Patrice Dozier
Doublage
Documentaire
Artur Schnabel : No Place of Exile
Voix
Documentaire
Ghost Nation (Intervenant)
Série documentaire
Amend (Jim Obergefell)
Formation
1er prix en comédie classique au conservatoire national de Région de Lille
Cinéma
"A la maison pour Noël" réalisé par Christian Merret-Palmair
"Peau d’ange" réalisé par Vincent Pérez
"Le Maître d’école" réalisé par Claude Berri
"Gloria" réalisé par Claude Autant-Lara
"Pourquoi pas nous" réalisé par Michel Berny
"Peau d’ange" réalisé par Vincent Pérez
"Le Maître d’école" réalisé par Claude Berri
"Gloria" réalisé par Claude Autant-Lara
"Pourquoi pas nous" réalisé par Michel Berny
Communication
Professeur d’expression orale à l’école d’hôtesses boulevard des Capucines à Paris
Professeur de théâtre et d’expression orale auprès de conférenciers, de grands patrons et de grandes entreprises (Wolkswagen-Pfizer-Caisse de dépôts-etc.) avec des sujets tels que "s’exprimer communiquer convaincre"
Coach personnel de comédiens professionnels
Professeur de théâtre et d’expression orale auprès de conférenciers, de grands patrons et de grandes entreprises (Wolkswagen-Pfizer-Caisse de dépôts-etc.) avec des sujets tels que "s’exprimer communiquer convaincre"
Coach personnel de comédiens professionnels
Télévision
"L'amour à 200 mitres" réalisé par J. Edorn
"Bloc D." réalisé par M. Assaoui
"Section de recherches" réalisé par G. Marx
"Arrêt de travail" réalisé par Pascale Dallet
"Le mystère Parasuram" réalisé par Michel Sibra
"Les rives du Paradis" réalisé par Robin Davis
"Nestor Burma" réalisé par Philippe Venault
"Le Jap" réalisé par Joël Séria
"L’huissier" réalisé par Pierre Tchernia, avec Michel Serrault
"Maria Vandame" réalisé par Jacques Ertaud
"Maigret et les braves gens" réalisé par J.J. Goron
"Intrigues" (série)
"Le rapt des champs" réalisé par D. Juliani
"Tapis" réalisé par S. Bertin
"Liste d’attente" réalisé par S. Bertin
"Imogène" réalisé par S. Madigan
"La feuille à l’envers" réalisé par Jacques Krier
"Petit déjeuner compris" réalisé par Michel Berny
"La grossesse de Madame Bracht" réalisé par Jean-Roger Cadet
"Les petits soirs" réalisé par Raoul Sangla
"Le dernier Train" réalisé par Jacques Krier
"Les Fargeots" réalisé par réal Patrick Saglio
"Marc et Sophie" (série)
"Affaires suivantes" (série)
"Le village dans les nuages" (série)
"Chantez le moi" de Jean-François Kahn
"Bloc D." réalisé par M. Assaoui
"Section de recherches" réalisé par G. Marx
"Arrêt de travail" réalisé par Pascale Dallet
"Le mystère Parasuram" réalisé par Michel Sibra
"Les rives du Paradis" réalisé par Robin Davis
"Nestor Burma" réalisé par Philippe Venault
"Le Jap" réalisé par Joël Séria
"L’huissier" réalisé par Pierre Tchernia, avec Michel Serrault
"Maria Vandame" réalisé par Jacques Ertaud
"Maigret et les braves gens" réalisé par J.J. Goron
"Intrigues" (série)
"Le rapt des champs" réalisé par D. Juliani
"Tapis" réalisé par S. Bertin
"Liste d’attente" réalisé par S. Bertin
"Imogène" réalisé par S. Madigan
"La feuille à l’envers" réalisé par Jacques Krier
"Petit déjeuner compris" réalisé par Michel Berny
"La grossesse de Madame Bracht" réalisé par Jean-Roger Cadet
"Les petits soirs" réalisé par Raoul Sangla
"Le dernier Train" réalisé par Jacques Krier
"Les Fargeots" réalisé par réal Patrick Saglio
"Marc et Sophie" (série)
"Affaires suivantes" (série)
"Le village dans les nuages" (série)
"Chantez le moi" de Jean-François Kahn
Théâtre
2019/2020 "Le Misanthrope" mise en scène de Peter Stein, avec Lambert Wilson. Théâtre Libre (Le Comédia) et en tournée
2014 "3 lits pour 8" mise en scène de Jean-Luc Moreau, dans le rôle d'Alain
2008/2009 "Fame" mise en scène de Ned Grujic. Au Comédia et en tournée
2002/2005 "Frou frou les bains" mise en scène de J. Descombes. Au Daunou, Molière du meilleur spectacle musical
2000 "Le sire de Vergy" mise en scène de Alain Sachs. Aux Bouffes Parisiens, spectacle musical nommé aux Molières
1999 "Le bel air de Londres" avec Robert Hirsch. A la porte St Martin, spectacle nommé aux Molières
1997/1998"le passe-muraille" adaptation de Didier van Cauvelaert et Michel Legrand. Aux Bouffes-parisiens, Molière du meilleur spectacle musical
1996 "Les empires de la lune" Cie Fracasse au Dejazet
1995 "Le comédien" de Sacha Guitry et mise en scène d'Annick Blancheteau avec P.P. Darras. Aux Nouveautés
1993 "Naissance de mon fils"
1993/1994 "Knock" mise en scène de Pierre Mondy, avec Michel Serrault. Porte St martin, spectacle nommé pour les Molières
1992 "3 partout" mise en scène de Pierre Mondy, avec Michel Leeb
1991 "Salut les comiques" avec Alain Sachs et Ronny Coutteure
1990 "Archibald" avec Paul Guers et Corinne Marchand. A la Potinière
1989 "Les brigands" d’Offenbach. A l’opéra de Genève
1988 "Les Farces de Molière" mise en scène de Francis Perrin. Au festival de Versailles
1987 "Le Pyromane" au Petit Odéon
1986 "Pâquerette" mise en scène de Francis Perrin, avec Maria Pacôme. A la Michodière
1985 "L’auberge du Cheval Blanc" avec Luc Barney. A l’Eldorado
1982/1983 "Napoléon" Spectacle Musical, mise en scène de Jacques Rosny, avec Serge Lama. Au Théâtre Marigny et au Canada
1981 "Si Guitry m’était chanté" mise en scène de Jean-Luc Tardieu
1980 "Ta bouche" et "Yes" de Maurice Yvain et mise en scène de Jacques Mauclair
1979 "La Haut" de Maurice Yvain et mise en scène de Christian De Smet
1978 "La Patte Mouille" avec Michel Galabru. A la Michodière
1977 "Voulez-vous Jouer avec Môa" de Marcel Achard et mise en scène de de Christian De smet. A Lille
1976 "Henri IV" de Pirandello. Au théâtre populaire des Flandres
1974 "Rêves d’écluses" mise en scène de Mireille Laroche. A la Péniche Opéra
1973 "Ce soir on improvise" de Pirandello et mise en scène de Jean-Marie Schmidt
2014 "3 lits pour 8" mise en scène de Jean-Luc Moreau, dans le rôle d'Alain
2008/2009 "Fame" mise en scène de Ned Grujic. Au Comédia et en tournée
2002/2005 "Frou frou les bains" mise en scène de J. Descombes. Au Daunou, Molière du meilleur spectacle musical
2000 "Le sire de Vergy" mise en scène de Alain Sachs. Aux Bouffes Parisiens, spectacle musical nommé aux Molières
1999 "Le bel air de Londres" avec Robert Hirsch. A la porte St Martin, spectacle nommé aux Molières
1997/1998"le passe-muraille" adaptation de Didier van Cauvelaert et Michel Legrand. Aux Bouffes-parisiens, Molière du meilleur spectacle musical
1996 "Les empires de la lune" Cie Fracasse au Dejazet
1995 "Le comédien" de Sacha Guitry et mise en scène d'Annick Blancheteau avec P.P. Darras. Aux Nouveautés
1993 "Naissance de mon fils"
1993/1994 "Knock" mise en scène de Pierre Mondy, avec Michel Serrault. Porte St martin, spectacle nommé pour les Molières
1992 "3 partout" mise en scène de Pierre Mondy, avec Michel Leeb
1991 "Salut les comiques" avec Alain Sachs et Ronny Coutteure
1990 "Archibald" avec Paul Guers et Corinne Marchand. A la Potinière
1989 "Les brigands" d’Offenbach. A l’opéra de Genève
1988 "Les Farces de Molière" mise en scène de Francis Perrin. Au festival de Versailles
1987 "Le Pyromane" au Petit Odéon
1986 "Pâquerette" mise en scène de Francis Perrin, avec Maria Pacôme. A la Michodière
1985 "L’auberge du Cheval Blanc" avec Luc Barney. A l’Eldorado
1982/1983 "Napoléon" Spectacle Musical, mise en scène de Jacques Rosny, avec Serge Lama. Au Théâtre Marigny et au Canada
1981 "Si Guitry m’était chanté" mise en scène de Jean-Luc Tardieu
1980 "Ta bouche" et "Yes" de Maurice Yvain et mise en scène de Jacques Mauclair
1979 "La Haut" de Maurice Yvain et mise en scène de Christian De Smet
1978 "La Patte Mouille" avec Michel Galabru. A la Michodière
1977 "Voulez-vous Jouer avec Môa" de Marcel Achard et mise en scène de de Christian De smet. A Lille
1976 "Henri IV" de Pirandello. Au théâtre populaire des Flandres
1974 "Rêves d’écluses" mise en scène de Mireille Laroche. A la Péniche Opéra
1973 "Ce soir on improvise" de Pirandello et mise en scène de Jean-Marie Schmidt
Interview
R.S : Bonjour Patrice.
P.D : Bonjour !
R.S : Pouvez-vous parler de vos débuts de comédiens ?
P.D : A Armentières dans le grand NORD d'où je viens, j'ai voulu faire partie de la troupe de théâtre du lycée. Là, mon professeur de français voulait que je joue le baron de Valbrun dans "L'âne et le ruisseau" de Musset, soit "l'âne", le timide que j'étais dans la vie, ce qui ne m'intéressait pas du tout. Moi je voulais jouer dans "On ne saurait penser à tout" le marquis de Valberg du même Alfred. Un personnage drôle d'amoureux distrait. Comme on ne trouvait personne pour jouer ce marquis, j'ai demandé à faire une lecture. Dans cette lecture j'ai mis tout ce qu'il y avait en moi de rentré et de caché et cela a si bien fonctionné que j'ai obtenu le rôle, mon premier rôle. Il faut avouer que dix minutes plus tard j'avais encore les mains tremblantes et que presque instantanément mon comportement a changé. Je m'étais ouvert. J'ai trouvé ça extraordinaire. On m'a alors conseillé de tenter l'entrée du conservatoire de région de Lille où j'ai eu la chance d'être reçu et de travailler avec le formidable professeur qu'est Christian Riehl. Deux ans plus tard on m'attribuait le premier prix de comédie classique alors que je n'avais toujours pas mis les pieds dans un théâtre ! L'aventure commençait... mais il fallait savoir par quel bout la prendre ! Mon professeur disait : "pour un comédien, hors de Paris point de salut". Alors, direction Paris avec l'envie de jouer chevillée au corps.
R.S : Cette envie de jouer nous renvoie immédiatement au partage, avec le public notamment. C'est une relation intense j'imagine ?
P.D : Entendre toute une salle s'esclaffer à l'unisson c'est extraordinaire, mais quand c'est vous qui êtes le déclencheur de ce rire là, c'est... très jouissif. Vous employez le mot partage et il est juste. Vous donnez votre savoir-faire et le public donne son écoute, voire même sa confiance. C'est un échange : donnant-donnant. Si l'un des deux n'est pas au rendez-vous, la magie n'agira pas. Il faut donc que ce soit une relation forte, une communication pleine et entière. Il en va de même avec les partenaires. J'ai eu la chance de jouer des spectacles longtemps et quand on me demande si je ne me lassais pas de jouer tant de fois la même pièce, ma réponse est : Non, pas du tout, parce que chaque soir j'entends quelque chose de différent et que chaque soir je réponds à ce que j'entends. La différence est peut-être imperceptible, mais elle existe.
R.S : Comment avez-vous débuté dans le doublage ?
P.D : Mal ! "Quand on est artiste faut faire tous les genres" chantait Bourvil ; alors je suis allé tirer les cordons de sonnettes pour tâter au doublage. J'en faisais très peu et j'ai mis une dizaine d'années à comprendre que ce n'était pas moi (contrairement au théâtre) qui était devant mais que je devais être au service de l'acteur sur l'écran. Je confesse avoir commis tous les péchés du débutant, à savoir :
- une telle focalisation sur la bande rythmo (pour pouvoir tout lire et tout dire) que j'en arrivais à occulter purement et simplement l'image.
- la lecture à voix haute qui fait qu'on n'entend plus avec quelle subtilité le comédien qui est à l'image donne son texte. Pour tout dire je ne dormais pas la veille d'un doublage.
R.S : Lorsque vous doublez un comédien étranger, votre interprétation doit se rapprocher le plus possible de l'original. Pour obtenir ce résultat, qu'est-ce qui est le plus important ?
P.D : Je ne suis pas polyglotte et c'est bien dommage car c'est un avantage certain de comprendre la langue parlée dans la version originale. Sinon pour se rapprocher le plus possible, il faut éviter tous les pièges du débutant dont je viens de parler et ouvrir grands les yeux et les oreilles pour "éponger" l'image et le son, sans jamais oublier qu'on est au service de l'acteur qui est à l'image.
R.S : Lorsque vous retrouvez un comédien à plusieurs reprises sur des oeuvres différentes, diriez-vous que c'est plus facile de comprendre son jeu au fil des retrouvailles ?
P.D : Plus facile... quelquefois. Parce qu'on est un peu en pays de connaissance. Mais il peut aussi arriver qu'on soit sur la même palette que lui dans un certain registre mais qu'on ne puisse pas le suivre dans un autre. C'est comme une tessiture de chanteur. On peut avoir à peu près la même sauf que lui chantera 4 octaves et que vous n'en possédez que 3.
R.S : Dans les dessins animés, contrairement à ce qu'on pourrait penser, il faut parfois rester très proche de l'œuvre originale, n'est-ce pas ?
P.D : Chez Walt Disney par exemple, il faut rester très proche de l'original. C'est d'ailleurs pour cela qu'il y a beaucoup d'essais chez eux. Heureusement ce n'est pas toujours le cas notamment lors de "créations de voix" où l'on peut alors laisser champ libre à son imagination et à sa folie personnelle, mais toujours sous l'œil du chef de plateau qui a bien sûr le dernier mot et qui supervise le jeu et les couleurs de voix de ses comédiens.
R.S : Depuis vos débuts, le doublage a évolué au niveau technique. Est-ce bénéfique pour le travail du comédien ?
P.D : Oui et non. Certains comédiens sont des intuitifs et pigent très vite donc la rapidité qui est de plus en plus demandée ne les gêne pas trop. D'autres lisent le texte sur la bande, le retiennent et peuvent librement "monter à l'image". Par contre pour d'autres c'est plus difficile. J'ai vu des comédiens ne plus arriver à lire les bandes rythmo écrites à la machine. Le cinéma de Pagnol où l'on buvait le pastis et où l'on jouait aux boules entre les prises est très très loin ! Curieusement la partie bénéfique pour le comédien vient de l'ingénieur du son. Un bon ingénieur c'est génial. Là où vous deviez refaire pour un "plop", une "respir", une "courteur" ou une "longueur", lui vous remet tout ça clean, ni vu ni connu. Donc un grand merci à eux.
R.S : Quelles sont vos passions en dehors de votre métier ?
P.D : Ma famille, mes amis, la lecture sont ma vie. Pour ce qui est du doublage et du théâtre c'est la même passion, et je pense être un des rares à dire que si le théâtre m'a bien sûr apporté pour le doublage, le doublage m'a beaucoup apporté pour le théâtre. C'est la communication qui est le point commun entre le théâtre le doublage et la vie. C'est une des raisons pour lesquelles nous avons créé avec mon amie Clara Borras "Easycom-coach" qui nous permet de donner des stages, basés sur le savoir-faire, le savoir-être de l'acteur, pour des entreprises ou des particuliers, et qui nous a même permis de faire du coaching pour des acteurs professionnels qui veulent se perfectionner encore et encore.
R.S : Merci beaucoup Patrice.
P.D : Parler d'une passion est toujours un grand plaisir. Merci à vous de nous donner l'occasion de le faire.
Interview de mars 2011
P.D : Bonjour !
R.S : Pouvez-vous parler de vos débuts de comédiens ?
P.D : A Armentières dans le grand NORD d'où je viens, j'ai voulu faire partie de la troupe de théâtre du lycée. Là, mon professeur de français voulait que je joue le baron de Valbrun dans "L'âne et le ruisseau" de Musset, soit "l'âne", le timide que j'étais dans la vie, ce qui ne m'intéressait pas du tout. Moi je voulais jouer dans "On ne saurait penser à tout" le marquis de Valberg du même Alfred. Un personnage drôle d'amoureux distrait. Comme on ne trouvait personne pour jouer ce marquis, j'ai demandé à faire une lecture. Dans cette lecture j'ai mis tout ce qu'il y avait en moi de rentré et de caché et cela a si bien fonctionné que j'ai obtenu le rôle, mon premier rôle. Il faut avouer que dix minutes plus tard j'avais encore les mains tremblantes et que presque instantanément mon comportement a changé. Je m'étais ouvert. J'ai trouvé ça extraordinaire. On m'a alors conseillé de tenter l'entrée du conservatoire de région de Lille où j'ai eu la chance d'être reçu et de travailler avec le formidable professeur qu'est Christian Riehl. Deux ans plus tard on m'attribuait le premier prix de comédie classique alors que je n'avais toujours pas mis les pieds dans un théâtre ! L'aventure commençait... mais il fallait savoir par quel bout la prendre ! Mon professeur disait : "pour un comédien, hors de Paris point de salut". Alors, direction Paris avec l'envie de jouer chevillée au corps.
R.S : Cette envie de jouer nous renvoie immédiatement au partage, avec le public notamment. C'est une relation intense j'imagine ?
P.D : Entendre toute une salle s'esclaffer à l'unisson c'est extraordinaire, mais quand c'est vous qui êtes le déclencheur de ce rire là, c'est... très jouissif. Vous employez le mot partage et il est juste. Vous donnez votre savoir-faire et le public donne son écoute, voire même sa confiance. C'est un échange : donnant-donnant. Si l'un des deux n'est pas au rendez-vous, la magie n'agira pas. Il faut donc que ce soit une relation forte, une communication pleine et entière. Il en va de même avec les partenaires. J'ai eu la chance de jouer des spectacles longtemps et quand on me demande si je ne me lassais pas de jouer tant de fois la même pièce, ma réponse est : Non, pas du tout, parce que chaque soir j'entends quelque chose de différent et que chaque soir je réponds à ce que j'entends. La différence est peut-être imperceptible, mais elle existe.
R.S : Comment avez-vous débuté dans le doublage ?
P.D : Mal ! "Quand on est artiste faut faire tous les genres" chantait Bourvil ; alors je suis allé tirer les cordons de sonnettes pour tâter au doublage. J'en faisais très peu et j'ai mis une dizaine d'années à comprendre que ce n'était pas moi (contrairement au théâtre) qui était devant mais que je devais être au service de l'acteur sur l'écran. Je confesse avoir commis tous les péchés du débutant, à savoir :
- une telle focalisation sur la bande rythmo (pour pouvoir tout lire et tout dire) que j'en arrivais à occulter purement et simplement l'image.
- la lecture à voix haute qui fait qu'on n'entend plus avec quelle subtilité le comédien qui est à l'image donne son texte. Pour tout dire je ne dormais pas la veille d'un doublage.
R.S : Lorsque vous doublez un comédien étranger, votre interprétation doit se rapprocher le plus possible de l'original. Pour obtenir ce résultat, qu'est-ce qui est le plus important ?
P.D : Je ne suis pas polyglotte et c'est bien dommage car c'est un avantage certain de comprendre la langue parlée dans la version originale. Sinon pour se rapprocher le plus possible, il faut éviter tous les pièges du débutant dont je viens de parler et ouvrir grands les yeux et les oreilles pour "éponger" l'image et le son, sans jamais oublier qu'on est au service de l'acteur qui est à l'image.
R.S : Lorsque vous retrouvez un comédien à plusieurs reprises sur des oeuvres différentes, diriez-vous que c'est plus facile de comprendre son jeu au fil des retrouvailles ?
P.D : Plus facile... quelquefois. Parce qu'on est un peu en pays de connaissance. Mais il peut aussi arriver qu'on soit sur la même palette que lui dans un certain registre mais qu'on ne puisse pas le suivre dans un autre. C'est comme une tessiture de chanteur. On peut avoir à peu près la même sauf que lui chantera 4 octaves et que vous n'en possédez que 3.
R.S : Dans les dessins animés, contrairement à ce qu'on pourrait penser, il faut parfois rester très proche de l'œuvre originale, n'est-ce pas ?
P.D : Chez Walt Disney par exemple, il faut rester très proche de l'original. C'est d'ailleurs pour cela qu'il y a beaucoup d'essais chez eux. Heureusement ce n'est pas toujours le cas notamment lors de "créations de voix" où l'on peut alors laisser champ libre à son imagination et à sa folie personnelle, mais toujours sous l'œil du chef de plateau qui a bien sûr le dernier mot et qui supervise le jeu et les couleurs de voix de ses comédiens.
R.S : Depuis vos débuts, le doublage a évolué au niveau technique. Est-ce bénéfique pour le travail du comédien ?
P.D : Oui et non. Certains comédiens sont des intuitifs et pigent très vite donc la rapidité qui est de plus en plus demandée ne les gêne pas trop. D'autres lisent le texte sur la bande, le retiennent et peuvent librement "monter à l'image". Par contre pour d'autres c'est plus difficile. J'ai vu des comédiens ne plus arriver à lire les bandes rythmo écrites à la machine. Le cinéma de Pagnol où l'on buvait le pastis et où l'on jouait aux boules entre les prises est très très loin ! Curieusement la partie bénéfique pour le comédien vient de l'ingénieur du son. Un bon ingénieur c'est génial. Là où vous deviez refaire pour un "plop", une "respir", une "courteur" ou une "longueur", lui vous remet tout ça clean, ni vu ni connu. Donc un grand merci à eux.
R.S : Quelles sont vos passions en dehors de votre métier ?
P.D : Ma famille, mes amis, la lecture sont ma vie. Pour ce qui est du doublage et du théâtre c'est la même passion, et je pense être un des rares à dire que si le théâtre m'a bien sûr apporté pour le doublage, le doublage m'a beaucoup apporté pour le théâtre. C'est la communication qui est le point commun entre le théâtre le doublage et la vie. C'est une des raisons pour lesquelles nous avons créé avec mon amie Clara Borras "Easycom-coach" qui nous permet de donner des stages, basés sur le savoir-faire, le savoir-être de l'acteur, pour des entreprises ou des particuliers, et qui nous a même permis de faire du coaching pour des acteurs professionnels qui veulent se perfectionner encore et encore.
R.S : Merci beaucoup Patrice.
P.D : Parler d'une passion est toujours un grand plaisir. Merci à vous de nous donner l'occasion de le faire.
Interview de mars 2011