Pierre Tessier
Doublage
Voix
Publicité
Intermarché (radio)
Formation
1986/1989 Elève à l'Entrée des Artistes (L.E.D.A, Yves PIGNOT).Travail avec le Théâtre de l'Unité (Jacques Livchine, Hervée de Lafont)
1986 Baccalauréat série D - Langues : Anglais, Espagnol
1986 Baccalauréat série D - Langues : Anglais, Espagnol
Chant
Formation au centre de musique médiévale de Paris, (Emmanuel Bonnardot, Brigitte Lesne)
Depuis 1995 cours particuliers avec Philippe Balloy
1991 - 1995 cours particuliers avec Jasmin Martorell
Depuis 1995 cours particuliers avec Philippe Balloy
1991 - 1995 cours particuliers avec Jasmin Martorell
Cinéma
1992 "L'instinct de l'ange" réalisé par Richard Dembo
1989 "A deux minutes près" réalisé par Eric Le Hung dans le rôle du serveur
1989 "Feu sur le candidat" réalisé par Agnès Delarive
1989 "A deux minutes près" réalisé par Eric Le Hung dans le rôle du serveur
1989 "Feu sur le candidat" réalisé par Agnès Delarive
Musique
Obsidienne : Ensemble vocal et instrumental, Direction Emmanuel Bonnardot
Enregistrement de disques chez Calliope : Miracles(2007), Le jardin des Délices(2005), Messe de Guillaume de Machaut (2001)
Enregistrement de disques chez Opus 111 : Venite A Laudare Voix d'hommes 15ème siècle (1998), Messe de Guillaume de Faugues(1996), Messe de Barcelone(1995)
Concerts : Paris (Sainte Chapelle, Cluny..), tournée en France, Espagne, Italie, Allemagne
Enregistrement de disques chez Calliope : Miracles(2007), Le jardin des Délices(2005), Messe de Guillaume de Machaut (2001)
Enregistrement de disques chez Opus 111 : Venite A Laudare Voix d'hommes 15ème siècle (1998), Messe de Guillaume de Faugues(1996), Messe de Barcelone(1995)
Concerts : Paris (Sainte Chapelle, Cluny..), tournée en France, Espagne, Italie, Allemagne
Publicités
2003 Sofinco - Télévision France
1999 Ferrero - Télévision France - Europe
1998 France Telecom - Télévision – Cinéma France
1997 Intermarché - Campagne radio
1996 Coupe du monde 98 - Télévision France
1995 Jean Rose - Télévision France
1991 Educatel - Télévision France
1990 Renault - Interne France
1989 Converse - Télévision Etats Unis
1999 Ferrero - Télévision France - Europe
1998 France Telecom - Télévision – Cinéma France
1997 Intermarché - Campagne radio
1996 Coupe du monde 98 - Télévision France
1995 Jean Rose - Télévision France
1991 Educatel - Télévision France
1990 Renault - Interne France
1989 Converse - Télévision Etats Unis
Radio
1995 France Inter Réalisateur : Georges Gravier
Depuis 1993 dramatiques radiophoniques pour France Culture Réalisateurs : Michel Sidoroff, Christine Bernard Sugy, Claude Guerre, Claude Roland Manuel, Georges Peyrou
Depuis 1993 dramatiques radiophoniques pour France Culture Réalisateurs : Michel Sidoroff, Christine Bernard Sugy, Claude Guerre, Claude Roland Manuel, Georges Peyrou
Télévision
1992 "Le Galopin" réalisé par Serge Korber dans le rôle du serveur
Théâtre
2010 "Fabuleux Fabliaux" création ensemble Obsidienne et mise en scène de Pierre Tessier.Théâtre de Sens
2009 "Carmina Burana" création ensemble Obsidienne et mise en scène de Pierre Tessier. Festival Voix et Routes Romanes Alsace, Théâtre de Sens
2008 "Quand nous nous réveillerons d'entre les morts" de Henrik Ibsen et mise en scène de Jacques David. Vincennes, Théâtre du chaudron
2007 "Odysseus" direction artistique Yves Baillon. Les musicales de bourgogne, Maison de la culture de Nevers
2007 "Le roman de Fauvel" création ensemble Obsidienne et mise en scène de Pierre Tessier. Théâtre de Sens
2002 "Le temps d'une chanson" de Jean-Claude Mathon et mise en scène de l'auteur. Théâtre de Sens
2002 "Le gardien de phare" de Matt Cameron et mise en scène de Jacques David. Théâtre de Saintes, Tournée en France
2001 "Tristan et Iseult" adapté et mise en scène de Jean-Claude Mathon. Quimper, Opéra de Lyon, CDN de Dunkerque
1999 "Journée de noce chez les Cro-magnons" de Wajdi Mouawad et mise en scène de Jacques David. Paris, au théâtre de l'Etoile du Nord
1998 "François Villon" de Jean-Claude Mathon et mise en scène de l'auteur. Festival de CERET (Pyrénées), Opéra de Lyon
1998 "Peepshow dans les Alpes" de Markus Köbeli et mise en scène de Jacques David. Touraine - Paris, au théâtre de l'Aquarium
1997 "Les femmes savantes" de Molière et mise en scène de Patrick Fournier. Festival du 11e à Paris
1996 "Faust" de Goethe et mise en scène de Didier Long. Festival de Metz
1995 "L'épreuve" de Marivaux et mise en scène de Brigitte Foray. Festival d'art et musique en l'Isle Crémieu
1995 "Madame sans gêne" mise en scène de Didier Long. Festival de Metz
1994 "Pinocchio" de Renaud Maurin et mise en scène de Patricia Piana. Espace des Arts (Chalon / Saône)
1994 "Le chemin du miracle" de Gautier de Coincy et mise en scène de Claude Henri Joubert. Plougastel - Paris
1993 "Le jeu de Robin et Marion" d'Adam de la Halle et mise en scène de Jean-Claude Mathon. Céret
1993 "La Marmitte - Les Menechmes" de Plaute et mise en scène d'Alain Michel. Tournée en France
1992 "Paoli Bonaparte" d'Henri Mary et mise en scène de l'auteur. Festival d'Ajaccio
1991 "Tartuffe" de Molière et mise en scène de Benoît Lepecq. Théâtre de Vélizy
1991 "Les jardins de France" de Jean-luc Paliès et mise en scène de Louise Doutreligne. CDN la Limousine - Limoges
1991 "Angèle Box" de Xavier Durringer et mise en scène de Patrick Gaudart. Paris
1990 "Charlie et la chocolaterie" de Roald Dahl et mise en scène de Michel-louis Alban. Théâtre de Vélizy
2009 "Carmina Burana" création ensemble Obsidienne et mise en scène de Pierre Tessier. Festival Voix et Routes Romanes Alsace, Théâtre de Sens
2008 "Quand nous nous réveillerons d'entre les morts" de Henrik Ibsen et mise en scène de Jacques David. Vincennes, Théâtre du chaudron
2007 "Odysseus" direction artistique Yves Baillon. Les musicales de bourgogne, Maison de la culture de Nevers
2007 "Le roman de Fauvel" création ensemble Obsidienne et mise en scène de Pierre Tessier. Théâtre de Sens
2002 "Le temps d'une chanson" de Jean-Claude Mathon et mise en scène de l'auteur. Théâtre de Sens
2002 "Le gardien de phare" de Matt Cameron et mise en scène de Jacques David. Théâtre de Saintes, Tournée en France
2001 "Tristan et Iseult" adapté et mise en scène de Jean-Claude Mathon. Quimper, Opéra de Lyon, CDN de Dunkerque
1999 "Journée de noce chez les Cro-magnons" de Wajdi Mouawad et mise en scène de Jacques David. Paris, au théâtre de l'Etoile du Nord
1998 "François Villon" de Jean-Claude Mathon et mise en scène de l'auteur. Festival de CERET (Pyrénées), Opéra de Lyon
1998 "Peepshow dans les Alpes" de Markus Köbeli et mise en scène de Jacques David. Touraine - Paris, au théâtre de l'Aquarium
1997 "Les femmes savantes" de Molière et mise en scène de Patrick Fournier. Festival du 11e à Paris
1996 "Faust" de Goethe et mise en scène de Didier Long. Festival de Metz
1995 "L'épreuve" de Marivaux et mise en scène de Brigitte Foray. Festival d'art et musique en l'Isle Crémieu
1995 "Madame sans gêne" mise en scène de Didier Long. Festival de Metz
1994 "Pinocchio" de Renaud Maurin et mise en scène de Patricia Piana. Espace des Arts (Chalon / Saône)
1994 "Le chemin du miracle" de Gautier de Coincy et mise en scène de Claude Henri Joubert. Plougastel - Paris
1993 "Le jeu de Robin et Marion" d'Adam de la Halle et mise en scène de Jean-Claude Mathon. Céret
1993 "La Marmitte - Les Menechmes" de Plaute et mise en scène d'Alain Michel. Tournée en France
1992 "Paoli Bonaparte" d'Henri Mary et mise en scène de l'auteur. Festival d'Ajaccio
1991 "Tartuffe" de Molière et mise en scène de Benoît Lepecq. Théâtre de Vélizy
1991 "Les jardins de France" de Jean-luc Paliès et mise en scène de Louise Doutreligne. CDN la Limousine - Limoges
1991 "Angèle Box" de Xavier Durringer et mise en scène de Patrick Gaudart. Paris
1990 "Charlie et la chocolaterie" de Roald Dahl et mise en scène de Michel-louis Alban. Théâtre de Vélizy
Interview
R.S : Pierre, bonjour !
P.T : Bonjour !
R.S : Comment t'es venue la passion de la comédie ?
P.T : En travaillant avec le Théâtre de l'Unité (Jacques Livchine et Hervée de Lafond). J'ai fait mon premier spectacle professionnel avec eux. Ça s'appelait "Le plus bel âge de la vie". J'ai appris avec eux l'improvisation, la poésie, le théâtre de rue, les échasses... J'avais 13 ans et j'ai compris que ce serait mon futur métier. Après mon bac, je me suis naturellement inscrit dans un cours de théâtre et j'ai commencé à travailler sur des productions théâtrales. J'ai eu beaucoup de chance.
R.S : Comment es-tu arrivé au doublage ?
P.T : Par hasard. J'étais donc en cours de théâtre chez Yves Pignot et j'ai accompagné une amie, Magaly Berdy, sur les plateaux de doublage. J'ai trouvé ça magique et le plus fort de tout c'est qu'on m'a laissé faire un essai. C'était sur "La croisière s'amuse", je faisais une parodie d' Elvis Presley.
R.S : C'est rare d'avoir tout de suite un rôle aussi important !
P.T : Oui, mais c'était à l'époque de la Cinquième et il y avait un boulot énorme. Les sociétés travaillaient à plein régime ! Je t'assure qu'on venait te chercher dans les couloirs. Comme on me voyait assister tous les jours, un comédien sachant que j'étais moi-même acteur est venu me demander de les dépanner sur cette série parce qu'un des rôles n'avait pas été distribué. J'étais un peu étonné mais j'ai foncé et le directeur de plateau a été enchanté de ma prestation. Ça m'a tellement amusé que je me suis dit : il faut que je continue. En revanche, par la suite, malgré ce coup de chance, je n'ai pas échappé aux ambiances qui sont le point de départ pour faire tes armes. Tu en as vraiment besoin car ma première prestation s'est faite à l'instinct, dans une certaine insouciance. Ensuite tu te rends compte très vite que c'est une discipline plutôt stressante. La bande rythmo passe très vite, et puis il y a du monde qui te regarde... Plus tard, on m'a distribué sur une série qui se passait dans un lycée. Ça allait tellement vite que ça m'a obligé à assimiler la technique en 6 mois. J'adore faire du doublage ! Et c'est une grande famille. Dans ma génération par exemple, on se connaît tous ! Nous avons débuté ensemble, nous avions une vingtaine d'années à peine. On a beaucoup fait la fête et on continue à la faire. Du coup nous sommes toujours heureux de nous retrouver pour travailler.
R.S : Au fil de ta carrière, on constate que tu as réussi à ne pas te marquer par un rôle particulier. Tu as à ton actif un registre très éclectique.
P.T : Je n'ai pas une voix particulière et c'est un avantage. Mais, de toute façon, c'est un vrai travail de caméléon, il faut vraiment se fondre dans l'image. Et puis j'ai besoin de faire des choses différentes. Grâce à ma voix j'y parviens et c'est une chance. Il m'arrive de faire des hommes bien plus âgés que moi comme des plus jeunes. On me confie même des rôles de salaud alors que, lorsque tu me vois, j'ai l'air plutôt gentil et on ne penserait pas à me donner ce genre de choses. C'est ça aussi la magie du doublage, pouvoir jouer sans la barrière du physique.
R.S : Et pourtant le physique est mis à l'épreuve dans cette discipline !
P.T : Tu ne crois pas si bien dire. C'est vraiment un métier d'acteur, il suffit d'aller sur un plateau de doublage pour voir que si tu n'es pas comédien c'est impossible. Les gens ne se rendent pas toujours compte. Comme nous maîtrisons bien la technique, certains d'entre eux croient qu'on fait ça avec une facilité déconcertante. Malgré notre expérience, il faut beaucoup de concentration, c'est un travail énorme. Il ne faut pas se fier aux apparences ! Après une journée de boulot je t'assure que je suis épuisé. On donne vraiment le maximum de nous-mêmes à chaque fois.
R.S : Je sais que tu as participé à la soirée spéciale "Le seigneur des Anneaux". Déborah Perret m'a confié sa stupeur face aux fans, as-tu ressenti cela également ?
P.T : Oui, c'était incroyable ! Il y a même eu un DVD de cette soirée "Le jour du seigneur" et j'en garde un excellent souvenir. Mais ce qui m'a fasciné le plus c'était les gens dans la salle. Je n'avais pas réalisé l'importance du travail que je faisais. C'est drôle parce que quand j'ai dit : j'ai doublé "Titanic", les gens ont applaudi mais quand est sorti le nom "Ally McBeal" les gens ont hurlé. L'impact d'une série sur le public français est considérable. Je passe mon temps dans les studios et quand je rentre chez moi je n'ai pas forcément le temps ou l'envie de regarder la télévision. Et finalement, ce n'est pas comme au théâtre, dans le doublage, nous n'avons pas de contact direct avec le public. Donc, fatalement, je n'ai pas de "suivi" sur mon travail.
R.S : Puisqu'on parle de la série "Ally McBeal", j'imagine que c'est un grand souvenir pour toi ?
P.T : Evidemment. C'est une des plus belles séries que j'ai faites. Elle a duré plusieurs années et c'est une des rares fois où j'ai terminé un doublage avec autant d'émotion. Nous étions au bord des larmes, le dernier épisode était si émouvant. Franchement, on sentait que les comédiens américains étaient très émus eux aussi et on s'est surpris, Natacha Muller, Véronique Alycia et moi, à verser une larme sur nos dernières phrases. Et même en t'en reparlant ça me touche encore. C'est comme lorsque tu joues longtemps au théâtre avec les mêmes personnes et qu'arrive la dernière représentation. C'est une vraie rupture. Mais on doit beaucoup à Catherine Le Lann, la directrice artistique, qui a influencé toute la version française grâce à un casting parfait.
R.S : D'ailleurs tu l'as retrouvée sur "It's All Relative".
P.T : Oui et c'est un bonheur pour la quatrième fois car après "Hartley, Cœur à vif", "Boston Public" et "Ally McBeal", nous nous retrouvons sur cette série formidable qui marche d'enfer aux Etats-Unis et, j'espère, va cartonner en France. Sur le plateau, on fait un boulot génial, nous donnons le maximum. Les situations sont démentes, c'est drôle, sensible et je peux t'assurer que je me régale !
R.S : Après "Titanic", tu as doublé quelquefois Billy Zane. Le changement de "voix" reste une vraie question ?
P.T : Avant "Titanic" d'autres comédiens l'avaient doublé. Je suis content de l’avoir retrouvé parfois après ce film, qui est une référence bien évidemment. Je pense que les comédiens n'appartiennent à personne. Le changement de voix sur un acteur est une question délicate. Le choix du départ correspond à un film précis, à un rôle précis. Il n'est pas toujours certain que la même voix convienne ailleurs. L'acteur étranger peut avoir changé, le comédien français aussi. Dans certains cas, changer de voix est une bonne chose. Mais, en général, je suis plutôt pour la fidélité. Le public en a besoin, et moi-même je suis heureux de retrouver certains comédiens sur la durée.
R.S : Le doublage t'apporte-t-il des choses pour tes autres activités ?
P.T : Je continue à monter sur les planches, c'est un besoin vital et je dirais que le théâtre me nourrit pour le doublage autant que l'inverse. J'adore passer de l'un à l'autre, revenir sur une scène me fait un bien fou ! Finalement, c'est d'abord pour le théâtre que j'ai voulu être acteur et le doublage est venu après. C'est une autre branche de la profession qui procure des plaisirs différents.
R.S : Et en dehors de ton métier, as-tu une grande passion mis à part le ski ? ;-)
P.T : Je vois que tu as des infos perso concernant mes dernières vacances ! J'aime aussi beaucoup la marche en montagne et les plages de sable fin... Plus sérieusement, je pratique aussi beaucoup le chant, plus précisément la musique ancienne, mais cela rejoint le domaine professionnel puisque je fais régulièrement des concerts et des enregistrements de disque avec l'ensemble Obsidienne dirigé par Emmanuel Bonnardot.
R.S : Merci beaucoup Pierre.
P.T : C'est moi qui te remercie !
Interview de mai 2004
P.T : Bonjour !
R.S : Comment t'es venue la passion de la comédie ?
P.T : En travaillant avec le Théâtre de l'Unité (Jacques Livchine et Hervée de Lafond). J'ai fait mon premier spectacle professionnel avec eux. Ça s'appelait "Le plus bel âge de la vie". J'ai appris avec eux l'improvisation, la poésie, le théâtre de rue, les échasses... J'avais 13 ans et j'ai compris que ce serait mon futur métier. Après mon bac, je me suis naturellement inscrit dans un cours de théâtre et j'ai commencé à travailler sur des productions théâtrales. J'ai eu beaucoup de chance.
R.S : Comment es-tu arrivé au doublage ?
P.T : Par hasard. J'étais donc en cours de théâtre chez Yves Pignot et j'ai accompagné une amie, Magaly Berdy, sur les plateaux de doublage. J'ai trouvé ça magique et le plus fort de tout c'est qu'on m'a laissé faire un essai. C'était sur "La croisière s'amuse", je faisais une parodie d' Elvis Presley.
R.S : C'est rare d'avoir tout de suite un rôle aussi important !
P.T : Oui, mais c'était à l'époque de la Cinquième et il y avait un boulot énorme. Les sociétés travaillaient à plein régime ! Je t'assure qu'on venait te chercher dans les couloirs. Comme on me voyait assister tous les jours, un comédien sachant que j'étais moi-même acteur est venu me demander de les dépanner sur cette série parce qu'un des rôles n'avait pas été distribué. J'étais un peu étonné mais j'ai foncé et le directeur de plateau a été enchanté de ma prestation. Ça m'a tellement amusé que je me suis dit : il faut que je continue. En revanche, par la suite, malgré ce coup de chance, je n'ai pas échappé aux ambiances qui sont le point de départ pour faire tes armes. Tu en as vraiment besoin car ma première prestation s'est faite à l'instinct, dans une certaine insouciance. Ensuite tu te rends compte très vite que c'est une discipline plutôt stressante. La bande rythmo passe très vite, et puis il y a du monde qui te regarde... Plus tard, on m'a distribué sur une série qui se passait dans un lycée. Ça allait tellement vite que ça m'a obligé à assimiler la technique en 6 mois. J'adore faire du doublage ! Et c'est une grande famille. Dans ma génération par exemple, on se connaît tous ! Nous avons débuté ensemble, nous avions une vingtaine d'années à peine. On a beaucoup fait la fête et on continue à la faire. Du coup nous sommes toujours heureux de nous retrouver pour travailler.
R.S : Au fil de ta carrière, on constate que tu as réussi à ne pas te marquer par un rôle particulier. Tu as à ton actif un registre très éclectique.
P.T : Je n'ai pas une voix particulière et c'est un avantage. Mais, de toute façon, c'est un vrai travail de caméléon, il faut vraiment se fondre dans l'image. Et puis j'ai besoin de faire des choses différentes. Grâce à ma voix j'y parviens et c'est une chance. Il m'arrive de faire des hommes bien plus âgés que moi comme des plus jeunes. On me confie même des rôles de salaud alors que, lorsque tu me vois, j'ai l'air plutôt gentil et on ne penserait pas à me donner ce genre de choses. C'est ça aussi la magie du doublage, pouvoir jouer sans la barrière du physique.
R.S : Et pourtant le physique est mis à l'épreuve dans cette discipline !
P.T : Tu ne crois pas si bien dire. C'est vraiment un métier d'acteur, il suffit d'aller sur un plateau de doublage pour voir que si tu n'es pas comédien c'est impossible. Les gens ne se rendent pas toujours compte. Comme nous maîtrisons bien la technique, certains d'entre eux croient qu'on fait ça avec une facilité déconcertante. Malgré notre expérience, il faut beaucoup de concentration, c'est un travail énorme. Il ne faut pas se fier aux apparences ! Après une journée de boulot je t'assure que je suis épuisé. On donne vraiment le maximum de nous-mêmes à chaque fois.
R.S : Je sais que tu as participé à la soirée spéciale "Le seigneur des Anneaux". Déborah Perret m'a confié sa stupeur face aux fans, as-tu ressenti cela également ?
P.T : Oui, c'était incroyable ! Il y a même eu un DVD de cette soirée "Le jour du seigneur" et j'en garde un excellent souvenir. Mais ce qui m'a fasciné le plus c'était les gens dans la salle. Je n'avais pas réalisé l'importance du travail que je faisais. C'est drôle parce que quand j'ai dit : j'ai doublé "Titanic", les gens ont applaudi mais quand est sorti le nom "Ally McBeal" les gens ont hurlé. L'impact d'une série sur le public français est considérable. Je passe mon temps dans les studios et quand je rentre chez moi je n'ai pas forcément le temps ou l'envie de regarder la télévision. Et finalement, ce n'est pas comme au théâtre, dans le doublage, nous n'avons pas de contact direct avec le public. Donc, fatalement, je n'ai pas de "suivi" sur mon travail.
R.S : Puisqu'on parle de la série "Ally McBeal", j'imagine que c'est un grand souvenir pour toi ?
P.T : Evidemment. C'est une des plus belles séries que j'ai faites. Elle a duré plusieurs années et c'est une des rares fois où j'ai terminé un doublage avec autant d'émotion. Nous étions au bord des larmes, le dernier épisode était si émouvant. Franchement, on sentait que les comédiens américains étaient très émus eux aussi et on s'est surpris, Natacha Muller, Véronique Alycia et moi, à verser une larme sur nos dernières phrases. Et même en t'en reparlant ça me touche encore. C'est comme lorsque tu joues longtemps au théâtre avec les mêmes personnes et qu'arrive la dernière représentation. C'est une vraie rupture. Mais on doit beaucoup à Catherine Le Lann, la directrice artistique, qui a influencé toute la version française grâce à un casting parfait.
R.S : D'ailleurs tu l'as retrouvée sur "It's All Relative".
P.T : Oui et c'est un bonheur pour la quatrième fois car après "Hartley, Cœur à vif", "Boston Public" et "Ally McBeal", nous nous retrouvons sur cette série formidable qui marche d'enfer aux Etats-Unis et, j'espère, va cartonner en France. Sur le plateau, on fait un boulot génial, nous donnons le maximum. Les situations sont démentes, c'est drôle, sensible et je peux t'assurer que je me régale !
R.S : Après "Titanic", tu as doublé quelquefois Billy Zane. Le changement de "voix" reste une vraie question ?
P.T : Avant "Titanic" d'autres comédiens l'avaient doublé. Je suis content de l’avoir retrouvé parfois après ce film, qui est une référence bien évidemment. Je pense que les comédiens n'appartiennent à personne. Le changement de voix sur un acteur est une question délicate. Le choix du départ correspond à un film précis, à un rôle précis. Il n'est pas toujours certain que la même voix convienne ailleurs. L'acteur étranger peut avoir changé, le comédien français aussi. Dans certains cas, changer de voix est une bonne chose. Mais, en général, je suis plutôt pour la fidélité. Le public en a besoin, et moi-même je suis heureux de retrouver certains comédiens sur la durée.
R.S : Le doublage t'apporte-t-il des choses pour tes autres activités ?
P.T : Je continue à monter sur les planches, c'est un besoin vital et je dirais que le théâtre me nourrit pour le doublage autant que l'inverse. J'adore passer de l'un à l'autre, revenir sur une scène me fait un bien fou ! Finalement, c'est d'abord pour le théâtre que j'ai voulu être acteur et le doublage est venu après. C'est une autre branche de la profession qui procure des plaisirs différents.
R.S : Et en dehors de ton métier, as-tu une grande passion mis à part le ski ? ;-)
P.T : Je vois que tu as des infos perso concernant mes dernières vacances ! J'aime aussi beaucoup la marche en montagne et les plages de sable fin... Plus sérieusement, je pratique aussi beaucoup le chant, plus précisément la musique ancienne, mais cela rejoint le domaine professionnel puisque je fais régulièrement des concerts et des enregistrements de disque avec l'ensemble Obsidienne dirigé par Emmanuel Bonnardot.
R.S : Merci beaucoup Pierre.
P.T : C'est moi qui te remercie !
Interview de mai 2004