expliquer : l'image est signifiante, le texte est signifiant, pas la peine d'en remettre une couche. Et ne pas oublier que le personnage auquel on prête sa voix s'adresse à quelqu'un, c'est un dialogue, on s'écoute. Le doublage ce n'est pas de la lecture, d'où l'intérêt d'avoir pris des cours d'art dramatique. C'est avant tout un travail de comédien. Pour moi, le plus intéressant et le plus ludique c'est d'essayer de retrouver ce "petit je ne sais quoi" de quotidien. Quand ça marche c'est jouissif ! Notre boulot c'est reproduire sans dénaturer et… s'amuser !
R.S : Que penses-tu du suivi, sur la durée, d'un comédien étranger ?
T.M : C'est toujours gratifiant de suivre un comédien, surtout s'il est bon et qu'on colle bien dessus. Mais un comédien ne nous appartient pas. Doubler des acteurs comme Thomas Guiry, Gael Garcia Bernal ou Justin Long c'est que du bonheur pour moi et j'éprouverais un grand plaisir en continuant à leur prêter ma voix.
R.S : Lorsque tu doubles un personnage animé, abordes-tu le rôle différemment ?
T.M : D'un point de vue technique pas vraiment, il faut quand même être synchrone et se faire comprendre ! Au niveau du jeu par contre ça nous laisse généralement une plus grande latitude : l'animation c'est la porte ouverte à tous les délires et on profite de l'occasion pour se lâcher encore plus. Disons qu'en "anim" on peut se permettre plus de choses : voix improbables, hurlements et onomatopées en tout genre ! C'est une véritable catharsis ! Bon, il y a toujours des exceptions : l'excellente série "Monster" par exemple, qui est traitée comme une série live, de façon très réaliste.
R.S : En dehors de ton métier quelles sont tes passions ?
T.M : Mon métier occupe une grande partie de ma vie. Cela dit je sors souvent : expos, concerts… J'adore l'Histoire avec un grand H et me plonger dans les ouvrages de vulgarisation scientifique. Sinon j'aimerais consacrer plus de temps aux voyages et me remettre au chant et à l'aïkido que j'ai pratiqué pendant trois ans.
R.S : Merci beaucoup Taric.
T.M : Merci à toi Reynald, pour ton travail et pour l'intérêt que tu nous portes. A bientôt.
Interview de janvier 2007
T.M : Salut Reynald !
R.S : Comment est survenue ton envie d'être comédien ?
T.M : Cette envie ne s'est pas manifestée durant mon enfance, ni dans ma prime jeunesse. Bien sûr j'étais toujours partant pour faire le mariolle, monter des spectacles en centre de loisirs, participer à des délires vidéo dès qu'un événement s'y prêtait… Mais de là à en faire un métier ! J'ai donc poursuivi des études scientifiques et c'est à la fac que le déclic s'est produit. Une amie étudiante, avec qui je bossais l'été (nous étions animateurs dans une colonie de vacances), m'a fortement incité à intégrer l'atelier de théâtre de l'université... Quelques mois plus tard nous jouions un spectacle devant plus de 300 personnes à la Maison des Arts de Créteil. L'année suivante, j'ai passé plus de temps au théâtre que dans les amphithéâtres : devenir comédien était désormais une évidence. Donc, parallèlement à mes études universitaires, je suis entré au cours Simon puis à l'Atelier de Théâtre de Blanche Salant et Paul Weaver. Une fois ma licence de maths en poche et le service militaire effectué, je me suis lancé !
R.S : Tes premiers pas dans ce métier ont certainement été marquants ?
T.M : Tu m'étonnes ! Ce n'était pas facile mais je savourais chaque instant, animé d'un intense sentiment de liberté. Avec des copains de cours on a monté des pièces avec plus ou moins de bonheur : "Quai Ouest" de Koltes, "La Ronde" de Schnitzler, "Deburau" de Guitry, "Equus" de Peter Shaffer… On ne gagnait pas un rond mais on a bien rigolé. Je me suis également retrouvé seul sur scène, dans une adaptation du "Journal d'un Fou" de Gogol. J'ai participé à des spectacles d'impro dans des bars. J'ai travaillé au sein d'une compagnie de théâtre pour enfants, avec laquelle j'ai parcouru une partie de la France, ce qui m'a enfin permis d'avoir mes heures et mon statut d'intermittent. L'expérience a été très intéressante et riche en événements improbables : décor qui se casse la gueule, coupure de courant pendant le spectacle, enfants qui grimpent sur scène… Maintenant il peut arriver n'importe quoi sur un plateau, je suis paré !
R.S : Comment es-tu entré dans le monde du doublage ?
T.M : Ça ne se fait plus maintenant mais à l'époque certaines boîtes organisaient des auditions pour entendre de nouvelles voix. C'est comme ça que j'ai rencontré François Dunoyer qui m'a fait débuter. Il a été formidable, il m'a enseigné les bases et ça m'a donné envie de persévérer. Les mois suivants, j'ai passé mon temps à arpenter les studios pour voir les anciens travailler et continuer d'apprendre. Puis on m'a donné ma chance. J'en profite pour remercier Marie-Christine Chevalier et Karine Krettly qui ont été les premières à le faire, après François. Ensuite le bouche à oreille a fonctionné. J'ai également eu l'occasion de travailler avec des comédiens qui étaient aussi chefs de plateau et qui m'ont employé par la suite. Certains m'ont vraiment marqué. Je pense en particulier à Emmanuel Jacomy, un "monstre" dans le milieu, un grand professionnel à qui je dois beaucoup et qui m'a énormément appris.
R.S : Quel était ton regard sur cette branche de la profession avant de t'y adonner toi même ?
T.M : Quand j'étais enfant, je ne me posais pas de question en regardant une série télévisée ou un film doublé. Je trouvais ça "naturel" d'entendre tous ces acteurs américains, italiens ou autres parler français (preuve que pour le spectateur lambda le boulot est bien fait !). C'est en devenant moi-même comédien que j'ai pris conscience de la difficulté de ce travail. Depuis que j'évolue parmi eux, le respect que j'ai pour les comédiens pratiquant le doublage n'en est que plus grand.
R.S : Qu'est-ce qui est le plus difficile dans cet exercice ?
T.M : S'adapter au rythme de l'acteur que l'on double (qui n'est pas nécessairement le nôtre) et résister à l'envie d'en faire trop ! Jouer la situation sans sur-expliquer : l'image est signifiante, le texte est signifiant, pas la peine d'en remettre une couche. Et ne pas oublier que le personnage auquel on prête sa voix s'adresse à quelqu'un, c'est un dialogue, on s'écoute. Le doublage ce n'est pas de la lecture, d'où l'intérêt d'avoir pris des cours d'art dramatique. C'est avant tout un travail de comédien. Pour moi, le plus intéressant et le plus ludique c'est d'essayer de retrouver ce "petit je ne sais quoi" de quotidien. Quand ça marche c'est jouissif ! Notre boulot c'est reproduire sans dénaturer et… s'amuser !
R.S : Que penses-tu du suivi, sur la durée, d'un comédien étranger ?
T.M : C'est toujours gratifiant de suivre un comédien, surtout s'il est bon et qu'on colle bien dessus. Mais un comédien ne nous appartient pas. Doubler des acteurs comme Thomas Guiry, Gael Garcia Bernal ou Justin Long c'est que du bonheur pour moi et j'éprouverais un grand plaisir en continuant à leur prêter ma voix.
R.S : Lorsque tu doubles un personnage animé, abordes-tu le rôle différemment ?
T.M : D'un point de vue technique pas vraiment, il faut quand même être synchrone et se faire comprendre ! Au niveau du jeu par contre ça nous laisse généralement une plus grande latitude : l'animation c'est la porte ouverte à tous les délires et on profite de l'occasion pour se lâcher encore plus. Disons qu'en "anim" on peut se permettre plus de choses : voix improbables, hurlements et onomatopées en tout genre ! C'est une véritable catharsis ! Bon, il y a toujours des exceptions : l'excellente série "Monster" par exemple, qui est traitée comme une série live, de façon très réaliste.
R.S : En dehors de ton métier quelles sont tes passions ?
T.M : Mon métier occupe une grande partie de ma vie. Cela dit je sors souvent : expos, concerts… J'adore l'Histoire avec un grand H et me plonger dans les ouvrages de vulgarisation scientifique. Sinon j'aimerais consacrer plus de temps aux voyages et me remettre au chant et à l'aïkido que j'ai pratiqué pendant trois ans.
R.S : Merci beaucoup Taric.
T.M : Merci à toi Reynald, pour ton travail et pour l'intérêt que tu nous portes. A bientôt.
Interview de janvier 2007