Eric Legrand
Genres :
Voix Adulte homme, Voix Senior homme
Tonalité :
Medium
Langues parlées :
Anglais avec accent non déterminé, Suédois
Doublage
télévision, VOD & DVD
2010
Emilie Richards - Für immer Neuseeland (Nicholas Chandler / Colin Channing)
Série documentaire
Marvel Studios Rassemblement
Direction artistique
animation
Documentaires TV
documentaire
Jalna (France 2)
série
Formation
Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique de Paris, classe de Georges Chamarat puis Jean-Laurent Cochet
Café-théâtre
"Le grand écart" de J.Cocteau, Bec-Fin
"Le marchand de cymbales", Festival du Marais
"Le marchand de cymbales", Festival du Marais
Cinéma
"Aldo et Junior" réalisé par P.Schulmann
"Pour 100 briques t'as plus rien" réalisé par E.Molinaro
"Si ma gueule vous plaît" réalisé par M.Caputo
"On est venu là pour s'éclater" réalisé par M.Pecas
"Brigade Mondaine" réalisé par E.Matalon
"Adieu, poulet" réalisé par P.Granier-Deferre
"Pour 100 briques t'as plus rien" réalisé par E.Molinaro
"Si ma gueule vous plaît" réalisé par M.Caputo
"On est venu là pour s'éclater" réalisé par M.Pecas
"Brigade Mondaine" réalisé par E.Matalon
"Adieu, poulet" réalisé par P.Granier-Deferre
Courts métrages
"Souvenir" réalisé par Hichem Benderradji
"Dernière danse" réalisé par Cédric Wolff
"Chicago blues" réalisé par Sylvain Dardenne
"Arkadia" réalisé par Grégory Doazan
"Dernière danse" réalisé par Cédric Wolff
"Chicago blues" réalisé par Sylvain Dardenne
"Arkadia" réalisé par Grégory Doazan
Radio
+ de 300 pièces et émissions sur Radio-France (France-Culture et France-Inter)
Télévision
"Le nid de vipères" réalisé par J.Desclercs
"La corde" réalisé par S.Isker
"Le fruit de la passion" réalisé par Ph.Galardi
"Tous comptes faits" réalisé par J.Audoir
"M'appelle pas Mémé" réalisé par P.Goutas
"Le petit bonheur du dimanche" réalisé par J.Pignol
"Brelan d'étoiles" réalisé par P.Goutas
"L'invité" réalisé par Ph.Galardi
"Un citoyen sans importance" réalisé par G.Jorré
"Maigret - Le notaire de Châteauneuf" réalisé par G.Gozlan
"Lili, petit à petit" réalisé par Ph.Galardi
"Humulus le muet" de J.Anouilh, Petit Théâtre d'Antenne 2
"Amuse-gueule" sketches de G.Jorré, J.Brialy, Ph.Galardi, J-P.Oualid, M.Fossorier
"Scènes de la vie de Bohême" réalisé par J.Hubert
"Le divorcé nostalgique" réalisé par M.Bertin
"Le Tartuffe" (Molière) réalisé par J.Pignol
"Antenne à... Annie Cordy" ou "Madame Adélaïde" réalisé par P.Bureau
"Le temps d'aimer" réalisé par J.Pignol
"La filière" réalisé par G.Lefranc
"Le mariage invisible" réalisé par J.Rouland
"L'âne et la Rose" réalisé par J-P.Carrère
"Un homme, une ville" réalisé par J.Drimal
"La corde" réalisé par S.Isker
"Le fruit de la passion" réalisé par Ph.Galardi
"Tous comptes faits" réalisé par J.Audoir
"M'appelle pas Mémé" réalisé par P.Goutas
"Le petit bonheur du dimanche" réalisé par J.Pignol
"Brelan d'étoiles" réalisé par P.Goutas
"L'invité" réalisé par Ph.Galardi
"Un citoyen sans importance" réalisé par G.Jorré
"Maigret - Le notaire de Châteauneuf" réalisé par G.Gozlan
"Lili, petit à petit" réalisé par Ph.Galardi
"Humulus le muet" de J.Anouilh, Petit Théâtre d'Antenne 2
"Amuse-gueule" sketches de G.Jorré, J.Brialy, Ph.Galardi, J-P.Oualid, M.Fossorier
"Scènes de la vie de Bohême" réalisé par J.Hubert
"Le divorcé nostalgique" réalisé par M.Bertin
"Le Tartuffe" (Molière) réalisé par J.Pignol
"Antenne à... Annie Cordy" ou "Madame Adélaïde" réalisé par P.Bureau
"Le temps d'aimer" réalisé par J.Pignol
"La filière" réalisé par G.Lefranc
"Le mariage invisible" réalisé par J.Rouland
"L'âne et la Rose" réalisé par J-P.Carrère
"Un homme, une ville" réalisé par J.Drimal
Théâtre
"Les miroirs de l'ombre" de C.Curtil (lecture de textes), Aire Falguière
"Au bord de l'eau" de E.Bonfanti et Y.Hunstad, théâtre en appartement
"Jeanne d'Arc au bûcher" de P.Claudel : Festival International de Musique de Lucerne, Orchestre Nat.de France, Charles Dutoit - Salle Pleyel, Orchestre National de France, Charles Dutoit - Lincoln Center, New-York Philharmonic Orchestra, Kurt Masur - Gewandhaus de Leipzig, Kurt Masur - Berlin, Orchestre Philharmonique de Berlin, Kurt Masur
"Tranches de vie" de G.Lauzier, Espace-Gaîté
"Le marchand de cymbales", Festival du Marais
"Le grand écart" de J.Cocteau, Bec-Fin
"L'Aiglon" de E.Rostand, Théâtre Royal de Mons (Belgique)
"L'école des femmes" de Molière, tournée
"Antigone" de J.Anouilh, tournée
"Les oeufs de l'autruche" de A.Roussin, tournée
"Le Maître de Santiago" de H.de Montherlant, Comédie-Française
"Au bord de l'eau" de E.Bonfanti et Y.Hunstad, théâtre en appartement
"Jeanne d'Arc au bûcher" de P.Claudel : Festival International de Musique de Lucerne, Orchestre Nat.de France, Charles Dutoit - Salle Pleyel, Orchestre National de France, Charles Dutoit - Lincoln Center, New-York Philharmonic Orchestra, Kurt Masur - Gewandhaus de Leipzig, Kurt Masur - Berlin, Orchestre Philharmonique de Berlin, Kurt Masur
"Tranches de vie" de G.Lauzier, Espace-Gaîté
"Le marchand de cymbales", Festival du Marais
"Le grand écart" de J.Cocteau, Bec-Fin
"L'Aiglon" de E.Rostand, Théâtre Royal de Mons (Belgique)
"L'école des femmes" de Molière, tournée
"Antigone" de J.Anouilh, tournée
"Les oeufs de l'autruche" de A.Roussin, tournée
"Le Maître de Santiago" de H.de Montherlant, Comédie-Française
Autres activités
Enseignant dans le cadre de stages Afdas de formation au doublage et à la narration/voix off de documentaires
Interview
R.S : Eric bonjour.
E.L : Bonjour.
R.S : Comment est venue ta vocation de comédien ? As-tu de la famille dans ce métier ?
E.L : Ce n'est pas venu du jour au lendemain. J'ai toujours aimé les décors, les costumes, la scène, les représentations, le monde du spectacle... Ce milieu m'a toujours fasciné. Mais je ne me posais pas la question de savoir si je pouvais le faire ou non. Personne n'est ou n'était du métier dans ma famille, à part la sœur de ma grand-mère maternelle qui est décédée très jeune, aux alentours de 25 ans. Elle avait commencé une carrière dans l'opérette. C'est donc un goût que j'avais mais je ne me projetais pas là-dedans, je ne pensais pas en faire mon métier. En fait je pensais devenir médecin, parce que j'avais toujours entendu mon père regretter de ne pas avoir suivi cette voie lui-même. Comme j'aimais les sciences naturelles, je ne réfléchissais pas plus loin, c'était une évidence. Or, comme je n'avais pas assez bossé les maths (que je détestais), on m'a fait "régresser" de seconde C (matheuse) en première D (scientifique). La médecine était sans doute toujours envisageable mais déjà plus difficilement. Et puis enfin, pour continuer sur une Terminale D, il aurait fallu que je passe un examen de rattrapage. Là, je me suis dit "hors de question que je fasse ça !". Alors je suis passé en terminale philo et tout à coup devenir comédien s'est imposé à moi de manière naturelle. Après mon bac je me suis inscrit en fac de lettres et en même temps j'ai suivi des cours d'art dramatique le soir, 3 fois par semaine. A l'issue de cette première année, je me suis présenté au Conservatoire d'Art Dramatique où j'ai été reçu, voilà !
R.S : Comment es-tu entré dans le monde très fermé du doublage ? Est-ce par le biais de ton amie Céline Monsarrat ?
E.L : Non, absolument pas.
R.S : Il faut quand même avoir des connaissances ?
E.L : Non, pas plus qu'ailleurs. Contrairement à une idée reçue totalement fausse, le monde du doublage est le secteur le plus ouvert de toutes les activités de comédien. C'est là que tu peux le plus facilement rencontrer des gens qui font des distributions, parler avec eux, savoir qui ils sont, assister à des séances de doublage... Chez Dubbing par exemple, tu vois arriver tous les jours des comédiens qui demandent à assister aux enregistrements... Mais c'est vrai que faire un essai ne se fait pas si facilement, parce qu'il faut que les directeurs artistiques aient le temps et un produit sur lequel ils puissent t'essayer. Pour ce qui me concerne, je travaillais à la radio (l'O.R.T.F. à l'époque). J'enregistrais des dramatiques et un réalisateur me disait tout le temps : "C'est fou ce que ta voix ressemble à celle de Jean-Pierre Leroux (comédien lui aussi) !". Il disait la même chose à Jean-Pierre. Ce n'était pas si flagrant que ça à mon avis mais toujours est-il qu'un film américain ("Le prince et le pauvre") (une histoire de sosies) est arrivé à doubler chez Richard Heinz, un doubleur très important à l'époque. Eh bien, pour la version française, Richard a eu l'idée de donner deux voix proches mais différentes au même acteur selon qu'il était le prince ou le pauvre. Jean-Pierre a été choisi et Richard lui a demandé s'il n'avait pas une idée pour l'autre comédien. Naturellement Jean-Pierre a dit Eric Legrand. Richard m'a appelé pour me proposer un essai... Et ce fut concluant. Voilà comment tout a débuté.
R.S : Mais c'est extrêmement rare de commencer par un premier rôle !
E.L : Oui, tu as raison, c'est exceptionnel. D'habitude tu commences par un petit rôle, ou des ambiances. J'ai eu beaucoup de chance. Mes débuts dans ce secteur sont absolument atypiques pour quelqu'un qui n'est pas une vedette par ailleurs.
R.S : Ce doublage est-il ton meilleur souvenir ?
E.L : Non, je ne m'en souviens d'ailleurs pour ainsi dire pas. C'est plutôt "Charles s'en charge" qui reste mon meilleur souvenir. Toutes les conditions étaient réunies. C'est une rencontre avec un comédien que je trouve admirable et sur lequel je me suis senti très à l'aise. Ça a collé très bien entre lui et moi. La série était très drôle, en plus je m'entendais très bien avec les copains qui travaillaient avec moi, ce qui compte aussi. Mais j'ai d'autres bons souvenirs. J'ai beaucoup aimé doubler Matt Dillon dans "Rusty James", par exemple, pour d'autres raisons. Le film, que j'avais vu en projection avant l'enregistrement du doublage, a été un choc pour moi, il m'a beaucoup impressionné.
R.S : Parlons un peu de "Buffy" où le rôle de Wesley est apparu, cela fait-il parti de ces grandes rencontres ?
E.L : Oh, grande rencontre je ne sais pas. J'aime bien doubler Alexis Denisof en tout cas, je crois que je colle assez bien sur lui. Cela dit, dans "Angel" il est beaucoup moins drôle. Le comédien est très bien mais son rôle est devenu fade, il a perdu tout son charme. J'aime bien le faire car je m'entends très bien avec l'équipe de la série, mais je regrette ce qu'était le personnage dans "Buffy".
R.S : Je crois savoir que vous doublez ensemble pour cette série, est-ce un avantage ?
E.L : En principe oui, c'est mieux. Enfin, ça dépend des partenaires... :-)
Mais on ne double pas toujours ensemble, c'est suivant les disponibilités de chacun. Cela dit, même quand on est ensemble sur le plateau il nous faut quelquefois enregistrer les scènes séparément à cause du mixage, ce qui est souvent moins agréable même si c'est indispensable.
R.S : As-tu rencontré des comédiens à qui tu as prêté ta voix ?
E.L : Non, jamais.
R.S : Et aimerais-tu ?
E.L : Non, pas du tout. Franchement ça ne me plairait pas et ça me gênerait même car j'ai l'impression de leur voler quelque chose. Quand tu y penses, c'est monstrueux de mettre une autre voix sur un acteur !
R.S : Mais bon, c'est un mal pour un bien. La plupart des séries et films étrangers conquièrent un large public grâce au doublage.
E.L : Oui, tu as raison, mais le principe est effroyable quand on réfléchit bien. Je suis très humble par rapport aux comédiens que je double et c'est pour ça que je ne veux pas les rencontrer !
R.S : Tu as une voix très reconnaissable, qui marque beaucoup, est-ce un avantage dans le milieu ?
E.L : Ah oui ? Je ne m'en rends pas compte. Je suis incapable de te répondre.
R.S : Et les personnages animés ? Beaucoup disent que c'est un grand moment de création personnelle, et toi quel est ton sentiment ?
E.L : En général oui, sauf chez Disney car ils veulent une réplique exacte de la version américaine. Mais même avec cette contrainte-là on est quand même plus libre sur un dessin animé.
R.S : Juste pour le plaisir, peux-tu me parler de cette série des années 80, "Lili, petit à petit", dans laquelle tu as tourné. Grand souvenir de la télévision !
E.L : C'est un excellent souvenir. On avait répété avant le tournage. En arrivant sur le plateau le jour J tout était donc déjà en place. Comme pour une pièce de théâtre en fait ! Ça permettait de gagner du temps. L'ambiance était sympa. A cette époque Sabine Paturel préparait son disque "Les bêtises". Je me souviens, elle nous a fait écouter la maquette, nous n'imaginions pas le succès qu'elle allait rencontrer.
R.S : Quels sont tes loisirs ?
E.L : Oh, ils n'ont rien de très original, je suppose. Je suis un accro de l'ordinateur, en tout cas. A Paris sans mon P.C. je serais malheureux.
Mais si on veut savoir ce que j'aime, je peux aussi dire que j'aime ma femme, mon fils, les gens qui vous remercient en souriant quand vous leur tenez la porte, les endives, les pays chauds, la conscience professionnelle, Cézanne, Van Gogh, Caillebotte et Pissarro, les gares et les aéroports mais quand j'y suis tout seul, les coulisses d'une scène de spectacle mais surtout quand je n'y suis pas en visiteur, Claire Bretécher, l'odeur de la cannelle, de la citronnelle et du jasmin, contempler les étoiles d'un ciel nocturne d'été allongé dans une chaise longue à côté d'amis, Schubert, l'astrologie, les langues étrangères, le dessin sur sable, la lecture en été, Shirley et Dino, les fruits, "Six feet under" et "Desperate housewives", le patin artistique et la sieste, Camille et Stomp, l'odeur de la confiture de quetsches en train de cuire, ce type qui dessine sur le sol avec des tissus pour faire des tableaux visibles du ciel, les pièces de Yves Hunstadt et Eve Bonfanti (les auteurs de "Au bord de l'eau"). Et ce n'est pas exhaustif…
R.S : Merci beaucoup !
Interview d'avril 2003
E.L : Bonjour.
R.S : Comment est venue ta vocation de comédien ? As-tu de la famille dans ce métier ?
E.L : Ce n'est pas venu du jour au lendemain. J'ai toujours aimé les décors, les costumes, la scène, les représentations, le monde du spectacle... Ce milieu m'a toujours fasciné. Mais je ne me posais pas la question de savoir si je pouvais le faire ou non. Personne n'est ou n'était du métier dans ma famille, à part la sœur de ma grand-mère maternelle qui est décédée très jeune, aux alentours de 25 ans. Elle avait commencé une carrière dans l'opérette. C'est donc un goût que j'avais mais je ne me projetais pas là-dedans, je ne pensais pas en faire mon métier. En fait je pensais devenir médecin, parce que j'avais toujours entendu mon père regretter de ne pas avoir suivi cette voie lui-même. Comme j'aimais les sciences naturelles, je ne réfléchissais pas plus loin, c'était une évidence. Or, comme je n'avais pas assez bossé les maths (que je détestais), on m'a fait "régresser" de seconde C (matheuse) en première D (scientifique). La médecine était sans doute toujours envisageable mais déjà plus difficilement. Et puis enfin, pour continuer sur une Terminale D, il aurait fallu que je passe un examen de rattrapage. Là, je me suis dit "hors de question que je fasse ça !". Alors je suis passé en terminale philo et tout à coup devenir comédien s'est imposé à moi de manière naturelle. Après mon bac je me suis inscrit en fac de lettres et en même temps j'ai suivi des cours d'art dramatique le soir, 3 fois par semaine. A l'issue de cette première année, je me suis présenté au Conservatoire d'Art Dramatique où j'ai été reçu, voilà !
R.S : Comment es-tu entré dans le monde très fermé du doublage ? Est-ce par le biais de ton amie Céline Monsarrat ?
E.L : Non, absolument pas.
R.S : Il faut quand même avoir des connaissances ?
E.L : Non, pas plus qu'ailleurs. Contrairement à une idée reçue totalement fausse, le monde du doublage est le secteur le plus ouvert de toutes les activités de comédien. C'est là que tu peux le plus facilement rencontrer des gens qui font des distributions, parler avec eux, savoir qui ils sont, assister à des séances de doublage... Chez Dubbing par exemple, tu vois arriver tous les jours des comédiens qui demandent à assister aux enregistrements... Mais c'est vrai que faire un essai ne se fait pas si facilement, parce qu'il faut que les directeurs artistiques aient le temps et un produit sur lequel ils puissent t'essayer. Pour ce qui me concerne, je travaillais à la radio (l'O.R.T.F. à l'époque). J'enregistrais des dramatiques et un réalisateur me disait tout le temps : "C'est fou ce que ta voix ressemble à celle de Jean-Pierre Leroux (comédien lui aussi) !". Il disait la même chose à Jean-Pierre. Ce n'était pas si flagrant que ça à mon avis mais toujours est-il qu'un film américain ("Le prince et le pauvre") (une histoire de sosies) est arrivé à doubler chez Richard Heinz, un doubleur très important à l'époque. Eh bien, pour la version française, Richard a eu l'idée de donner deux voix proches mais différentes au même acteur selon qu'il était le prince ou le pauvre. Jean-Pierre a été choisi et Richard lui a demandé s'il n'avait pas une idée pour l'autre comédien. Naturellement Jean-Pierre a dit Eric Legrand. Richard m'a appelé pour me proposer un essai... Et ce fut concluant. Voilà comment tout a débuté.
R.S : Mais c'est extrêmement rare de commencer par un premier rôle !
E.L : Oui, tu as raison, c'est exceptionnel. D'habitude tu commences par un petit rôle, ou des ambiances. J'ai eu beaucoup de chance. Mes débuts dans ce secteur sont absolument atypiques pour quelqu'un qui n'est pas une vedette par ailleurs.
R.S : Ce doublage est-il ton meilleur souvenir ?
E.L : Non, je ne m'en souviens d'ailleurs pour ainsi dire pas. C'est plutôt "Charles s'en charge" qui reste mon meilleur souvenir. Toutes les conditions étaient réunies. C'est une rencontre avec un comédien que je trouve admirable et sur lequel je me suis senti très à l'aise. Ça a collé très bien entre lui et moi. La série était très drôle, en plus je m'entendais très bien avec les copains qui travaillaient avec moi, ce qui compte aussi. Mais j'ai d'autres bons souvenirs. J'ai beaucoup aimé doubler Matt Dillon dans "Rusty James", par exemple, pour d'autres raisons. Le film, que j'avais vu en projection avant l'enregistrement du doublage, a été un choc pour moi, il m'a beaucoup impressionné.
R.S : Parlons un peu de "Buffy" où le rôle de Wesley est apparu, cela fait-il parti de ces grandes rencontres ?
E.L : Oh, grande rencontre je ne sais pas. J'aime bien doubler Alexis Denisof en tout cas, je crois que je colle assez bien sur lui. Cela dit, dans "Angel" il est beaucoup moins drôle. Le comédien est très bien mais son rôle est devenu fade, il a perdu tout son charme. J'aime bien le faire car je m'entends très bien avec l'équipe de la série, mais je regrette ce qu'était le personnage dans "Buffy".
R.S : Je crois savoir que vous doublez ensemble pour cette série, est-ce un avantage ?
E.L : En principe oui, c'est mieux. Enfin, ça dépend des partenaires... :-)
Mais on ne double pas toujours ensemble, c'est suivant les disponibilités de chacun. Cela dit, même quand on est ensemble sur le plateau il nous faut quelquefois enregistrer les scènes séparément à cause du mixage, ce qui est souvent moins agréable même si c'est indispensable.
R.S : As-tu rencontré des comédiens à qui tu as prêté ta voix ?
E.L : Non, jamais.
R.S : Et aimerais-tu ?
E.L : Non, pas du tout. Franchement ça ne me plairait pas et ça me gênerait même car j'ai l'impression de leur voler quelque chose. Quand tu y penses, c'est monstrueux de mettre une autre voix sur un acteur !
R.S : Mais bon, c'est un mal pour un bien. La plupart des séries et films étrangers conquièrent un large public grâce au doublage.
E.L : Oui, tu as raison, mais le principe est effroyable quand on réfléchit bien. Je suis très humble par rapport aux comédiens que je double et c'est pour ça que je ne veux pas les rencontrer !
R.S : Tu as une voix très reconnaissable, qui marque beaucoup, est-ce un avantage dans le milieu ?
E.L : Ah oui ? Je ne m'en rends pas compte. Je suis incapable de te répondre.
R.S : Et les personnages animés ? Beaucoup disent que c'est un grand moment de création personnelle, et toi quel est ton sentiment ?
E.L : En général oui, sauf chez Disney car ils veulent une réplique exacte de la version américaine. Mais même avec cette contrainte-là on est quand même plus libre sur un dessin animé.
R.S : Juste pour le plaisir, peux-tu me parler de cette série des années 80, "Lili, petit à petit", dans laquelle tu as tourné. Grand souvenir de la télévision !
E.L : C'est un excellent souvenir. On avait répété avant le tournage. En arrivant sur le plateau le jour J tout était donc déjà en place. Comme pour une pièce de théâtre en fait ! Ça permettait de gagner du temps. L'ambiance était sympa. A cette époque Sabine Paturel préparait son disque "Les bêtises". Je me souviens, elle nous a fait écouter la maquette, nous n'imaginions pas le succès qu'elle allait rencontrer.
R.S : Quels sont tes loisirs ?
E.L : Oh, ils n'ont rien de très original, je suppose. Je suis un accro de l'ordinateur, en tout cas. A Paris sans mon P.C. je serais malheureux.
Mais si on veut savoir ce que j'aime, je peux aussi dire que j'aime ma femme, mon fils, les gens qui vous remercient en souriant quand vous leur tenez la porte, les endives, les pays chauds, la conscience professionnelle, Cézanne, Van Gogh, Caillebotte et Pissarro, les gares et les aéroports mais quand j'y suis tout seul, les coulisses d'une scène de spectacle mais surtout quand je n'y suis pas en visiteur, Claire Bretécher, l'odeur de la cannelle, de la citronnelle et du jasmin, contempler les étoiles d'un ciel nocturne d'été allongé dans une chaise longue à côté d'amis, Schubert, l'astrologie, les langues étrangères, le dessin sur sable, la lecture en été, Shirley et Dino, les fruits, "Six feet under" et "Desperate housewives", le patin artistique et la sieste, Camille et Stomp, l'odeur de la confiture de quetsches en train de cuire, ce type qui dessine sur le sol avec des tissus pour faire des tableaux visibles du ciel, les pièces de Yves Hunstadt et Eve Bonfanti (les auteurs de "Au bord de l'eau"). Et ce n'est pas exhaustif…
R.S : Merci beaucoup !
Interview d'avril 2003