Ivana Coppola
Genres :
Voix Adulte femme, Voix Senior femme
Tonalité :
Medium, Grave
Langues parlées :
Italien
Accents :
Italien, Russe
Doublage
Direction artistique
jeu vidéo
Fire in the Hole (Saison 1 - 6 ép. France 5/ Discovery)
Documentaire
Great Continental Railroad Journeys (Saison 1 - 5 ép., saison 2 - 6 ép. France 5/ Discovery)
Documentaire
Tethered (Saison 1 - 6 ép. France 5/ Discovery)
Documentaire
Formation
Cours centre du marais : danse, chant, théâtre
Cours Niels Arestrup - Yves Lemoign' : école du passage
Stages : Roberto Petrolini, Pierre Pradinas, Michel Fagadeau, Edouard Molinaro, Sylvain Maurice, Patricia Sterlin, Daniel Langlet, Philippe Ferran, Maurice Bénichou...
Cours Niels Arestrup - Yves Lemoign' : école du passage
Stages : Roberto Petrolini, Pierre Pradinas, Michel Fagadeau, Edouard Molinaro, Sylvain Maurice, Patricia Sterlin, Daniel Langlet, Philippe Ferran, Maurice Bénichou...
Courts métrages
2024 "Le feu ça brûle" écrit & réalisé par Sophie Ouaknine
2013 "Pay me..." réalisé par Greg Simon
2012 "L'étreinte du mal" réalisé par Kevin Manson
2011 "Un jour de moins" réalisé par Bruno Detante
2002 "Ouf !" réalisé par Pascal Remy
2002 "Le coup de gigot" réalisé par Adrien Saporito
2001 "Et si je parle..." réalisé par Sébastien Gabriel
2001 "Ames soeurs" réalisé par Catherine Vrignault-Cohen
2000 "Mes amis d'en France" réalisé par Laurent Vinas-Raymond
1999 "Stand by" réalisé par Dominique Aru
1999 "Théo Logique" réalisé par Renato Fabbri
1998 "En attendat l'an 2000" réalisé par Bruno Moulhérat
1996 "Le noël ou il ne neigeait pas" réalisé par Manuel Moutier
1995 "Guérir" réalisé par Robert Sitbon
1995 "Hors saison" réalisé par Bruno Moulhérat
1994 "Edgar s'égare" réalisé par Franck Medioni
1994 "Rue Lénine" réalisé par Félix Olivier
1988 "La complainte du matelas idéal" réalisé par Stéphane Lellay
2013 "Pay me..." réalisé par Greg Simon
2012 "L'étreinte du mal" réalisé par Kevin Manson
2011 "Un jour de moins" réalisé par Bruno Detante
2002 "Ouf !" réalisé par Pascal Remy
2002 "Le coup de gigot" réalisé par Adrien Saporito
2001 "Et si je parle..." réalisé par Sébastien Gabriel
2001 "Ames soeurs" réalisé par Catherine Vrignault-Cohen
2000 "Mes amis d'en France" réalisé par Laurent Vinas-Raymond
1999 "Stand by" réalisé par Dominique Aru
1999 "Théo Logique" réalisé par Renato Fabbri
1998 "En attendat l'an 2000" réalisé par Bruno Moulhérat
1996 "Le noël ou il ne neigeait pas" réalisé par Manuel Moutier
1995 "Guérir" réalisé par Robert Sitbon
1995 "Hors saison" réalisé par Bruno Moulhérat
1994 "Edgar s'égare" réalisé par Franck Medioni
1994 "Rue Lénine" réalisé par Félix Olivier
1988 "La complainte du matelas idéal" réalisé par Stéphane Lellay
Mise en scčne
2013/2014 "Courts-Circuits" d'après des scènes courtes de Jean-Michel Ribes & Roland Topor. Théâtre Les Feux de la rampe, Comédie Bastille
2011 "Les dix petits nègres" d’Agatha Christie. Carré belle feuille à Boulogne Billancourt
2011 "Les dix petits nègres" d’Agatha Christie. Carré belle feuille à Boulogne Billancourt
Télévision
2012 "Au nom de la vérité" réalisé par Olivier Dorain
2005 "Une femme d'honneur" réalisé par Patrick Poubel
2002 "Les cordier, juge et flic" réalisé par Michael Perrota
1999 "Au coeur de la loi" réalisé par Denis Maleval
1999 "Cap des pins" réalisé par Pascal Heylbroek
1999 "Dossiers disparus" réalisé par Philippe Lefèvre
1991 "Cas de divorce" réalisé par Gérard Espinasse
1991 "Riviera" réalisé par Marion Sarraut
1991 "Tribunal" réalisé par Josette Pacquin
1990 "Quatre pour un loyer" réalisé par Philippe Galardi
1990 "Baisers volés" réalisé par Philippe Maurice
1989 "Joseph Conrad" réalisé par Philippe Carrese
1988 "Frenchy Folies" réalisé par Roger Pradines
1988 "Moravagine" réalisé par Philippe Pilard
2005 "Une femme d'honneur" réalisé par Patrick Poubel
2002 "Les cordier, juge et flic" réalisé par Michael Perrota
1999 "Au coeur de la loi" réalisé par Denis Maleval
1999 "Cap des pins" réalisé par Pascal Heylbroek
1999 "Dossiers disparus" réalisé par Philippe Lefèvre
1991 "Cas de divorce" réalisé par Gérard Espinasse
1991 "Riviera" réalisé par Marion Sarraut
1991 "Tribunal" réalisé par Josette Pacquin
1990 "Quatre pour un loyer" réalisé par Philippe Galardi
1990 "Baisers volés" réalisé par Philippe Maurice
1989 "Joseph Conrad" réalisé par Philippe Carrese
1988 "Frenchy Folies" réalisé par Roger Pradines
1988 "Moravagine" réalisé par Philippe Pilard
Théâtre
2013/2014 "Courts-Circuits" d'après des scènes courtes de Jean-Michel Ribes & Roland Topor - mise en scène d'Ivana Coppola. Théâtre Les Feux de la rampe, Comédie Bastille
2011 "Jacques a dit" de Marc Fayet - mise en scène de Massimiliano Verardi - Théâtre Nesle
2007 "Camille Claudel 1864-1943". En tournée
2006 "Camille Claudel 1864-1943" mise en scène de Chritine Farré. Théâtre des 2 rives à Charenton
2005 "Camille Claudel 1864-1943" mise en scène de Chritine Farré. Festival d'Avignon, théâtre de La Luna
2004 "Camille Claudel 1864-1943" mise en scène de Chritine Farré. Théâtre Jacques Coeur à Lattes, théâtre La Clef à Paris
2002 "Victor Hugo, l'homme des tempêtes" mise en scène de Chritine Farré. salle Olympe de Gouge à la mairie du XIème
2000 "Aragon, Eluard, Desnos en résistance" mise en scène de Chritine Farré. Théâtre de Vénissieux
1999 "L'inconnu de la seine de Von Orvath et mise en scène de Christian Péthieux. Théâtre Lavoir Moderne Parisien
1998 "Le livre de feu" mise en scène de Chritine Farré. Théâtre de Romainville
1994/1996 "Les voix de la mémoire" mise en scène de Chritine Farré. Théâtre P. Eluard à Chambéry et tournée
1992 "A la recherche d'omar Khayyam" mise en scène de François Abousalem. Théatre du Merlan à Marseille, théâtre La Colline à Paris et tournée
1991 "Les troyennes" d'Euripide et mise en scène de Chritine Farré. Théâtre La Clef à Paris
1989 " Passionément à la folie" de P. Rossignol et mise en scène de Pascal Rossignol. Théâtre de la Villa à Paris
1989 "Les héros de l'an II" de P. Gaudart et mise en scène de Philippe Gaudart. Théâtre Montorgueil à Paris
1986 "La grotte" de Jean Anouilh et mise en scène de Jacques Hardouin. Théâtre de Neuilly
2011 "Jacques a dit" de Marc Fayet - mise en scène de Massimiliano Verardi - Théâtre Nesle
2007 "Camille Claudel 1864-1943". En tournée
2006 "Camille Claudel 1864-1943" mise en scène de Chritine Farré. Théâtre des 2 rives à Charenton
2005 "Camille Claudel 1864-1943" mise en scène de Chritine Farré. Festival d'Avignon, théâtre de La Luna
2004 "Camille Claudel 1864-1943" mise en scène de Chritine Farré. Théâtre Jacques Coeur à Lattes, théâtre La Clef à Paris
2002 "Victor Hugo, l'homme des tempêtes" mise en scène de Chritine Farré. salle Olympe de Gouge à la mairie du XIème
2000 "Aragon, Eluard, Desnos en résistance" mise en scène de Chritine Farré. Théâtre de Vénissieux
1999 "L'inconnu de la seine de Von Orvath et mise en scène de Christian Péthieux. Théâtre Lavoir Moderne Parisien
1998 "Le livre de feu" mise en scène de Chritine Farré. Théâtre de Romainville
1994/1996 "Les voix de la mémoire" mise en scène de Chritine Farré. Théâtre P. Eluard à Chambéry et tournée
1992 "A la recherche d'omar Khayyam" mise en scène de François Abousalem. Théatre du Merlan à Marseille, théâtre La Colline à Paris et tournée
1991 "Les troyennes" d'Euripide et mise en scène de Chritine Farré. Théâtre La Clef à Paris
1989 " Passionément à la folie" de P. Rossignol et mise en scène de Pascal Rossignol. Théâtre de la Villa à Paris
1989 "Les héros de l'an II" de P. Gaudart et mise en scène de Philippe Gaudart. Théâtre Montorgueil à Paris
1986 "La grotte" de Jean Anouilh et mise en scène de Jacques Hardouin. Théâtre de Neuilly
Interview
R.S : Bonjour Ivana...
I.C : Bonjour Reynald !
R.S : Comment as-tu découvert tes dons de comédienne ?
I.C : A 6 ans, je suis arrivée en France et je rêvais d'être chanteuse (je me demandais comment on pouvait avoir envie de faire autre chose !). Je passais des heures à apprendre des chansons en français, et à les chanter en imaginant que c'était du direct ! Je faisais la même chose avec le programme TV que j'apprenais par cœur, puis je me maquillais, (j'avais le trac, le cœur qui battait), j'imaginais le compte à rebours et... le direct à l'antenne où je présentais le programme ! Et je recommençais sans cesse, jusqu'à ce que je juge que c'était parfait. Cela pouvait durer des heures. Et j'ai le souvenir d'une grande jubilation. Je montais aussi des pièces de théâtre à l'école. Ça aussi, c'était toujours très excitant, les textes, les mots qui me paraissaient magiques. Alors je ne sais pas si j'ai découvert des dons de comédienne mais, en tous cas, je savais que j'aimais "jouer à jouer".
R.S : A-t-il été facile d'en faire ton métier ?
I.C : Oui... et non. Dans un premier temps, j'avais besoin de me rassurer par rapport à la précarité du métier. J'ai donc fait des études de kinésithérapie, et j'ai exercé pendant 5 ans. Mais l'envie de jouer, de traduire des émotions, de travailler des textes, bref d'être dans cette dynamique, restait toujours au fond de moi. Comme je travaillais en libéral, je pouvais organiser mon temps librement. J'ai donc pu faire une formation (théâtre, danse, chant, escrime), pendant 3 ans. Ensuite j'ai commencé à travailler assez vite en tant que comédienne, et j'ai dû choisir car cette double vie était épuisante et n'avait pas de sens, à la fin. Mais ce double parcours a été très enrichissant. Ça m'a familiarisée avec une connaissance anatomique, corporelle, qui pour moi est très importante dans le métier de comédienne. Mais le désir de bien faire son travail, la passion, le talent, ne suffisent pas dans ce métier. Il ne faut pas se leurrer, il faut aussi un bon carnet d'adresse, de contacts... Et ça, ce n'est pas le plus évident, et ça peut prendre du temps. Voila pourquoi oui et non !
R.S : Les émotions sont-elles différentes suivant qu'on joue pour le théâtre, pour la télévision, le cinéma ?
I.C : Les émotions sont les mêmes, c'est la manière de les traduire qui est différente, car la technique n'est pas la même. Au théâtre, l'histoire se déroule "dans l'ordre", tous les soirs. Et à partir du moment où on rentre en scène, on ne peut plus rien arrêter, plus recommencer. Mais il y a une liberté d'espace. Sur un tournage, que ce soit pour le cinéma ou la télévision, c'est le contraire. On est moins libre au niveau de l'espace. La caméra, le cadre, la lumière, sont des contraintes, avec lesquelles il faut composer. Par contre on peut faire plusieurs prises, mais l'histoire ne se déroule pas dans l'ordre, et on doit parfois livrer des instantanés, des flashs d'émotions, donc forcément adapter le jeu en fonction de la technique. Mais l'émotion doit être la même.
R.S : Comment as-tu commencé le doublage ?
I.C : Un ami comédien qui travaillait déjà dans ce secteur, m'en a parlé. Cela m'a intéressée et amusée. Je l'ai donc suivi sur les plateaux dans un premier temps pour regarder. Puis pendant un an j'ai continué à assister, à regarder les autres travailler, à apprendre le jargon de cette partie du métier. Et à force de persévérance j'ai fini par passer des essais, faire des ambiances, des petits rôles, etc.
R.S : En doublage, il ne faut pas simplement jouer mais maîtriser cette technique particulière. Il faut certainement du temps pour cela, d'où la nécessité de passer par des ambiances lorsqu'on débute n'est-ce pas ?
I.C : Oui, c'est vrai, je trouve qu'il vaut mieux débuter par de petits rôles. D'abord, ça permet de s'affirmer au micro, et de comprendre vraiment comment tout ça fonctionne. Il faut se libérer de la technique et du trac, pour être au maximum "là-haut", c'est-à-dire à l'image, au plus près possible de ce qui se dégage des personnages qu'on double (leurs yeux, leurs respirations, le moindre détail qui va donner la précision de l'interprétation). C'est quand même un exercice particulier quand on y pense. On peut parfois se sentir plus à l'aise sur scène ou devant une caméra, et complètement tétanisé au micro (ce qui était mon cas, pendant mes premières années de doublage).
R.S : Julianne Moore est une comédienne que tu doubles régulièrement, est-ce pour autant plus facile de cerner les personnages qu'elle interprète ?
I.C : Juliane Moore a une grande palette de jeu. Elle est excellente dans les comédies et elle peut être aussi époustouflante dans les personnages border line, très fragiles. Et ça, c'est cadeau ! Je n'ai pas l'impression d'avoir du mal à cerner les personnages qu'elle interprète. Au contraire. Mais, à chaque fois que je la retrouve, j'ai un petit temps de réadaptation pour me glisser au mieux dans son énergie, et qu'elle me devienne "confortable", "évidente". D'autres comédiennes que j'ai doublées, comme Eva Mendes, Courteney Cox, Famke Janssen ou Hope Davis me paraissaient plus évidentes d'emblée. Mais avec le temps, Juliane Moore m'est devenue familière.
R.S : Qu'évoque pour toi "jouer la comédie" ?
I.C : Je dirais plutôt "jouer" tout court. Peter Brook, dans un de ses livres (L'espace vide), conclut en disant "jouer est un jeu". Il a tout dit. Pour moi, c'est quelque chose de ludique, comme dans les jeux d'enfants et qui flirte avec le plaisir. Mais c'est aussi, avant tout, quelque chose de très physique, qui passe par le corps, par le ventre, plus que par le mental. Ce sont des états où on se doit d'être vivants, même pour jouer les êtres en demi-teintes, à la dérive. C'est cette sensation physique forte, où on est enraciné, "les pieds dans la terre et la tête dans les étoiles", et où on peut se laisser traverser par le courant, par l'énergie de soi et du monde, de soi et des autres. C'est être en contact, en relation, en conscience, être relié. Quand on a travaillé un texte, décortiqué les histoires, les personnages, qu'on a travaillé techniquement pour les classiques, qu'on s'est documenté, nourri au travers de lectures, de musiques, de peintures et de tout un tas de choses. Jouer c'est être ce lien, qui nous permet d'ouvrir tous nos sens, afin de restituer l'état, l'émotion, la sensation, la chair, dans toute sa vérité, son plaisir et sa générosité.
R.S : Quels sont tes hobbies ?
I.C : Beaucoup sont en rapport avec ce qui apporte énergie et vibration… Tai chi, aïkido, danses africaine, orientale... Mais aussi bricoler, jardiner, marcher et respirer la nature, passer du temps avec les gens que j'apprécie, déguster du bon vin, lire, apprendre... La liste est longue...
R.S : Merci beaucoup Ivana.
I.C : Merci à toi, Reynald, et un grand bravo pour ton travail !
Interview de novembre 2009
I.C : Bonjour Reynald !
R.S : Comment as-tu découvert tes dons de comédienne ?
I.C : A 6 ans, je suis arrivée en France et je rêvais d'être chanteuse (je me demandais comment on pouvait avoir envie de faire autre chose !). Je passais des heures à apprendre des chansons en français, et à les chanter en imaginant que c'était du direct ! Je faisais la même chose avec le programme TV que j'apprenais par cœur, puis je me maquillais, (j'avais le trac, le cœur qui battait), j'imaginais le compte à rebours et... le direct à l'antenne où je présentais le programme ! Et je recommençais sans cesse, jusqu'à ce que je juge que c'était parfait. Cela pouvait durer des heures. Et j'ai le souvenir d'une grande jubilation. Je montais aussi des pièces de théâtre à l'école. Ça aussi, c'était toujours très excitant, les textes, les mots qui me paraissaient magiques. Alors je ne sais pas si j'ai découvert des dons de comédienne mais, en tous cas, je savais que j'aimais "jouer à jouer".
R.S : A-t-il été facile d'en faire ton métier ?
I.C : Oui... et non. Dans un premier temps, j'avais besoin de me rassurer par rapport à la précarité du métier. J'ai donc fait des études de kinésithérapie, et j'ai exercé pendant 5 ans. Mais l'envie de jouer, de traduire des émotions, de travailler des textes, bref d'être dans cette dynamique, restait toujours au fond de moi. Comme je travaillais en libéral, je pouvais organiser mon temps librement. J'ai donc pu faire une formation (théâtre, danse, chant, escrime), pendant 3 ans. Ensuite j'ai commencé à travailler assez vite en tant que comédienne, et j'ai dû choisir car cette double vie était épuisante et n'avait pas de sens, à la fin. Mais ce double parcours a été très enrichissant. Ça m'a familiarisée avec une connaissance anatomique, corporelle, qui pour moi est très importante dans le métier de comédienne. Mais le désir de bien faire son travail, la passion, le talent, ne suffisent pas dans ce métier. Il ne faut pas se leurrer, il faut aussi un bon carnet d'adresse, de contacts... Et ça, ce n'est pas le plus évident, et ça peut prendre du temps. Voila pourquoi oui et non !
R.S : Les émotions sont-elles différentes suivant qu'on joue pour le théâtre, pour la télévision, le cinéma ?
I.C : Les émotions sont les mêmes, c'est la manière de les traduire qui est différente, car la technique n'est pas la même. Au théâtre, l'histoire se déroule "dans l'ordre", tous les soirs. Et à partir du moment où on rentre en scène, on ne peut plus rien arrêter, plus recommencer. Mais il y a une liberté d'espace. Sur un tournage, que ce soit pour le cinéma ou la télévision, c'est le contraire. On est moins libre au niveau de l'espace. La caméra, le cadre, la lumière, sont des contraintes, avec lesquelles il faut composer. Par contre on peut faire plusieurs prises, mais l'histoire ne se déroule pas dans l'ordre, et on doit parfois livrer des instantanés, des flashs d'émotions, donc forcément adapter le jeu en fonction de la technique. Mais l'émotion doit être la même.
R.S : Comment as-tu commencé le doublage ?
I.C : Un ami comédien qui travaillait déjà dans ce secteur, m'en a parlé. Cela m'a intéressée et amusée. Je l'ai donc suivi sur les plateaux dans un premier temps pour regarder. Puis pendant un an j'ai continué à assister, à regarder les autres travailler, à apprendre le jargon de cette partie du métier. Et à force de persévérance j'ai fini par passer des essais, faire des ambiances, des petits rôles, etc.
R.S : En doublage, il ne faut pas simplement jouer mais maîtriser cette technique particulière. Il faut certainement du temps pour cela, d'où la nécessité de passer par des ambiances lorsqu'on débute n'est-ce pas ?
I.C : Oui, c'est vrai, je trouve qu'il vaut mieux débuter par de petits rôles. D'abord, ça permet de s'affirmer au micro, et de comprendre vraiment comment tout ça fonctionne. Il faut se libérer de la technique et du trac, pour être au maximum "là-haut", c'est-à-dire à l'image, au plus près possible de ce qui se dégage des personnages qu'on double (leurs yeux, leurs respirations, le moindre détail qui va donner la précision de l'interprétation). C'est quand même un exercice particulier quand on y pense. On peut parfois se sentir plus à l'aise sur scène ou devant une caméra, et complètement tétanisé au micro (ce qui était mon cas, pendant mes premières années de doublage).
R.S : Julianne Moore est une comédienne que tu doubles régulièrement, est-ce pour autant plus facile de cerner les personnages qu'elle interprète ?
I.C : Juliane Moore a une grande palette de jeu. Elle est excellente dans les comédies et elle peut être aussi époustouflante dans les personnages border line, très fragiles. Et ça, c'est cadeau ! Je n'ai pas l'impression d'avoir du mal à cerner les personnages qu'elle interprète. Au contraire. Mais, à chaque fois que je la retrouve, j'ai un petit temps de réadaptation pour me glisser au mieux dans son énergie, et qu'elle me devienne "confortable", "évidente". D'autres comédiennes que j'ai doublées, comme Eva Mendes, Courteney Cox, Famke Janssen ou Hope Davis me paraissaient plus évidentes d'emblée. Mais avec le temps, Juliane Moore m'est devenue familière.
R.S : Qu'évoque pour toi "jouer la comédie" ?
I.C : Je dirais plutôt "jouer" tout court. Peter Brook, dans un de ses livres (L'espace vide), conclut en disant "jouer est un jeu". Il a tout dit. Pour moi, c'est quelque chose de ludique, comme dans les jeux d'enfants et qui flirte avec le plaisir. Mais c'est aussi, avant tout, quelque chose de très physique, qui passe par le corps, par le ventre, plus que par le mental. Ce sont des états où on se doit d'être vivants, même pour jouer les êtres en demi-teintes, à la dérive. C'est cette sensation physique forte, où on est enraciné, "les pieds dans la terre et la tête dans les étoiles", et où on peut se laisser traverser par le courant, par l'énergie de soi et du monde, de soi et des autres. C'est être en contact, en relation, en conscience, être relié. Quand on a travaillé un texte, décortiqué les histoires, les personnages, qu'on a travaillé techniquement pour les classiques, qu'on s'est documenté, nourri au travers de lectures, de musiques, de peintures et de tout un tas de choses. Jouer c'est être ce lien, qui nous permet d'ouvrir tous nos sens, afin de restituer l'état, l'émotion, la sensation, la chair, dans toute sa vérité, son plaisir et sa générosité.
R.S : Quels sont tes hobbies ?
I.C : Beaucoup sont en rapport avec ce qui apporte énergie et vibration… Tai chi, aïkido, danses africaine, orientale... Mais aussi bricoler, jardiner, marcher et respirer la nature, passer du temps avec les gens que j'apprécie, déguster du bon vin, lire, apprendre... La liste est longue...
R.S : Merci beaucoup Ivana.
I.C : Merci à toi, Reynald, et un grand bravo pour ton travail !
Interview de novembre 2009