R.S : Bonjour Serge...

S.F : Bonjour...

R.S : C'est vers l'âge de huit ans que tu as découvert ta vocation. Comment cela s'est-il passé ?

S.F : Grâce à mon père... Un homme né "artiste", passionné de musique, grand violoniste... Qui, accessoirement, travaillait à France Télécom pour nourrir la famille. Mon père donc, avait à l'époque une compagnie de théâtre qui s'appelait "les Mascarilles" (Mascarille étant le nom d'un des valets de Molière). Et, l'année de mes 8 ans, il m'a permis de donner mon 1er concert de guitare et de jouer le rôle de Laurent dans "Le Tartuffe" de Molière. Tout ça devant un public de 400 spectateurs ! Ce que j'ai ressenti ces deux jours-là, sur scène, pendant le spectacle, et aux moments des applaudissements, était proche de la jouissance. Un instant de conscience profonde à l'intérieur d'un plaisir inconnu jusque-là. Dès lors, je n'ai eu de cesse de tout faire pour revivre ça. Mon chemin était tracé. Merci Papa !

R.S : J'ai l'impression que tu as toujours eu des passions diverses et qu'il t'aurait été impossible d'être comédien sans être musicien ?

S.F : C'est exact ! C'est sans doute parce que, enfant, je baignais dans ces deux univers. Les lectures de mon père conteur, la musique quasi permanente à la maison lorsque mon père - encore lui - travaillait son violon, le théâtre très tôt, l'apprentissage de la guitare avec mon grand frère, une maman qui chantait de jolies berceuses... Bref ! Je défie qui que ce soit dans ces conditions de ne pas adhérer à la philosophie Faliuesque !

R.S : Comment as-tu commencé dans le doublage ?

S.F : En 1985, je travaillais comme ingénieur du son au studio Marignan (rue Forest - place Clichy), pour me payer les cours de théâtre. J'étais dans l'audi du bas, et quand Gilles Missir (grand ingénieur du son... Celui qui m'a formé et qui m'a mis le pied à l'étrier - aujourd'hui l'un de mes plus proches et fidèles amis) quand Gilles Missir donc, avait besoin d'un comédien pour un rôle pas distribué sur le grand plateau de Marignan, eh bien il me bipait et c'est ainsi que j'ai fait mes toutes premières synchros. Merci Gilles !

R.S : Tu es la "voix habituelle" de James Marsters alias Spike dans la série "Buffy contre les vampires". C'est ce qu'on peut appeler une association parfaite, non ?

S.F : J'adore cet acteur. Il est fin, précis, puissant, de formation anglaise. La crème des acteurs ! Dans Buffy, il a mis tellement de relief dans son personnage, d'abord inquiétant, puis drôle, puis touchant, attachant et re-drôle... Le doubler a été comme chausser une paire de Weston qu'on aurait fabriquée sur mesure. Elles vous vont bien tout de suite, ne vous font pas mal aux pieds et, en plus, elles ont la classe ! Merci James !

R.S : Pour t'avoir vu travailler, j'ai remarqué en t'observant qu'il te fallait quelques secondes pour sortir d'un rôle tant ta concentration est grande. Est-ce comme ça chaque fois ?

S.F : Oui... C'est là que réside la précision du jeu. Ne pas s'éparpiller avant, tout donner dans un concentré d'émotion pendant, et sortir très vite pour ne rien gaspiller dans la mesure où il faut souvent y retourner... Merci Bernard (mon maître spirituel avec qui j'ai découvert entre autres choses la pratique de la méditation et du yoga...).

R.S : Tu as participé à la version française de "Mission : impossible" en prêtant ta voix à Emilio Estevez. Comme tu avais déjà doublé Tom Cruise, tu as forcément eu un regard particulier ?

S.F : Tom Cruise est une autre paire de Weston... J'aurais aimé le doubler dans ce film pour mon plaisir personnel, mais il fallait tenir compte du fait que Patrick Poivey l'avait déjà doublé. Quant à moi, je retrouvais effectivement Emilio Estevez. C'était court (il meurt très vite), mais bon.

R.S : Tu es chanteur, musicien, comédien. J'imagine que les trois sont essentiels pour ton épanouissement ?

S.F : Je n'imagine pas une autre chose, associée à ma vie de famille, qui puisse me remplir autant. Merci la vie !

R.S : En dehors de ces grandes passions que nous venons d'évoquer, en as-tu d'autres ?

S.F : Mon fils, la plongée sous-marine, la cuisine, respirer, l'amour, la vie...

R.S : Merci beaucoup Serge.

S.F : De rien !

Interview de mars 2006